1 - 7 Le Dieu qui aime
1 Mais maintenant, ainsi dit l’Éternel, qui t’a créé, ô Jacob, et qui t’a formé, ô Israël : Ne crains pas, car je t’ai racheté ; je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. 2 Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi, et par les rivières, elles ne te submergeront pas ; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas. 3 Car moi, je suis l’Éternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton sauveur. J’ai donné l’Égypte pour ta rançon, l’Éthiopie et Seba en échange de toi. 4 Depuis que tu es devenu précieux à mes yeux, tu as été glorieux, et moi, je t’ai aimé ; et je donnerai des hommes en échange de toi et des peuples en échange de ta vie. 5 Ne crains pas, car je suis avec toi. Je ferai venir de l’orient ta descendance, et je te rassemblerai de l’occident ; 6 je dirai au nord : “Donne”, et au sud : “Ne retiens pas ; amène mes fils de loin, et mes filles du bout de la terre, 7 chacun qui est appelé de mon nom, et que j’ai créé pour ma gloire, que j’ai formé, oui, que j’ai fait.”
Avec les paroles « mais maintenant », l’Éternel passe soudainement du jugement à la consolation (verset 1). Cette expression est typique d’Ésaïe, qui l’utilise 15 fois, et aussi de Jérémie, qui l’utilise 12 fois. L’Éternel abandonne sa plainte concernant l’aveuglement, l’endurcissement et l’impénitence d’Israël pour dévoiler ses actions en relation avec son alliance dans le passé, le présent et l’avenir. Dans ces versets et les suivants, le « je » divin apparaît environ 35 fois, ce qui met fortement l’accent sur l’action personnelle de Dieu.
Ces actions sont toutes basées sur son pouvoir créateur et sa grâce rédemptrice. Pour nous, qui nous tenons dans l’accomplissement du sacrifice expiatoire de Christ et du ministère de cela à notre égard par le Saint Esprit, les certitudes et les promesses irrévocables de Dieu dans cette partie sont doublement précieuses.
L’action de Dieu est représentée de manière chiastique aux versets 1-7. Le chiasme est une forme poétique hébraïque qui donne une image symétrique en mettant l’accent sur la partie centrale. La structure chiastique de ces versets est la suivante :
a. Verset 1
---b. Verset 2
------c. Verset 3
------c. Verset 4
---b. Versets 5-6
a. Verset 7
a. La première et la dernière partie de ce poème, le verset 1 et le verset 7 (2 fois a.), indiquent clairement qu’Israël fera l’expérience de la grâce de Dieu en raison de son lien particulier avec Lui. Il est leur Créateur et ne les abandonnera donc jamais.
b. Le verset 2 et les versets 5-6 (2 fois b.) apportent l’encouragement de savoir qu’aucune puissance ne pourra jamais anéantir le peuple élu.
c. Enfin, le verset 3 et le verset 4 (2 fois c.), qui constituent le cœur du poème, montrent clairement à quel point Israël est précieux pour Dieu. Dieu paiera toujours le prix nécessaire pour racheter son peuple. Quel encouragement !
Le passage d’une juste indignation à une consolation aimante et à des promesses et assurances réconfortantes est extrêmement significatif. Il montre que le rétablissement ne peut être obtenue par aucun effort méritoire de la part du peuple égaré. Seule la grâce divine peut répondre à leur terrible détresse.
L’amour de Dieu n’est pas sentimental. Son amour ne s’exerce jamais au détriment de sa sainteté et ne transige jamais avec sa justice. L’amour qui châtie est antérieur au châtiment. Il aime son peuple avant même que celui-ci ne s’égare, rendant son châtiment nécessaire.
C’est dans son amour que l’Éternel les a créés. Les expressions utilisées ici nous ramènent à la création (Gen 1:1 ; 2:4-7). Cela montre clairement que le même Dieu qui a créé les cieux et la terre a aussi formé le peuple d’Israël. Ce même Dieu veut maintenant montrer sa miséricorde. La création d’Israël est un acte surnaturel résultant d’un dessein délibéré. Aussi, Il les a formés dans son amour.
Il s’agit d’un processus surnaturel qu’Il avait également conçu dans son dessein et dont Il témoigne dans ses actions avec les patriarches et la descendance de Jacob. Dans son amour, Il les a aussi rachetés. Il a sans cesse rappelé au peuple que seule sa puissance directe les avait délivrés d’Égypte. Enfin, dans son amour, Il les a appelés par leur nom.
Dans l’Écriture, le fait d’appeler par son nom évoque l’idée de tendresse qui se réjouit de posséder celui qui est appelé. Ainsi, Il a appelé ses propres brebis par leur nom et les a mené dehors (Jn 10:3). La création, la rédemption et l’appel sont aussi notre part. Nous avons été créés en Jésus Christ (Éph 2:10), rachetés par son sang (Éph 1:7) et appelés par sa grâce (Gal 1:15). L’encouragement « ne crains pas » est basé sur les preuves de la miséricorde de Dieu dans le passé.
L’Éternel leur promet sa présence lorsqu’ils traverseront les eaux et les fleuves, ce qui rappelle leur passage par les eaux de la mer Rouge et le fleuve Jourdain (verset 2). Il leur assure ensuite qu’Il sera avec eux lorsqu’ils marcheront dans le feu de la captivité (Ésa 42:25) et de la grande tribulation (cf. Dan 3:25 ; Psa 66:12).
Dans ce contexte, les eaux nous parlent des dangers qui découlent des circonstances de la vie quotidienne, des épreuves de la foi dans les choses ordinaires de la vie. Le feu évoque la persécution. Ces deux formes peuvent se présenter dans la vie du croyant. Ce sont des obstacles que nous rencontrons sur notre chemin pour nous barrer la route, mais que l’Éternel nous aide à surmonter.
Dieu a le dessein de bannir la crainte de notre cœur et de renforcer notre foi par tout ce qui est contenu dans l’assurance : « Car moi, je suis l’Éternel, ton Dieu » (verset 3). Ces noms évoquent sa majesté et la grandeur de son Être infini et sa puissance toute-puissante. Il est leur « sauveur ». Mais lorsqu’Il les sauve, Il le fait aussi en tant que « le Saint d’Israël ». Il n’agit jamais en contradiction avec sa sainteté et sa justice ; au contraire, ses actions en découlent.
Pour le salut de son peuple, Il paie avec d’autres peuples. Lorsque Cyrus libère son peuple, Il lui donne d’autres peuples en échange. « Le méchant est une rançon pour le juste » (Pro 21:18). Pour cela, Israël doit d’abord être juste devant Dieu. Nous verrons dans les chapitres suivants comment Dieu y parvient. Il ne sera jamais endetté auprès de qui que ce soit. Il agit ainsi en faveur de son peuple parce que ce peuple est précieux à ses yeux (verset 4). Il l’estime hautement et l’aime plus que les autres peuples. Le langage utilisé ici est celui d’un époux à son épouse.
Ce que fait l’Éternel est un acte de pure grâce, car le peuple ne le mérite pas. Il n’est pas meilleur en soi que les autres peuples. Nous pouvons aussi penser ainsi à nous-mêmes. Nous sommes « justifiés » et « rendus agréables » à Dieu. Nous ne le sommes pas en nous-mêmes, mais « dans le Bien-aimé » (Éph 1:6b). Le Père nous aime comme Il aime le Fils (Jn 17:23).
Les versets 5-6 indiquent que l’Éternel rassemblera son peuple des quatre coins du monde et le ramènera dans son pays. Cela se produira au temps de la fin. Il ordonne aux nations au nord et au sud d’Israël de ramener dans son pays ceux qu’Il appelle « mes fils » et « mes filles » depuis le bout de la terre. Pour justifier cette action, Il répète le message consolant du verset 1.
Il s’identifie à eux en parlant d’eux comme « chacun qui est appelé de mon nom » (verset 7). Il s’agit à la fois d’une identification de caractère avec Lui-même et d’une possession de Lui pour manifester sa gloire et sa grâce. Ils sont sa propriété afin de rayonner sa gloire.
Il les a « créés » dans un acte de puissance par lequel Il les a fait naître en tant que peuple. Le fait qu’Il les ait « formés » renvoie au processus de sa grâce qui consiste à transformer ce qu’Il a créé afin qu’il reflète sa gloire. Il les a aussi « faits » tels qu’ils sont, ce qui renvoie à l’achèvement de son œuvre divine. Ces trois actes constituent un point culminant : créer, former, achever.
Ces trois aspects s’appliquent aussi à nous, chrétiens. Ils expriment les merveilles du dessein et de la puissance de Dieu, ainsi que la richesse de sa grâce. Il nous a créés en Christ, Il nous transforme par la puissance active du Saint Esprit et nous rendra accomplis à la venue du Seigneur.
8 - 13 Personne n’est comparable à Dieu
8 Fais sortir le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui ont des oreilles. 9 Que toutes les nations soient réunies ensemble, et que les peuples se rassemblent ! Qui d’entre eux a déclaré cela, et nous a fait entendre les choses précédentes ? Qu’ils produisent leurs témoins et qu’ils se justifient, ou qu’ils entendent et disent : “C’est la vérité !” 10 Vous êtes mes témoins, dit l’Éternel, [vous] et mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous sachiez, et que vous me croyiez, et que vous compreniez que moi je suis le Même : avant moi aucun Dieu n’a été formé, et après moi il n’y en aura pas. 11 Moi, moi, je suis l’Éternel et, en dehors de moi, il n’y en a pas qui sauve. 12 Moi, j’ai déclaré, j’ai sauvé et j’ai fait entendre, quand il n’y avait pas de [dieu] étranger au milieu de vous ; et vous êtes mes témoins, dit l’Éternel, que je suis Dieu. 13 Aussi, depuis qu’il y a un jour, je suis le Même, et il n’y a personne qui délivre de ma main : j’agirai, et qui peut [m’en] détourner ?
L’ordre au verset 8 n’est pas donné pour ramener Israël de la captivité. C’est le cas au verset 5. Ici, il s’agit d’un ordre général donné aux nations de laisser partir son peuple. Le peuple n’est alors plus aveugle et sourd (cf. Ésa 42:18).
Les nations sont réunies en audience (verset 9). Avant de pouvoir jouir des richesses du royaume de paix, elles devront être amenées à reconnaître les faits concernant le vrai Dieu, par opposition à leurs idoles et à leurs superstitions. Le défi consiste à ce que les nations présentent leurs témoins afin d’être justifiées. Bien sûr, ces témoins n’existent pas. La seule alternative est la reconnaissance, « c’est la vérité ! », qu’il n’y a qu’un seul Dieu véritable et vivant.
Au verset 10, l’Éternel déclare que le peuple d’Israël est son « témoin » (cf. Ésa 44:8). Le peuple a toujours été son témoin quant à l’existence de l’Éternel, mais une fois restauré, il sera à la fois témoin et serviteur. Il témoigne de la nature non créée et indépendante de son Être. « Moi, je suis le Même » est la déclaration qu’Il est Dieu exclusivement et éternellement, dans le passé et dans l’avenir.
Nous voyons ici aussi le miracle qu’un serviteur aveugle et sourd puisse être appelé comme témoin dans cette cour céleste. C’est une indication que Dieu va accomplir une merveille pour ce serviteur. Cette merveille s’est produit pour nous, ce qui fait que le Seigneur nous dit : « Vous serez mes témoins » (Act 1:8).
Comme son Être n’a ni commencement ni fin, l’idée d’un autre être distinct de Lui et doté des caractéristiques d’une divinité est une contradiction en soi. Combien vaines et inutiles sont donc les tentatives des païens pour démontrer que les objets de leur adoration sont de véritables dieux. De plus, quelle est la condamnation certaine de l’homme de péché qui tente de forcer les peuples qui lui sont soumis à l’adorer comme Dieu (2Th 2:3) ! Le jugement de cette arrogance blasphématoire sera exécuté par le Fils de Dieu Lui-même (2Th 2:8).
La deuxième déclaration selon laquelle son peuple terrestre est son témoin est liée au fait qu’Il est le seul Sauveur et que personne ne peut sauver de sa main (versets 11-13). Le fait qu’Israël ait été créé et qu’il existe toujours est la preuve et le témoignage que le Dieu d’Israël est le seul Dieu.
Il n’est pas seulement l’Éternel, il est aussi le Tout-puissant. Non seulement personne ne peut l’empêcher d’établir quelque chose, mais personne ne peut aussi changer ce qu’Il a établi. Si cela est vrai en ce qui concerne ses témoins terrestres et nationaux, puisons-y courage et nouvelle force en tant que ceux qu’il a appelés à être ses témoins par l’évangile.
14 - 15 L’instrument du salut
14 Ainsi dit l’Éternel, votre rédempteur, le Saint d’Israël : À cause de vous j’ai envoyé [quelqu’un] contre Babylone, et je les ai fait descendre tous comme des fugitifs, même les Chaldéens, dans les navires où s’entend leur cri. 15 Moi, je suis l’Éternel, votre Saint, le créateur d’Israël, votre roi.
Le verset 14 marque le début d’une nouvelle partie qui s’étend jusqu’à Ésaïe 44:5. Dans cette partie, l’Éternel montre au peuple qu’Il est le rédempteur d’Israël. Cela ne concerne pas seulement son œuvre de rédemption dans le passé (verset 18), mais Il annonce aussi une nouvelle œuvre de rédemption (verset 19). Les thèmes abordés dans cette nouvelle partie sont le jugement (Ésa 43:14-21), la délivrance (Ésa 43:22-28) et que l’Esprit est versé (Ésa 44:1-5).
La première partie traite de l’exercice de la colère de Dieu sur les Chaldéens, qu’ils ont provoquée par leur mauvais traitement du peuple de Dieu. « À cause de vous », c’est-à-dire pour accomplir son dessein de délivrer son peuple, Il a envoyé quelqu’un à Babylone pour exécuter son jugement. Il s’agit de Cyrus. L’intervention de Cyrus aura pour conséquence que leur flotte de guerre, dont ils se réjouissent et dont ils sont fiers, sera réduite à une flotte de fuite.
En vue de leur délivrance, Dieu rappelle quatre fois à son peuple qui Il est (verset 15) :
1. En tant que « l’Éternel », Il est le Dieu de l’alliance.
2. En tant que « votre Saint », Il contraste avec leur abandon impie et le caractère impie de leurs dominateurs païens. Son nom est profané par la captivité, mais ce nom sera à nouveau sanctifié par la rédemption d’Israël (Ézé 36:20-24).
3. En tant que « le créateur d’Israël », Il les a créés pour sa gloire et ne permettra jamais qu’ils soient définitivement rejetés.
4. En tant que « votre Roi », Il régnera pour le bien de son peuple, contrairement aux rois d’Israël et de Juda qui ont toujours échoué, aux peuples dont ils sont devenus les esclaves, et surtout contrairement à l’Antichrist, le faux roi d’Israël.
16 - 21 Un chemin pour le peuple de Dieu
16 Ainsi dit l’Éternel, qui donne un chemin dans la mer et un sentier dans les eaux puissantes, 17 qui fait sortir le char et le cheval, l’armée et les forts, – ils sont couchés ensemble, ils ne se lèveront pas ; ils finissent, éteints comme une mèche : 18 Ne vous souvenez pas des choses précédentes et ne considérez pas les choses anciennes. 19 Voici, je fais une chose nouvelle ; maintenant elle va germer : ne la connaîtrez-vous pas ? Oui, je mettrai un chemin dans le désert, des rivières dans le lieu désolé. 20 La bête des champs me glorifiera, les chacals et les autruches ; car j’ai donné des eaux dans le désert, des rivières dans le lieu désolé, pour abreuver mon peuple, mon élu. 21 J’ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange.
Il leur ouvrira un chemin dans la mer et un sentier dans les eaux puissantes (verset 16). C’est ce qu’Il a fait autrefois, lorsqu’Il leur a ouvert un chemin dans la mer Rouge (Exo 14:21-22). C’est aussi l’expérience de tous les saints. Les eaux des nations font rage et s’agitent, l’hostilité et la persécution s’intensifient, mais Dieu a un chemin pour son peuple. Ce chemin ne concerne pas seulement la délivrance des difficultés, mais aussi la proclamation de l’évangile qui suit son cours jusqu’à la fin fixée.
Le verset 17 rappelle, ce qui vaut aussi pour notre époque, la puissance de Dieu qui renverse tout ce qui concerne les armées des nations. Quoi que les dominateurs puissent imaginer, c’est l’Éternel « qui fait sortir le char et le cheval ». Les calamités de la guerre sont ses jugements. Par cela, Il veut amener les cœurs des hommes à la conversion. En même temps, Il accomplira ses desseins nationaux et éteindra le feu de la guerre des ennemis de son peuple terrestre. C’est ce qui est arrivé au Pharaon et à ses cavaliers (Exo 14:23-31).
Alors, ils pourront oublier la triste période d’infidélité et de tribulation (verset 18). Cela peut aussi signifier qu’ils ne doivent plus penser au passé comme si Dieu n’avait agi pour son peuple qu’à cette époque. Ils peuvent se concentrer sur la nouveauté qu’Il va leur donner (verset 19). Il n’est pas seulement le Dieu du passé, Il est aussi le Dieu du présent et de l’avenir.
Appliquons ces promesses à nos propres expériences et rassemblons les quatre phrases qui sont destinées à nous procurer une consolation dans les moments d’épreuve et de difficulté :
1. par les eaux (verset 2) – elles sont en elles-mêmes un moyen de nous faire expérimenter la présence du Seigneur ;
2. dans le feu (verset 2) – nous avons l’assurance qu’Il nous garde ;
3. dans la mer et dans les eaux puissantes (verset 16) – ici, Dieu nous fournit un chemin ; les circonstances difficiles sont un moyen de nous faire prendre conscience de la direction de Dieu ;
4. dans le désert et dans le lieu désolé (verset 19) – la direction et le rafraîchissement sont ici notre part.
Les eaux symbolisent des épreuves accablantes ; le désert et le lieu désolé symbolisent l’état du monde qui nous entoure et qui, si nous nous en préoccupons sans y être invités, nous fera souffrir spirituellement et nous déprimera. Mais Dieu a un chemin au milieu de telles circonstances, un chemin de communion avec Lui, un chemin de joie et de fécondité.
Dans le passé, Dieu a fait un chemin à travers la mer pendant l’exode et Il a donné dans le désert, à partir du rocher, un torrent, un fleuve d’eau (1Cor 10:4). À l’avenir, Il donnera quelque chose de nouveau. Il fera un chemin dans le désert et des rivières (au pluriel) dans le lieu désolé. Le nouveau implique une bénédiction pour la terre entière lorsque le peuple terrestre de Dieu jouira des bénédictions de son œuvre de rédemption.
Lorsque les souffrances d’Israël auront pris fin, les souffrances de la création prendront aussi fin (Rom 8:21). Parce que Dieu donne des eaux dans le désert, la bête des champs Le glorifiera (verset 20 ; Ésa 35:1-7). Les bénédictions ne sont pas seulement accordées pour le bien-être des hommes et des bêtes. L’objectif principal est la gloire de Dieu Lui-même (verset 21).
22 - 25 Israël et ses injustices
22 Mais tu ne m’as pas invoqué, ô Jacob ; car tu as été fatigué de moi, ô Israël. 23 Tu ne m’as pas apporté le petit bétail de tes holocaustes et tu ne m’as pas glorifié par tes sacrifices. Je ne t’ai pas asservi à des offrandes de gâteau et je ne t’ai pas fatigué pour l’encens. 24 Tu n’as pas acheté pour moi, avec de l’argent, du roseau aromatique et tu ne m’as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices ; mais tu m’as asservi par tes péchés, tu m’as fatigué par tes iniquités. 25 – C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même ; et je ne me souviendrai pas de tes péchés.
La différence entre les accusations aux versets 22-24 et la grâce et la miséricorde du verset 25 est grande et frappante. La première partie relate les injustices d’Israël, qui consistent en cinq choses qu’ils n’ont pas faites et trois choses qu’ils ont faites. Cela montre que le salut à venir n’est pas le mérite d’Israël, ni en raison de leur fidélité, ni en raison de leur dignité. Spirituellement, ils sont au plus bas. Au lieu de l’invoquer, ils ont été fatigués de Lui (verset 22). Au lieu de Lui offrir des sacrifices, ils L’ont asservi par leurs péchés et L’ont fatigué par leurs iniquités.
Le verset 23 dit que Dieu ne leur a pas asservi, mais au verset 24, Il dit que leurs péchés pèsent lourdement sur Lui, comme le fardeau sur un serviteur. Cela nous fait inévitablement penser à la croix. À quel prix le Seigneur Jésus a-t-Il pris sur Lui le fardeau des péchés des hommes ? Nous ne pourrons jamais comprendre à quel point cela a été lourd pour Dieu de ne pas épargner son Fils, mais de Le livrer pour nous (Rom 8:32).
À la lumière de cela, nous pouvons mieux comprendre le contraste avec le verset 25. L’amour qui s’y manifeste n’a pas été au détriment de la sainteté et de la justice divines, mais ils en constituent au contraire le fondement. « À cause de moi-même » exprime la grâce gratuite par laquelle nos péchés ont été effacés, car rien dans le pécheur ne le mérite. Par l’acte souverain de la grâce de Dieu dans la mort de Christ, sa justice a réglé le compte du péché. Sa grâce et son amour ont effacé le péché.
Le verset 25 n’est donc pas seulement une simple promesse, mais fait partie d’un argument. La rédemption d’Israël n’est pas seulement une rédemption de la tribulation par d’autres peuples, c’est aussi et surtout une rédemption par le pardon de leurs péchés et de leurs transgressions.
Il anticipe ce qui est présenté dans la lettre aux Romains comme l’évangile. Nous y apprenons que l’homme n’a aucun mérite, que la justification s’obtient par la grâce et que les conditions sont la repentance et la foi. Ces exemples de l’Ancien Testament nous permettent d’acquérir une intelligence plus profonde des voies de Dieu avec l’homme.
26 - 28 Pourquoi le jugement doit venir
26 Fais-moi souvenir, débattons ensemble ; raconte toi-même, afin que tu sois justifié. 27 Ton premier père a péché, et tes médiateurs se sont rebellés contre moi ; 28 aussi j’ai profané les chefs du lieu saint, et j’ai livré Jacob à la destruction et Israël à l’opprobre.
Dans son appel au verset 26, l’Éternel ordonne à son peuple de vérifier s’il se souvient d’un mérite de sa part qui Lui permettrait de le justifier. Il vient de déclarer que Lui seul peut et veut effacer leurs transgressions et les purifier de leur culpabilité. Et Il ajoute que, lorsque la faute leur incombe, Il le fera non pas pour eux, mais pour Lui-même.
Le règlement de la dette ne peut se faire que sur la base de la grâce. L’offre de grâce est humiliante pour l’orgueil de l’homme. Elle suppose l’incapacité totale de l’homme à se sauver lui-même. S’ils pensent autrement, qu’ils présentent leur cause, comme dans un tribunal, face à celle de Dieu. Mais Israël ne peut répondre et se tait.
Immédiatement après, l’Éternel montre l’impossibilité de leur succès. Leur premier père a péché, ce qui nous fait penser à Jacob, l’ancêtre du peuple (versets 22,28). Leurs médiateurs, intermédiaires entre le peuple et l’Éternel, ont rebellés contre Lui (verset 27). Nous pouvons penser ici aux rois, aux sacrificateurs et aux prophètes. Le peuple et aussi ses dirigeants sont pécheurs depuis le début et tout au long de leur histoire. Compte tenu de leur rébellion, en particulier celle des chefs du sanctuaire, les sacrificateurs, le jugement est inévitable (verset 28).
L’expression « livrer à la destruction » signifie la destruction d’un peuple qui est tombé si profondément dans le péché qu’il n’a plus le droit d’exister (cf. Jos 6:17-18,21 ; 1Sam 15:3). Le lieu saint est devenu profane et Israël est devenu comme Canaan et Amalek. Le péché signifie manquer le but, c’est-à-dire ne pas atteindre la gloire de Dieu. Au lieu d’être à la gloire de Dieu, le peuple est devenu une honte totale pour Dieu. Seule la grâce est leur espoir.