Jérémie 46

Déjà en Jérémie 25, l’Éternel avait donné à Jérémie ses messages pour les nations, annonçant sa colère contre elles (Jér 25:15-26). Ensuite, l’Éternel a d’abord agi de manière détaillée avec son peuple. C’est maintenant au tour des nations. Dieu est en effet le Dieu qui règne sur toutes les nations (Rom 3:29) et Jérémie est aussi le prophète des nations (Jér 1:5).

Dieu est souverain et a l’autorité de s’adresser à toutes les nations. Il le fait en choisissant et en utilisant Nebucadnetsar comme son instrument de châtiment pour les nations. Ce que Jérémie prophétise s’accomplira dans un avenir proche et lointain. À l’avenir, tous les ennemis seront jugés, tandis qu’Israël sera à la tête.

Les nations contre lesquelles Jérémie prophétise se trouvent toutes en dehors d’Israël et sont considérées par Israël comme le monde. Chaque nation établit pour nous un certain caractère dans lequel le monde peut se présenter à nous. Ainsi, l’Égypte, première nation à retenir notre attention, présente le monde dans son caractère obstiné, qui ne lève pas les yeux vers le ciel pour y attendre son aide.

L’Égypte attend son salut du Nil. Le Nil est alimenté par l’eau du ciel, mais l’Égypte ne voit que le Nil et attend la bénédiction de l’inondation et de l’eau elle-même sur la terre (Deu 11:10). L’Égypte se vante de sa propre sagesse (Ésa 19:11-15 ; Act 7:22). Nous lisons des passages sur les trésors de l’Égypte (Héb 11:26) et sur l’ail et les oignons d’Égypte (Nom 11:5).

Le premier message concerne l’Égypte (verset 2). L’Égypte a joué un rôle important dans l’histoire du peuple de Dieu. Elle maintient le peuple de Dieu en esclavage alors qu’il commence à devenir un peuple (Exo 1:8-14 ; 2:23). Le reste du peuple de Dieu, quand il n’est plus un peuple à cause du jugement de Dieu, cherche refuge en Égypte. Nous venons de le voir dans les chapitres précédents de ce livre. Le jugement sur l’Égypte s’ensuit donc naturellement.

Ce chapitre traite de la bataille de Carkemish, où le Pharaon Neco est vaincu par Nebucadnetsar. Cette bataille a changé l’histoire du monde. À partir de ce moment, Babylone devient la puissance mondiale. Avant cela, l’Égypte et l’Assyrie se sont disputé la domination mondiale avec un succès variable. Lorsque Babylone grandit en puissance et que l’Égypte se sent menacée, celle-ci se dresse contre Babylone pour la combattre. Josias monte aussi contre l’Égypte, mais il est tué dans la vallée de Meguiddo (2Chr 35:20-24). Le Pharaon poursuit sa route jusqu’à l’Euphrate, est vaincu à Carkemish et retourne en Égypte. Quelques années plus tard, il est complètement vaincu par Babylone.

Ce qui suit aux versets 3-27 est une description et le résultat de cette grande bataille près de Carkemish. En lisant ce récit de la bataille, nous voyons la soif de pouvoir de l’homme et ce que cela apporte sur lui. Nous ne voyons pratiquement rien de Dieu dans cette description. Ce que nous en voyons nous convainc qu’Il tient les rênes. Nous le voyons clairement lorsque tout ce qui se passe maintenant est devenu histoire. Nous voyons alors la main de Dieu dans l’histoire.

Au verset 3, les préparatifs pour la bataille sont faits. Les fantassins préparent les petits et les grands boucliers. L’appel à la bataille retentit. Les cavaliers se préparent aussi (verset 4). La scène est décrite de manière vivante et, grâce aux phrases courtes, avec force. Nous voyons l’agitation. Les chevaux sont attelés, les cavaliers montent en selle. Ils portent des casques, tiennent des lances affûtées à la main et sont revêtus d’armures. Une armée redoutable est prête.

Puis soudain, nous entendons la voix de l’Éternel (verset 5). Celui qui siège dans les cieux rit (Psa 2:4). Alors que toute l’armée d’Égypte est attelée et prête au combat, Il les voit soudainement reculer, effrayés, et prendre la fuite. Et ils courent vite ! Ils ne se retournent pas et courent aussi vite qu’ils le peuvent, tant ils ont peur. Leur fuite s’avérera vaine (verset 6). La vitesse et le courage ne serviront à rien. Le rapide n’est pas assez rapide et le fort n’est pas assez puissant pour échapper au jugement venu du nord. Ils trébucheront et tomberont « près du fleuve Euphrate », près de Carkemish.

C’est comme si l’Éternel disait qu’Il devait bien regarder qui est celui qui arrive comme le Nil avec une grande violence, bouillant de colère (verset 7). Oh oui, c’est l’Égypte qui arrive comme le Nil déchaîné (verset 8). L'Éternel entend ses paroles arrogantes et prétentieuses : « Je monterai », ‘moi, la puissante Égypte, je suis si nombreuse que je couvrirai le pays’ et « je détruirai la ville et ceux qui y habitent ».

Les chevaux et les chars sont encouragés et poussés (verset 9). Les hommes forts apparaissent, assurés de la victoire. Il n’y a pas que des Égyptiens. « L’Éthiopie et Puth, qui manient le bouclier, et ceux de Lud, qui manient et bandent l’arc », font aussi partie de cette puissante armée.

Puis nous entendons à nouveau l’Éternel dans sa majesté au-dessus de toute cette agitation insignifiante causée par des gens insignifiants. C’est son jour, pas celui de l’Égypte (verset 10). « Le Seigneur, l’Éternel des armées », se vengera de ses adversaires. C’est Lui qui jugera finalement l’Égypte, en utilisant les Babyloniens pour cela. C’est « un sacrifice au Seigneur, l’Éternel des armées ». Le lieu du massacre est « dans le pays du nord, près du fleuve Euphrate », près de Carkemish.

L’Éternel s’adresse avec mépris à la « vierge, fille de l’Égypte », qui gît là, mortellement blessée, sur les rives de l’Euphrate (verset 11). Qu’ils aillent à Galaad chercher du baume pour leurs blessures. La même chose a été dite à Juda (Jér 8:22). Mais même si les Égyptiens possèdent encore autant de connaissances médicales et prennent autant de médicaments, ils ne retrouveront pas leur force d’antan. Les coups et les blessures qui leur ont été infligés sont incurables.

Le témoignage de leur chute honteuse parvient aux nations (verset 12). Dans leur propre pays, c’est le deuil. Leurs hommes forts sont tous tombés de leur piédestal. Au lieu de s’entraider, ils se sont trébuchés les uns sur les autres dans leur chute.

Le Pharaon a bien essayé de vaincre Babylone dans son propre pays, mais avec un résultat mauvais, car l’Éternel soutient Nebucadnetsar. L’Éternel annonce à Jérémie qu’il enverra Nebucadnetsar en Égypte pour frapper le pays (verset 13). Jérémie doit annoncer dans les grandes villes d’Égypte ce que l’Éternel lui a dit au sujet de la venue de Nebucadnetsar en Égypte (verset 14). Il doit leur dire de se préparer au combat. L’ennemi arrive et s’est frayé un chemin vers ces villes en tuant tout sur son passage avec l’épée.

Une fois de plus, Jérémie annonce le résultat (verset 15). Il demande pourquoi les hommes forts ont-ils été emportés . En même temps, il donne lui-même la réponse. Ils n’ont pas pu tenir bon parce que l’Éternel les a renversés. L’Éternel soutient l’armée de Babylone. Il n’y a donc pas de combat. Il a causé les grandes pertes et fait en sorte qu’ils se soient entretués au lieu de s’entraider (verset 16). La réaction des soldats d’Égypte est de fuir, de retourner d’où ils viennent, loin de l’épée de l’oppresseur.

Dans leur pays, ils se révoltent contre le Pharaon (verset 17). Ils disent qu’il n’est qu’un bruit, quelqu’un qui parle beaucoup, mais n’agit pas. Il leur a dit avec arrogance qu’ils étaient invincibles. Mais le respect qu’ils lui portaient a disparu. Il n’a pas bien évalué la situation et a réagi trop tard à la menace de l’ennemi. C’est pourquoi ils se révoltent contre lui. Le Seigneur Jésus dira à beaucoup de gens, lorsqu’ils se tiendront devant son trône, qu’ils ne sont qu’un bruit et qu’ils ont laissé passer le temps, c’est-à-dire le moment opportun pour se repentir.

Une fois de plus, l’Éternel confirme que les scènes qu’Il vient de décrire ne sont pas des inventions (verset 18). Il parle en tant que « le Roi », dont le nom est « l’Éternel des armées ». Il est au-dessus du Pharaon, roi d’Égypte, et de tous les rois, et toutes les armées célestes et terrestres sont à sa disposition. Quand Il parle, qui peut Le détourner ?

Il souligne la stabilité du Thabor et du Carmel. Aussi solides que soient ces montagnes, il est certain que Nebucadnetsar viendra. Cette certitude réside dans le fait que c’est l’Éternel Lui-même qui provoque la venue de Nebucadnetsar. Sur le mont Thabor, l’Éternel a donné à Barak une grande victoire sur les Cananéens (Jug 4:14-15) et sur le Carmel, Élie a tué 450 faux prophètes de Baal (1Roi 18:19-20,40).

Il conseille aux Égyptiens de rassembler leurs biens et de fuir (verset 19). Il est inutile de résister à l’ennemi. Il s’adresse à l’Égypte en tant que « habitante, fille de l’Égypte ». Ce sont les femmes qui sont restées à la maison. Elles sont averties de la désolation que l’ennemi causera dans leur lieu de résidence. Il ne restera plus aucun habitant.

L’Éternel présente l’Égypte comme « une très belle génisse » (verset 20). C’est un nom moqueur. L’Égypte vénère la vache comme une idole. L’un de leurs dieux s’appelle Apis et est représenté sous la forme d’un taureau. Cette idole ne pourra pas les sauver. Tout comme une génisse est tourmentée et rendue folle par les taons, l’Éternel enverra Nebucadnetsar comme un taon sur eux. Il vient !

L’armée du Pharaon compte aussi des mercenaires (verset 21). Ils sont bien payés et se sont bien nourris, de sorte qu’ils ressemblent à des veaux à l’engrais. Que l’Égypte soit un beau veau ou un veau engraissé, elle est prête à être égorgée. Les veaux engraissés prennent la fuite. Aussi, ils ne tiennent pas bon. Ils voient que le jour de leur chute est venu et qu’ils recevront leur juste salaire.

Dans une autre image, Jérémie montre la retraite des armées d’Égypte (verset 22). Il compare maintenant l’Égypte à un serpent qui se retire en rampant dans la forêt. Ce sera en vain, car les ennemis le poursuivent avec des haches. Il s’avère alors que les soldats sont aussi des bûcherons. Ils abattent la forêt dans laquelle il s’est retiré, aussi impénétrable soit-elle (verset 23). Ils sont si nombreux que la forêt est abattue en un rien de temps. Une fois toute protection détruite, la fille de l’Égypte se tient là, honteuse (verset 24). Sa résistance est terminée. Elle ne peut plus se cacher et est livrée aux Babyloniens.

Parmi leurs nombreux dieux, les Égyptiens ont aussi un dieu Amon, le dieu de la ville de No (verset 25). L’Éternel des armées, le Dieu d’Israël, le seul vrai Dieu, punira ce dieu et tous les autres dieux, aussi le Pharaon qui se fait adorer comme un dieu et tous les hauts dignitaires qui se font servir comme des dieux. Il les livrera tous à Nebucadnetsar (verset 26). Alors ils sauront à quel point ces dieux sont inutiles pour les protéger.

Pourtant, cela ne signifiera pas la fin définitive de l’Égypte. L’Éternel promet que l’Égypte sera à nouveau habitée à l’avenir comme autrefois (Ésa 19:23-25 ; Ézé 29:9-14). Cela se produira dans le royaume de paix, lorsque le Seigneur Jésus, le Messie, régnera. Alors, l’Égypte sera aussi rétablie, ce qui est directement lié au rétablissement d’Israël sous le Messie dans les versets suivants. Nous verrons qu’un tel rétablissement s’applique aussi à Moab, Ammon et Élam.

Après ce jugement sur l’Égypte et la promesse de rétablissement, il y a encore une parole pour le peuple de Dieu (verset 27). Ils n’ont pas à craindre qu’il y ait un rétablissement pour l’Égypte, mais pas pour eux. L’Éternel s’adresse à eux de manière encourageante en les appelant « mon serviteur Jacob » et « Israël ». Il a une relation avec eux et leur a fait des promesses.

Il leur promet qu’Il les sauvera « d’un [pays] lointain » – cela fait référence aux dix tribus qu’Il délivrera de la dispersion – et « du pays de leur captivité » – cela fait référence aux deux tribus qu’Il délivrera de Babylone. Il les mettra alors en sécurité. Cela s’accomplira pleinement dans l’avenir, lorsque les douze tribus vivront dans le pays sous le règne béni du Messie.

Il répète qu’ils n’ont pas à craindre, car Il est avec eux (verset 28). Il mettra fin à toutes les nations, mais pas à eux. Il devra certes les corriger, car ils ont mérité leur correction. Cependant, Il le fera avec mesure et non d’une manière qui les détruira complètement, comme les nations.