1 - 3 Jérémie et son époque
1 Paroles de Jérémie, fils de Hilkija, d’entre les sacrificateurs qui étaient à Anathoth, dans le pays de Benjamin, 2 auquel vint la parole de l’Éternel, dans les jours de Josias, fils d’Amon, roi de Juda, la treizième année de son règne ; 3 elle vint aussi [à lui] dans les jours de Jehoïakim, fils de Josias, roi de Juda, jusqu’à la fin de la onzième année de Sédécias, fils de Josias, roi de Juda, jusqu’à ce que Jérusalem soit emmenée en captivité, au cinquième mois.
Ce que nous lisons dans ce livre, ce sont les « paroles de Jérémie » (verset 1). Il y a des paroles qu’il prononce au nom de l’Éternel, des paroles qui viennent de l’Éternel et qu’il doit adresser au peuple. Il y a aussi des paroles qui reflètent ses sentiments personnels. Dans toutes ses paroles, nous entendons un homme qui vit en étroite communion avec l’Éternel.
Le nom « Jérémie » signifie entre autres « l’Éternel est élevé ». Il le montre clairement dans les deux livres que nous avons de lui dans la Bible. Le Saint Esprit le conduit à utiliser les noms « Éternel », Yahvé, et « Seigneur », Adonaï, plus de 700 fois dans sa prophétie et plus de 30 fois dans les Lamentations.
Jérémie est le « fils de Hilkija, d’entre les sacrificateurs qui étaient à Anathoth ». Il est très probablement un descendant d’Éli, puis d’Abiathar, qui a aussi vécu à Anathoth, mais qui a été exclu du sacerdoce (1Roi 1:7 ; 2:26). Anathoth est l’une des villes sacerdotales (Jos 21:18-19).
Il parle à l’époque de Josias (verset 2), qui est devenu roi en 639 av. J.-C. Josias n’a alors que huit ans. C’est un roi craignant Dieu. Au cours de la douzième année de son règne (627 av. J.-C.), alors qu’il a 20 ans, il commence son travail de nettoyage en Israël (2Chr 34:3). Un an plus tard, en 626 av. J.-C., Josias a alors 21 ans, Jérémie commence son ministère. Il est alors un jeune homme d’environ 20 ans et prophétisera jusqu’à la onzième année de Sédécias, soit pendant plus de 40 ans.
L’année où Jérémie commence à prophétiser, l’Assyrie est encore la puissance mondiale dominante, mais cet empire commence déjà à décliner. Babylone est la puissance mondiale montante. Babylone est l’ennemi du nord. Jérémie prophétise à son sujet en tant qu’ennemi du peuple de Dieu, alors qu’un grand réveil est en cours parmi le peuple de Dieu sous Josias. Nous pouvons lire à propos du réveil sous Josias à la fin des livres 2 Rois et 2 Chroniques. La prophétie de Jérémie montre clairement que pour la majorité du peuple de Dieu, le réveil n’est qu’une question d’apparence. Les cœurs restent éloignés de Dieu.
Jérémie ne prophétise pas seulement pendant le règne de Josias, qui craint Dieu et sur la sympathie et la protection duquel il peut compter. Il prophétise « aussi » pendant le règne des rois méchants Jehoïakim, Joakhaz, Jehoïakin et Sédécias (verset 3). Sédécias est le dernier roi d’Israël. Au cours de la onzième année de son règne (586 av. J.-C.), il est fait prisonnier par le roi de Babylone et Jérusalem est incendiée.
Jérémie prophétise « jusqu’à ce que Jérusalem soit emmenée en captivité, au cinquième mois », c’est-à-dire jusqu’à ce que le grand événement qu’il a si souvent annoncé se produise. Il prophétise aussi après cela (Jér 40:1), mais le thème principal de sa prophétie est l’avertissement concernant la captivité. Une fois celle-ci survenue, son ministère prophétique auprès du peuple prend fin.
De la treizième année de Josias (626 av. J.-C.), lorsqu’il commence à prophétiser, à la onzième année de Sédécias (586 av. J.-C.), lorsque Jérusalem est emmenée en captivité, il s’écoule exactement 40 ans. Il a été souligné que Moïse a été aussi longtemps docteur auprès du peuple dans le désert pour le conduire vers le pays promis que Jérémie a été prophète auprès du peuple pour l’avertir avant qu’il ne soit contraint de quitter le pays pour entrer dans le désert des nations.
4 - 10 L’appel de Jérémie
4 Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : 5 – Avant que je te forme dans le ventre [de ta mère], je t’ai connu, et avant que tu sortes de [son] sein, je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète pour les nations. 6 Et je dis : – Ah, Seigneur Éternel ! voici, je ne sais pas parler ; car je suis un enfant. 7 Et l’Éternel me dit : – Ne dis pas : “Je suis un enfant”, car pour tout ce pour quoi je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je te commanderai, tu le diras. 8 Ne les crains pas ; car je suis avec toi pour te délivrer, dit l’Éternel. 9 Et l’Éternel étendit sa main, et toucha ma bouche ; et l’Éternel me dit : – Voici, j’ai mis mes paroles dans ta bouche. 10 Regarde, je t’ai établi aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour arracher, et pour démolir, et pour détruire, et pour renverser, pour bâtir et pour planter.
Bien que le verset 4 soit court, son contenu est le cœur de l’expérience prophétique. L’appel de Jérémie ne vient pas d’une vision, mais en entendant la parole divine. Il est instructif de comparer son appel à celle d’Amos (Am 7:10-17), d’Ésaïe (Ésa 6:1-10) et d’Ézéchiel (Ézé 1:1-3 ; 2:1-8).
Au verset 5, nous pouvons remarquer quatre actions de Dieu envers son prophète. Dieu l’a
1. connu,
2. formé,
3. sanctifié et
4. établi.
Il est en effet encourageant pour Jérémie de savoir que Dieu l’a spécifiquement équipé pour accomplir sa mission. Cette prise de conscience n’est pas seulement une connaissance, mais l’expérience d’une relation (cf. Am 3:2a). La revendication de Dieu sur sa vie passe avant toutes les autres relations, comme nous le voyons aussi chez le serviteur parfait de l’Éternel, le Seigneur Jésus (Ésa 49:1-5).
La consécration de Jérémie réside dans le fait qu’il a été mis à part pour un but spirituel particulier. C’est la sanctification. Nous voyons ici un lien biblique entre la prescience de Dieu et sa sanctification du serviteur. Il est aussi important de noter l’ordre des choses :
1. Il est d’abord connu de Dieu.
2. Ensuite, il est formé par Lui dans le sein de sa mère (cf. Psa 139:13-16). L’Éternel est donc son propriétaire légitime, qui peut l’utiliser comme Il le juge bon.
3. Ensuite, Il sanctifie Jérémie, c’est-à-dire qu’Il le met à part de tous les autres Israélites.
4. Enfin, nous entendons le but du dessein et de l’action de Dieu, qui est de l’établir comme prophète.
L’accent est mis sur l’initiative de Dieu et la souveraineté de son choix (cf. Rom 9:21). Dieu appelle chacun à la destination qu’Il lui a assignée. Nous voyons chez Jean le baptiseur la même chose que chez Jérémie. Jean aussi a été sanctifié avant sa naissance (Lc 1:13-17).
Jérémie est établi « prophète pour les nations ». Il est nommé prophète avec un ministère mondial, tout comme Paul sera plus tard l’apôtre des nations (Gal 1:15-16a). Cela signifie aussi qu’Israël est, dans un certain sens, aussi compté d’entre les nations. En effet, il s’est tellement détourné de l’Éternel qu’il s’est mis à se comporter comme les nations. S’ils s’en étaient séparés selon l’intention de Dieu, ils ne seraient pas comptés d’entre eux (Nom 23:9b).
Ce que Dieu dit ici à Jérémie s’applique en principe à chaque croyant. Chaque enfant de Dieu est connu de Lui (Gal 4:9a) et est formé, sanctifié et aussi établi par Lui pour un service spécifique. Les enfants de Dieu ne se fondent pas dans la masse, mais chaque enfant de Dieu peut réaliser que l’attention de Dieu se porte aussi sur lui ou elle personnellement.
Jérémie se regarde et s’estime inapte à cette tâche (verset 6). Nous observons la même réaction chez Moïse (Exo 4:10) et Gédéon (Jug 6:15) lorsqu’ils sont appelés par l’Éternel (cf. 1Sam 3:15b). Moïse dit aussi qu’il ne sait pas parler, mais cela découle de son incrédulité. L’Éternel dit aussi à Moïse qu’Il mettra ses paroles dans sa bouche. Jérémie dit qu’il est trop jeune. Le mot utilisé par Jérémie pour dire qu’il est « un enfant » ou « jeune homme » est le même que celui utilisé pour Zacharie (Zac 2:8).
Le point commun entre Moïse, Gédéon et Jérémie est qu’ils ne se considèrent pas capables d’accomplir la mission qui leur est confiée. La raison en est qu’ils se regardent eux-mêmes et non Celui qui leur confie la mission. Il ne s’agit pas de celui qui est envoyé, mais de Celui qui envoie.
Avec sa grande sensibilité, Jérémie est la personne idéale pour être prophète. Personne ne pouvait mieux que lui partager les sentiments de Dieu. Il a un cœur capable de compatir avec les condamnés. À ce moment-là, le jeune prophète ne pouvait guère imaginer à quel point sa tâche serait difficile, désespérée et déchirante.
La réponse de l’Éternel signifie en fait que Jérémie ne doit pas penser à lui-même (versets 7-8). Ce qu’il peut ou ne peut pas faire n’a aucune importance. Seul ce que Dieu peut et fait importe (cf. 1Cor 3:7). Le serviteur doit simplement obéir.
Dieu ne se trompe jamais dans le choix de ses serviteurs (verset 7). Il fournit à tous ceux qu’Il appelle la force, le courage et l’aide dont ils ont besoin. De plus, la promesse de Dieu d’être présent dissipera sa crainte (cf. Agg 1:13). Les princes terrestres n’ont pas pour habitude d’accompagner leurs messagers. Mais Dieu accompagne ceux qu’Il envoie et est avec eux (Act 18:9-10a).
La crainte de Jérémie est une autre cause de son hésitation (verset 8 ; cf. Ézé 3:9). Il sera impitoyablement combattu et persécuté. Mais l’Éternel le protégera contre les attaques de ses ennemis et lui donnera le courage spirituel dont il aura tant besoin. Dieu pourvoit à tous les besoins de ceux qu’Il appelle à son service (Php 4:19).
Comme preuve tangible que l’Éternel donne à Jérémie l’autorité pour son service, Il touche sa bouche (verset 9 ; cf. Ésa 6:7). La question n’est pas de savoir si quelqu’un sait bien parler ou mauvais, mais s’il a les lèvres touchées par Dieu, c’est-à-dire sanctifiées. Jérémie les a désormais. Il est ainsi inspiré pour proclamer la vérité de Dieu et le message divin lui est révélé. À partir de ce moment, les paroles de Jérémie seront véritablement celles de Dieu et il sera en fait le porte-parole de Dieu (cf. Ésa 51:16 ; Ézé 2:8 ; 3:4 ; Exo 4:12 ; Mt 10:19 ; Lc 21:15).
Plus tard, Dieu transforme ses paroles en feu dans la bouche de Jérémie (Jér 5:14). Le fait que Dieu mette ses paroles dans sa bouche est quelque chose que Moïse dit du Prophète que Dieu enverra dans l’avenir (Deu 18:18), c’est-à-dire le Seigneur Jésus. C’est une nouvelle preuve que Jérémie est une image du Seigneur Jésus en tant que grand Prophète (cf. Jn 12:49).
L’arrachage et la destruction ne se font pas par un acte, avec une épée, mais par sa parole (verset 10). Sa parole est cependant une parole qui opère, qui fait quelque chose, qui produit un effet. Sa parole, son discours, est puissant. Jérémie pense qu’il n’est qu’un enfant, mais Dieu le place ici au-dessus des rois des nations. Il annoncera la montée et la chute des nations et des royaumes, non pas par sa propre autorité, mais en tant que quelqu’un qui parle au nom de Dieu.
Le contenu du message de Jérémie est l’un des passages les plus importants du livre. Il doit parler de jugement et d’abandon, de renversement et de désolation. Mais aussi grands et terribles que soient les jugements de Dieu, ce ne sont pas des jugements sans miséricorde, car ils ont pour but la restauration, la bénédiction et le renouveau. C’est pourquoi Jérémie doit aussi en parler.
Les objectifs de Dieu dans le ministère de Jérémie sont donc doubles : destructifs et constructifs. La parole de Dieu s’accompagne de puissance, afin que le prophète atteigne ces objectifs (Ésa 55:10-11). Dans le ministère de Jérémie, l’accent est sans aucun doute mis sur l’élément destructeur. Quatre verbes sont utilisés pour exprimer cela :
1. « pour arracher,
2. et pour démolir,
3. et pour détruire,
4. et pour renverser ».
Deux verbes indiquent l’élément constructif et réparateur :
1. « pour bâtir
2. et pour planter ».
Dans ces activités, nous voyons le prophète à l’œuvre en tant que bâtisseur et agriculteur (cf. 1Cor 3:6-10).
11 - 12 Vision d’une branche d’amandier
11 La parole de l’Éternel me fut adressée en ces termes : Que vois-tu, Jérémie ? Je répondis : Je vois une branche d’amandier. 12 Alors l’Éternel me dit : Tu as bien vu, car je veille sur ma parole pour l’accomplir.
L’Éternel donne ensuite deux confirmations de son appel à travers deux images (versets 11-16). Ce sont les deux premières images des nombreuses images que nous avons dans ce livre. Elles lui ont probablement été montrées peu après son appel. Les deux visions sont simples et sont expliquées, elles concernent toutes deux le jugement. Pour pouvoir parler, un prophète doit non seulement savoir écouter, mais aussi savoir voir. Un prophète doit aussi être un ‘voyant’.
La première image est celle d’une branche d’amandier (verset 11). Jérémie voit dans une vision l’image d’une branche d’amandier. Quelqu’un comme Jérémie, qui connaît l’hébreu, comprend immédiatement la signification. Il s’agit d’un jeu de mots avec le mot ‘vigilant’, car le mot ‘amande’ en hébreu est pratiquement le même que « vigilant ». Une branche d’amandier est aussi vigilante. Alors que l’hiver n’est pas encore terminé, la branche d’amandier commence déjà à fleurir et annonce en quelque sorte l’arrivée prochaine du printemps. En hébreu, cet arbre est aussi appelé ‘shekedh’, un mot qui signifie ‘l’arbre pressé’.
Tout comme la branche d’amandier annonce l’arrivée du printemps, la parole de Dieu annonce le jugement à venir. L’Éternel veille sur sa Parole pour juger les péchés d’Israël. Il veille aussi sur sa Parole pour les bénir après le jugement (Jér 31:28).
Ce que les prophètes d’autrefois ont annoncé va arriver, cela est sur le point de se produire. Le jugement est imminent. Dieu est prêt à agir, car Il connaît la situation dans le monde. La « branche », ‘maqqel’, symbolise ici le jugement qui va bientôt s’abattre sur Israël (cf. Hab 2:3). Ce jugement viendra par le Seigneur Jésus (cf. Héb 10:37).
L’Éternel loue Jérémie d’avoir bien observé et d’avoir donné une réponse juste. Il a vu un ‘arbre pressé’. Dieu déclare alors qu’Il est éveillé à accomplir rapidement sa Parole et qu’Il va s’y atteler immédiatement (verset 12). Jérémie prophétisera et verra lui-même l’accomplissement de sa prophétie.
13 - 16 Vision d’un pot bouillant
13 Et la parole de l’Éternel vint à moi une seconde fois, disant : – Que vois-tu ? Et je dis : – Je vois un pot bouillant, dont le devant est du côté du nord. 14 Et l’Éternel me dit : – Du nord le mal fondra sur tous les habitants du pays. 15 Car voici, j’appelle toutes les familles des royaumes du nord, dit l’Éternel, et elles viendront, et mettront chacune son trône à l’entrée des portes de Jérusalem, et contre toutes ses murailles tout autour, et contre toutes les villes de Juda. 16 Et je prononcerai contre eux mes jugements, à cause de toute leur iniquité par laquelle ils m’ont abandonné, et ont brûlé de l’encens à d’autres dieux, et se sont prosternés devant l’ouvrage de leurs mains.
La parole de l’Éternel vient « une seconde fois » à Jérémie (verset 13). Le fait qu’il s’agisse d’une « seconde fois » montre que la première et la seconde vision sont étroitement liées. La première concerne le moment du jugement, la seconde la direction et la nature du désastre à venir. Une fois de plus, l’Éternel demande à Jérémie ce qu’il voit. Sa réponse est : « Un pot bouillant ».
Cela ne peut que signifier un désastre (cf. Ézé 11:3 ; Mic 3:3). Il s’agit ici de Babylone, le grand ennemi du nord. Bien que Babylone soit située à l’est de Juda, ses armées – comme toutes les armées d’Asie – envahiront Israël par le nord en raison de l’impraticabilité du désert arabe. C’est ici que ce grand ennemi du nord est mentionné pour la première fois.
Les rebelles du peuple de Dieu seront jetés dans le pot bouillant. Le pot peut être comparée à la fournaise ardente d’Égypte (Gen 15:17), où Israël a été si durement opprimé et pendant si longtemps. Nebucadnetsar, roi de Babylone, sera le nouvel oppresseur. Cela concerne aussi un avenir lointain, lorsque le peuple marchera contre Jérusalem (Zac 14:1-2).
L’Éternel explique la vision (verset 14). Le pot bouillant, qui apparaît avec son côté ouvert venant du nord, représente le malheur qui sera déversé sur tout le pays de Juda. Dans une colère bouillante, les armées du roi de Babylone envahiront le pays. Cette invasion aboutira à une victoire pour l’ennemi. Jérémie voit cela se produire dans une vision.
En réalité, la puissance de Babylone n’est pas encore visible et il faudra attendre encore 40 ans avant que cette vision ne s’accomplisse. Mais cela arrivera, car l’Éternel Lui-même appellera Babylone du nord pour marcher contre son peuple (verset 15). Les armées de Nebucadnetsar viendront et envahiront Jérusalem. Ses princes installeront leurs trônes devant les portes de la ville (Jér 39:3). La porte est le lieu des affaires publiques, où la justice est rendue (Rut 4:1-10). Si l’ennemi y règne, cela signifie la soumission totale de la ville. Les muraux n’offriront aucune protection. Ce qui vaut pour Jérusalem vaut pour toutes les villes de Juda.
Depuis le début de son ministère, Jérémie est un prédicateur du jugement. Tout comme Ésaïe parle du salut de l’Éternel, Ézéchiel de la gloire de l’Éternel et Daniel du royaume de l’Éternel, Jérémie annonce sans cesse le jugement de l’Éternel (verset 16). La cause des jugements, « toute leur iniquité », que l’Éternel prononce sur Juda – et que Jérémie doit transmettre à tout le pays –, comporte trois éléments, à savoir
1. « ils m’ont abandonné,
2. et ont brûlé de l’encens à d’autres dieux
3. et se sont prosternés devant l’ouvrage de leurs mains ».
Abandonner l’Éternel ouvre la porte à toute forme d’idolâtrie, c’est-à-dire l’adoration de quelque chose ou de quelqu’un d’autre que Lui. Brûler de l’encens à d’autres dieux revient en fait à rendre hommage à des démons (1Cor 10:20). Les idoles elles-mêmes ne sont rien d’autre que des œuvres de leurs mains, des morceaux d’or, d’argent, de bois ou de pierre. La folie de s’agenouiller devant un morceau de matière sera encore sarcastiquement portée à la connaissance du peuple par Jérémie (Jér 10:1-16).
17 - 19 Mission de l’Éternel
17 Et toi, mets ta ceinture autour de tes reins, et lève-toi, et dis-leur tout ce que je te commanderai ; ne sois pas effrayé d’eux, de peur que moi je ne t’épouvante devant eux. 18 Et moi, voici, je t’établis aujourd’hui comme une ville fortifiée, et comme une colonne de fer, et comme des murailles de bronze, contre tout le pays, contre les rois de Juda, ses princes, ses sacrificateurs, et le peuple du pays. 19 Et ils combattront contre toi, mais ils ne l’emporteront pas sur toi, car moi je suis avec toi, dit l’Éternel, pour te délivrer.
Dans ces derniers versets du chapitre, Jérémie est fortement encouragé dans sa lourde tâche. Il en a besoin, car son message ne sera ni bien accueilli ni aussi populaire auprès de son peuple. Pour accomplir ses devoirs, rien de moins qu’un dévouement absolu à Dieu et une confiance totale en sa puissance ne suffiront (verset 17). Il doit mettre sa ceinture autour de ses reins. Cela signifie qu’il doit être prêt à servir et que rien ne doit l’en empêcher.
Ensuite, il doit se lever, c’est-à-dire prendre la position du service. C’est ainsi qu’il doit parler au peuple. Il ne doit rien cacher, mais dire « tout » (cf. Act 20:27). Chaque parole de Dieu est importante. Il ne doit rien y changer, aussi ne pas utiliser ses propres mots, des mots qui pourraient sembler plus agréables, mais dire ce que l’Éternel lui « commandera ».
Il ne doit pas non plus avoir peur de ceux à qui il doit s’adresser. Cela signifierait qu’il se laisserait dissuader par la crainte des hommes d’accomplir la mission que Dieu lui a confiée. Si tel était le cas, il aurait affaire à Dieu Lui-même, qui se retournerait alors contre lui. Cela signifierait un échec pour lui face au peuple auquel il est envoyé. La crainte de l’Éternel est le meilleur remède contre la crainte des hommes.
L’Éternel l’encourage ensuite en lui promettant qu’Il lui établit « aujourd’hui », c’est-à-dire immédiatement, une triple force. Il lui fera :
1. « comme une ville fortifiée,
2. et comme une colonne de fer
3. et comme des murailles de bronze » (verset 18).
Il en aura besoin pour transmettre son message « contre tout le pays ». L’Éternel lui indique les quatre groupes de population de « tout le pays » : « les rois de Juda », « ses princes », « ses sacrificateurs » et « le peuple du pays ».
Tout comme il ne doit rien omettre de ce que l’Éternel lui commande de dire, il ne doit aussi oublier ou épargner aucun des groupes de population que l’Éternel mentionne ici. Son message ne lui vaudra pas d’amis. À un moment ou à un autre, tous se retourneront contre lui. Qui aime un prédicateur de jugement (cf. 2Tim 4:3-4) ?
Pourtant, cet homme est plus fort que tous ses ennemis réunis. Le secret de la victoire spirituelle est révélé au verset 19. Il peut avoir confiance que l’Éternel est avec lui et qu’avec Lui, il sera invincible. Dans ses heures les plus sombres, ces paroles le soutiendront émotionnellement et spirituellement. Les mots « pour te délivrer » signifient que Jérémie aura un service difficile à accomplir. Le Seigneur Jésus nous dit aussi, pour nous encourager dans le service que nous avons à accomplir : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Mt 28:20).
Jérémie doit apprendre dès le début à faire confiance à l’Éternel. Il peut être assuré de son invincibilité à condition de croire en l’Éternel, qui est plus grand et plus fort que n’importe quelle puissance aussi. Il finira par avoir le dessus sur tous ses ennemis. Les prophéties que Jérémie prononcera se réaliseront aussi. Il sera alors « délivré » dans un autre sens, à savoir des fausses accusations. Il s’avérera qu’il est un véritable prophète de l’Éternel.