Introduction
Ésaïe 40-41 traite de la grandeur et de la majesté de l’Éternel Dieu, mais aussi de sa miséricorde pour délivrer Israël. La question qui reste est : comment l’Éternel accomplira-t-Il sa promesse de délivrance ? La réponse de l’Éternel ne porte pas en premier lieu sur la manière dont cela se produira, mais sur Celui par qui Il accomplira ses promesses. Nous trouvons la réponse dans ce chapitre, dans la première grande prophétie et révélation de cette partie du livre concernant Jésus Christ. Toutes les promesses de rétablissement et les bénédictions qui en découlent trouvent leur centre en Lui (2Cor 1:20). Plus tard, la question de savoir comment Il va le faire sera répondue : par son sacrifice (Ésa 53:1-12).
Nous voyons maintenant la joie de Dieu le Père en Lui et les grandes choses qui seront accomplies par Lui. La lumière de la gloire de sa personne éclipse ici Cyrus, bien que nous en apprendrons davantage sur lui plus tard. Ici, Christ apparaît devant nous comme Celui qui bénit Israël et comme le Sauveur des païens.
1 - 4 Le serviteur élu
1 Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu [en qui] mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui ; il fera valoir auprès des nations le jugement. 2 Il ne criera pas, il n’élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue. 3 Il ne brisera pas le roseau froissé, et n’éteindra pas la mèche qui brûle à peine. Il fera valoir le jugement en faveur de la vérité. 4 Il ne se lassera pas et il ne se hâtera pas, jusqu’à ce qu’il ait établi le juste jugement sur la terre ; et les îles s’attendront à sa loi.
D’abord, l’Éternel parle du serviteur à son peuple (versets 1-4) ; ensuite, Il parle au serviteur de sa mission (versets 5-7) ; enfin, l s’adresse à nouveau au peuple en guise de conclusion (versets 8-9).
Après le « voici » comme appel à voir les idoles dans leur vanité dans le dernier verset du chapitre précédent (Ésa 41:29), suit ici le « voici » pour voir Celui que l’Éternel a élu (verset 1). D’Israël, le serviteur défaillant de l’Éternel, notre regard se tourne maintenant vers le serviteur fidèle et véritable de l’Éternel, le Seigneur Jésus.
Christ est appelé « mon serviteur » par l’Éternel. Même le peuple sait, lorsque le Seigneur Jésus est venu, que l’élu de Dieu est Christ Lui-même (Lc 23:35) et non Israël – comme le prétendent aujourd’hui de nombreux Juifs. D’ailleurs, l’appel « voici » a pour but de L’introduire, d’attirer l’attention sur Lui, alors qu’Israël a déjà été mentionné (Ésa 41:8) et n’a donc plus besoin d’être introduit. L’Éternel appelle son peuple à Le regarder.
Cette première prophétie sur ‘le serviteur de l’Éternel’ commence par exprimer le plaisir que Dieu le Père a en Lui. Nous avons un aperçu de sa vie et de ce qui Le caractérise pendant ses jours dans la chair. Nous découvrons sa tendresse, mais aussi sa puissance et la grande délivrance qu’Il accomplira. Celui « que je soutiens » fait référence à la confiance que Dieu a en Lui pour accomplir son œuvre. Nous soutenons quelqu’un en qui nous avons confiance. Soutenir signifie s’engager dans le destin de quelqu’un, lui offrir son aide et lui donner de la force.
Dans la citation de ce verset en Matthieu 12, il est appelé « mon bien-aimé » au lieu de « mon élu » (Mt 12:18), ce qui donne l’autre signification du mot hébreu. Cette signification correspond à la déclaration antérieure du Père dans l’Évangile selon Matthieu (Mt 3:17). Il est l’élu dans le dessein du Père.
Le travail que le serviteur doit accomplir ne peut être fait par personne d’autre. Le plaisir se manifeste dans l’Esprit que le Père met sur Lui. Le plaisir existe déjà avant que le Père ne l’exprime lors de son baptême et ne lui donne son Esprit à cette occasion (cf. Ésa 61:1 ; Pro 8:30). Le mot « plaisir » est aussi un mot souvent associé à l’« odeur agréable » des sacrifices dans le livre du Lévitique (Lév 1:9,13,17) et fait donc aussi référence à la nature du travail que le serviteur va accomplir.
Nous voyons ici dans Ésaïe le Dieu trinitaire. Christ prend le caractère de serviteur en vue d’accomplir la volonté du Père, ce qu’Il fait dans la puissance du Saint Esprit qui Lui est donné par le Père lors de son baptême. La déclaration « je mettrai mon Esprit sur lui » est au centre de trois grandes déclarations concernant le Saint Esprit dans Ésaïe en relation avec Christ. La première parle de son incarnation (Ésa 11:2). La deuxième, ici, fait référence à son baptême. La dernière fait référence au début de son ministère public (Ésa 61:1).
La dernière partie du verset 1, « il fera valoir auprès des nations le jugement », fait soudainement un bond en avant vers l’avenir, vers sa seconde venue et le royaume millénaire de paix, car cela ne s’est pas accompli pendant sa vie sur la terre. Par l’évangile, son « jugement » est révélée au présent pour notre bénédiction. À l’avenir, cela se produira à la fois dans le jugement et dans le règne de paix qui suivra. Le prophète a déjà décrit en détail comment cela s’accomplira (Ésa 2:1-4).
Pourtant, pendant sa vie sur la terre, Il a aussi révélé aux nations la justice, la justice de Dieu. Il l’a fait à la fois dans le jugement et dans la grâce pour tous ceux qui se sont soumis à ce jugement. Un exemple de cela est la femme cananéenne (Mt 15:21-28).
Quand Il est sur la terre, « durant les jours de sa chair » (Héb 5:7), Il n’attire pas l’attention sur Lui-même (verset 2 ; Mt 24:5,23). Les gens le font souvent en utilisant les trois niveaux de voix mentionnés : « crier », « élever la voix », « faire entendre ». En revanche, son comportement est calme, aimable et humble. L’homme infirme guéri au réservoir d’eau de Bethesda ne sait pas où Il est (Jn 5:13), pas plus que l’homme aveugle de naissance (Jn 9:12). À plusieurs reprises, Il dit à ceux qui ont fait l’expérience de sa bonté de ne pas Le révéler.
Il agit en parfaite conformité avec la parole selon laquelle faire l’aumône ne doit pas être faite « devant les hommes pour être vu d’eux » (Mt 6:1-4). Il le fait devant son Père. Est-ce là aussi la disposition de notre cœur et la qualité de notre travail ? Ce qu’Il apporte est suffisant et n’a pas besoin d’être confirmé par une action ostentatoire ou par une proclamation publique. Le Seigneur a bien enseigné dans les rues (Lc 13:26).
« Il ne criera pas », semble contredire le verset 13, « Il criera », mais dans les deux versets un mot différent est utilisé pour « crier ». Le premier mot concerne son peuple, le second ses ennemis. Le premier exprime sa gentillesse et sa tendresse, l’absence de démonstration bruyante centrée sur Lui-même. Il ne s’impose pas. Il n’est pas aussi venu pour déclencher une révolution contre les Romains. Le second est sa voix de conquérant, par laquelle les ennemis de Dieu périront à la fin de siècle.
Viennent ensuite, aux versets 3-4, une série de promesses. Il ne brisera pas « le roseau froissé » ; Il est en Lui-même le fort qui prend en charge le sort des froissés. Il n’éteindra pas « la mèche qui brûle à peine », c’est-à-dire la mèche presque éteinte ; Il est en Lui-même la lumière pleine qui apporte la lumière là où elle est presque éteinte. Ainsi, Il veillera à ce que ceux qui ont été éprouvés partagent sa gloire.
Nous voyons ici le soin affectueux qu’il prend de nous maintenant et cela peut nous encourager. Si nous nous sentons parfois comme de roseau froissé, bons seulement à être complètement brisé, ou si nous sentons que notre lumière brille si faiblement, pensons à ses désirs pour nous. Nous pouvons aller vers Lui pour être renouvelés dans sa grâce et recevoir de Lui le rétablissement de nos forces.
Il n’y a rien de valeur dans un roseau froissé. Il fait penser à un cœur brisé, piétiné par un traitement brutal. Sans aucune résistance, il est jeté. Le roseau froissé est une image d’humilité (Ésa 58:5). Une tige de roseau peut servir de bâton, mais une fois froissé, elle n’est plus utilisable, voire dangereuse (Ésa 36:6). Normalement, on jetterait une telle tige, mais le serviteur agit différemment.
Le roseau froissé est le symbole de la faiblesse dans un monde où seuls les plus forts ont leur place. Dans l’église aussi, il est considéré comme insignifiant. Mais le Seigneur est capable de transformer ce roseau froissé en une flûte ou en une mesure pour la nouvelle Jérusalem (Apo 21:15). Il est venu pour ceux qui ont le cœur brisé (Ésa 61:1). Il ne leur impose pas un joug de fer, mais leur tend le sceptre d’or de sa grâce (Est 5:2).
La mèche qui brûle à peine ne donne guère de lumière et de chaleur et n’est aussi plus capable d’en allumer une autre. Elle évoque une petite étincelle de foi qui se trouve dans le cœur d’un homme qui s’écrie : « Je crois, viens en aide à mon incrédulité ! » (Mc 9:24). Souvent, l’amour brûle si faiblement dans nos cœurs que seul Celui qui sait toutes choses sait aussi qu’il reste encore une étincelle d’amour (Jn 21:15-17). C’est ainsi qu’Il peut transformer Pierre en sept semaines, d’une flamme presque éteinte en une flamme qui enflamme 3000 âmes le jour de la Pentecôte (Act 2:14,37-41).
Parce qu’ »il ne se lassera pas et il ne se hâtera pas [ou : il ne sera pas brisé] », Il apportera la justice sur la terre. Il ne détruira pas la justice par des compromis, mais l’appliquera dans la fidélité et selon la vérité. Il veillera à ce que la justice soit proclamée et maintenue par l’enseignement de la loi. Il répondra ainsi au désir de cet enseignement. Alors, la question « Où est le Dieu de jugement ? » (Mal 2:17) trouvera enfin une réponse définitive.
La justice sera établie sur la terre lors du retour du Seigneur Jésus sur la terre (Psa 72:1-2). Le Seigneur Jésus attend l’heure de son Père. Lorsque Satan Lui offre les royaumes de ce monde, Il ne veut pas les recevoir (Mt 4:8-10). Le jour viendra où la promesse du Père s’accomplira et où Il lui dira : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage et, pour ta possession, les bouts de la terre » (Psa 2:8).
5 - 7 Le serviteur appelé et son œuvre
5 Ainsi dit Dieu, l’Éternel, qui a créé les cieux et les a déployés, qui a étendu la terre et tout ce qu’elle produit, qui donne la respiration au peuple [qui est] sur elle, et un esprit à ceux qui y marchent : 6 Moi, l’Éternel, je t’ai appelé en justice ; je tiendrai ta main ; je te garderai ; et je te donnerai pour [être] une alliance du peuple, pour [être] une lumière des nations, 7 pour ouvrir les yeux aveugles, pour faire sortir de la prison le prisonnier, et du cachot ceux qui sont assis dans les ténèbres.
Après avoir appelé les auditeurs à contempler son serviteur, l’Éternel s’adresse à Lui au verset 6. En introduction, il décrit sa puissance toute-puissante (verset 5). Il parle de Lui-même comme « Dieu, l’Éternel », des noms qui expriment qu’il est le Tout-puissant et l’Éternel. Il déclare qu’Il est le Créateur des cieux et de la terre et de tout ce que la terre produit. Il est aussi Celui qui donne la vie et l’esprit aux hommes. L’Éternel rappelle ainsi à son serviteur la puissance dont Il dispose pour Le soutenir. Cela ressemble à « toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre », avec lequel le Seigneur Jésus encourage ses disciples dans la mission qu’Il leur confie de faire disciples toutes les nations (Mt 28:18-19).
Cette grande présentation est la base de ce qui suit. Cette grande personne a appelé son serviteur (verset 6). C’est un appel « en justice », c’est-à-dire un appel qui répond parfaitement à toutes les exigences justes que Dieu impose et auxquelles une personne doit satisfaire pour pouvoir accomplir cet appel (cf. Mt 3:15).
En même temps, l’Éternel promet qu’Il aidera et protégera dans l’accomplissement de la tâche à laquelle Il a appelé. Le fait de tenir la main indique sa proximité, sa faveur et son affection pour Lui, son conseil et sa direction, ainsi que la force que le serviteur reçoit de Lui en tant qu’Homme pour accomplir son œuvre. Le garder signifie qu’Il protégera son serviteur contre les attaques jusqu’au moment où Il sera livré à ses ennemis.
Le serviteur est donné « pour [être] une alliance du peuple », c’est-à-dire Israël. Cela montre qu’une autre personne qu’Israël est le serviteur (cf. Ésa 41:8-9). En Lui s’accomplira tout ce que l’Éternel a promis à son peuple et à quoi Il s’est engagé par une alliance. Il est également donné « pour [être] une lumière des nations ». Les nations seront aussi bénies par Lui. Nous voyons ici que cela signifie bien plus que le rétablissement d’Israël après l’exil. Le serviteur vient apporter la lumière et le salut aux nations.
Les effets bénéfiques de la position que l’Éternel Lui a donnée se réaliseront dans le royaume de paix par le Seigneur Jésus, le serviteur de l’Éternel. Il ouvrira les yeux et donnera la liberté et la lumière (verset 7), car Israël, comme nous le voyons plus loin (verset 18), est un serviteur sourd et aveugle de l’Éternel. Ouvrir les yeux d’un aveugle est le témoignage que le Seigneur Jésus fait rendre à Jean le baptiseur lorsqu’il Lui demande s’Il est le Messie (Mt 11:4-5a).
Jamais dans l’Ancien Testament les yeux des aveugles physiques n’ont été ouverts. L’un des signes caractéristiques du Messie est l’ouverture des yeux des aveugles. La signification spirituelle de l’ouverture des yeux des aveugles est d’enseigner aux ignorants et de leur faire connaître Dieu et le chemin du salut (Act 26:18).
Nous pouvons aussi appliquer ces choses à nous-mêmes en tant que serviteurs de Dieu, comme le Seigneur Jésus le montre à Paul en citant ce verset pour son ministère (Act 26:16-18). Celui qui nous a appelés nous tiendra la main, nous protégera et fera de nous des serviteurs de son évangile. Il nous permettra d’apporter la lumière et la liberté à ceux qui sont dans les ténèbres spirituelles et captifs du péché.
8 - 9 Seul l’Éternel peut prédire
8 Je suis l’Éternel : c’est là mon nom ; je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni ma louange à des images taillées. 9 Voici, les premières choses sont arrivées, et je déclare les choses nouvelles : avant qu’elles germent, je vous les ferai entendre.
« Éternel » (verset 8) est le nom sous lequel Il s’est révélé à Moïse comme garantie qu’Il accomplirait sa parole concernant sa mission (Exo 3:14-15). Ce nom est aussi la garantie du salut de son peuple (Exo 6:2-6). Son nom est la garantie de l’accomplissement de sa Parole. Il ne donne pas sa gloire aux idoles des nations et ne peut la partager avec personne. Le Seigneur Jésus reçoit cette gloire (Php 2:9), car Il est l’Éternel.
La déclaration de son nom est suivie de l’assurance autoritaire qu’Il ne donne sa gloire et sa louange à personne d’autre ni à rien d’autre. C’est une confirmation de la signification de son nom. Sa « gloire » est la révélation de sa nature, de ses attributs et de sa puissance. La révélation de sa gloire suscite la louange de ceux à qui cette révélation est donnée. La gloire et la louange vont de pair et n’appartiennent à personne d’autre qu’à Dieu. Tous les adorateurs d’idoles doivent le savoir.
C’est dans le contexte du contraste avec les idoles qu’il faut aussi considérer la double déclaration du verset 9. La première déclaration concerne « les premières choses ». Ce que Dieu a prédit qu’il arriverait au moment indiqué s’est aussi produit. De « choses nouvelles » ont aussi été déclarées (Ésa 42:1-7) qui ne se sont pas encore accomplies, mais qui s’accompliront néanmoins en temps voulu. L’Éternel déclare tout à l’avance. Aucun autre dieu ne peut le faire.
10 - 12 Appel à louer l’Éternel
10 Chantez à l’Éternel un cantique nouveau, sa louange depuis le bout de la terre, vous qui naviguez sur la mer, vous qui la remplissez, les îles et leurs habitants ! 11 Que le désert et ses villes élèvent [la voix], [ainsi que] les villages où habite Kédar ! Que les habitants du rocher exultent ! Que du haut des montagnes on jette des cris ! 12 Qu’on donne gloire à l’Éternel, et qu’on déclare sa louange dans les îles !
Les versets 10-17 s’appliquent au royaume de paix. Cette partie contient certaines des « choses nouvelles » mentionnées au verset 9. Ainsi, après que le salut a été mentionné (verset 9), il y a « un cantique nouveau » (verset 10). C’est le cantique de louange que chanteront les nations qui se trouvaient autrefois dans les ténèbres spirituelles. Le premier cantique de la Bible, le cantique de Moïse (Exo 15:1), est chanté par un peuple racheté. Il en sera aussi de même pour le cantique de Moïse et de l’Agneau (Apo 15:3). C’est aussi le cas ici, aux versets 10-12. Le verbe « chanter » n’est jamais utilisé pour les anges. Chanter est réservé aux rachetés.
C’est un appel général qui retentit sur toute la terre. L’appel commence par ceux qui sont les plus éloignés, les marins ; il se poursuit par ceux qui habitent tout près, à savoir les Arabes dans le désert ; et il se termine par le peuple juif qui habite dans les hautes montagnes.
Le verset 11 parle de Kédar. C’est le nom du deuxième fils d’Ismaël (Gen 25:13). Ce nom représente les Arabes. C’est le nom collectif des tribus arabes (Ésa 21:13-17 ; Ézé 27:21). « Les habitants du rocher » est aussi traduit par ‘habitants de Séla’, un lieu où vivaient les Édomites. Le désert dont il est question ici est celui d’Arabie. À l’avenir, les Arabes ne suivront plus le faux prophète Mahomet, mais rendront gloire à l’Éternel et déclareront sa louange jusqu’aux bouts de la terre (verset 12).
13 - 17 L’Éternel sort
13 L’Éternel sortira comme un homme vaillant, il éveillera la jalousie comme un homme de guerre ; il criera, oui, il jettera des cris ; contre ses ennemis il se montrera vaillant. 14 Depuis longtemps je suis resté tranquille, je me suis tu, je me suis contenu. Je crierai comme une femme qui enfante, je soufflerai et je serai haletant à la fois. 15 Je dévasterai les montagnes et les collines, et je dessécherai toute leur verdure ; je changerai les rivières en îles et je mettrai à sec les étangs. 16 Je ferai marcher les aveugles par un chemin qu’ils n’ont pas connu, par des sentiers qu’ils n’ont pas connus je les conduirai. Je changerai les ténèbres en lumière devant eux, et les chemins tortueux en ce qui est droit. Je leur ferai ces choses et je ne les abandonnerai pas. 17 Ils reculeront, ils seront couverts de honte, ceux qui mettent leur confiance en une image taillée, qui disent à une image de métal coulé : “Vous êtes nos dieux.”
L’Éternel détruira le roi du nord (Dan 11:45) – et avec lui la domination de l’islam – ainsi que le faux prophète de son peuple, l’Antichrist, avec les dix rois et la Bête qui les gouverne. Il sortira comme un homme vaillant pour accomplir cela (verset 13). Lorsque sa jalousie éveillera comme un homme de guerre et qu’Il lancera son cri de guerre (cf. Jl 3:16 ; Jér 25:30), les ennemis n’auront plus aucune chance.
Il s’est longtemps retenu (verset 14) et n’est pas intervenu ouvertement pour délivré son peuple opprimé, qu’il s’agisse d’Israël ou de l’église. Cela montre sa longanimité, si caractéristique du temps présent, où Il fait annoncer l’évangile de sa grâce, malgré toute l’opposition, les calomnies et l’apostasie (2Pie 3:9).
Ce temps présent touche à sa fin. Le silence de Dieu n’est pas éternel. Il va crier. C’est comme si toute la colère refoulée contre l’impiété du monde et tout ce qui a été fait à son peuple allait éclater. Dans la chaleur de sa colère, Il dévastera « les montagnes et les collines », qui symbolisent les forces ennemies, et « toute leur verdure », qui symbolise leur prospérité et leurs œuvres (verset 15). Toutes les sources de bénédiction se tariront, tout rafraîchissement prendra fin.
En revanche, Il fera preuve de miséricorde envers son peuple. Il ouvrira les yeux de ceux qui sont aveuglés par le péché sur leur détresse et leur montrera son salut (verset 16). Il les sortira de la misère et les conduira sur un chemin de lumière et de bénédiction, sur son propre chemin de justice et de paix. Il illuminera les ténèbres pour eux. Il débarrassera le chemin des obstacles et le rendra lisse et praticable.
Cela concerne en premier lieu la délivrance de l’exil babylonien et le chemin par lequel ils seront ramenés de Babylone à Jérusalem (cf. Ésa 43:19). Le peuple doit comprendre que ce n’est pas Cyrus, mais l’Éternel qui les délivre. Cyrus n’est qu’un instrument entre ses mains. Plus encore, l’Éternel agira ainsi en faveur de son peuple au temps de la fin. Aussi, la description de son action est ici si générale que nous pouvons l’appliquer à toute l’œuvre de rédemption du Seigneur Jésus – Il est l’Éternel – qu’Il a accomplie pour son peuple céleste, l’église.
L’Éternel souligne sa Parole par une double déclaration solennelle, l’une positive et l’autre négative, qui se renforcent mutuellement : Il le fera et Il ne les abandonnera pas. Ainsi, tout doute est exclu.
Cette action de l’Éternel a aussi des conséquences pour les idolâtres (verset 17). Quand ils verront ce qu’Il a fait pour ceux qui placent leur confiance en Lui, ils reculeront avec effroi et rougiront de honte. La folie de leur idolâtrie et l’inutilité de leurs idoles seront mises en pleine lumière.
18 - 19 Sourds et aveugles
18 Écoutez, sourds, et vous, aveugles, regardez pour voir. 19 Qui est aveugle, si ce n’est mon serviteur, et sourd, comme mon messager que j’ai envoyé ? Qui est aveugle comme celui en qui je me confie, et aveugle comme le serviteur de l’Éternel,
Au verset 7, nous voyons que le serviteur de l’Éternel ouvre les yeux des aveugles. Ici, au verset 18, nous voyons que les sourds entendent et les aveugles voient grâce à l’œuvre du serviteur de l’Éternel. Mais ensuite, le verset 19 dit que le serviteur de l’Éternel est aveugle et sourd. Il est clair que le livre d’Ésaïe parle de deux serviteurs. Il y a un serviteur qui est aveugle et sourd (Ésa 6:10) et qui doit d’abord être guéri avant de pouvoir être utilisé par l’Éternel. Ce serviteur est Israël (Ésa 43:10). Il y a aussi un autre serviteur. Ce n’est nul autre que Christ, en qui Dieu a trouvé tout son plaisir.
Ces versets contiennent un message puissant et instructif pour nous qui avons été appelés par grâce à son service. Beaucoup de choses peuvent obscurcir notre regard sur le Seigneur et nous rendre sourds à sa voix. Ce sont toutes des choses auxquelles notre chair est trop encline à réagir. Nous sommes sollicités de multiples façons pour oublier que nous sommes sur la terre simplement pour faire la volonté de Celui qui nous a appelés et envoyés. Faire notre propre volonté n’apporte que de la tristesse à notre cœur.
20 - 22 Voyant aveugle et entendant sourd
20 pour voir bien des choses et ne pas y faire attention ? Les oreilles ouvertes, il n’entend pas. 21 L’Éternel a pris plaisir [en lui] à cause de sa justice : il a rendu la loi grande et honorable. 22 Mais c’est ici un peuple pillé et dépouillé ; ils sont tous liés dans des fosses, et ils sont cachés dans des prisons ; ils sont devenus un butin, et il n’y a personne qui délivre, [ils sont devenus] une proie, et il n’y a personne qui dise : “Restitue !”
Au verset 20, le reproche de cécité et de surdité du peuple est expliqué plus en détail. Ils voient beaucoup de choses, mais leur véritable signification leur échappe parce qu’ils n’y prêtent pas attention. Littéralement, il est dit qu’ils ne les ‘gardent’ ou ne les ‘surveillent’ pas. Les expressions ‘garder’ – en hébreu ‘samar’ – et ‘écouter’ – en hébreu ‘sama’ – sont caractéristiques du livre du Deutéronome en rapport avec la loi de Dieu (Deu 28:15 ; 29:2-4 ; cf. Ésa 6:9-10).
Ils ouvrent leurs oreilles, mais ce qu’ils entendent ne les touche pas. C’est parce que leur cœur s’est engraissé ; il n’est pas tourné vers l’Éternel et ils ne poursuivent que leurs propres intérêts. Ils ne veulent pas marcher dans ses voies et n’obéissent pas à sa loi. Pourtant, son dessein était de leur montrer sa gloire à travers sa Parole, la loi (verset 21).
C’est sa joie de rendre « la loi grande et honorable ». Cela peut aussi être traduit par « donner une grande et glorieuse instruction ». Il s’agit ici de la loi, non pas au sens restreint des dix commandements, mais dans toutes les déclarations glorieuses qui révèlent un Dieu qui, par sa loi, ses instructions, a à cœur le bien-être de son peuple. Sa justice l’exige, mais leur injustice l’a rendu impossible.
Le dessein de Dieu a trouvé son accomplissement total dans la vie parfaite du Seigneur Jésus sur la terre. Nous voyons que c’est son désir de faire la volonté de Dieu. La loi de Dieu est dans son cœur et détermine toute sa vie (Psa 40:9), qui est caractérisée du début à la fin par une obéissance parfaite (Php 2:8). L’Éternel a rendu la loi grande et glorieuse en la personne de son Fils, tant dans sa vie que dans sa mort. En Lui, nous voyons en tout la gloire de la loi, en contraste avec les voies du peuple à qui la loi a été donnée.
Le peuple se trouve dans un état d’endurcissement. Au lieu de glorifier Dieu en instruire la loi aux nations qui l’entourent, il a rejeté la loi de Dieu, sa « glorieuse instruction ». En conséquence, ils sont livrés aux mains des nations. C’est un peuple « pillé et dépouillé » (verset 22). C’est aussi un peuple qui est enchaîné et enfermé dans des fosses et des prisons. Il n’y a plus de liberté de mouvement. Ils ont eux-mêmes besoin de rédemption.
C’est aussi le cas sur le plan spirituel lorsqu’un croyant s’écarte de la volonté et de la voie de Dieu. Alors, les puissances spirituelles dépouilleront cette personne de toutes ses valeurs chrétiennes et en feront un esclave du péché et un déshonneur pour Dieu.
23 - 25 Questions pénétrantes
23 Qui parmi vous prêtera l’oreille à cela ? Qui fera attention, et écoutera ce qui est à venir ? 24 Qui a livré Jacob pour être une proie, et Israël à ceux qui le pillent ? N’est-ce pas l’Éternel, celui contre qui nous avons péché ? Ils n’ont pas voulu marcher dans ses voies, et ils n’ont pas écouté sa loi ; 25 alors il a versé sur [Israël] l’ardeur de sa colère et la force de la guerre : elle l’a embrasé de tous côtés, et il l’a ignoré ; elle l’a brûlé, et il n’a pas pris cela à cœur.
Le verset 23 marque le début de la dernière partie de ce chapitre, dans laquelle une dernière série de questions pénétrante est posée. Ces questions sont liées à ce qui précède et ont un rapport direct avec la situation déplorable dans laquelle se trouve le peuple. La question qui se pose ici est de savoir pourquoi le peuple destiné à être le serviteur de l’Éternel, à qui la loi, l’enseignement de Dieu, a été confiée, est incapable de remplir cette tâche, voire a lui-même besoin de rédemption. Qui parmi eux prendra à cœur cette leçon, cette question ?
Les souffrances infligées par les nations seront encore plus grandes. Seul un reste écoutera à l’avenir. « Ce qui est à venir » concerne l’avenir. Cela implique l’appel à se préoccuper de l’avenir. Les conséquences de cela sur la vie pratique ne se feront pas attendre. Seul le reste reconnaîtra que les souffrances qui ont frappé le peuple ont été provoquées par l’Éternel (verset 24).
Ils reconnaîtront que la captivité est la conséquence de leurs propres péchés. La première captivité est celle vers Babylone. Ils y sont restés 70 ans parce qu’ils n’ont pas gardé la loi et se sont adonnés à l’idolâtrie. L’autre captivité est celle vers tous les coins de la terre pour une période qui dure déjà depuis environ 2000 ans. Pourquoi ? C’est à cause du rejet du Seigneur Jésus (cf. Gen 42:21).
Comme la masse méchante du peuple refuse d’écouter, des plaies encore plus intenses s’abattront sur eux (verset 25). Pire encore que le châtiment lui-même, c’est de ne pas reconnaître que c’est l’Éternel qui l’inflige. Ces choses sont écrites pour nous apprendre à reconnaître que la main qui châtie du Seigneur dans notre vie est guidée par son intention de grâce, sa sagesse et son amour.