Introduction
Dans ce chapitre, nous avons trois parties :
1. L’Éternel et la vigne d’Israël qui a échoué (versets 1-7) ;
2. un sextuple malheur sur le peuple et ses chefs (versets 8-23) ;
3. les jugements de l’Éternel sur le peuple (versets 24-30).
1 - 7 Le cantique sur la vigne
1 Je chanterai à mon bien-aimé un cantique de mon bien-aimé, sur sa vigne : Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau fertile. 2 Il en travailla le sol, en ôta les pierres et la planta de ceps excellents ; il bâtit une tour au milieu d’elle et y tailla aussi un pressoir ; il s’attendait à ce qu’elle produise de bons raisins, mais elle produisit des raisins sauvages. 3 – Maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et ma vigne. 4 Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne, que je n’aie pas fait pour elle ? Pourquoi, quand j’espérais qu’elle produise de bons raisins, a-t-elle produit des raisins sauvages ? 5 Maintenant je vous apprendrai ce que je ferai à ma vigne : j’ôterai sa haie, et elle sera broutée ; j’abattrai sa clôture, et elle sera foulée aux pieds ; 6 et je la réduirai en désert ; elle ne sera pas taillée, elle ne sera pas sarclée, et les ronces et les épines monteront ; et je commanderai aux nuées qu’elles ne laissent pas tomber de pluie sur elle. 7 Car la vigne de l’Éternel des armées est la maison d’Israël, et les hommes de Juda sont la plante de ses délices. Il s’attendait au juste jugement, et voici l’effusion de sang, – à la justice, et voici un cri !
Ésaïe, en qui parle l’Esprit de Christ, utilise maintenant une nouvelle manière de s’adresser à Israël, à savoir par un cantique. C’est un cantique dans lequel il chante l’amour de l’Éternel pour son peuple (verset 1). Il veut chanter pour son Bien-aimé, l’Éternel. Il est comme l’ami de l’époux qui se réjouit de l’époux (Jn 3:29-30). L’Éternel est l’objet de son cantique.
C’est un cantique d’amour, tout comme le Cantique des Cantiques, il s’agit d’une vigne (cf. Can 2:15). Cependant, l’identité des personnes impliquées reste cachée. Ésaïe ne mentionne aucun nom. Nathan utilise aussi ce style narratif voilé dans l’histoire qu’il raconte à David (2Sam 12:1-4). Il n’est pas dit qui est le « bien-aimé » et qui est la « vigne ». Cela retient l’attention des auditeurs. Au fur et à mesure que le cantique progresse, leur indignation à l’égard de la vigne augmente, jusqu’à ce qu’à la fin de la section, au verset 7, comme un coup de tonnerre, la véritable identité du Bien-aimé et de la vigne soit révélée.
Dans le cantique, nous sommes déplacés dans une salle d’audience (versets 3-4 ; cf. Ésa 1:18 ; 3:14-15), où le cantique devient une accusation à cause de l’absence de réponse à l’amour et à la patience du Bien-aimé. Le cantique se termine en quittant la description figurative pour identifier la maison d’Israël – car c’est la vigne – comme l’objet de la colère de Dieu (versets 5-7).
Ésaïe chante ce que le Bien-aimé – c’est-à-dire, comme nous le savons, l’Éternel – a fait pour son peuple. Dans l’image de la vigne, il chante Israël tel que Dieu voyait le peuple au début de son histoire dans le pays promis. La vigne se trouvait sur « un coteau fertile », c’est-à-dire sur un sol fertile (Deu 8:7-9), qui est le pays de Canaan.
Il est dit ensuite « : Il en travailla le sol, en ôta les pierres » (verset 2). C’est-à-dire qu’Il a chassé du pays les nations avec leurs idoles. Les « ceps excellents » dont Il l’a planté désignent les Israélites (Jér 2:21 ; Psa 80:9-10 ; Osé 10:1). De plus, au milieu d’elle, Il a bâti « une tour », ce qui fait référence à la ville centrale de Jérusalem qu’Il a bâtie pour y établir son nom (Pro 18:10 ; Deu 12:5). Cette tour était aussi une tour de guet où vivaient les sacrificateurs chargés de veiller contre l’intrusion de mauvaises influences.
Le pressoir qu’Il y a taillé fait référence au temple. C’est là que le peuple Lui apporterait les fruits du pays, les sacrifices, afin d’exprimer, par l’action de son Esprit, son adoration et sa louange. C’est ce résultat merveilleux qu’Il attendait, après tout le travail qu’Il y avait consacré. La fin du cantique, cependant, est une situation inverse. Au lieu de bons raisins, auxquels Il aurait dû s’attendre compte tenu de tous ses efforts, la vigne a produit des raisins sauvages (ou : puants).
Après qu’Ésaïe a chanté dans son cantique la description détaillée des efforts de l’Éternel pour obtenir un résultat optimal, nous nous retrouvons soudain dans une salle d’audience (verset 3). L’Éternel parle maintenant Lui-même, un discours qui se poursuit jusqu’au verset 7. Il demande aux « habitants de Jérusalem et hommes de Juda » de juger entre Lui et sa vigne. Il leur demande un jugement, les obligeant à bien examiner la situation.
Il est le procureur qui, en même temps, se défend en leur demandant ce qu’ils pensent qu’Il aurait pu faire plus qu’Il n’a fait (verset 4). Ses attentes étaient-elles trop élevées en espérant de bons raisins après y avoir mis tant de soin, alors qu’il n’a produit que des raisins sauvages (ou : puants) ? Poser la question, c’est la répondre.
La manière dont l’Éternel s’adresse à ces gens est remarquable. Il se présente comme quelqu’un qui a une plainte à formuler contre la vigne et qui demande leur jugement. Comme s’ils étaient des juges justes, compétents pour se prononcer sur cette affaire ! Mais les hommes de Juda sont eux-mêmes les plants. D’une manière subtile, l’Éternel demande en fait une volonté de s’auto-juger. Au lieu de porter une accusation, c’est leur jugement qui est demandé, par laquelle l’amour qui est la fontaine de cette approche, espère une volonté d’examen de leur propre conscience. Mais il n’y a pas de réponse.
Nous entendons Dieu se demander à haute voix si la vigne porte les fruits qu’Il était en droit d’en attendre après tout ce qu’Il lui a fait pour elle. C’est un principe qui peut être appliqué de manière générale, non seulement aux Juifs, mais aussi à l’église et aussi à chaque individu. Parce que l’église a reçu plus que les Juifs, Dieu est en droit d’attendre de l’église qu’elle produise plus pour Lui. Si quelqu’un dit connaître la gloire de Christ, Il peut s’attendre à ce que sa vie soit en accord avec cela. C’est la véritable production de fruits pour laquelle le croyant est sur la terre.
Le procureur annonce ensuite ce qu’Il va faire de sa vigne (verset 5). Précédé d’un « maintenant » solennel, il annonce le jugement de sa vigne sans valeur. En effet, une vigne qui ne produit pas de fruits ne vaut rien. La seule chose à laquelle une vigne est utile, c’est précisément de porter des fruits. Son bois, sans fruit, est trop inutile pour servir sauf pour servir de bois de chauffage (Ézé 15:2-5).
Le procureur exécutera aussi Lui-même le jugement. Son châtiment de leur rébellion est imminent et inéluctable. Il leur ôtera leur protection, « sa haie » afin qu’ils deviennent la proie des païens. En conséquence, le pays sera détruit. Il « abattra sa clôture » pour que l’ennemi puisse entrer et les piétiner.
Il fera de tout le pays un « désert » (verset 6). Il le fera si rigoureusement qu’il n’y aura ni « tailler» ni « sarcler », ce qui signifie qu’aucune activité visant à porter des fruits n’aura lieu. En conséquence, au lieu de fruits délicieux, le pays ne produira que des « ronces » et des « épines », symboles du péché (Gen 3:18).
Au verset 6b, les auditeurs apprennent soudainement que le vigneron, le bien-aimé qui parle de sa vigne, commandera aux nuées de ne laissent pas tomber de pluie (cf. Deu 11:17a). Jusqu’à présent, ils ont écouté le cantique sans penser que le bien-aimé ou la vigne représentent certaines personnes. Mais maintenant, ils entendent quelque chose d’étonnant, quelque chose qui les rend méfiants. Ils entendent le vigneron dire qu’il « commanderai aux nuées qu’elles ne laissent pas tomber de pluie sur elle » Seul l’Éternel peut dire une telle chose, n’est-ce pas ? Comment un être humain pourrait-il commander aux nuées ? Seul Dieu peut le faire, n’est-ce pas ? Et en effet, il en est ainsi.
C’est le moment de l’explication des images (verset 7). Le procureur confronte soudainement la maison d’Israël au fait qu’elle est la vigne des versets précédents et que Lui, l’Éternel, est le Bien-aimé dont parle le cantique. C’est comme si nous entendions Nathan dire à David, après avoir raconté sa parabole : « Tu es cet homme ! » (2Sam 12:7a). Le procureur n’est pas Ésaïe, mais l’Éternel Lui-même !
En bref, la vigne, c’est Israël, la joie de l’Éternel et l’œuvre de ses mains pour sa glorification (Ésa 60:21 ; 61:3). La joie qu’Il a voulu trouver dans son peuple est aussi liée à l’amour qu’Il lui porte. Ils sont « la plante de ses délices ». Il les a choisis parmi toutes les nations pour être son peuple, l’objet spécial de son amour. C’est pourquoi Il a pris tant soin d’eux. Mais au lieu de trouver juste jugement et la justice qu’Il attendait comme fruit, il trouve l’oppression et la violence. C’est pourquoi le jugement sur Israël est irrévocable.
Le verset 7b est en hébreu un jeu de mots, les mots se ressemblent. Comme ces mots se ressembles, les raisins sauvages ressemblent aux bons raisins. De même, les méchants semblent être des gens religieux, alors qu’en réalité ils sont pleins d’iniquité (cf. Mt 23:28).
La leçon de cette section est claire. Il est possible d’accomplir régulièrement des actes religieux, de vivre extérieurement en accord avec l’Écriture, alors que la véritable dévotion du cœur à Christ fait défaut. Le premier amour a disparu et, avec lui, la véritable force spirituelle. Cela ouvre la porte à des formes de mal toujours plus grossières. Le Seigneur est à la porte et Il frappe (Apo 3:20). Il attend une réponse de la part de quiconque désire vraiment être en communion avec Lui dans la vérité, conformément à sa volonté et à sa voie.
La vigne est détruite, mais pas pour toujours. Plus tard, nous trouvons la promesse que la vigne sera restaurée (Ésa 27:2-6). C’est ce qui se passera au temps de la fin. Cela ne signifie pas que Dieu est sans vigne et sans fruit de la vigne jusqu’à ce moment-là.
En premier lieu, le Seigneur Jésus, en tant que vrai vigne, a pris la place d’Israël défaillant. Il dit de Lui-même : « Je suis le vrai cep » (Jn 15:1). Sa vie n’a été que joie pour Dieu. Il est la vraie « plante des délices » de Dieu, car c’est en Lui que Dieu trouve toutes ses délices.
En second lieu, le Seigneur Jésus montre dans une parabole que la vigne, le royaume de Dieu, sera liée à un autre peuple, la chrétienté (Mt 21:33-43). Dans la chrétienté, tous ceux qui sont liés à la vraie vigne, Christ, portent de fruit pour Dieu (Jn 15:2,8).
8 - 10 Le premier malheur
8 Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, qui joignent champ à champ, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place et que vous habitiez seuls au milieu du pays. 9 À mes oreilles, l’Éternel des armées [a fait le serment] : Beaucoup de maisons seront dévastées, de grandes et belles [maisons seront] vides d’habitants ! 10 Car dix arpents de vigne ne produiront qu’un bath, et un khomer de semence produira un épha.
La parabole de la vigne est suivie d’un sextuple « malheur » sur les « raisins sauvages »(ou : puants) (cf. verset 2) produits par le peuple. Dieu plaide contre le peuple et lui montre en détail ses péchés, ses ‘raisins puants’ Nous trouvons cet ordre aussi dans l’Évangile selon Matthieu. Tout d’abord, le Seigneur Jésus raconte une parabole sur une vigne (Mt 21:33-41). Un peu plus loin, il prononce un septuple malheur sur les chefs du peuple (Mt 23:13-36).
Le premier malheur d’Ésaïe concerne la cupidité et l’avidité (verset 8 ; cf. Ésa 57:17 ; Mic 2:2). Nous reconnaissons ‘ce raisin puant’ dans le matérialisme débridé de notre époque. C’est le désir d’en avoir toujours plus. Pour cela, si nécessaire, les autres sont dépouillés de leurs biens. L’image est celle de l’égoïsme dans sa forme la plus élevée, de quelqu’un qui s’est entouré de tout ce qu’il désire et qui ne permet à personne d’autre d’en profiter. Cela va à l’encontre des commandements de Dieu de ne pas voler et de ne pas convoiter (Exo 20:15,17), par lesquels Il protège la propriété privée des membres de son peuple. C’est la propriété qu’Il a confiée à chaque membre.
Ceux qui se rendent coupables de cette cupidité violent le statut de l’Éternel (Nom 36:7 ; 1Roi 21:1-3), car le pays reste toujours la propriété de l’Éternel (Lév 25:23). Ils ne pensent pas à restituer le bien à son propriétaire d’origine lors de l’année du Jubilé (Lév 25:10,13). S’ils l’avaient fait, ils auraient reçu de riches fruits (Lév 25:18-19).
L’Éternel a communiqué le jugement de cette conduite à Ésaïe personnellement, c’est la signification de « à mes oreilles ». Il lui a été dit que l’Éternel veillera à ce qu’ils ne profitent pas de leur cupidité (cf. Agg 1:6,9). Leurs belles maisons seront détruites et la vie en disparaîtra parce que leurs habitants périront (verset 9). Une maison peut être encore si belle, mais si la vie en a disparu, elle est morte.
La terre aussi ne produira presque rien (verset 10). Une vigne de « dix arpent » – un arpent : ce qu’une paire de bœufs pouvait labourer en une journée – ne produira qu’entre 20 et 45 litres de vin – un bath correspond probablement à entre 20 et 45 litres. Et un khomer de semence – un khomer correspond probablement à entre 200 et 450 litres – ne produira qu’un épha – un épha correspond probablement à entre 20 et 45 litres. En d’autres termes, l’ensemencement ne produira que 10 % ou moins.
La leçon est la suivante : si nous oublions que tout ce que nous avons appartient à Christ et que nous nous l’approprions, nous serons frappés par l’aridité et le manque spirituels (cf. Psa 106:15).
11 - 17 Le deuxième malheur
11 Malheur à ceux qui, se levant de bonne heure, courent après la boisson, et qui, s’attardant jusqu’au crépuscule, sont enflammés par le vin. 12 La harpe et le luth, le tambourin et la flûte, et le vin, [abondent dans] leurs festins ; mais ils ne regardent pas l’œuvre de l’Éternel et ils ne voient pas le travail de ses mains. 13 C’est pourquoi mon peuple est allé en captivité, parce qu’il n’a pas de connaissance ; ses grands meurent de faim, et sa multitude est asséchée de soif. 14 C’est pourquoi le shéol élargit son désir et ouvre sa bouche sans mesure ; la magnificence de Jérusalem y descendra, ainsi que sa multitude, son tumulte et sa joie ; 15 l’homme du peuple se courbera, et le grand sera abaissé ; et les yeux des hautains seront abaissés ; 16 l’Éternel des armées sera élevé en jugement, et le Dieu saint sera sanctifié par [sa] justice. 17 Les agneaux paîtront comme dans leur pâturage, et les étrangers dévoreront les lieux désolés des [hommes] gras.
Le deuxième malheur (verset 11) frappe les hédonistes, les gens qui sont accros au plaisir, les « amis des plaisirs » (2Tim 3:4). Ils considèrent la vie comme une grande fête et passent leurs journées à s’enivrer de « boisson » enivrante, qui était à l’époque fabriquée à partir de dattes fermentées, de miel et d’orge. Une telle vie pue ; elle peut être comparée à des raisins puants. Dans leur vie, il n’y a rien qui puisse réjouir Dieu. Au contraire, Il en est dégoûté. Les gens qui vivent ainsi sont dépendants de ce mode de vie. Quelqu’un qui prend la bouteille dès le matin au réveil est certainement un drogué de la boisson (cf. Ecc 10:16b ; Act 2:13-15). Quand on est ivre, on oublie au moins les choses désagréables de la vie. C’est comme l’opium.
À l’intérieur, enivrés et à l’extérieur entourés et engourdis par le bruit, c’est la situation ‘idéale’ pour qu’ils n’aient pas l’œil pour les œuvres de l’Éternel, qu’ils ne s’y intéressent pas (verset 12 ; cf. Am 6:4-5). « Ils ne voient pas l’œuvre de ses mains. » Ce que fait l’Éternel leur échappe complètement.
Nous le voyons aujourd’hui comment les gens se perdent complètement dans l’alcool et la drogue, dans la musique heavy metal et death metal qui les rend insensibles à tout signal les avertissant des conséquences mortelles. En conséquence, ils tombent plus bas que des bêtes qui, instinctivement, font encore de bons choix (Ésa 1:3). Ce faisant, nous devrions nous rendre compte que ces choses se retrouvent aussi chez ceux qui se disent chrétiens. L’usage de boissons fortes et de drogues n’est pas seulement une pratique du monde qui nous entoure, mais il est très répandu parmi les jeunes chrétiens.
Ce manque de compréhension de l’œuvre de l’Éternel, cette ignorance de Lui, leur devient fatale (verset 13 ; Osé 4:6a). En conséquence, ils ne se rendent pas compte qu’ils seront déportés en captivité. « Ses grandes », l’élite aux revenus élevés, « meurent de faim ». « Sa multitude », les gens roturiers méchants, périront de soif.
Ils rencontreront la mort qui les attend, la gorge et la gueule grandes ouvertes, tel un monstre vorace prêt à les dévorer (verset 14). Sans s’en rendre compte, la noblesse et le commun des mortels se dirigent en jubilant et en sautillant vers ce monstre qui dévore tout et tout le monde. C’est ainsi que, dansant et se balançant, ils descendent dans le trou noir d’une profondeur insondable.
Puis c’est fini, fine de toutes les acclamations et de tous les sauts. De toute la fierté de l’homme du peuple et de l’homme de haut rang, il ne reste rien. Tous deux plient le genou sous le jugement. L’homme du peuple, comme l’homme de haut rang, n’a vécu que pour lui-même et, en cela, il n’a pas été inférieur à l’homme de haut rang. Tous deux, dans leur orgueil, ont eu les yeux ouverts sur tout, sauf sur l’Éternel. Leurs yeux seront abaissés pour toujours (verset 15).
Dieu exigera la reconnaissance de ses attributs et de ses droits (Php 2:9-11). La chute de l’homme hautain est la conséquence du droit de « l’Éternel des armées » (verset 16). Il sera élevé par l’exercice de la justice, ce qui contraste fortement avec l’humiliation de l’homme. Ce contraste marqué existe aussi entre le comportement impie de l’homme et la sainteté de Dieu, qui est ici appelé avec insistance « le Dieu saint ». Sa sainteté s’exprime dans le maintien de sa justice.
La justice et la sainteté sont les caractéristiques du « nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité » (Éph 4:24). Par conséquent, le croyant qui appartient à l’église est capable d’exercer la justice au milieu du mal. Alors qu’il est entouré par le mal, il peut vivre dans la sainteté, c’est-à-dire dans la séparation pour Dieu.
Quand le peuple est déporté en captivité, des bergers de nations étrangères feront paître leurs agneaux dans le pays désolé comme s’il s’agissait de leur propre pays (verset 17). Les étrangers se régaleront de ce que Dieu avait destiné à son propre peuple, mais dont son peuple s’est régalé dans une cupidité effrénée. Après le jugement, ils laisseront tout et les étrangers le mangeront. Cela s’est littéralement accompli par les Arabes qui ont vécu là pendant des siècles alors que Jérusalem était aux mains des peuples islamiques.
18 - 19 Le troisième malheur
18 Malheur à ceux qui tirent l’iniquité avec des cordes de fausseté, et le péché comme avec des cordes de chariot, 19 et qui disent : “Qu’il se hâte, qu’il accélère son œuvre, afin que nous la voyions ; que le dessein du Saint d’Israël s’approche, et vienne, et que nous le connaissions.”
Le troisième malheur est prononcé sur un autre ‘raisin puant’, c’est-à-dire sur ceux qui s’adonnent à l’iniquité. Par des ruses mensongères, ils commettent l’iniquité (verset 18). Non sans sarcasme, Ésaïe dépeint l’image d’animaux tirant un fardeau. Le fardeau de l’iniquité est empilé sur le char du péché sur lequel ces gens tirent avec des cordes. L’idée sous-jacente est que la pratique d’iniquités mineures, « les cordes de fausseté », conduira progressivement à des iniquités plus graves, « le péché comme avec des cordes de chariot ». Ils croient qu’ils sont maîtres de leurs activités pécheresses. Mais c’est l’inverse : « Il sera tenu par les cordes de son péché » (Pro 5:22).
Alors que, esclaves du péché, ils avancent vers le jugement, ils défient Dieu (verset 19). Avec un langage arrogant, ils Le défient de mettre pour une fois ses avertissements en pratique : ‘Si tu es là, montre-toi, fais quelque chose !’ C’est le comble de l’audace et du blasphème (cf. Mt 27:42 ; 2Pie 3:2-3 ; Ecc 8:11 ; Jér 17:15). Ils n’hésitent pas à abuser et à blasphémer le nom du « Saint d’Israël », le nom qu’Ésaïe utilise constamment pour exprimer la sainteté de Dieu face à l’impiété du peuple. Cela démontre leur endurcissement, qu’Ésaïe doit sceller dans le chapitre suivant (Ésa 6:9-10).
20 Le quatrième malheur
20 Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui mettent les ténèbres pour la lumière, et la lumière pour les ténèbres, qui mettent l’amer pour le doux, et le doux pour l’amer.
Dans ce verset, Ésaïe pointe du doigt le quatrième ‘raisin puant’ : le renversement des principes moraux. Le quatrième malheur viendra à ce sujet. Ils renversent volontairement les valeurs et les normes. Ils renversent tout ce que Dieu a dit. Ce que Dieu appelle le mal, ils l’appellent bien et inversement. C’est une abomination pour l’Éternel (Pro 17:15). Ils font aussi avec les ténèbres et la lumière et avec l’amer et le doux. Les faux enseignements sont présentés comme des vérités et les vérités sont prises pour des mensonges.
Ceci est tout à fait d’actualité de nos jours. Par exemple, les homosexuels doivent être autorisés à se marier et le mariage en tant que tel est présenté comme un joug oppressant. L’avortement, c’est-à-dire le meurtre dans le ventre de la mère, doit être autorisé, mais la peine de mort – que Dieu prescrit en cas de meurtre – est abolie comme étant un meurtre et inhumaine. C’est le renversement sot des choses par l’homme sans Dieu.
Toujours le négatif vient en premier, auquel ils donnent un sens positif. La conséquence ne peut être que de transformer le positif en quelque chose de négatif. Nous le voyons clairement chez les pharisiens qui attribuent à Belzébuth l’œuvre que le Seigneur Jésus accomplit par le Saint Esprit (Mc 3:22-29).
C’est « une chose mauvaise et amère » d’« abandonné l’Éternel » (Jér 2:19), mais ils disent que c’est bien. Ils répètent après le diable qui a persuadé Ève que ce n’était pas un mal mais un bien de manger de l’arbre interdit. Il est le bien du croyant de s’approcher de Dieu (Psa 73:28), mais ils déclarent que c’est mal. En tout, ils contredisent délibérément les préceptes et la volonté révélée de l’Éternel. Non seulement ils déclarent sa volonté invalide, mais ils la déforment et vont sciemment à son encontre. C’est là l’une des caractéristiques du temps de la fin (Rom 1:32).
21 Le cinquième malheur
21 Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et intelligents à leur propre estime !
Le cinquième malheur frappe l’orgueil et la complaisance de ceux qui sont sages à leurs propres yeux (cf. Pro 3:7). C’est aussi un « raisin puant ». Quelqu’un qui renverse les valeurs se croit sage et pense que sa propre opinion est sage. Quelqu’un qui se vante de sa propre sagesse et intelligence produit une odeur insupportable. Cette attitude découle de celle que nous voyons sous les deux malheurs précédents. C’est une tentative d’autojustification qui conduit à l’endurcissement de la conscience.
22 - 23 Le sixième malheur
22 Malheur à ceux qui sont forts pour boire du vin, et hommes vaillants pour mélanger les boissons fortes ; 23 qui justifient le méchant en échange d’un cadeau, et qui ôtent aux justes leur justice !
Le sixième malheur s’abat sur les chefs du peuple. Eux aussi sont totalement corrompus. Ils sont maintenant décrits comme les amateurs de vin, les hommes qui se vantent de savoir le préparer (verset 22). Ce qu’ils font pue aussi. Avec une pointe de sarcasme, Ésaïe compare ces chefs aux hommes « forts » et les qualifie d’« hommes vaillants ».
Ce sont les fanfarons, les vantards, les gens qui se laissent facilement corrompre, car ils n’ont aucun principe (verset 23). A cause de leur vision trouble, ils n’ont aucune idée de la justice. Ils ne se soucient guère du droit et le déforment lorsqu’ils peuvent en tirer profit. Ils sont accros au pouvoir et s’enrichissent aux dépens des pauvres. Nous voyons cela chez toutes sortes de dominateurs au cours des siècles. Nous le voyons aussi chez les faux bergers (Ézé 34:1-6) et dans les caractéristiques de l’Antichrist (Zac 11:15-17).
Le pendant spirituel de « ceux qui sont forts pour boire du vin » est d’être rempli du Saint Esprit (Éph 5:18). Cela conduit à un discernement clair entre ce qui est de Dieu et ce qui ne l’est pas.
24 - 30 Le peuple venu de loin
24 C’est pourquoi, comme une langue de feu dévore le chaume, et comme l’herbe sèche s’affaisse dans la flamme, leur racine sera comme la pourriture, et leur fleur s’envolera comme la poussière ; car ils ont méprisé la loi de l’Éternel des armées et ont rejeté avec dédain la parole du Saint d’Israël. 25 C’est pourquoi la colère de l’Éternel s’est embrasée contre son peuple ; il a étendu sa main sur lui et l’a frappé ; et les montagnes ont été ébranlées ; et leurs cadavres sont devenus comme des ordures au milieu des rues. Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue. 26 Il élèvera un étendard devant les nations lointaines : il en sifflera une [pour l’appeler] des bouts de la terre ; et voici, elle viendra, rapide et légère. 27 En elle, il n’y a personne qui soit fatigué ou qui trébuche ; personne ne sommeille, personne ne dort ; personne n’a la ceinture de ses reins déliée, ou la courroie de sa chaussure arrachée. 28 Ses flèches sont aiguës, et tous ses arcs tendus ; les sabots de ses chevaux sont comme le caillou, et ses roues comme le tourbillon. 29 Son rugissement est comme celui d’une lionne ; elle rugit comme les jeunes lions ; elle gronde, elle saisit la proie et l’emporte, et il n’y a personne pour délivrer ; 30 elle mugira sur [sa proie], en ce jour-là, comme mugit la mer ; on regardera sur la terre, et voici les ténèbres et la détresse : la lumière est obscurcie dans son ciel.
Avec un double « c’est pourquoi » (versets 24-25), suit le jugement irrévocable de Dieu. La vigne (versets 1-7) se révèle totalement corrompue. Il n’y a qu’un seul remède : le jugement total. Le jugement divin sur tout cela est comparé à une « langue de feu » (verset 24), une langue de feu, qui léchera tout ce dont ils se vantent comme si c’était « le chaume » et de « l’herbe sèche». Dans le même sens, « leur racine sera comme la pourriture » et manquera de la force vitale qui permet à l’arbre fruitier de porter des fruits au-dessus du sol. En conséquence, « leur fleur », leur splendeur et leur promesse de fruit, « s’envolera comme la poussière ». Aucun fruit n’apparaîtra et il ne restera rien de ce qui semblait être une moisson.
Ce jugement les frappera parce qu’ils « ont méprisé la loi de l’Éternel des armées et ont rejeté avec dédain la parole du Saint d’Israël ». Ils ont traité avec mépris la loi, la parole écrite de l’Éternel et les paroles orales du Saint d’Israël par la bouche de ses prophètes. Le titre « le Saint d’Israël », fréquemment mentionné par Ésaïe, met particulièrement en évidence l’immense distance qui sépare le péché de l’homme de la sainteté de Dieu.
Leur rejet de Lui a embrasé sa colère (verset 25). Parce qu’ils L’ont rejeté, Il enverra un ennemi puissant contre eux, son peuple. Par cet ennemi, Il étend sa main contre eux pour les frapper, c’est-à-dire pour les discipliner. La haie et la clôture de la vigne sont ôtés, ce qui permet à cet ennemi de venir sans entrave pour les détruire, comme il est dit au verset 5 dans le cantique de la vigne.
La marche de cet ennemi – l’Assyrie, prophétiquement le roi du nord – fera ébranler les montagnes. Ses attaques feront apparaître les rues pleines de cadavres comme des ordures. Et ce n’est pas encore la fin des jugements. Le peuple sera battu encore plus violemment. C’est pourquoi « sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue » (verset 25b), une expression qui décrit la progression du jugement de Dieu (Ésa 9:11,16,20 ; 10:4).
Aux versets 26-30 suit une description de l’invasion des Assyriens. La description se rapporte aussi à l’invasion du roi du nord au temps de la fin (Dan 11:40). L’Éternel donne le signal du départ de l’ennemi. Il élève étendard comme signe pour que l’ennemi marche vers Jérusalem et combatte comme son armée contre son peuple apostat (verset 26). Quel changement par rapport à l’époque où Il était leur étendard (le nom ‘Yahvéh-Nissi’ signifie ‘l’Éternel mon étendard’) (Exo 17:15) ! Comme un apiculteur siffle ses abeilles, ainsi l’Éternel rassemblera les armées de l’ennemi comme ses abeilles (Ésa 7:18). Elles viendront, en hâte et rapidement.
C’est une armée infatigable parce qu’elle a été dotée d’une force surhumaine par l’Éternel (verset 27). Ils n’ont pas besoin de sommeil ni de repos. Il n’est pas question de s’assoupir. Il n’y aura pas de panne de matériel. Ce que l’Éternel a fait pour son peuple dans le désert, Il le fait ici pour l’armée qu’Il envoie contre son peuple (cf. Deu 8:4).
C’est une armée entièrement préparée pour sa tâche, avec des soldats qui tiennent des armes pour un usage immédiat (verset 28). Ils agissent très rapide, sans crainte et sans pitié. L’armée attaque comme une lionne, rugit, saisit sa proie et l’emporte (en captivité) sans possibilité de s’échapper et sans que personne ne puisse lui venir en aide (verset 29).
L’expression « en ce jour-là » montre que les événements qui étaient imminents à ce moment-là se répéteront dans l’avenir et aboutiront à un résultat définitif. Qu’« elle mugira sur [sa proie], en ce jour-là, comme mugit la mer » (verset 30) est une indication des armées en marche qui, telles des eaux déferlantes, prennent possession du pays (cf. Ésa 8:7 ; Dan 9:26). Pour le peuple de Dieu, en ce jour-là, il n’y aura que « ténèbres et détresse » sans perspective de lumière. « À quoi vous [servira] le jour de l’Éternel ? Il sera ténèbres, et non lumière » (Am 5:18).