1 - 4 Vite au butin, en hâte au pillage
1 L’Éternel me dit : Prends-toi une grande plaque, et écris dessus avec un stylet d’homme : “Maher-Shalal-Hash-Baz”. 2 Et je me pris de fidèles témoins pour témoigner : Urie, le sacrificateur, et Zacharie, fils de Jebérékia. 3 Je m’approchai de la prophétesse c qui conçut et enfanta un fils. L’Éternel me dit : Appelle-le du nom de “Maher-Shalal-Hash-Baz” ; 4 car avant que l’enfant sache crier : “Mon père”, et, “Ma mère”, on emportera la puissance de Damas et le butin de Samarie devant le roi d’Assyrie.
Les événements de ce chapitre sont étroitement liés à ceux du chapitre précédent. Il s’agit ici aussi de la délivrance de Juda de la menace de l’alliance Syrie-Israël et de l’invasion assyrienne qui s’ensuivra et qui finira par atteindre Juda. Dans cette perspective, Ésaïe reçoit l’ordre : « Prends-toi une grande plaque, et écris dessus avec un stylet d’homme. » Il doit écrire un message et de le faire de manière à ce que tous ceux qui passent puissent en prendre connaissance (verset 1 ; cf. Hab 2:2). Il doit être facile à lire. Les avertissements de Dieu sont toujours perceptibles et compréhensibles par tout homme. L’Éternel lui dit ce qu’il doit écrire : « Maher-Shalal-Hash-Baz », ce qui signifie « vite au butin, en hâte au pillage ».
Ésaïe se prend aussi deux « fidèles témoins pour témoigner : Urie, le sacrificateur, et Zacharie, fils de Jebérékia » (verset 2 ; cf. Deu 19:15). Urie signifie ‘l’Éternel est ma lumière’ et Zacharie ‘l’Éternel se souvient’. La signification de leurs noms implique un message d’espoir au milieu des ténèbres spirituelles. Ces noms témoignent que l’Éternel éclaire le chemin du croyant et qu’Il n’oublie jamais son peuple.
Nous savons qu’Urie est un sacrificateur méchant (2Roi 16:10-16). Il ne sera donc pas un témoin fidèle en raison de sa crédibilité personnelle, mais en raison de sa fonction. On ne sait pas qui était Zacharie. Parmi le peuple, les deux témoins auront eu de l’autorité. Leur témoignage, au moment prévu, sur ce qu’Ésaïe a annoncé à l’avance, sera une approbation de ce qu’il a écrit sur la grande plaque.
L’Éternel fait confirmer le message écrit d’Ésaïe par un message vivant en la personne d’un fils qu’Il promet de lui donner. Il lui dit aussi quel sera le nom de son fils. Pour lui donner ce fils, l’Éternel utilise les rapports naturels entre Ésaïe et sa femme lors du rapport sexuel (versets 3). L’Éternel bénit les rapports sexuels par une grossesse et la naissance d’un fils. Lorsque l’enfant est né, Il dit à Ésaïe qu’il doit appeler son fils « Maher-Shalal-Hash-Baz ».
La femme d’Ésaïe est ici appelée « la prophétesse ». Cela signifie qu’elle est elle-même une prophétesse dans le sens où elle reçoit des communications de Dieu à transmettre, comme Hulda et Debora. Ésaïe et sa femme forment un couple merveilleux qui, dans l’unité, transmet les paroles de Dieu au milieu d’un peuple apostat.
L’Éternel dit aussi à Ésaïe pourquoi il doit donner ce nom à son fils. Cela a trait aux plans de la Syrie et d’Israël pour envahir Juda. Ésaïe a déjà écrit sur une grande plaque à ce sujet (verset 1). Il est dit maintenant que l’invasion ne tardera pas à se produire. L’Éternel dit qu’Il donnera une issue et qu’Il le fera rapidement. Avant que l’enfant ne puisse dire ses premiers mots, « “mon père”, et, “ma mère” », le roi d’Assyrie, Tiglath-Piléser, aura conquis les capitales de la Syrie et d’Israël, c’est-à-dire Damas et Samarie (verset 4). Cela signifie que cela se passera peu de temps après la naissance de ce deuxième enfant d’Ésaïe.
5 - 8 L’Assyrie envahit Juda
5 L’Éternel me parla encore en ces termes : 6 – Parce que ce peuple rejette les eaux de Siloé qui coulent doucement, et qu’il trouve son plaisir en Retsin et dans le fils de Remalia ; 7 à cause de cela, voici, le Seigneur fait monter sur eux les eaux du fleuve, fortes et grosses, le roi d’Assyrie et toute sa gloire ; [le fleuve] montera sur tout son lit et s’en ira par-dessus tous ses bords ; 8 il traversera Juda, il débordera et passera au-delà, il montera jusqu’au cou ; et le déploiement de ses ailes remplira la largeur de ton pays, ô Emmanuel.
Ce qui est dit aux versets 1-4 est une bonne nouvelle pour Achaz. Il y aura bientôt du butin et du pillage à prendre aux ennemis qu’il craint tant. Mais l’Éternel continue à parler avec une nouvelle annonce, qui est aussi surprenante (verset 5). En effet, la prophétie comporte un autre aspect qui n’est pas encourageant pour Achaz. Il lui est dit que le succès du roi d’Assyrie sera le tremplin pour attaquer Juda.
Le roi d’Assyrie le fera parce que « ce peuple rejette les eaux de Siloé qui coulent doucement » (verset 6). Siloé est un torrent qui coule de la fontaine de Gihon, sur la montagne de Sion et qui alimente Jérusalem en eau. Le torrent se termine à l’étang de Siloam.
Ésaïe utilise un langage symbolique qui contient un message spirituel. Le peuple a méprisé ce que Dieu, dans sa bonté et sa miséricorde, lui a envoyé comme rafraîchissement – « Siloé » signifie ‘envoyé’ (Jn 9:7). Ce rafraîchissement a été envoyé dans les promesses de Dieu concernant le trône et la descendance de David. Au lieu de compter sur ces promesses, ils ont placé leur espoir dans les puissances terrestres. Après tout, Israël s’appuie sur la Syrie, tandis que Juda s’appuie sur l’Assyrie.
Avant tout, « Siloé » renvoie au Fils envoyé par le Père. Avec quelle douceur sa bonté et sa miséricorde ont coulé en Lui à travers ce monde. Partout où ce courant est arrivé, il a apporté la vie et la guérison. Pourtant, ce fleuve « qui coule doucement » de vie et de bénédiction a été rejeté. La croix en est la preuve. Aujourd’hui, les eaux de Siloé coulent dans les Écritures et peuvent être bues par quiconque a soif (Jn 7:37-38). Malheureusement, il faut constater qu’aujourd’hui aussi, ces « eaux de Siloé », l’évangile de la grâce de Dieu, sont méprisées et rejetées.
Israël, avec à sa tête le fils de Remalia, a fait une alliance avec Retsin, le roi de Syrie (Ésa 7:1). Tous deux s’en réjouissent. Mais le rire sera perdu pour eux. Juda compte sur le soutien de l’Assyrie. Soit dit en passant, on peut aussi traduire « il y a de la joie à propos de Retsin » etc. Le sens est alors que Juda se réjouit de l’échec annoncé par Ésaïe du plan élaboré par les alliés pour conquérir Juda. En tout cas, c’est une joie mal placée.
Juda et Israël, ainsi que la Syrie, seront subjugués par le roi d’Assyrie, par « le Seigneur » (Adonai, le souverain dominateur) (verset 7 ; Ésa 7:16-17). Le roi d’Assyrie est comparé à des « eaux du fleuve, fortes et grosses », une fleuve qui « montera sur tout son lit et s’en ira par-dessus tous ses bords », ce qui accentue le contraste avec « les eaux de Siloé qui coulent doucement » mentionnées dans le verset précédent. Ayant méprisé les eaux qui coulent doucement, source de la vie et du rafraîchissement, ils connaîtront les eaux dévastatrices de la mort et de la destruction. « Le fleuve » est la désignation habituelle de l’Euphrate, au-delà duquel se trouve l’Assyrie.
Cependant, il y aura une différence entre le débordement d’Israël et celui de Juda. Juda sera débordé en grande partie, mais pas entièrement. L’eau « montera jusqu’au cou » (verset 8). Ésaïe voit cela se produire dans son esprit. Il ressent la détresse lorsque l’eau monte jusqu’au cou. L’arrivée de l’Assyrie dans le pays lui semble aussi comme l’arrivée d’un énorme oiseau de proie déployant ses ailes sur la largeur du pays pour en faire sa proie. Accablé par la détresse, il se tourne soudainement vers l’Éternel en s’écriant qu’il s’agit après tout « de ton pays, ô Emmanuel ».
Il s’agit avant tout de « ton pays », qui est le pays de l’Éternel. Emmanuel, c’est l’Éternel Lui-même. Il est la raison pour laquelle Jérusalem sera épargnée et que la ville sera rachetée dans le futur. Le cri d’Ésaïe est le cri pour le Messie, car Lui seul peut donner l’issue. Il est Emmanuel, Dieu avec nous.
9 - 10 Dieu déjoue le projet des peuples
9 Associez-vous, peuples, et vous serez brisés ! Prêtez l’oreille, vous tous qui habitez au loin sur la terre ! Prenez les armes, et vous serez brisés ! Prenez les armes, et vous serez brisés ! 10 Formez un projet, et il n’aboutira à rien ; dites une parole, et elle n’aura pas d’effet : car Dieu est avec nous.
Lorsqu’Ésaïe – en tant que type du reste fidèle – a ainsi fixé son regard sur la gloire d’Emmanuel, il voit comment les choses se passeront dans un avenir lointain. Dans la lumière d’Emmanuel, il voit le sort de tous les ennemis d’Israël scellé. Il fait mention que les peuples s’associent (verset 9 ; Psa 2:1-5). Son cri s’associer n’est pas une incitation, mais la constatation de ce qu’ils font. Dans le même souffle, il mentionne le résultat. Ils se préparent à la bataille, ils s’associent, mais immédiatement après, ils sont brisés.
Tous leurs plans seront réduits à néant (verset 10). Les paroles de leur propagande n’aboutissent à rien. Quelle en est la cause ? Le fait que Dieu est avec son peuple. Le secret de l’échec de tous les plans maléfiques des peuples visant à détruire le peuple de Dieu réside dans le grand nom Emmanuel, Dieu avec nous. Ce nom signifie le jugement sur toutes les peuples qui sont montés contre le peuple de Dieu, ce qui aboutit à la délivrance complète d’Israël dans les derniers jours. Le chemin que le reste doit suivre jusqu’à ce que ce temps arrive est mentionné à partir du verset 11.
11 - 12 Ne pas marcher dans le chemin de ce peuple
11 Car ainsi m’a dit l’Éternel avec main forte, quand il m’a averti de ne pas marcher dans le chemin de ce peuple : 12 N’appelez pas conspiration tout ce que ce peuple appellera conspiration, ne craignez pas [ce qui fait] leur crainte, et ne soyez pas effrayés ;
Ces versets continuent à dénoncer « le chemin de ce peuple », c’est-à-dire le chemin qui consiste à s’appuyer sur l’Assyrie plutôt que sur Dieu. L’Éternel a fait comprendre « avec main forte » à Ésaïe qu’il ne devait pas suivre « la voie de ce peuple » (verset 11). Un prophète ne suit pas le chemin de la majorité. L’expression que la main forte de l’Éternel est sur le prophète indique que l’Éternel incite le prophète à servir et lui donne aussi la force de le faire (cf. 1Roi 18:46 ; 2Roi 3:15 ; Ézé 1:3 ; 3:14 ; Jér 15:17). Peut-être qu’Ésaïe avait besoin de l’insistance divine pour son service parce que le peuple continuait à rejeter ses paroles et qu’il risquait de se décourager en conséquence.
Il semble qu’Ésaïe ait été enclin à suivre la pensée d’Achaz et de Juda qui cherchent leur force dans une alliance, traduite ici par « conspiration », avec l’Assyrie (verset 12). Par nature, le cœur du prophète ne vaut pas mieux que celui du peuple. Il n’est pas permis de modifier son message ni même le taire. À l’avenir, le reste devra aussi se distancier de la conspiration de l’Antichrist qui lie Israël à la bête de l’Empire romain occidental restauré, ou de l’Europe.
Celui qui garde constamment à l’esprit que ‘Dieu est avec nous’ ne craint pas les choses qui effraient ceux qui n’ont pas une foi vivante en ‘Emmanuel’. Dieu encourage chacun à se confier en Lui et à ne pas mettre sa confiance dans la force des alliances humaines.
13 - 15 Un sanctuaire et une pierre d’achoppement
13 l’Éternel des armées, lui, sanctifiez-le, et que lui soit votre crainte, et lui, votre frayeur ; 14 il sera un sanctuaire, mais aussi une pierre d’achoppement et rocher qui fait trébucher pour les deux maisons d’Israël, un piège et un filet aux habitants de Jérusalem. 15 Beaucoup d’entre eux trébucheront et tomberont, ils seront brisés, enlacés et pris.
L’Éternel fait remarquer à Ésaïe qu’au lieu de craindre les hommes et les choses que les gens craignent (verset 12), il devrait avoir pour seule attention l’Éternel des armées » (verset 13). L’Éternel des armées est Celui qui dispose de toutes les puissances célestes et aussi terrestres, les bonnes et aussi les mauvaises. C’est Lui qui contrôle tout.
« Sanctifiez-le » signifie vivre dans la conscience constante qu’Il a l’autorité et le contrôle absolus sur le cœur et la volonté, de sorte qu’ils sont entièrement séparés pour Lui. Nous n’aurons alors plus à craindre quoi que ce soit ou qui que ce soit. Aussi bien que quelqu’un ait l’intention de faire ou de dire (verset 10), il ne pourra rien contre nous si nous Le sanctifions.
Vivre dans la crainte de Dieu signifie que chaque activité de la vie, toute la marche, ne contient rien qui ne Lui soit agréable. Cela s’oppose ici au fait de craindre les gens en général et pas seulement les rois du monde. Qu’Il soit notre « crainte » et notre « frayeur » ne signifie pas que nous Le fuyons, mais que notre attitude est celle du respect et de la crainte.
Il s’agit de savoir que nous sommes en sa présence et non en celle des hommes. Il s’agit d’une crainte sainte de Dieu par opposition à une crainte impie des hommes. C’est la seule réponse appropriée à la grâce et à l’amour salvatrice de Christ (1Pie 3:14b-15a ; Ésa 29:23 ; cf. Nom 20:12). La référence de Pierre à ce verset d’Ésaïe montre que Christ, ou le Messie, est le Même que « l’Éternel des armées ».
La conséquence du fait de sanctifier l’Éternel est qu’Il sera « un sanctuaire » pour le reste (verset 14). « Sanctuaire » a ici le sens de lieu de refuge (cf. Ézé 11:16). De même que le temple était destiné à Israël comme centre de leur vie spirituelle, de leur joie dans l’adoration et la louange, comme lieu de sainteté et de paix, et aussi de protection, de même Christ l’est pour le croyant. Non seulement Christ a un lieu saint dans notre cœur, mais Il est Lui-même un lieu saint où nous pouvons nous réfugier.
Mais pour les incrédules de tout Israël, Il sera « une pierre d’achoppement » et « un rocher qui fait trébucher » (verset 15 ; Rom 9:32b-33 ; 1Pie 2:7-8). En Romains 9:33, Paul, comme Pierre, applique au Seigneur Jésus ce qui est dit ici de l’Éternel. La foi en Christ est la ligne de démarcation qui traverse son peuple. « Les deux maisons d’Israël » – les dix tribus d’Éphraïm et les deux tribus de Juda – et les « habitants de Jérusalem » Le rejetteront. Ce ne sont pas seulement les deux tribus qui Le rejetteront, mais aussi les dix tribus. Au fil du temps, beaucoup d’entre eux sont allés vivre en Juda (2Chr 15:9 ; 30:11 ; cf. Lc 2:36-38).
Toutes les douze tribus Le rejetteront, parce qu’Il ne correspond pas à ce que devrait être un Messie à leurs yeux. Ils trébucheront et tomberont sur Lui à cause de leur incrédulité. A cause de leur rejet, « ils seront brisés ». Ceux qui ne tomberont pas et ne seront pas brisés seront « enlacés et pris ». Un premier accomplissement de ceci se produit en l’an 70 lors de la désolation de Jérusalem. Au temps de la grande tribulation, la majorité d’Israël trébuchera, tombera et sera prise au piège de l’Antichrist.
16 - 18 Ésaïe et ses enfants
16 Lie le témoignage, scelle la loi parmi mes disciples. 17 Je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face à la maison de Jacob, et je l’attendrai. 18 Voici, moi et les enfants que l’Éternel m’a donnés, nous sommes pour signes et pour prodiges en Israël de la part de l’Éternel des armées qui demeure en la montagne de Sion.
À cause de leur rejet du Messie, le jugement d’aveuglement aura lieu. Ils seront aveugles et sourds aux paroles de Dieu. Toute étude de la Torah, qui désigne le Seigneur Jésus en tout point, par les Juifs orthodoxes ne leur rapporte rien (Jn 5:39,46-47). Ils ne découvrent rien du Messie. Leurs yeux sont fermés (2Cor 3:14). C’est le jugement d’endurcissement qui s’est abattu pour une partie, c’est-à-dire la masse, sur Israël (Rom 11:25). C’est pourquoi ils recevront l’Antichrist (Jn 5:43b).
Par « le témoignage » (verset 16), il faut entendre ce qui a été dit par Ésaïe au sujet de l’Emmanuel et de l’état futur d’Israël. C’est le témoignage prophétique. Il doit être mis en sécurité et préservé pour le reste en ces jours-là et aussi pour le reste dans les générations futures. C’est ce que signifie « lie ». Avec « la loi », c’est-à-dire la loi de Moïse qui a été rejetée par le peuple (Ésa 5:24), il faut faire la même chose, ce qui est indiqué par l’ordre « scelle ». Seul le reste fidèle, « mes disciples », ceux qui se laissent enseigner par l’Éternel par la bouche d’Ésaïe, et plus tard les disciples du Messie, ils en seront encouragés.
Cela s’applique aussi à nous. Après que Paul a prédit aux anciens d’Éphèse l’apostasie à venir, il les recommande, ainsi que nous, à Dieu et à la Parole de sa grâce (Act 20:32). Pour tous ceux qui veulent être fidèles en temps d’apostasie, la parole de Dieu est pleine d’encouragements. Au fur et à mesure que les temps s’assombrissent, la parole de Dieu devient de plus en plus précieuse pour le disciple.
Au milieu du peuple auquel l’Éternel a caché sa face à cause de ses péchés, Ésaïe est déterminé à L’attendre avec persévérance (verset 17). Attendre l’Éternel, comme prier, c’est reconnaître sa propre impuissance et sa totale dépendance à son égard. Si l’Éternel « cache sa face », cela signifie qu’Il retient la bénédiction de son peuple. L’homme ne peut alors pas Le voir. Dieu est bien là, mais l’homme ne perçoit pas cette bénédiction.
Tout vrai croyant, comme Ésaïe, fera confiance à Dieu malgré l’absence de bénédiction et attendra avec impatience son salut. Dans les périodes de détresse dues aux péchés du peuple de Dieu, lorsque Dieu ne s’engage pas ouvertement à son peuple, le croyant individuel sait que le cœur de Dieu va vers lui. Il le sait parce qu’il puise dans la Parole éternelle de Dieu. Ce témoignage de la parole de Dieu reste scellé pour la masse du peuple qui persiste dans ses péchés, il reste illisible et incompris.
La dernière partie du verset 17, « je l’attendrai », est citée en Hébreux 2, où elle est rendue par « je me confierai en lui » (Héb 2:13a). L’orateur est ici Christ, le Messie. La citation prouve que Christ est vraiment l’Homme. Cette preuve se voit dans la confiance qu’Il place en son Dieu en tant qu’Homme.
Il y a là une leçon précieuse. Nous aussi, nous vivons dans un état de déclin et de refus d’écouter la parole de Dieu. Si nous restons fidèles et que nous nous tenons aux intentions de Dieu, c’est précisément dans cette condition que nous fixerons notre cœur avec d’autant plus de fermeté sur Lui. C’est aussi en Lui que sera notre espérance. Nous pouvons être déprimés lorsque nous voyons le déclin de ceux qui, autrefois, donnaient l’espoir de porter du fruit en partie grâce à notre service. L’Esprit de Dieu veut alors nous rapprocher de l’Éternel, afin que nous trouvions nos fontaines dans la puissance qu’Il a de continuer à glorifier son nom à travers nous.
Le prophète trouve sa consolation dans les deux enfants que l’Éternel lui a donnés (verset 18). Dans la signification du nom de son premier fils, Shear-Jashub (Ésa 7:3), nous entendons une parole de grâce. Il est le signe qu’« un reste reviendra ». Cela se produira dans le futur. Dans la signification du nom de son deuxième fils, Maher-Shalal-Hash-Baz (verset 3), nous entendons une parole de jugement. Il est le signe qu’il y aura « vite au butin, en hâte au pillage ». Ce jugement sera exécuté rapidement et bientôt.
Les deux enfants sont « pour signes et pour prodiges » du salut d’Israël. « Signes » signifie que leurs noms ont une signification plus profonde qui implique un message de Dieu pour le peuple. Nous avons déjà attiré plusieurs fois l’attention sur cette signification. Prodiges sont la désignation de la source divine et surnaturelle de ce message. La rédemption d’Israël se fera par le jugement de ses ennemis. Ces ennemis sont de deux côtés. À l’intérieur, il s’agit de la masse impie du peuple et à l’extérieur, il s’agit des nations environnantes hostiles.
Le prophète Ésaïe, avec les enfants que Dieu lui a donnés, est aussi un type, une image de Christ avec les enfants que Dieu Lui a donnés (cf. Jn 17:2,6,24). Nous le voyons dans la citation de la première partie du verset 18 en Hébreux 2 (Ésa 8:18a ; Héb 2:13b). En tant qu’Homme, Christ s’est uni aux enfants que Dieu Lui a donnés, c’est-à-dire le reste d’Israël. L’Esprit de Dieu applique le verset 18a en Hébreux 2 aux enfants spirituels de Dieu à notre époque (Héb 2:13b). Ils sont liés au Christ.
Il ne s’agit pas des ‘enfants de Christ’ ou des ‘enfants du Seigneur Jésus’. La Bible n’utilise nulle part de telles expressions pour désigner les croyants. Ce sont des expressions incorrectes. Il s’agit des enfants de Dieu que Lui, Dieu, a donnés au Seigneur Jésus. Les enfants naturels d’Ésaïe sont les représentants symboliques des croyants qui doivent être de la même manière un témoignage devant le monde.
19 - 22 Consulter les démons
19 S’ils vous disent : “Enquérez-vous des évocateurs d’esprits et des diseurs de bonne aventure, qui murmurent et qui chuchotent !” … un peuple ne doit-il pas [plutôt] s’enquérir de son Dieu ? [ira-t-il] aux morts pour les vivants ? 20 À la loi et au témoignage ! S’ils ne parlent pas selon cette parole, il n’y a pas d’aurore pour [ce peuple]. 21 Il passera dans le [pays], affligé et affamé ; et quand il aura faim, il s’irritera, et maudira son roi et son Dieu ; il regardera en haut, 22 et il fixera son regard sur la terre : voici la détresse et les ténèbres, l’obscurité de l’angoisse ! et il est repoussé dans d’épaisses ténèbres.
Ceux qui n’écoutent pas les paroles de Dieu se tournent vers les puissances des ténèbres. La différence entre eux est comme la différence entre les eaux douces de Siloé et les eaux tumultueuses de l’Assyrie (versets 6-7). L’une apporte la bénédiction, l’autre la destruction. Comme l’Éternel cache sa face à la maison de Jacob, le peuple se réfugie auprès de médiums spirites (verset 19). Le spiritisme a pénétré en Juda (Ésa 2:6 ; 3:2-3). Ces médiums cherchent à influencer la famille et les disciples d’Ésaïe. De même, les croyants subissent aujourd’hui des tentatives d’influence de la part des mauvais esprits.
Nous voyons ici que « les vivants » demandent « les morts » et cela alors que la loi et le témoignage sont avec eux dans lesquels brille la lumière de Dieu. Cette conduite est fermement condamnée par Dieu dans sa Parole (Lév 20:27 ; Deu 18:9-12). Ceux qui ne croient pas en la parole de Dieu cherchent conseil et aide auprès d’autres sources (1Sam 28:6-8). L’Éternel reproche au peuple cette ligne de conduite en posant deux questions dont la réponse est dans la question. Au lieu de consulter le Dieu vivant, on consulte des idoles mortes, derrière lesquelles se cachent des esprits mauvais (1Cor 10:19-20).
Une explosion du spiritisme se produit souvent à l’occasion de chaque crise majeure dans les affaires humaines. C’est le cas en Juda et en Israël au moment de la déportation. Il en est ainsi au moment de la venue de Christ sur la terre. C’est aussi le cas aujourd’hui, juste avant le retour de Christ. Dans les moments de détresse, les gens préfèrent massivement recourir à la divination plutôt qu’à Dieu. Les gens voient l’incertitude de l’avenir et veulent des informations à ce sujet. Au lieu de se tourner vers le Dieu de la vérité, on se tourne vers le père du mensonge. Et cela, alors que Dieu a prévu dans les Écritures saintes à tout ce qui est nécessaire pour notre orientation et pour tous nos besoins spirituels (2Tim 3:16-17).
Le peuple est renvoyé à la Parole (verset 20). L’enseignement de la loi répond aux questions de la vie et conduit à une vie dans la lumière (Ésa 2:5). Celui qui l’ignore finira dans les ténèbres éternelles. Pour une telle personne, il n’y a pas d’avenir, « pas d’aurore ». Le chemin vers ce terrible avenir est horrible et devient de plus en plus terrifiant (verset 21). Il manque de tout ce qui est nécessaire à la vie. À l’intérieur aussi, l’obscurité est totale. Le blâme est jeté sur tous ceux qui, à leurs yeux, ont le pouvoir de changer leur misère.
Dans le futur, lors de l’invasion du roi du nord (Dan 11:40-44), l’Antichrist, qui sera le roi d’Israël, ne pourra rien faire. Le peuple se rendra alors compte que son roi est en fait un pasteur de néant qui abandonne le troupeau (Zac 11:17) et maudira alors son roi. Cette malédiction sera en partie justifiée car c’est par sa faute que le roi du nord a envahi le pays. Mais au lieu de se repentir et de reconnaître leur culpabilité, ils accuseront Dieu de tout cela, comme beaucoup le font aujourd’hui. Au lieu de chercher à se blâmer eux-mêmes, ils endurciront leur cœur et maudiront Dieu.
Ils seront rejetés (verset 22). Cela concerne la nation. Ils seront chassés du pays d’Emmanuel et déporter vers un pays étranger et ténébreuse. Là, ils seront privés de toute la lumière dans laquelle, lorsqu’elle était à leur disposition, ils ont refusé de marcher. Ils ont choisi les ténèbres et ils les ont maintenant en abondance. Dehors et dedans, en haut et en bas, partout règnent l’obscurité et la peur.
23 L’obscurité ne resteront pas
23 Toutefois l’obscurité ne sera pas comparable à la détresse qui a été sur la terre, quand au commencement il a pesé légèrement sur le pays de Zabulon et le pays de Nephthali, et quand plus tard il s’est appesanti [sur elle],… chemin de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations :
Les profondes ténèbres des versets précédents n’ont pas le dernier mot. Le « toutefois » par lequel commence le verset 23 introduit une nouvelle partie – dans d’autres traductions, il s’agit donc d’Ésaïe 9:1 – qui contraste avec la partie précédente. Il y est question de ténèbres qui viendront en jugement sur le peuple, alors qu’ici Dieu prévoit une lumière qu’Il enverra dans les ténèbres lors de la venue du Messie pour ceux qui Le recevront. Il est la lumière qui brille dans les ténèbres (Jn 1:5a).
Il vise ici surtout « le pays de Zabulon et le pays de Nephthali ». L’Éternel a jeté le mépris sur cette région. Nous pouvons penser ici au moment où Salomon donne à Hiram 20 villes du pays de Galilée pour son aide, villes qu’Hiram appelle avec mépris « pays de Cabul , c’est-à-dire : le pays ne venant à rien (1Roi 9:11-15). Il ne peut apprécier ce cadeau. Nous voyons en outre qu’après la division du royaume, le jugement de l’Éternel s’abat sur les dix tribus en plusieurs étapes par l’intermédiaire de l’Assyrie (2Roi 15:29 ; 17:1-8,22-23). Ces deux tribus, Zabulon et Nephthali, furent les premières à être conquises par les Assyriens.
Au lieu du mépris du passé (cf. Jn 1:46-47 ; 4:9), l’Éternel rendra gloire à cette région dans le temps à venir. Cela se fera par la venue du Messie. C’est précisément dans cette région, où les ténèbres sont les plus profondes, que Dieu fera briller sa lumière lors de la venue de Christ. Ce n’est donc pas à Jérusalem, la capitale, mais dans la Galilée méprisée.
Christ naîtra à Bethléhem en Juda, mais peu après sa naissance, Il ira habiter à Nazareth en Zabulon et y grandira (Mt 2:22-23). Plus tard, Il habite à Capernaüm (Mt 4:13 ; 9:1a), qui se trouve en Nephthali. C’est là qu’Il commence son ministère (Mc 1:21). Ici, le prophète passe à nouveau des ténèbres de la situation actuelle, où l’invasion est imminente, aux jours de lumière éclatante de la venue de Christ en chair au milieu du peuple, en particulier à Zabulon et à Nephthali.
Cette région est décrite par trois noms.
1. « Chemin de la mer » (la Via Maris), qui est la route commerciale entre la Syrie et l’Égypte à travers la Galilée, le long de la Méditerranée. Cela indique que de nombreux païens traversaient la Galilée.
2. « Au-delà du Jourdain », c’est-à-dire à l’est du Jourdain.
3. « Galilée des nations », ce qui indique que la région est fortement influencée par les païens et que le peuple de Dieu s’était aussi mélangé aux païens.
Tout parle de mépris. Mais ce qui n’est pas d’importance pour le peuple de Dieu et qui est dans les ténèbres devant Dieu n’est pas méprisé par Lui, mais visité par sa grâce en son Fils. Il n’a pas non plus méprisé les païens.
D’un point de vue prophétique, ce verset fait référence aux ténèbres profondes dans lesquelles se trouvera le reste fidèle, d’abord par le règne de l’Antichrist, puis par l’invasion de l’Assyrie, ici le roi du nord (Dan 11:40-41). Quand, dans l’avenir, la partie incrédule d’Israël aura été exterminée par les Assyriens – « deux tiers » (Zac 13:8) – et que les ténèbres et la détresse seront à leur comble, il y a cette promesse : L’Éternel fera briller la lumière dans cette partie obscure d’Israël par l’apparition du Christ. Il accordera alors la rédemption, en partie en détruisant l’armée du roi du nord. Ceci est expliqué en détail dans le chapitre suivant.