Introduction
Ce chapitre poursuit la description des abus au sein du peuple commencée dans le chapitre précédent. À la lumière de Dieu, il est devenu clair combien l’homme est chétif (Ésa 2:22), et ce malgré son orgueil et sa vanité. Mais le peuple de Dieu ne le sait pas encore. Pour le lui faire savoir, l’Éternel lui ôte maintenant toutes ses ressources. Par ce jugement, qui commence toujours « par la maison de Dieu » (1Pie 4:17), Sion est humiliée.
Autant l’abaissement de l’orgueil humain est général dans le chapitre précédent, autant le jugement sur Sion sera précis et profond. Le jugement s’abat sur la ville et le peuple, tandis que l’attention se porte tout particulièrement sur les chefs et les femmes distinguées.
L’Éternel montre comment les jugements ont lieu. Les jugements sont décrits ici d’une manière qui n’est comprise que si nous y prêtons attention. Nous découvrons alors qu’Il ôte des choses, tant matérielles que spirituelles, dans un but précis. Il veut ainsi forcer son peuple à revenir vers Lui. L’Éternel les amène dans le désert solitaire et désolé, sans aucun soutien pour parler à leur cœur (Osé 2:13).
1 - 7 L’Éternel ôte tout soutien
1 Car voici, le Seigneur, l’Éternel des armées, ôte de Jérusalem et de Juda le soutien et l’appui, tout soutien de pain et tout soutien d’eau, 2 l’homme fort et l’homme de guerre, le juge et le prophète, le devin et l’ancien, 3 le chef de cinquantaine, et l’homme considéré, le conseiller, l’habile ouvrier, et l’expert en enchantements. 4 Je leur donnerai des jeunes gens pour être leurs princes, et de petits enfants domineront sur eux ; 5 les gens seront opprimés l’un par l’autre, et chacun par son voisin ; le jeune garçon usera d’insolence contre le vieillard, et l’homme de rien contre l’homme honorable. 6 Alors, si un homme saisit son frère, dans la maison de son père, [disant] : “Tu as un manteau, tu seras notre chef, et que cette ruine soit sous ta main !”, 7 il jurera en ce jour-là, disant : “Je ne peux pas être médecin, et dans ma maison il n’y a ni pain ni manteau ; vous ne me ferez pas chef du peuple.”
Les mots « car voici » par lesquels commence le verset 1 se rattachent directement à ce qui précède. Ils sont l’introduction aux jugements qui frapperont Jérusalem et Juda à cause des abus décrits dans le chapitre précédent. Ces jugements seront exécutés par « le Seigneur, l’Éternel des armées » (pour la signification de ces noms, voir le commentaire d’Ésaïe 1:24). Ces noms de Dieu combinent la hauteur, l’autorité absolue et l’omnipotence de Dieu en tant que souverain dominateur et juge, et impliquent un jugement très menaçant.
Ôter « le soutien et l’appui » signifie que l’Éternel privera le peuple – c’est-à-dire Jérusalem et Juda – qui met sa confiance en l’homme et non en l’Éternel, de toute forme de soutien, tant naturel que spirituel. Tout ce qu’ils croient être un soutien leur sera ôté, de sorte qu’il ne restera plus rien sur quoi s’appuyer. Le soutien naturel de leur corps « de pain » et « d’eau » disparaîtra, de sorte que leur force sera anéantie. Il y aura aussi un manque de soutien spirituel, car la force de combat, la capacité de diriger, le conseiller et l’habileté seront ôtés (versets 2-3).
L’Éternel ôte tout ce en quoi le peuple met sa confiance, qu’il s’agisse d’une fontaine bonne ou mauvaise (le « devin »). Il peut ôter le soutien par la mort. Il peut aussi le faire par l’ennemi qui ne laisse rien de comestible et qui capture les chefs pour les déporter dans son propre pays. En conséquence, le peuple deviendra impuissant par manque de nourriture et il deviendra sans direction par manque de direction (2Roi 24:14).
Il en résultera une confusion totale, confusion qui sera aggravée par un renversement des valeurs et des normes. L’Éternel « leur donnerai des jeunes gens pour être leurs princes » (verset 4). Il fera de son peuple la proie de l’arbitraire « de petits enfants » immature et insensible, qui qui se croient très sages (Ecc 10:16a ; 1Roi 12:8-11). Le roi Manassé, qui n’avait que douze ans, en est un exemple (2Chr 33:1-11).
La direction incompétente et l’arbitraire d’un enfant comme roi favorisent l’anarchie et la confusion. Chaque membre du peuple cherche son propre droit (verset 5). Chacun accaparera l’autre pour obtenir ce à quoi il croit avoir droit. Le commandement d’aimer son prochain s’est complètement transformé en son contraire, l’égoïsme. Le résultat est l’oppression des uns par les autres et le piétinement des droits des uns et des autres.
Celui pour lequel on devrait avoir du respect en raison de son âge et de son expérience de la vie, « le vieillard », est traité avec insolence par « le jeune garçon » inexpérimentés (cf. 1Pie 5:5a ; Lév 19:32). « L’homme de rien », l’homme qui n’accomplit rien et ne contribue en rien au bien de la communion, mais ne fait que lui nuire, n’hésite pas à attaquer « l’homme honorable », l’homme qui cherche le bien pour la communion et s’y engage. L’âge et la position, qui impliquent un certain respect, ne font plus aucune impression.
Nous constatons le même nivellement aujourd’hui dans la société et au sein du peuple de Dieu. Les enfants ont leur mot à dire et prennent les devants. Ils abordent et traitent les personnes âgées de manière irrespectueuse. Le résultat est que la société est perturbée. La foi y voit la main de Dieu qui abandonne l’homme à lui-même parce que l’homme ne veut pas de Lui.
Eh bien, peut-être que les liens familiaux donnent encore un peu d’espoir (verset 6). Les gens chercheront le soutien auprès d’un membre de la famille qui a une apparence de prestige, ce qui s’exprime par le fait de porter « un manteau ». Quelqu’un qui a une apparence frappante est accosté par ceux qui cherchent désespérément une personne qui peut mettre un peu d’ordre dans « cette ruine ». Ils le supplient de s’occuper cette ruine.
Mais l’espoir d’un membre important de la famille pour trouver une issue est vain (verset 7). Même les membres de la famille ne peuvent ou ne veulent pas s’entraider. Personne ne veut prendre la responsabilité d’être « le médecin » de la société malade. Chacun se cache derrière le manque de nourriture et de compétences en matière d’être chef et le fait clairement savoir. Il porte bien un manteau, mais il ne l’a pas dans sa maison. Son propre intérêt lui interdit même d’essayer de gérer le chaos. Il refuse de jouer le rôle de chef. Cela indique que la société s’est effondrée et qu’elle est complètement désemparée.
8 - 9 Cause de jugement
8 En effet, Jérusalem trébuche, et Juda tombe, parce que leur langue et leurs actions sont contre l’Éternel, pour braver les yeux de sa gloire. 9 L’aspect de leur visage témoigne contre eux, et ils parlent ouvertement de leur péché, comme Sodome ; ils ne le cachent pas. Malheur à leur âme ! car ils ont fait venir le mal sur eux-mêmes.
Le prophète rappelle à ses lecteurs les causes spirituelles et morales de cette anarchie à Jérusalem et en Juda (verset 8). Cette situation est le résultat de leur rébellion effrontée et éhontée contre l’Éternel, exprimée par leurs paroles et leurs actions. Il ne s’agit pas seulement de mécontentement, de grogne, mais de braver l’Éternel. C’est un principe général que celui qui s’élève contre l’Éternel en paroles et en actions trébuchent et tombent. Avec défi et effronterie, ils bravent de la gloire de l’Éternel (cf. Jud 1:9-10). Cette gloire est présentée ici comme une gloire qui a des « yeux comme une flamme de feu » et qui voit tout ce qu’ils font (Apo 1:14). Il sonde aussi leurs motivations. C’est cette gloire qui a fait fuir les païens dans la partie précédente (Ésa 2:19).
Pourtant, ils connaissent sa gloire, car Il s’est révélé comme le Dieu saint et miséricordieux depuis de nombreux siècles. Bien qu’ils connaissent sa gloire, ils préfèrent le péché. Au lieu de faire de sa gloire le sujet de leur conversation, ils parlent ouvertement de leurs péchés sans aucune honte (verset 9 ; cf. Osé 5:5 ; 7:10 ; Rom 1:32). Le verset 9a peut être librement traduit ainsi : ‘L’expression de leur visage en dit long.’ »Ils ont « un front de femme prostituée » et refusent « d’avoir honte » (Jér 3:3), « ils n’ont eu même aucune honte » (Jér 6:15).
Ils « ne cessent jamais de pécher » (2Pie 2:14). C’est pourquoi Ésaïe prononce contre eux le « malheur à leur âme ». Ceux qui se caractérisent par une telle impudence « ont fait venir le mal sur eux-mêmes ». Ces gens-là s’attirent eux-mêmes le jugement, ils provoquent leur propre ruine.
Nous le voyons aussi aujourd’hui dans le monde qui nous entoure et dans la chrétienté. L’homosexualité, la pratique de Sodome, n’est plus considérée comme un péché, mais comme une expression normale de la vie. Même dans les anciens bastions de l’orthodoxie, on dit aux couples homosexuels : ‘Nous respectons votre fidélité dans la relation. Il y a de la place pour vous dans l’église’. Une fois de plus, ils montrent leur ressemblance avec Sodome et appellent ainsi le jugement sur eux-mêmes (Gen 18:20).
En fait, c’est là la mesure du péché du monde. Non seulement ils commettent ces péchés, mais ils trouvent aussi leur plaisir en ceux qui les commettent (Rom 1:32). Ce dernier point est aussi évident dans leur rejet et leur oppression des personnes qui pensent différemment d’eux. Voir à cet égard la pratique de nos lois antidiscriminatoires.
10 - 11 Le juste et le méchant
10 Dites au juste que le bien [lui arrivera], car [les justes] mangeront le fruit de leurs actions. 11 Malheur au méchant ! [il lui arrivera] du mal, car l’œuvre de ses mains lui sera rendue.
Au milieu de toute cette méchanceté, il y a un mot pour « le juste », c’est-à-dire pour celui qui craint Dieu et le montre dans sa vie (verset 10 ; cf. Ésa 1:19). Aussi difficile que soit pour lui cette situation, il peut savoir que sa vie portera des fruits dont il lui sera permis de jouir lui-même. C’est pour lui une connaissance encourageante qui s’oppose au sort que subira « le méchant » (cf. Ésa 1:20). Ce dernier, lui arrivera du mal parce qu’il a mal vécu (verset 11). Le jugement comme salaire du péché, c’est lui-même qui l’a mérité. Il l’a demandé par ses péchés et il l’obtiendra.
Nous retrouvons ces deux voies et leur aboutissement à de nombreuses reprises dans le livre des Proverbes. C’est la loi : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal 6:7). Cela s’applique à toute personne de tout âge, aussi à nous aujourd’hui.
12 - 15 Les chefs sont séducteurs
12 Quant à mon peuple, des enfants l’oppriment, et des femmes le gouvernent. Mon peuple ! ceux qui te conduisent t’égarent et détruisent le tracé de tes sentiers. 13 L’Éternel se tient là pour plaider, et il est debout pour juger les peuples. 14 L’Éternel entrera en jugement avec les anciens de son peuple et avec ses princes, [disant] : Et vous, vous avez brouté la vigne ; les biens dont vous avez dépouillé le pauvre sont dans vos maisons. 15 Qu’avez-vous à piétiner mon peuple, et à broyer le visage des pauvres ? dit le Seigneur, l’Éternel des armées.
Nous voyons une nouvelle dégradation de la condition du peuple dans la section qui commence ici et se poursuit jusqu’à Ésaïe 4:1.
Le peuple reçoit les chefs qu’il mérite. Ces chefs sont de deux types : les « enfants » et les « femmes » (verset 12 ; cf. 1Roi 15:13 ; 2Roi 11:1,13). Aux versets 12-15, les chefs sont décrits comme des enfants incapables de gouverner (cf. 1Tim 3:2,6). Dans la section allant d’Ésaïe 3:16 à Ésaïe 4:1, ils sont décrits comme des femmes qui n’ont pas le droit de gouverner (cf. 1Tim 2:12).
Dans les deux cas, il s’agit de chefs à qui n’appartient aucune place d’autorité, mais qui l’assument. S’ils prennent cette place, ils se révèlent être des tyrans. Il se peut aussi que l’homme gouverne formellement, mais que la femme tire les ficelles, comme nous le voyons avec Achab et Jézabel (1Roi 21:7).
Les enfants sont généralement guidés par leurs convoitises et leurs désirs, sans aucun sens de la compassion. Les enfants peuvent être très tendres, mais aussi très durs. Ils sont capables d’abuser et d’opprimer ceux qu’ils contrôlent. Les femmes sont généralement guidées par leurs sentiments. Elles peuvent aussi être très tendres, mais aussi très cruelles. Dans les deux cas, elles n’ont pas la capacité de libérer le peuple de l’état de confusion.
Quel genre de chefs dirige la chrétienté ? De nombreux chefs éloignent le peuple de Dieu de Christ. Ils se croient qualifiés, mais sont des séducteurs. Quand les femmes prennent (ou reçoive !) la direction, cela ne peut mener qu’à la tromperie. Elles ne peuvent que conduire le peuple de Dieu dans la mauvaise direction. Une direction claire leur fait défaut parce qu’elles occupent une place qui ne leur a pas été donnée par Dieu.
En s’adressant à eux comme « mon peuple », l’Éternel veut toucher leur cœur pour qu’ils réalisent leur état et se repentent auprès de Lui. Il leur fait remarquer que ces chefs les trompent. Au lieu de conduire le peuple sur le bon chemin, ils l’entraînent dans un égarement.
L’Éternel ne peut supporter l’attitude des chefs. Il se lève et se prépare à leur faire un procès (verset 13). Il s’indigne de leur attitude et de leur conduite et envers « les peuples », c’est-à-dire les tribus d’Israël, c’est tout Israël, Il prend l’attitude de juge. [La Septante – la traduction grecque de l’Ancien Testament – traduit « les peuples » par « son peuple »].
Après s’être préparé pour le procès, l’Éternel entre effectivement en jugement avec les chefs, « les anciens de son peuple et ses princes » (verset 14). Il leur en veut particulièrement de s’être comportés eux-mêmes comme des bêtes sauvages dans la vigne (dont il sera question plus loin en Ésaïe 5), qu’ils étaient censés garder contre les bêtes sauvages. Ils ont détruit la vigne de sorte qu’Il n’en tire aucun fruit, c’est-à-dire aucune joie, dont parle le vin. Sa joie, c’est d’être en communion avec eux sans être dérangé. Les chefs ont rendu cela impossible. Ils ont pillé, piétiné et maltraité le peuple de Dieu et ont rempli leurs propres maisons avec les biens pillés.
L’exclamation « qu’avez-vous… ? » exprime l’étonnement de l’Éternel (verset 15 ; cf. Psa 94:5), comme s’Il ne pouvait pas comprendre que les chefs se comportent de manière aussi impitoyable envers leurs compatriotes (cf. Mt 18:21-35). Lui-même les a traités avec tant de miséricorde. D’où vient donc cette conduite ? Il aggrave l’accusation en parlant de ceux qu’ils maltraitent ainsi comme « mon peuple ». Ce que l’on fait à son peuple le touche au cœur. En même temps, comme au verset 1, il se présente comme « le Seigneur, l’Éternel des armées ». C’est avec Lui qu’ils ont affaire.
16 - 26 Jugement sur les femmes orgueilleuses
16 L’Éternel dit aussi : Parce que les filles de Sion sont hautaines, parce qu’elles marchent le cou tendu et les regards pleins de convoitise, et qu’elles marchent allant à petits pas, faisant résonner les anneaux de leurs pieds, 17 le Seigneur rendra chauve le sommet de la tête des filles de Sion, et l’Éternel exposera leur nudité. 18 En ce jour-là, le Seigneur ôtera les anneaux qui ornent les pieds, ainsi que les petits soleils et les petites lunes ; 19 les pendeloques de perles, les bracelets, et les voiles ; 20 les diadèmes, les chaînettes des pieds, les ceintures, les boîtes de senteur, et les amulettes ; 21 les bagues, et les anneaux de nez ; 22 les vêtements de fête, les tuniques, les manteaux, et les sacs ; 23 les miroirs, les chemises, les turbans, et les châles. 24 Au lieu de parfum il y aura pourriture ; au lieu de ceinture, une corde ; au lieu de cheveux artistement tressés, une tête chauve ; au lieu d’une robe d’apparat, un vêtement de toile à sac ; flétrissure, au lieu de beauté. – 25 Tes hommes tomberont par l’épée, et tes hommes forts, à la guerre. 26 Ses portes se lamenteront et mèneront deuil ; dépouillée, elle s’assiéra sur la terre.
Afin de montrer clairement à son peuple ses péchés, l’Éternel décrit l’ostentation des femmes. C’est pourquoi il est dit qu’Il « aussi » de parler (verset 16). Il poursuit son sujet. La vanité des chefs est illustrée et rendue visible par leurs femmes, « les filles de Sion ». La corruption intérieure devient toujours visible. Aussi, l’orgueil du cœur devient visible dans la marche de la vie.
La cause de la conduite corrompue de son peuple peut être vue dans les désirs de ces « filles de Sion » pour le style de vie du monde. Les femmes ont une grande influence sur le développement de leurs enfants, qu’elles ont avec elles toute la journée. C’est pourquoi elles sont en partie responsables de la déviation dramatique de l’Éternel. Si ces femmes avaient encore un peu le sens de ce qui convient à Dieu, la situation ne serait pas complètement désespérée.
Mais ces femmes sont d’un tout autre genre. L’orgueil arrogant des chefs de Juda est également présent chez ces femmes, « les filles de Sion ». Elles sont hautaines et regardent les autres avec mépris. Le « cou tendu », c’est-à-dire le fait de tendre le cou vers l’arrière pour paraître plus long et plus grand, parle de l’orgueil. « Les regards pleins de convoitise » se réfère à leur façon de regarder. Leur regard apparemment innocent est un regard sensuel, un regard destiné à susciter le désir sexuel. C’est ainsi qu’elles se promènent « à petits pas, faisant résonner les anneaux de leurs pieds.
Elles marchent, regardent et se parent d’une manière qui leur donne l’assurance que tout le monde doit les regarder. Avec la plus grande complaisance, elles veulent attirer toute l’attention sur elles. Dieu leur en veut particulièrement. Il n’est pas indifférent à la manière dont une femme s’habille et se pare, ni à la raison pour laquelle elle le fait. Le Nouveau Testament donne aussi des instructions claires à ce sujet (1Pie 3:3-4 ; 1Tim 2:9-10). Les femmes chrétiennes feraient bien d’y prêter attention, du moins si elles sont des femmes qui font profession de servir Dieu.
Il est aussi clair que les femmes qui se comportent comme ces filles de Sion, les femmes qui sont aussi préoccupées par elles-mêmes et par leur apparence qu’elles, ne sont pas de bonnes gouvernantes de leur maison (cf. 1Tim 5:14). Si elles ne prêtent attention qu’à elles-mêmes et s’efforcent d’attirer l’attention de leur entourage, elles ne consacreront que peu de temps à l’éducation de leurs enfants. Une société où les femmes s’arrogent des positions qui ne leur reviennent pas et sont même encouragées à le faire par le gouvernement deviendra une société ingouvernable avec une abondance de jeunes à problèmes.
Le comportement littéral des filles de Sion est le reflet de la condition spirituelle du peuple dans son ensemble. L’Éternel décrit le comportement des femmes en termes imagés et se moque de leur vanité (verset 17). Une terrible punition doit avoir lieu : Le Seigneur rendra chauve le sommet de la tête des filles de Sion.
Peut-être pouvons-nous penser ici à Jérusalem sur la montagne de Sion, Sion étant la tête et Jérusalem le sommet. Jérusalem, la ville de la beauté, sera détruite et ses habitants seront déportés. Au lieu de l’admiration de leur environnement qu’ils recherchent, le dégoût envahira tous ceux qui les observeront.
Le fait d’exposer leur nudité signifie que la ville sera rasée, mettant à nu ses fondations. La honte et l’opprobre seront vus par tous.
« En ce jour-là » (verset 18), un jour d’extrême honte et d’opprobre, « le Seigneur », ‘Adonai ; le souverain dominateur et maître, « ôtera les anneaux ». Tout ce qu’elle exhibe lui sera ôté, la laissant nue.
Ensuite, dans la section des versets 18b-23, Ésaïe énumère une multitude d’articles de toilette, d’ornements et de vêtements. Ésaïe est très détaillé ici. Il le fait pour montrer l’énorme contraste entre l’ostentation débridée de la fausse gloire mondaine et la simplicité spirituelle et élevée de la gloire intérieure et réelle qui plaît à Dieu. En effet, Ésaïe veut montrer le chemin qui mène, à travers le jugement de la fausse gloire, à la vraie gloire, celle du Messie et de son royaume.
Il ne nous est pas possible de commenter chaque ornement. Néanmoins, on peut faire quelques remarques qui éclairent cette section. Il est remarquable qu’Ésaïe mentionne un total de 21 ornements. Le nombre 21 est trois fois sept, ce qui indique symboliquement la plénitude (trois) et la perfection (sept) de la frivolité des ornements des femmes. Dans leur apparence, ces poupées de mode reflètent la douceur sans squelette de leurs hommes.
La description de l’ornement commence par les « anneaux qui ornent les pieds », déjà mentionnés au verset 16, et les « les petits soleils et les petites lunes » (verset 18), c’est-à-dire ornements des pieds et de la tête. Cela rappelle le jugement de Dieu sur son peuple qu’il prononce au début de ce livre : « Depuis la plante du pied jusqu’à la tête, il n’y a rien en lui qui soit sain » (Ésa 1:6a). Le peuple ne veut pas voir cet état maladif, mais le recouvre de toutes sortes d’ornements sur tout le corps, de la tête aux pieds, afin de le rendre ainsi attrayant au lieu d’être repoussant.
Ensuite, l’énumération ne se fait pas de bas en haut ou inversement, ni de l’extérieur vers l’intérieur. Il n’y a pas d’ordre particulier. L’énumération est aléatoire et répond ainsi au comportement inconstant des femmes.
Les « les petites lunes » (verset 18) sont des bijoux en forme de lune, peut-être une référence à la lune comme objet de culte. Ils sont capturés sur les Madianites à l’époque de Gédéon, tout comme « les pendeloques de perles » ou : les boucles d’oreille » (verset 19 ; Jug 8:26). Ils sont portés autour du cou et sont aussi parfois portés par les chameaux (Jug 8:21). Les « voiles » correspondent au « niqab » actuel, une sorte de burqa, mais en tant que vêtement ample.
Les « chaînettes des pieds » (verset 20) leur font faire de petites passes gracieuses. Les « ceintures » sont les ceintures ornementales portées par l’épouse le jour de ses noces (Jér 2:32 ; cf. Ésa 49:18). « Les amulettes » témoignent de leur superstition, car ils les portent pour se protéger des incantations des sorciers.
La description de certains des vêtements mentionnés montre un mélange d’éléments qui se trouvent aussi dans les vêtements sacerdotaux avec des éléments appartenant à l’idolâtrie. Par exemple, « la tunique » (verset 22) et « les turbans » (la tiara) (verset 23) sont aussi mentionnés comme des vêtements sacerdotaux (Exo 39:28 ; 29:5,8). Dans l’Écriture, les vêtements parlent du comportement que nous montrons. Par leurs vêtements, les femmes de Jérusalem ressemblent à un sapin de Noël décoré. Elles s’habillent ainsi pour attirer l’attention et l’affection des nations qui les entourent. Il ne leur vient pas à l’esprit de plaire à l’Éternel par leur comportement.
L’Éternel opérera un renversement total (verset 24). Il ôtera d’elles, comme des ordures, tout ce dont les femmes se sont vêtues. Comme elles auront l’air malheureux et se sentiront malheureux à ce moment-là ! Une femme qui s’est repentie et qui a cessé de se maquiller a raconté qu’au début, elle se sentait ‘nue’. Il en sera de même pour ces femmes.
Dans un langage fleuri et puissant, l’Éternel décrit comment Il transformera tout ce qu’elles font pour être attirantes aux yeux des autres en quelque chose qui repoussera les autres. Elles auront l’air pitoyable à cause des mauvais traitements et seront trop sales pour être touchées. Par exemple, l’odeur du parfum, sera remplacée par « pourriture », par exemple celle des plaies qui suppurent. La « ceinture » dont elles se parent se transformera en une « corde » avec laquelle elles sont traînées en captivité.
Leurs « cheveux artistement tressés » seront rasées. « Une tête chauve » est une grande honte pour une femme. Les femmes captives sont rasées (Deu 21:12). Leur « beauté » se flétrira.
Leurs « hommes » qu’ils n’écoutent pas, mais sur lesquels elles règnent et dont elles se servent (Am 4:1b), périront par l’épée (verset 25). Leurs « hommes forts », dont elles pensent qu’ils les protégeront, seront tués à la guerre. Les « portes » (verset 26), lieux de justice et de surveillance, n’assureront plus la sécurité et la protection. L’ennemi en prendra possession. Cela se produira environ 150 ans plus tard, lorsque Juda sera assiégé et conquis par Babylone et déportera en captivité. En conséquence, la ville « s’assiéra sur la terre », parangon d’un grand deuil et d’un désastre total (Job 2:13).