1 - 4 La colère de Dieu face à l’abus de pouvoir
1 Malheur à ceux qui rendent des décrets d’iniquité, et à ceux qui écrivent des arrêts d’oppression, 2 pour empêcher que justice soit faite aux pauvres, et pour ravir leur droit aux affligés de mon peuple ; pour faire des veuves leur proie et piller les orphelins. 3 Que ferez-vous au jour où vous serez visités, au jour de la destruction, [une destruction] qui vient de loin ? Vers qui vous enfuirez-vous pour avoir du secours, et où laisserez-vous votre gloire ? 4 [Il ne restera] qu’à se courber parmi les prisonniers ; et ils tomberont parmi ceux qui sont massacrés. Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue.
Ces versets font suite à Ésaïe 9. Une fois de plus, le mal est clairement nommé. Cette fois-ci, il s’agit des péchés de ceux qui ont le pouvoir de promulguer des lois (verset 1). Dans les lois qu’ils promulguent, ils prescrivent le malheur. Dans une application à notre époque, nous voyons qu’il est légalement établi que la théorie de l’évolution doit être enseignée dans les écoles et que l’éducation sur l’homosexualité est obligatoire dans les écoles.
Les lois doivent servir à protéger les sujets. Mais les législateurs abusent de leur pouvoir pour priver les personnes socialement faibles, « les pauvres [...] les affligés [...] les veuves [...] les orphelins », de leurs droits et même pour les exploiter et les piller (verset 2). Le pauvre et l’affligé par excellence, c’est bien le Seigneur Jésus. Au cours de sa vie sur la terre, Il a aussi subi la plus grande injustice de la part des hommes qui font et appliquent les lois.
Le Seigneur parle des « scribes et des pharisiens » qui « se sont assis sur la chaire de Moïse » (Mt 23:2), ce qui signifie qu’ils ont pris la place du législateur. Il leur adresse de graves reproches : « Ils lient des fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes » (Mt 23:4). Il dit aussi d’eux qu’ils « dévorent les maisons des veuves » (Mc 12:40). Il critique la classe dirigeante de manière convaincante, comme le fait ici l’Éternel. Il en est de même pour toute domination religieuse qui s’enrichit aux dépens de personnes sans défense, ce que l’on trouve principalement, mais pas exclusivement, dans le catholicisme romain.
Mais « le jour où vous serez visités » viendra pour eux (verset 3). « La destruction, [une destruction] qui vient de loin », les armées d’Assyrie, les frappera. « Vers qui » pourront-ils alors fuir « pour avoir du secours » ? Lorsque le jugement de Dieu s’abattra sur ces gens, ils n’auront personne pour les aider, tout comme ils ont laissé les opprimés sans aide. Ils ne pourront pas offrir la protection de leur gloire, c’est-à-dire de leurs richesses, dont ils se glorifient – il est possible que « votre gloire » désignent aussi leur descendance (Osé 9:11) – quand « le jour où vous serez visités » arrivera. Leur sort ne sera que honte et captivité, tandis que beaucoup seront aussi tués (verset 4).
Puis, pour la quatrième et dernière fois, retentit le refrain annonçant que la colère de l’Éternel n’est pas détournée et que sa main est encore tendue contre eux pour les juger.
5 - 6 L’Assyrie, instrument de la colère de l’Éternel
5 Ha ! l’Assyrie, instrument de ma colère ! Et le bâton qui est dans leur main, c’est mon indignation ! 6 Je l’enverrai contre une nation profane ; je lui donnerai un mandat contre le peuple de ma fureur, pour [lui] prendre du butin en se livrant au pillage, et pour le fouler aux pieds comme la boue des rues.
Après que l’Éternel ait insisté sur les péchés de son peuple, l’Éternel prononce soudainement son jugement sur le bâton qu’il utilise pour le châtier. Le roi que l’Éternel utilise pour châtier son peuple doit aussi faire face au Dieu qui juge, car il ne considère pas qu’il n’est qu’un instrument. Les versets 5-19 donnent un exemple frappant de la manière dont l’Éternel a utilisé les nations comme un instrument de châtiment pour son peuple. Ce faisant, Il leur a donné une autorité considérable sur son peuple. De leur côté, cependant, les nations ne pensent pas à Dieu. Elles croient pouvoir mener à bien leurs propres plans et les accomplir par leurs propres forces. C’est pourquoi le jugement de Dieu s’abat aussi sur elles.
Ésaïe prononce le « malheur » sur l’Assyrie au moment où Juda et Achaz attendent encore tout d’une alliance avec l’Assyrie. L’Éternel a envoyé l’Assyrie sur son peuple comme « instrument de ma colère » (verset 5). Le bâton sert à châtier. L’indignation de l’Éternel permet à l’Assyrie d’attaquer Juda. Cela illustre également ce qui va se passer dans un avenir proche, pendant la période de l’indignation de Dieu sur Juda. Alors, l’Assyrie prophétique, le futur roi du nord, châtiera Israël en tant que chef des alliés arabes.
L’Éternel envoie cet ennemi sur son peuple parce que c’est « une nation profane » ou « une nation hypocrite » (verset 6). C’est un peuple qui L’honore des lèvres, mais dont le cœur est loin de Lui. Il est tellement en colère contre son peuple qu’Il ordonne à l’Assyrie de le faire souffrir cruellement. Leurs péchés sont si terribles que l’Assyrie doit dépouiller et piétiner son peuple. Tous leurs biens leur sont ôtés et toutes leurs vies sont piétinées « comme la boue des rues ». C’est une description poignante du jugement que Dieu fait venir sur son peuple. Elle montre à quel point Dieu est irrité par les péchés de son peuple.
Cela ne signifie pas que l’Assyrie connaît la colère de Dieu sur son peuple. L’Assyrie poursuit ses propres intérêts et ne cherche que son propre avantage. Elle ne sait pas qu’elle est un instrument entre les mains de Dieu. De même, tous les incrédules pensent qu’ils sont libres de faire ce qu’ils veulent , alors que Dieu, dans sa souveraineté, peut les utiliser pour accomplir ses plans. Ainsi, Dieu transforme le ‘malheur’ sur Israël en un ‘malheur’ sur les ennemis d’Israël.
7 - 11 Les motivations de l’Assyrie
7 Mais lui n’en juge pas ainsi, et son cœur ne pense pas ainsi ; car il a au cœur de dévaster et de retrancher des nations, et pas en petit nombre. 8 Car il a dit : Mes princes ne sont-ils pas tous des rois ? 9 Calno n’est-elle pas comme Carkemish ? Hamath n’est-elle pas comme Arpad ? Samarie n’est-elle pas comme Damas ? 10 Comme ma main a trouvé les royaumes des idoles (et leurs statues surpassaient celles de Jérusalem et de Samarie), 11 ne ferai-je pas à Jérusalem et à ses statues ce que j’ai fait à Samarie et à ses idoles ?
Le roi d’Assyrie n’a aucun lien avec Dieu. Il n’a pas le jugement de Dieu, mais son propre jugement, et il agit en conséquence (verset 7). Il ne pense pas dans son cœur aux choses de Dieu, mais à des choses tout à fait différentes. C’est pourquoi il vit aussi dans l’hostilité envers Dieu (Rom 8:5-8). Ainsi, le prophète Nahum dit à propos de l’Assyrie : « De toi est sorti celui qui imagine du mal contre l’Éternel, un conseiller méchant » (Nah 1:11). Nous voyons ici que Dieu connaît parfaitement le cœur et les pensées des méchants. Toutes choses sont nues et ouvertes à ses yeux, aussi les pensées les plus secrètes du cœur (Héb 4:12-13 ; 1Cor 4:5).
Le roi d’Assyrie veut dévaster et retrancher autant de nations que possible afin d’agrandir son territoire et d’étendre sa domination. C’est pourquoi il veut aussi annexer Juda. Il se croit supérieure. Ses princes sont tous des rois, se vante-t-il (verset 8). Il souligne fièrement ses succès passés (verset 9). Le royaume des dix tribus, Samarie, est aussi déjà entre ses mains.
Dans sa mégalomanie, il pense maintenant pouvoir annexer Jérusalem. Pour lui, c’est une ville comme les autres. Pour lui, le Dieu d’Israël n’est rien de plus qu’une idole, aussi moins que les idoles des autres pays (verset 10 ; cf. Ésa 36:19-20). C’est pourquoi il pense pouvoir conquérir Jérusalem encore plus facilement que les autres villes qu’il a conquises (verset 11). Jérusalem n’a qu’elle-même à blâmer. Au lieu d’être un témoignage pour le nom de Dieu, ses habitants ont remplacé Dieu par des idoles.
Le roi d’Assyrie ne parle même pas de ses dieux qui lui auraient donné la victoire. Il se vante de tout devoir à lui-même, de l’avoir fait lui-même, « ce que j’ai fait », se déclarant ainsi dieu.
12 - 15 L’orgueil de l’Assyrie
12 Quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem, je ferai rendre des comptes au roi d’Assyrie pour le fruit de l’arrogance de son cœur et pour la gloire dont ses yeux sont fiers. 13 Car il a dit : Par la force de ma main j’ai agi, et par ma sagesse, car je suis intelligent ; j’ai ôté les bornes des peuples, j’ai pillé leurs trésors, et comme un [homme] puissant j’ai fait descendre ceux qui étaient assis [sur des trônes]. 14 Et comme on trouve un nid, ma main a trouvé les richesses des peuples ; comme on ramasse des œufs délaissés, moi, j’ai ramassé toute la terre, et il n’y en a pas eu un qui ait remué l’aile, ni ouvert le bec, ni crié. 15 – La hache se glorifiera-t-elle aux dépens de celui qui s’en sert ? La scie s’élèvera-t-elle contre celui qui la manie ? Comme si le gourdin maniait ceux qui le soulèvent, comme si le bâton soulevait celui qui n’est pas en bois !
L’Éternel connaît toutes les pensées orgueilleuses du roi d’Assyrie, qui aura du succès aussi longtemps que cela convient à l’accomplissement du plan de Dieu. Lorsque l’Assyrie aura accompli l’œuvre du Seigneur (Adonai, c’est-à-dire le souverain Dominateur), Il fera rendre des comptes au roi d’Assyrie (verset 12). Son œuvre a pour but qu’un reste de son peuple se convertisse à Lui et que la masse méchante soit jugée. Le jugement sur le bâton ne s’abat pas tant sur la personne du roi d’Assyrie que sur « le fruit de l’arrogance » et « la gloire dont ses yeux sont fiers ». Son arrogance le pousse à agir et son regard hautain montre l’absence totale de reconnaissance de Dieu.
Nous voyons souvent dans les prophéties de l’Ancien Testament qu’il y a une pré-accomplissement direct à l’époque du prophète, ou peu après, et un accomplissement au temps de la fin, l’accomplissement définitif. C’est aussi le cas ici. L’Assyrie voudra s’emparer de Jérusalem, mais il sera jugée par Dieu quand Il aura accompli son œuvre par l’intermédiaire de cet ennemi, en l’utilisant comme un instrument de châtiment pour son peuple. Nous voyons l’accomplissement immédiat à l’époque d’Ézéchias (2Roi 19:35-37). L’accomplissement final, tel que nous le verrons dans l’avenir, se produira lors de l’avancée et de la destruction du roi du nord (Dan 11:45). Cela se produira quand il reviendra d’Égypte avec ses armées (Dan 11:40-44).
Le roi d’Assyrie est imbu de lui-même. Il parle de « la force de ma main » et de « ma sagesse » comme des moyens qui lui ont permis d’obtenir ses succès (verset 13). La force et la sagesse sont indispensables à un souverain. Le Messie possède aussi ces caractéristiques (Ésa 11:2 ; 1Cor 1:24). Il utilise sa force avec sagesse. Quelqu’un qui se glorifie de ces qualités comme étant les siennes et qui fait passer la force avant la sagesse est un sot et un dictateur impitoyable.
Il se glorifie d’avoir ôté les bornes établies par Dieu entre les peuples (Deu 32:8 ; cf. Job 24:2a) et d’avoir pillé les trésors des peuples avec la plus grande facilité. Il se sent et se présente aussi comme Dieu lorsqu’il dit qu’il a « comme un [homme] puissant […] fait descendre ceux qui étaient assis [sur des trônes] ». Cela ressort aussi des mots « je » et « mon/ma » qui abondent aux versets 13-14 (cf. Hab 1:11). C’est le langage utilisé par « l’homme du péché » (2Th 2:3-4), c’est-à-dire l’Antichrist.
Il continue à se décrire comme le dominateur incontesté auquel personne n’ose s’opposer. Il accentue sa grandeur en faisant une comparaison avec quelqu’un qui prend des œufs dans un nid d’oiseau (verset 14). L’oiseau sur le nid est chassé et doit assister, impuissant, à la main qui ramasse les œufs du nid. Ainsi, l’Assyrie a pris le pouvoir aux nations et rassemblé le monde entier. Personne n’osait s’opposer à ses actions ni même protester contre elles.
L’Éternel met fin à toute cette arrogance. Il montre, à travers les images de la « hache », de la « scie », du « gourdin » et du « bâton », que le roi d’Assyrie n’est rien d’autre qu’un instrument dans sa main, qui fait ce que sa main tendue veut (verset 15). Tout comme ces instruments n’ont aucune influence sur celui qui les manie, le roi d’Assyrie n’en a aucune sur l’Éternel.
16 - 19 L’Éternel juge l’Assyrie
16 C’est pourquoi le Seigneur, l’Éternel des armées, enverra la maigreur parmi ses [hommes] gras, et, sous sa gloire, allumera un incendie comme un incendie de feu. 17 La lumière d’Israël sera un feu, et son Saint, une flamme ; il brûlera et dévorera ses épines et ses ronces, en un seul jour ; 18 il consumera la gloire de sa forêt et de son verger, depuis l’âme jusqu’à la chair ; et il en sera comme d’un malade qui va dépérissant. 19 Le reste des arbres de sa forêt sera un petit nombre : un enfant les inscrirait.
Parce que le roi d’Assyrie s’est exprimé et s’est comporté avec tant d’arrogance, « le Seigneur, l’Éternel des armées » (verset 16) punira son arrogance. Ceux qui se régalent et ont l’air bien nourris seront frappés de maigreur. Il ne restera rien de leur graisse. Ils auront l’air maigres et décharnés. La gloire brûlante de l’apparition de l’Éternel qui brûlera sa gloire est bien représentée dans ses noms « lumière d’Israël » et « son Saint », c’est-à-dire le Saint d’Israël (verset 17). En revanche, l’Assyrie ne sera plus que des « épines » et des « ronces » qui serviront de nourriture au feu de l’Éternel.
Son armée, « la gloire de sa forêt et de son verger », sera aussi consumée par l’Éternel (verset 18). Tout ce qui vit dépérira comme dépérît un malade. Ainsi disparaîtra toute la gloire de l’Assyrie. Ce qui restera de l’armée sera si insignifiant qu’il ne te sera même pas nécessaire de compter jusqu’à dix pour en déterminer le nombre (verset 19). Ce reste ne fera aucune impression.
D’un point de vue historique, l’Assyrie a été ‘dévorée’ par les Babyloniens. D’un point de vue prophétique, l’Assyrie sera détruite de manière surnaturelle par l’Éternel Lui-même, comme à l’époque du roi Ézéchias. Plus tard, les Mèdes et les Perses deviendront la ‘scie’ et la ‘hache’ des Babyloniens. Cela continuera ainsi jusqu’au moment où le Seigneur Jésus établira son royaume. Ce royaume ne sera pas détruit ni remplacé par un autre (Dan 2:44).
20 - 23 Un reste se convertit
20 En ce jour-là, le reste d’Israël et les rescapés de la maison de Jacob ne s’appuieront plus sur celui qui les a frappés ; mais ils s’appuieront sur l’Éternel, le Saint d’Israël, en vérité. 21 Le reste reviendra, le reste de Jacob, au Dieu fort ; 22 car ton peuple Israël serait-il comme le sable de la mer, un reste [seulement] reviendra ; la destruction décrétée débordera en justice. 23 Car le Seigneur, l’Éternel des armées, accomplit au milieu de toute la terre une destruction, une [destruction] décrétée.
La défaite des Assyriens est une image de la défaite des armées rassemblées qui marcheront contre Jérusalem au temps de la fin. « Ce jour-là » (verset 20) y fait référence. « Ce jour-là » n’est pas un jour de 24 heures, mais une période. C’est la période qui commence lorsque le Seigneur Jésus se lève pour revendiquer ses droits sur la terre – « ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers » (Zac 14:4) – et qui se termine avec son règne dans le royaume millénaire de paix.
Cela commence par le retour du reste, « le reste d’Israël ». Lorsque le roi du nord sera détruit par l’apparition du Seigneur Jésus, le reste des dix tribus qui est encore dispersé sera aussi rassemblé (Mt 24:31). Israël ne s’appuiera alors plus sur la puissance païenne de l’Assyrie qui l’a frappé, mais sur « l’Éternel, le Saint d’Israël ».
Ce faible reste, appelé de manière significative « le reste de Jacob », ne compte aussi plus sur ses propres forces et revient « au Dieu fort » (verset 21 ; cf. 2Chr 30:6). Et qui est « le Dieu fort » ? Nul autre que l’enfant né et le Fils donné, le Messie, le Seigneur Jésus, dont le nom est « Dieu fort » (Ésa 9:5). Il est également remarquable que les premières paroles du verset 21, « le reste reviendra », soient la traduction de l’hébreu Shear-Jashub, le nom d’un fils d’Ésaïe (Ésa 7:3).
Le fait que ce passage ne se réfère pas seulement à l’invasion de l’Assyrie qui aura lieu bientôt, mais qu’il anticipe aussi le temps de la fin, est aussi clairement visible aux versets 22-23. À la fin de la grande tribulation viendra « la destruction ». Lors de cette destruction, tant la masse incrédule d’Israël (Zac 13:8a) que les Assyriens périront. Le peuple aura alors tellement diminué en nombre qu’il ne restera qu’une poignée de personnes de ce peuple autrefois si nombreux (verset 22 ; Zac 13:8b-9). Mais ce reste constituera, au début du règne de paix, le noyau à partir duquel un peuple nombreux se développera à nouveau.
La justice de Dieu débordera le pays. Tout sera soumis à son jugement juste. C’est un jugement destructeur sur toute impiété (verset 23). Il est décidé (Dan 9:26-27), personne ne peut l’arrêter. « Le Seigneur, l’Éternel des armées » Lui-même le fera. Il le fera « au milieu de tout la terre [ou : le pays] », c’est-à-dire le pays de Juda.
L’apôtre Paul applique les versets 22-23 au reste qui existe à son époque selon l’élection de la grâce de Dieu (Rom 9:27-28). Ce reste fait partie à cette époque de l’église chrétienne, composée de croyants juifs et païens qui s’unissent dans le seul corps qu’est l’église (Éph 2:13-16).
24 - 27 Le reste est délivré
24 C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel des armées : Mon peuple, qui habites en Sion, ne crains pas l’Assyrien ! Il te frappera avec un gourdin et lèvera son bâton sur toi à la manière de l’Égypte ; 25 car encore très peu de temps, et l’indignation sera accomplie, ainsi que ma colère, dans leur destruction. 26 L’Éternel des armées suscitera contre lui un fouet, comme Madian a été frappé au rocher d’Oreb ; son bâton [sera] sur la mer, et il le lèvera à la manière de l’Égypte. 27 En ce jour-là, son fardeau sera ôté de dessus ton épaule, et son joug de dessus ton cou ; le joug sera détruit à cause de l’onction…
Le Seigneur, l’Éternel des armées, dit à son peuple de ne pas craindre les Assyriens (verset 24). Ils viendront certes les frapper, mais après « très peu de temps », la colère de l’Éternel contre eux prendra fin (cf. Ésa 9:11,16,20 ; 10:4) et alors sa colère se tournera contre les Assyriens (verset 25). N’en a-t-il pas été aussi de même pour les Égyptiens ? Ils les ont d’abord opprimés, mais ensuite la main de Dieu s’est tournée contre cet ennemi de son peuple (cf. Ésa 52:4). Il en sera aussi de même pour l’Assyrie.
Ésaïe rappelle aussi comment Madian a été vaincu (verset 26 ; Jug 7:25 ; cf. Ésa 9:3). Il rappelle aussi la délivrance du peuple lorsqu’il se trouve face à la mer Rouge. Les Israélites sont sans issue. La mer est devant eux et le Pharaon avec son armée derrière eux. Alors Moïse lève son bâton, qui est ici le bâton de l’Éternel, et un chemin apparaît dans la mer. Les Israélites le traversent, tandis que le Pharaon et son armée périssent dans la mer.
Il est bon de se rappeler comment Dieu nous a sauvés de situations difficiles dans le passé. Cela nous donne le courage de Lui faire confiance aussi face à une situation difficile à venir. C’est dans cette confiance qu’Ésaïe mentionne le résultat. Le fardeau glissera de nos épaules, le joug sera brisé (verset 27). Le cœur accablé se soulagera, la captivité et l’esclavage prendront fin. Intérieurement, il y aura la paix, extérieurement, il y aura la liberté, « à cause de l’onction [ou : de l’oint] », c’est-à-dire à cause de Christ, qui régnera alors à Jérusalem.
L’Assyrie du temps de la fin est identique au roi du nord (Dan 11:1-35), avec derrière lui le grand empire de Gog (la Russie). Il envahit le pays et submergera tout. Le roi du nord est le chef d’une coalition de dix pays (Psa 83:6-9) au nord d’Israël, tous islamiques (chiites ?) et animés d’une grande haine envers Israël. Après la destruction du roi du nord sur les montagnes d’Israël, sa place sera prise par Gog – la Russie et ses alliés. Mais il n’y a pas lieu d’avoir peur, car le Seigneur Jésus anéantira aussi complètement ce dernier ennemi de son peuple (Ézéchiel 38-39).
28 - 32 L’avancée de l’Assyrie
28 Il est arrivé à Aïath, il a traversé Migron, il a déposé ses bagages à Micmash. 29 Ils ont passé le défilé ; ils ont dressé leur camp à Guéba. Ramaq tremble, Guibha de Saül a pris la fuite. 30 “Pousse des cris, fille de Gallim ! Fais attention, Laïs !” Pauvre Anathoth ! 31 Madména est en fuite, les habitants de Guébim se sauvent. 32 Encore un jour d’arrêt à Nob ; il menace de sa main la montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem…
Les versets 28-34 décrivent d’abord de manière vivante l’avancée, puis l’humiliation de l’Assyrie dans son combat contre Juda. Tout d’abord, l’avancée imparable de l’ennemi depuis le nord vers Jérusalem est décrite de manière vivante. Dans son esprit, le prophète voit qu’il a envahi le royaume de Juda via Éphraïm.
« Aïath », « Migron » et « Micmash » sont conquises (verset 28). Aïath (appelée Ai en Jos 7:2 et Aïa en Néhémie 11:31) est la plus septentrionale des localités mentionnées aux versets 28-32. Aïath se trouve à la frontière entre Éphraïm et Benjamin, à environ quinze kilomètres au nord de Jérusalem. Migron et Micmash se trouvent à quelques kilomètres au sud d’Aïath. Pour pouvoir traverser le col – un oued très escarpé – il faut déposer « ses bagages » à Micmash. Ils passent la nuit à « Guéba », juste de l’autre côté de l’oued (verset 29). La nouvelle de leur avancée provoque la panique dans toute la région au nord de Jérusalem.
Le prophète est tellement impliqué dans cette scène qu’il appelle une ville à pousser des cris et en avertit un autre en s’écriant : « Fais attention ! » (verset 30). Pour une autre ville, qui a peut-être déjà été envahi, il ne peut qu’exprimer une mauvaise compassion : « Pauvre Anathoth ! » Il voit les habitants d’autres villes tenter de trouver un refuge (verset 31).
Le même jour, les armées assyriennes atteignent « Nob » (verset 32). Elles s’y installent en position. Nob est probablement la montagne actuelle de Scopus, à quelques kilomètres au nord-est de Jérusalem, juste au nord de la montagne des Oliviers. De là, l’ennemi « menace de sa main ». Toute la campagne s’est déroulée sans encombre. Il ne reste plus qu’à l’achever : la prise de Jérusalem. Il est sur le point de porter le coup fatal à « la fille de Sion, la colline de Jérusalem ». Mais l’armée assyrienne ne tient pas compte de l’Éternel qui revient à Jérusalem. C’est ce que nous voyons aux versets suivants.
33 - 34 Les armées d’Assyrie anéanties
33 Voici, le Seigneur, l’Éternel des armées, abat les hautes branches avec violence : ceux qui sont grands de stature seront coupés, et ceux qui sont élevés seront abaissés ; 34 il éclaircira avec le fer les épais taillis de la forêt, et le Liban tombera par un puissant.
Juste avant le moment où le roi d’Assyrie pense prendre Jérusalem, quelqu’un apparaît sur la scène avec qui il n’a pas compté. Celui-ci aussi menace de sa main et l’abat (verset 33). Une fois encore, le prophète représente la puissance mondiale assyrienne comme une forêt montagneuse avec de grands arbres (verset 18) et oppose cette puissance mondiale au « Seigneur, l’Éternel des armées » qui coupe « ces grands de stature » avec une force redoutable.
D’abord, il a utilisé l’Assyrie comme sa hache pour frapper son peuple (verset 15). Maintenant, Il manie Lui-même la hache pour couper l’Assyrie. Sous les coups puissants de la force divine, cet empire orgueilleux, qui s’était élevé comme les cèdres du Liban, s’effondre (verset 34). Il s’est qualifié lui-même « comme un [homme] puissant » (verset 13). Maintenant, il tombe sous les coups de Celui qui seul peut être appelé à juste titre le « puissant ».
La première réalisation de cette prophétie a lieu sous le règne d’Ézéchias (Ésa 37:36). L’accomplissement final a lieu au temps de la fin (Dan 11:45). Dans les deux cas, la prophétie vise à montrer que, par la puissance de Dieu, la hauteur de l’homme est humiliée et son empire détruit. Cela ouvre la voie au royaume de Dieu. C’est le sujet du chapitre suivant.