1 - 6 L’apparition du Messie
1 le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre de la mort,… la lumière a resplendi sur eux ! 2 Tu as multiplié la nation, tu lui as accru la joie ; ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit à la moisson, comme on est transporté de joie quand on partage le butin. 3 Car tu as cassé le joug qui pesait sur elle, et le gourdin qui frappait son épaule, le bâton de son oppresseur, comme au jour de Madian. 4 Car toute chaussure de guerre qu’on chausse pour la bataille, et le manteau roulé dans le sang, deviendront un embrasement, la pâture du feu. 5 Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; on l’appellera : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. 6 À l’accroissement de [sa] domination, et à la paix, il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours. La jalousie de l’Éternel des armées fera cela.
Nous arrivons ici au point culminant de la section qui commence en Ésaïe 7:1. Au lieu de l’incrédulité à courte vue du roi Achaz, qui plonge son peuple dans de profondes ténèbres, nous trouvons le Roi-Messie, qui, bien qu’enfant, est l’Emmanuel promis. Il mettra fin à tous les combats et à toutes les misères et instaurera un royaume éternel fondé sur le droit et la justice.
Nous voyons le premier accomplissement du dernier verset du chapitre précédent (Ésa 8:23) et du verset 1 de ce chapitre en Matthieu 4. L’évangéliste cite ce passage d’Ésaïe pour décrire l’œuvre du Seigneur Jésus en Galilée (Mt 4:12-16). Il est « une grande lumière » qui offre le salut à ceux qui sont « dans le pays de l’ombre ». Il est la grande lumière, le soleil du quatrième jour de la création (Gen 1:16), qui illumine toutes choses (Mal 3:20). Il brille comme la lumière pour les hommes qui vivent dans un pays où plane « l’ombre de la mort », et Il y apporte la lumière et la vie (Jn 1:4).
Le plein accomplissement de ces versets aura lieu à la fin de l’indignation de l’Éternel (Ésa 10:5). Lorsque le roi du nord sera de retour dans le pays après avoir vaincu le roi du midi, le jugement sera exécuté, non pas en Judée, mais en Galilée. Même lors de la première venue de Christ, son service se déroule principalement en Galilée, au nord. L’armée de l’empire romain d’occident restauré (Europe) et l’armée du roi du nord seront toutes deux détruites par l’apparition du Seigneur Jésus.
À partir du moment où le peuple voit la grande lumière, le prophète passe, aux versets 2-6, à un événement futur encore plus lointain. Il parle dans ces versets de la rupture du pouvoir de l’Antichrist et de l’établissement du royaume de paix et de justice du Messie. Nous voyons
1. une grande lumière (verset 1) au lieu des ténèbres (Ésa 8:23),
2. une grande joie (verset 2) au lieu de la détresse (Ésa 8:22),
3. la délivrance (verset 3) au lieu de l’esclavage et
4. la paix (verset 6) au lieu de la guerre (verset 4).
Le verset 2 n’a pas été pleinement accompli jusqu’à ce jour. Seul un reste est revenu de captivité, et non une nation « multiple ». Sous les dominations païennes qui se sont succédé, il n’y a jamais eu une situation de joie telle que celle décrite dans ce verset. À l’avenir, quand le Seigneur Jésus viendra à la fin de la grande tribulation pour délivrer personnellement son peuple terrestre, il y aura une grande joie parmi le reste.
Ils ont traversé une période très difficile. Pendant la grande tribulation, ils subiront une persécution sévère de la part de l’Antichrist, qui sera roi d’Israël, avec l’aide de la bête montant de la mer, l’empire romain restauré (Apo 13:1-10). À cause de la grande tribulation, le reste sera dispersé dans tout le pays (Mt 24:21-22), sur les montagnes et dans les coins les plus reculés du pays. Mais lorsque le roi du nord envahira le pays d’Israël, ce sont précisément ces Israélites croyants qui auront fui qui survivront au massacre – tout comme les chrétiens qui ont fui en 70 après J.-C. au moment de la désolation de Jérusalem (cf. Apo 12:16-17).
La nation deviendra nombreux grâce au retour du reste des deux et des dix tribus. La joie qui régnera alors est comparée à celle qui règne lorsque la moisson est rentrée et que le butin est partagé. La première joie est celle de la bénédiction du pays ; la seconde est celle de la défaite des ennemis.
La joie devant le Seigneur peut être vécue par nous déjà maintenant. Il devrait toujours en être ainsi. Il ne s’agit pas de l’expression d’une joie naturelle pour la prospérité terrestre, mais d’une joie en Lui, du fait qu’Il est toujours avec nous.
Le verset 3 indique la raison de la joie du verset précédent. C’est la joie du salut par l’Éternel. Ce verset est au temps accompli, ce qu’on appelle le perfectum prophétique, le temps prophétiquement accompli. Cela signifie que l’événement n’a pas encore eu lieu, mais qu’il est décrit comme s’il avait déjà eu lieu.
« Le joug », « le gourdin » et « le bâton », symboles des puissances qui ont opprimé Israël, ont tous été cassés. Le peuple en a été délivré. Tous les instruments de discipline, le joug de l’Antichrist sur le reste fidèle, le gourdin et le bâton des nations ennemis qui entourent Israël – le roi du nord – ont été cassés.
Le « jour de Madian » rappelle la victoire remportée par Gédéon sur Madian (Jug 7:19-25). L’Éternel a alors racheté son peuple, non pas par la force militaire de ce peuple, sur laquelle il compte tant aujourd’hui, mais par son propre choix d’un petit groupe. Ainsi, ils ne pouvaient pas attribuer la victoire à leur propre force (Jug 7:2). De même, le Seigneur Jésus apparaîtra à l’avenir et défendra son peuple en sa propre personne et sera aidé en cela par un petit reste qui est dans la plus grande faiblesse, mais qui devient fort grâce à son lien avec Lui.
Cela s’applique aussi à nous. Si nous voulons combattre l’ennemi par nos propres forces, cela fait le jeu de l’ennemi. Mais si nous sommes faibles, alors nous sommes forts (2Cor 12:10 ; cf. 2Chr 28:21), car c’est alors Lui qui est notre force. Nous réussissons tout par Celui qui nous fortifie (Php 4:13).
Dans la description du verset 4, nous retrouvons les Assyriens prophétiques, s’avançant pour la grande bataille contre Israël. Le sol tremble sous les pas des soldats qui avancent (Jl 3:9-14). Les manteaux des soldats sont roulés dans le sang des sacrifices qui coulera en abondance dans cette bataille finale (Ésa 63:3 ; Apo 14:20). Brièvement et puissamment, la fin de toute cette violence est décrite. Ils « deviendront un embrasement, la pâture du feu ». Le jugement de l’Éternel consumera toute opposition (Ésa 66:15-16).
Le troisième « car » (verset 5) indique la raison de la rédemption (versets 3-4) et de la joie (verset 2). Il y a de la joie parce que Dieu accorde la rédemption, mais comment le fait-Il ? Tout commence par la naissance du Roi-Messie, le Christ, et se termine par son règne éternel.
Au verset 5, la première et la seconde venue de Christ sont mentionnées dans un seul verset. Le fait qu’il y ait une première et une seconde venue est dû au rejet du Messie. S’Il n’avait pas été rejeté, immédiatement après sa première venue, le royaume aurait été établi par Lui. Son rejet nécessite une seconde venue.
Le temps intermédiaire qui en résulte a été prévu par Dieu, mais Il ne l’a pas annoncé dans l’Ancien Testament. L’église ne fait pas partie de la prophétie, car elle est un mystère pour les prophètes (Éph 3:5). Dans la prophétie, la première et la seconde venue sont toujours directement liées, sans aucune mention ou référence à la période intermédiaire dans laquelle nous vivons actuellement, l’époque de la naissance et de la formation de l’église.
Aux versets 5-6, nous avons l’une des plus riches descriptions de Christ dans l’Ancien Testament. L’espoir d’Israël commence avec « un enfant » dans la mangeoire. La mention de sa naissance est une extension de la signification d’« Emmanuel » (Ésa 7:14). En Ésaïe 7:14, il est question de Lui comme d’un signe. Ici, il est un don. Il est « né » en tant qu’« un enfant », ce qui implique qu’Il a participé « au sang et à la chair » (Héb 2:14). Il est véritablement et parfaitement Homme, Il est « [l’]homme Christ Jésus » (1Tim 2:5).
Le « nous » au milieu duquel cet Enfant est né, ce sont ceux qui L’ont attendu, parmi lesquels Ésaïe se compte aussi. Nous les voyons au début de l’Évangile selon Luc, en Joseph et Marie, Zacharie et Élisabeth, les bergers, Siméon et Anne. Ils sont une image du reste fidèle et du noyau de la nation régénérée, tout Israël qui sera sauvé à travers la grande tribulation. L’Enfant est né bien avant cette période, mais ils L’accueilleront comme s’Il venait de naître (cf. Ésa 66:7-8). C’est le moment où Dieu introduit son Fils dans le monde, pour ensuite assumer la domination sur le monde (Héb 1:6).
Il est ensuite dit qu’Il a été donné en tant que « Fils », ce qui renvoie à sa divinité qui Lui donne le droit d’exercer le pouvoir en tant que Dieu. Ce pouvoir et cette force sont exprimés dans l’observation « le gouvernement sera sur son épaule ». En tant que Créateur et Rédempteur (Apocalypse 4-5), Il porte tout le gouvernement et tout le fardeau. C’est sur Lui qu’est toute la responsabilité. Mais cette tâche n’est pas trop grande pour Lui. Il résoudra tous les problèmes et exercera son gouvernement de manière parfaitement juste. En tant que Celui qui a accompli la rédemption, Il peut dire : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Mt 28:18). Il utilisera ce pouvoir en bénissant et en jugeant.
Dans la parabole de la brebis perdue et de la brebis retrouvée racontée par le Seigneur Jésus, nous lisons qu’Il met la brebis « sur ses épaules » (pluriel) (Lc 15:4-6). Pour gouverner le monde, une épaule suffit ; pour ramener une brebis perdue au troupeau, Il utilise ses deux épaules. Aussi, le souverain sacrificateur de l’Ancien Testament, à l’image des deux pierres précieuses contenant les noms des douze tribus, porte tout le peuple sur ses deux épaules (Exo 28:9-13).
Le fait qu’Il soit le Fils « donné » montre qu’Il est déjà Fils avant d’être né Enfant. Il est le Fils éternel qui est devenu Homme et qui a été ainsi donné. Le fait que le Fils ait été « donné » rappelle également la grâce et l’amour de Dieu pour les hommes perdus : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3:16).
Le Fils n’est pas seulement digne, il est aussi capable d’exercer la domination. Son nom, qui décrit ses caractéristiques, le démontre. Son nom est Lui-même dans sa personne. Son nom est premièrement « Merveilleux » (cf. Jug 13:18). Il dépasse notre entendement humain, car « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mt 11:27a ; Apo 19:12b). Son nom est « Merveilleux » parce qu’Il est merveilleux en Lui-même et parce qu’Il a accompli une œuvre merveilleuse à la croix pour la gloire de Dieu et pour notre salut. À son égard, nous devons avant tout faire preuve de révérence et d’admiration.
Il s’ensuit immédiatement qu’Il est « Conseiller ». Cela fait référence à sa sagesse. Personne ne Le conseille, Il n’a jamais besoin de consulter qui que ce soit. « Qui a été son conseiller ? » (Rom 11:34b). Il travaille selon un plan parfait conçu par Lui-même, qu’Il exécute avec sagesse sans hésitation et sans jamais avoir à revenir sur quoi que ce soit. Tous ceux qu’Il implique dans ses plans et à qui Il les fait connaître, Il les conseille (Ésa 11:2 ; Psa 32:8). Le conseil qu’Il donne est merveilleux, il dépasse les capacités humaines. Nous voyons aussi les deux caractéristiques « merveilleux » et « conseil » en Ésaïe 25 et 28 (Ésa 25:1 ; 28:29).
Il est aussi possible de considérer ces deux expressions comme un seul nom, un double nom : Merveilleux Conseiller. Nous voyons aussi cette unité dans le nom ou le double nom dans les trois noms suivants : Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. Le Messie, Celui qui est Enfant et Fils, a quatre noms magnifiques, chacun d’eux combinant son Être et une caractéristique qui rehausse sa gloire. Ce sont tous des noms d’honneur du Messie.
Il est capable d’accomplir tous ses desseins, car Il est le « Dieu fort » (cf. Ésa 10:21). Ce nom indique le grand contraste avec l’homme défaillant, faible et mortel. Le nom « Père du siècle » est littéralement « Père de l’éternité ». Le Seigneur Jésus, car c’est de Lui qu’il s’agit dans cette description, est clairement distingué dans la Divinité en tant que Fils éternel du Père éternel. Le nom « Père » a donc ici le sens d’origine, de Celui de qui quelque chose provient. Le Seigneur Jésus est « Père du siècle » dans le sens où Il est l’origine de l’éternité. Ainsi, la Septante traduit ce verset par : ‘Père du siècle à venir’ (cf. Héb 6:5).
‘L’éternité’ ou ‘à toujours’ dans l’Ancien Testament se réfère souvent au royaume millénaire de paix. Les nombreuses fois où il est dit « sa bonté demeure à toujours » (Psa 118:1-4 ; 136:1-26) se réfèrent à cette époque. Le royaume de paix est l’époque où Il régnera ouvertement en tant que « Prince de paix ». Il soumettra tout rebelle, supprimera tout élément perturbateur et œuvrera ainsi la paix pour son peuple et toutes les nations. C’est la « paix sur la terre » annoncée par les anges à sa naissance (Lc 2:14).
Il veut donner sa paix déjà maintenant dans le cœur de tous ceux qui ont la paix avec Dieu par Lui. Lorsque Christ dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14:27), la première ‘paix’ se réfère à la paix avec Dieu. C’est la paix que Christ, par sa mort, laisse à tous ceux qui croient. La seconde ‘paix’ se réfère à la paix de Dieu que Christ a expérimentée sur la terre par la communion parfaite avec Dieu et qu’Il donne maintenant à tous ceux qui se laissent guider par Lui.
Le pécheur reçoit la paix avec Dieu quand il confesse ses péchés et croit à l’œuvre du Seigneur Jésus et que Dieu a accepté cette œuvre (Rom 4:24-25 ; 5:1). La paix de Dieu est la part du croyant qui apporte toutes choses à Dieu dans la prière (Php 4:6-7). La prière est l’une des preuves qu’une personne place sa vie sous la domination du Seigneur Jésus et Le reconnaît déjà comme Seigneur, alors que le monde ne le fait pas encore.
Le domaine de sa domination s’étendra de plus en plus et sera universel (verset 6). Elle englobera le ciel et la terre avec toutes les puissances imaginables et culminera dans le fait que Dieu soit tout en tous (1Cor 15:20-28).
La durée de son règne sera sans fin (Lc 1:33 ; Apo 11:15). Aucun autre dominateur ne Lui succédera (Dan 2:44). La promesse qu’Il s’assiéra sur le trône de son père David (2Sam 7:16) s’accomplira. C’est un trône qui est « aux siècles des siècles » (Héb 1:8). Son règne sans fin aboutira au « jour de Dieu », avec ses « nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite » (2Pie 3:13).
Ce résultat magnifique ne sera pas atteint par l’effort humain. Aucun être humain n’y sera impliqué. « La jalousie de l’Éternel des armées », c’est-à-dire le Seigneur Jésus, est la force motrice de tout. Sa jalousie s’est enflammée lorsque l’honneur de son Père a été terni (Jn 2:13-17). Avec la même jalousie avec lequel Il a purifié le temple, Il purifiera aussi la terre, qui Lui appartient autant que le temple (Psa 24:1). Sa jalousie est le feu de son indignation envers tous ceux qui ont maltraité son peuple terrestre et élu, qui ont cherché à le détruire. Sa jalousie est aussi le feu de son amour avec lequel Il fera du bien à son peuple. C’est pourquoi ce feu doit consumer tous les infidèles parmi eux.
Phinées fait preuve d’une tel jalousie, pour laquelle il est loué et récompensé (Nom 25:6-14). Nous voyons aussi cette jalousie de l’Éternel pour son peuple chez Paul pour l’église (2Cor 11:2). C’est une jalousie qui juge tous les éléments qui font obstacle à la pleine dédication au Seigneur Jésus. Ce qui s’applique à une église locale comme Corinthe s’applique à toute église locale aujourd’hui. Cela s’applique aussi à la vie de chaque croyant individuel.
7 - 11 L’orgueil d’Éphraïm jugé
7 Le Seigneur a envoyé une parole à Jacob, et elle tombe sur Israël ; 8 le peuple tout entier le saura, Éphraïm et celui qui habite la Samarie, qui disent avec orgueil et avec hauteur de cœur : 9 “Les briques sont tombées, nous bâtirons en pierres de taille ; les sycomores ont été coupés, nous les remplacerons par des cèdres.” 10 Mais l’Éternel suscitera les adversaires de Retsin contre lui et armera ses ennemis, 11 les Syriens à l’est, et les Philistins à l’ouest ; et ils dévoreront Israël à gueule ouverte. Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue.
Les promesses des versets 5-6 sont suivies dans la partie suivante, Ésaïe 9:7 à Ésaïe 10:4, par d’autres condamnations publiques du mal et des avertissements de jugement imminent. Nous pouvons considérer la partie précédente, Ésaïe 6:1 à Ésaïe 9:6, comme une parenthèse importante, car elle contient beaucoup de choses sur Christ. Ce dernier ne fait que confirmer que « l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus » (Apo 19:10b).
À partir d’Ésaïe 9:7, nous nous retrouvons dans la sphère d’Ésaïe 5 après une longue parenthèse. Ésaïe 5 contient l’expression qui revient comme un refrain dans la partie suivante, Ésaïe 9:7 à Ésaïe 10:4 : « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue » (Ésa 5:25 ; 9:11,16,20 ; 10:4). Cette expression a trait au jugement de Dieu sur un peuple infidèle et apostat. Il faut le rappeler sans cesse au peuple.
Le refrain divise la partie suivante en quatre parties. La première mention du refrain est précédée de l’indication que le Seigneur (Adonai, c’est-à-dire le souverain Dominateur) a envoyé une parole à Jacob, une parole qui tombe sur Israël (verset 7 ; cf. Am 3:1 ; 4:1 ; 5:1). Leurs pratiques pécheresses rendent cela nécessaire. La parole qui leur est envoyée et qui tombe sur eux conformément à l’alliance faite avec eux exprime le désir constant de Dieu qu’ils se repentent.
Leur comportement pécheur, conformément à l’alliance, a entraîné à plusieurs reprises la discipline de l’Éternel (Deutéronome 28-30 ; 1 Rois 8 ; Amos 4). C’est pourquoi l’expression ‘parole’ est traduite ici par la Septante par ‘plaie’. Ces plaies culmineront et provoqueront la repentance avant que la bénédiction et la lumière promises puissent être données.
Bien qu’il s’agisse d’une parole mot à « Jacob » et « Israël », c’est-à-dire « le peuple tout entier », il se réfère spécifiquement à « Éphraïm et celui qui habite la Samarie », c’est-à-dire aux dix tribus (verset 8). Les habitants d’Éphraïm sont coupables d’orgueil et de mégalomanie. Ils font preuve d’un endurcissement constant de leur cœur. D’un point de vue prophétique, c’est donc le nord d’Israël en particulier qui subira de plein fouet l’invasion du roi du nord.
Malgré l’échec de l’alliance avec la Syrie – car cette alliance n’a pas aidé à arrêter l’Assyrie – il n’y a pas de repentance. L’Éternel les a appelés à écouter son bâton, l’Assyrie (Mic 6:9). Au lieu de cela, dans leur orgueil, ils font des plans encore plus grandioses. Ils feront encore mieux que la dernière fois, les résultats dépasseront la situation précédente (verset 9). Comme l’homme est têtu, comme il est incorrigible.
L’Assyrie semble suprême, mais Israël doit apprendre la leçon que l’Assyrie n’est qu’un instrument dans la main de l’Éternel. C’est une leçon que tous les croyants de tous les temps doivent prendre à cœur. Cela signifie qu’il faut mettre en pratique l’appel : « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu » (1Pie 5:6).
Aujourd’hui, les gens réagissent exactement de la même manière aux catastrophes qui frappent le monde comme un appel de Dieu à la repentance. Ce qui est détruit, ils le reconstruiront avec de meilleurs matériaux, et même plus grand et plus luxueux. C’est aussi un plus pour l’économie. C’est avec ce même enthousiasme indestructible que les hommes politiques insufflent leur propre courage pour faire encore mieux lors du prochain mandat.
À cause de l’orgueil obstiné des dix tribus, l’Éternel Lui-même « suscitera » de nouveaux ennemis contre elles, afin qu’ils s’avancent contre elles (verset 10). Cela montre que leurs puissants ennemis ne sont que des instruments dans la main de Dieu. Cela vaut pour Israël à l’époque du roi Pékakh, et cela vaudra aussi plus tard lors de l’invasion du roi du nord.
Leur alliance avec la Syrie ne leur a apporté aucun avantage, mais au contraire de nouveaux ennemis. Les ennemis de Retsin, le roi de Syrie (Ésa 7:1) – il s’agit des ennemis syriens de Retsin qui se rangent du côté de l’Assyrie – sont maintenant aussi hostiles à Israël. Nous pourrons ici penser à l’Assyrie en particulier. La Syrie elle-même les attaquera aussi, de l’est (verset 11). De l’ouest viendront les Philistins. Israël sera ainsi dévoré par eux avec avidité. À cause de la méchanceté obstinée de son peuple, Dieu ne détourne pas sa colère d’eux et ne peut pas retirer sa main qui frappe.
12 - 16 L’impénitence d’Éphraïm jugée
12 Mais le peuple ne retourne pas à celui qui le frappe, et ne recherche pas l’Éternel des armées. 13 Aussi l’Éternel retranchera d’Israël la tête et la queue, la branche de palmier et le jonc, en un seul jour : 14 l’ancien et l’homme considéré, lui, est la tête ; et le prophète qui enseigne le mensonge, lui, est la queue. 15 Car les conducteurs de ce peuple l’égarent, et ceux qui sont conduits par eux périssent. 16 C’est pourquoi le Seigneur ne se réjouira pas en leurs jeunes gens et n’aura pas compassion de leurs orphelins et de leurs veuves ; car tous ensemble, ce sont des profanes et des gens qui font le mal, et toute bouche profère l’impiété. Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue.
Dans ces versets, le prophète donne une deuxième explication des causes et de la nécessité des jugements divins. Parce qu’ils continuent à refuser de se repentir à l’Éternel et de Le chercher (verset 12), il doit aussi conclure ce deuxième couplet par le refrain qui dit que la colère de l’Éternel ne s’est pas détournée et que sa main est encore étendue contre eux en jugement (verset 16).
Le jugement, cette fois, est interne et consiste en la destitution de leurs chefs politiques et religieux. « En un seul jour », ils arriveront à leur fin (verset 13), soudainement, bien qu’elle ait été annoncée à maintes reprises. « La branche de palmier », ce sont les chefs, « le jonc », ce sont ceux qui sont dirigés. Les chefs, « l’ancien et l’homme considéré » sont « la tête », les plus responsables (verset 14). Le faux prophète est « la queue ». Il est comparé avec mépris à la queue d’un chien qui remue d’avant en arrière. Comme bon lui semble, il prophétise. Ces faux prophètes ne se laissent pas guider par l’Éternel, mais par les chefs politiques, tout comme une queue reflète l’état d’esprit de la tête.
Ainsi les chefs, branches de palmier ou les grands arbres, font égarer ceux qui sont conduits par eux, jonc, ou les plantes basses (verset 15). « Et ceux qui sont conduits par eux périssent. » Ils ne peuvent plus découvrir le droit chemin, le chemin de l’Éternel, et ne peuvent donc plus le suivre.
Le jugement s’abat sur « leurs jeunes », l’espoir et en même temps la fierté de la nation (verset 16). Ils comptent sur leur propre force. C’est pourquoi l’Éternel ne peut pas se réjouir à leur sujet, mais doit les juger. Le jugement s’abat même sur ceux qui sont l’objet de la plus grande sollicitude de Dieu, « leurs orphelins et leurs veuves », parce qu’ils suivent eux aussi les séducteurs (cf. Psa 68:6 ; 146:9). Ceux qui se laissent tromper ont consciemment choisi la voie de l’égarement. Ils sont tous – les séducteurs et les égarés – coupables d’avoir abandonné l’Éternel et de ne pas avoir écouté ses avertissements. C’est pourquoi sa colère demeure sur eux et sa main reste étendue contre eux en jugement.
17 - 20 La méchanceté d’Éphraïm jugée
17 Car la méchanceté brûle comme un feu, elle dévore les ronces et les épines, embrase les épaisseurs de la forêt, et roule et s’élève en colonne de fumée. 18 Par la fureur de l’Éternel des armées le pays est consumé, et le peuple est comme ce qui alimente le feu : l’un n’épargne pas l’autre. 19 On arrache à droite et on a faim ; on dévore à gauche et on n’est pas rassasié. Ils mangent chacun la chair de son bras : 20 Manassé [mange] Éphraïm, et Éphraïm [mange] Manassé ; et ceux-ci ensemble sont contre Juda. Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue.
Pour la troisième fois, un avertissement est donné concernant la colère divine. Le prophète souligne la méchanceté qu’ils commettent et par laquelle ils provoquent leur propre ruine (verset 17). Nous le reconnaissons aujourd’hui à la manière licencieuse dont la sexualité en particulier et la vie en général sont traitées. Toutes les limites que Dieu a données pour cela sont brouillées et finalement effacées.
Les gens dévorent leur propre vie à cause de leur mode de vie méchant. La méchanceté fait son œuvre dévorante (« feu ») et suffocante (« fumée ») parmi eux. La fumée qui s’élève est aussi une caractéristique de l’enfer, le lieu où toute méchanceté est livrée au feu éternel (Apo 14:11a ; 19:3b).
L’Éternel abandonnera le pays à la guerre civile avec toute la cruauté, la famine et l’autodestruction qui l’accompagnent (verset 18). Le pays sera noirci, rendant impossible toute culture. Tout comme les ronces et les épines (verset 17) sont un aliment pour feu, de même le peuple, composé de pécheurs endurcis, est un aliment du jugement de l’Éternel.
L’un des jugements auxquels l’Éternel abandonne son peuple est celui d’une guerre civile. Par conséquent, l’égoïsme prévaudra aussi. Personne n’accorde un morceau de pain à un autre (verset 19). La détresse sera telle que même les propres frères ne seront pas épargnés (verset 20). Manassé, la tribu divisée dont une moitié vit dans le pays et l’autre à l’extérieur, qui connaît donc les conséquences de la division, marche contre le grand chef Éphraïm. Éphraïm, pour qui il a toujours été difficile d’être le plus petit (Jug 12:1), ne laisse pas passer cela.
Une fois leur combat terminé, ils se retournent ensemble contre Juda. À cause de la colère de l’Éternel, ils font tout leur possible pour se prendre mutuellement la vie. Puis, pour la troisième fois, nous entendons le refrain qui dit que la colère de l’Éternel ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue contre eux pour les juger.
Aussi parmi nous, chrétiens, une querelle fraternelle peut être permise par le Seigneur comme un châtiment de sa part parce que nous ne Le reconnaissons pas dans notre vie. Si la relation avec Lui n’est pas bonne, cela affecte toujours les relations entre les membres de son peuple et entre les hommes en général.
Si les chrétiens se vantent d’une religiosité extérieure sans écouter le commandement de l’amour fraternel, le résultat est qu’ils se mordent et se mangent les uns les autres. Si l’on n’y met pas fin, ils se dévoreront les uns les autres (Gal 5:15). Dans les églises locales où l’on trouve de telles situations, il est important de reconnaître qu’il s’agit d’un jugement de Dieu. On peut alors se tourner vers Lui et les uns vers les autres dans l’humilité, au lieu de continuer à se vanter de ses privilèges.