Introduction
Ce chapitre doit en grande partie son caractère impressionnant à la profonde humilité de l’auteur. Il professe cette humilité aux versets 1-9. C’est dans cette attitude qu’il manifeste à la fois son horreur de l’arrogance sous toutes ses formes et sa description fascinante et franche de sa perception du monde et de ses manières. Les groupes d’hommes et d’animaux qu’il décrit nous enseignent des leçons, sans qu’il les impose. L’attitude dominante est celle d’un intérêt vif et souvent joyeux. Cet intérêt nous invite à regarder à nouveau notre monde avec les yeux d’un homme de foi qui est un artiste du langage et un observateur de caractère.
1 Locuteur et destinataires
1 Paroles d’Agur, fils de Jaké, l’oracle prononcé par cet homme à Ithiel, à Ithiel et à Ucal :
Nous ne savons pas qui était « Agur ». Nous savons qu’il est le « fils de Jaké », mais nous ne connaissons pas non plus Jaké. Le fait que son père soit mentionné peut signifier qu’il est un fils sage qui a écouté les enseignements de son père. Ses paroles sage dans ce chapitre montrent bien qu’il est un fils sage. Son père devait se réjouir d’avoir un fils sage. Nous avons déjà vu cette relation père-fils à plusieurs reprises dans les chapitres précédents. Cette relation constitue le fondement de l’enseignement de ce livre.
Le fait qu’Agur soit uniquement mentionné ici et que nous ne savons rien d’autre sur lui peut signifier qu’il ne s’agit pas tant de sa personne que de ses « paroles ». Il est ainsi un exemple pour nous. Nous avons tous un nom, mais qui nous connaît ? Seuls quelques-uns nous connaissent. Mais si notre nom est associé à nos paroles sages, notre nom continuera d’exister grâce à nos paroles sages.
Les paroles prononcées par Agur ne sont pas non plus des paroles ordinaires. Ce sont des paroles appelées « l’oracle ». Le mot « oracle » est un mot que nous rencontrons souvent chez les prophètes (Ésa 13:1 ; 14:28 ; 15:1 ; 17:1 ; 19:1 ; Hab 1:1). Les paroles d’Agur contiennent un message prophétique que l’Esprit de Dieu a déposé comme un fardeau sur son cœur. Il en ressent le poids. Il vit ce qu’il écrit. Cela fait de lui un prophète qui parle à nos cœurs et à nos consciences (cf. Jn 4:17-19).
Il parle en tant qu’« homme ». Il n’y a aucune arrogance chez lui. Il ne fait pas la déclaration prétentieuse ‘ainsi parle l’Éternel’ que les hommes prononcent parfois dans le seul but d’attirer l’attention sur eux-mêmes. Il occupe la place modeste qui revient à un homme, car il sait qu’il est en présence de Dieu. Cela montre clairement que cet homme parle par l’Esprit (cf. Nom 24:3 ; 2Sam 23:1).
Nous ne savons pas non plus d’Ithiel et d’Ucal, si ce n’est leurs noms mentionnés ici. Il s’agit peut-être de ses enfants à qui il enseigne la connaissance des choses divines. Il peut aussi s’agir d’élèves à qui il veut transmettre la sagesse. En tout cas, il a eu affaire à ces deux personnes dans le cadre d’un engagement personnel.
Il est frappant qu’il s’adresse « à Ithiel, à Ithiel et à Ucal ». Il mentionne deux fois le nom d’Ithiel. Il est possible d’appliquer cela comme signifiant qu’il a répondu à des questions posées uniquement par Ithiel et à des questions posées conjointement par Ithiel et Ucal. Son attention se porte sur des questions personnelles et communes.
2 - 3 La confession d’Agur
2 Certes, moi je suis plus stupide que personne, et je n’ai pas l’intelligence d’un homme ; 3 et je n’ai pas appris la sagesse, ni ne possède la connaissance du Saint.
Quand Agur commence son enseignement, il ne parle pas avec arrogance, depuis la position de quelqu’un qui pense tout savoir et avoir réponse à tout. Il commence par dire de lui-même qu’il est « plus stupide que personne » (verset 2). Il reconnaît aussi qu’il manque d’intelligence. Au verset 4, nous voyons qu’il arrive à cette conclusion parce qu’il regarde en haut et autour de lui et pense à Dieu. À la lumière de qui Dieu est et des voies qu’Il suit, son intelligence et sa sagesse ne sont rien. Dans cette perspective, il suppose que les autres ont plus de bon sens que lui. C’est la preuve d’une intelligence et d’une sagesse véritables.
Celui qui reconnaît son incapacité face à qui est Dieu et à ce qu’Il accomplit a le sentiment et l’attitude justes pour enseigner aux autres. Cela ne signifie pas qu’Agur manquait de capacités intellectuelles, mais qu’il reconnaissait son ignorance totale en ce qui concerne la compréhension spirituelle de la vie et des questions existentielles. Seul Dieu est parfait dans sa connaissance et son intelligence de la vie, et Lui seul peut en faire part aux hommes.
Le psalmiste Asaph arrive par un autre chemin à la même conclusion qu’Agur : « J’étais alors stupide et je n’avais pas de connaissance ; j’étais avec toi comme une bête » (Psa 73:22). C’est la condition dans laquelle se trouve toute l’humanité. Pourtant, rares sont ceux qui en ont conscience. Seuls ceux qui sont liés à Dieu par la foi et qui vivent dans une relation vivante avec Lui, comme nous le voyons chez Agur et Asaph. Ceux qui partagent leur conscience le ressentent si intensément qu’ils se considèrent comme plus stupides que tous les autres hommes.
Dans le prolongement du verset 2, il parle au verset 3 de « sagesse » qu’il n’a pas apprise et de « la connaissance du Saint » qu’il ne possède pas. Il dit ici que l’enseignement humain qu’il a reçu ne lui a pas donné la sagesse dans les choses divines et en Dieu Lui-même.
Ce n’est que dans le Nouveau Testament que Dieu est pleinement révélé comme le Dieu trinitaire. Agur et Salomon ne le savaient pas non plus. Pourtant, ils pouvaient déjà en avoir une petite idée par l’Esprit [voir les mots « faisons » et « notre » en Gen 1:26]. Nous voyons cela aussi chez Agur dans la question qu’il pose à la fin du verset 4 au sujet de « son nom » et « le nom de son fils ».
Ce qu’il dit prouve l’action de l’Esprit de Dieu dans son cœur. C’est ainsi qu’il prend conscience de qui il est en lui-même et de ce qu’il sait de lui-même. Il appartenait aux ténèbres dans lesquelles l’intelligence de l’homme est obscurcie. Pour l’homme dont l’intelligence est obscurcie, l’intelligence de ce qu’est la vie n’est rien d’autre que tâtonner dans les ténèbres. Il n’était donc pas possible non plus d’apprendre la sagesse ou d’acquérir quelque chose de la connaissance du Dieu très saint.
Ce qu’il dit, c’est que la sagesse de Dieu est si grande qu’en comparaison, il n’a rien appris de la sagesse. Plus quelqu’un pénètre profondément dans le mystère de la sagesse, qui est en Dieu et en Christ, plus il prend conscience de son ignorance. C’est une sagesse que de connaître les limites de l’entendement et de la sagesse. En tant que croyants, nous pouvons comprendre quelle est la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur de l’amour du Christ, tout en ayant la profonde conscience que cet amour « surpasse toute connaissance » (Éph 3:18-19).
4 Dieu se révèle
4 Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu ? Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains ? Qui a serré les eaux dans un manteau ? Qui a établi toutes les bornes de la terre ? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais ?
À travers six questions, Agur montre clairement que lui-même, comme tout être humain, est totalement ignorant de Dieu et des choses divines. Ces questions mettent l’accent sur l’action de Dieu et montrent qu’il est absurde pour un mortel de penser qu’il peut expliquer l’œuvre de Dieu ou se comparer à Dieu. Elles prouvent la grandeur de Dieu et l’incapacité totale de l’homme (cf. Ésa 40:12 ; Deu 30:11-14 ; Rom 10:6-7 ; Éph 4:9).
Il est indéniable que « les cieux » existent au-dessus de nous et que l’intérêt de l’homme pour les cieux remonte à la nuit des temps. Le voyage vers la lune montre son désir de les connaître. Son exploration des cieux, qu’il effectue depuis la terre, lui fait prendre conscience qu’il ne fait que griffonner à la lisière de l’univers. Et monter dans les cieux pour y jeter un coup d’œil est tout autre chose. Qui l’a déjà fait ? Ou qui en est descendu pour nous révéler ses secrets ?
Nous savons que Christ est monté au ciel. Cela s’est produit après qu’Il ait accompli l’œuvre de rédemption à la croix, qu’Il soit mort et ressuscité. De là, Il a envoyé le Saint Esprit. Dans l’Esprit, Il descend pour nous dire ce qui se passe dans le ciel (Jn 14:18 ; 16:13-15). Lorsque le Seigneur Jésus était sur la terre, Il pouvait dire : « Et personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (Jn 3:13). Lui qui, après son œuvre à la croix, monterait au ciel, était en même temps dans le ciel lorsqu’Il était sur la terre. Il en était ainsi parce qu’Il est le Fils unique de Dieu. Il est la réponse aux questions d’Agur.
Lorsque nous regardons sous les cieux, ici sur la terre, nous voyons aussi des choses qui sont incompréhensibles et incontrôlables pour l’homme. Le « vent » invisible est insaisissable et sa force irrésistible, mais pas pour Lui. Dans son application spirituelle, le vent représente les difficultés qui surviennent dans notre vie. Nous n’avons aucune influence sur elles, mais nous pouvons savoir que Christ tient aussi le vent de notre vie dans sa main.
Il en est de même pour « les eaux » tangibles, sur lesquelles l’homme n’a également aucune emprise. Les eaux parlent des épreuves qui peuvent survenir dans notre vie et qui nous donnent l’impression de nous noyer. Mais Il est avec nous dans les eaux de l’épreuve (Ésa 43:2). Et que penser des « toutes les bornes de la terre », qui les a « établies », c’est-à-dire leur a donné leur stabilité ? Là encore, c’est Lui qui est la réponse. Il donne à notre vie sa stabilité.
L’atmosphère (le vent), le liquide (les eaux) et le solide (les extrémités de la terre), tout échappe au contrôle de l’homme. Pourtant, ils sont tous contrôlés.. Agur demande le nom de Celui qui fait cela et le nom de son Fils. Par « le nom » et « le nom de son fils » Agur parle de Dieu. Seul Dieu est encore si incompréhensible, si insaisissable, si plein de mystères pour lui. Demander le nom, c’est demander son Être, ses caractéristiques et ses propriétés. Qui pourra les connaître pleinement ?
Il demande aussi le nom de son Fils. Si Dieu est si élevé et si incompréhensible, y a-t-il peut-être quelqu’un qui puisse Le représenter ? Y a-t-il peut-être quelqu’un qui puisse parler au nom de Dieu ou qui puisse L’expliquer ? Sa question montre bien qu’il vit très près de Dieu et qu’il sent qu’il existe peut-être un Fils qui partage les attributs de Dieu parce qu’Il est son Fils. Nous devons toutefois garder à l’esprit que le Fils ne parle pas au nom de Dieu, mais qu’Il parle comme Dieu, car Il est Dieu.
Dieu, « à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans [le] Fils » (Héb 1:1). Les prophètes étaient des hommes par lesquels Dieu s’adressait à son peuple. Mais le Seigneur Jésus, le Fils, n’est pas un moyen par lequel Dieu parle. Les paroles du Seigneur Jésus sont celles de Dieu Lui-même ! Les prophètes parlaient au nom de Dieu. Le Seigneur Jésus ne parlait pas au nom de Dieu, mais en tant que Dieu. Il l’a certainement fait en tant qu’Homme sur la terre, mais cet Homme est Dieu le Fils. Dieu Lui-même parle en tant que personne divine. Cette personne est le Fils.
Comme déjà mentionné ci-dessus, la vérité du Dieu trinitaire, Père, Fils et Saint Esprit, n’a été pleinement révélée que dans le Nouveau Testament. Ici, dans l’Ancien Testament, elle est encore cachée. Nous savons que le Seigneur Jésus est le Fils éternel à qui Dieu n’a pas transféré certaines caractéristiques, mais qui est parfaitement un avec Lui et L’a parfaitement révélé sur la terre : « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1:18). En même temps, qui est réellement le Fils reste aussi pour nous un mystère insondable, car « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mt 11:27).
Pour nous, les questions du verset 4 trouvent leur réponse dans le Nouveau Testament. Nous voyons qu’elles concernent Dieu et sa révélation dans le Fils. Partout où Dieu se révèle, Il le fait dans le Fils. Nous voyons aussi que le Fils est le Créateur et le soutien de toutes choses (Jn 1:1-3 ; Col 1:16 ; Héb 1:2). Tout est sous son contrôle et Il conduit la création vers le but qu’Il s’est fixé. Dieu soumettra un jour toutes choses à ses pieds (Héb 2:8) parce qu’Il a accompli l’œuvre de la rédemption.
5 - 6 Dieu se révèle dans sa Parole
5 Toute parole de Dieu est affinée ; il est un bouclier pour ceux qui s’attendent à lui. 6 N’ajoute pas à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne, et que tu ne sois trouvé menteur.
De ses questions sur Dieu concernant la création, Agur passe aux paroles de Dieu, à ce qu’Il a dit (verset 5). Dieu se révèle dans la création et Il se révèle dans sa Parole (Psa 19:2-12). Agur sait que la parole de Dieu contient les réponses aux questions qu’il vient de poser. Dieu ne peut être connu que par sa Parole, car c’est en elle qu’Il se révèle pleinement, tandis que dans la création, Il ne montre que sa puissance éternelle et sa divinité (Rom 1:20).
Agur n’a aucun doute sur quoi que ce soit de ce que Dieu a dit. « Toute parole » que Dieu a prononcée, sans exception, « est affinée », c’est-à-dire pure, sans tache (Psa 12:7). Affiné signifie qu’il a résisté à toutes les épreuves du feu et que sa pureté immaculée a été démontrée. La preuve en a été faite et elle est irréfutable. Cela signifie aussi que toute la parole de Dieu est fidèle. Rien en elle n’est trompeur ou faux, qu’il s’agisse d’histoire, de commandements, de promesses ou de menaces.
La deuxième moitié du verset montre l’énorme valeur de la Parole pour notre vie quotidienne. Tous ceux qui sont convaincus de la valeur de la Parole « s’attendent à lui ». Nous voyons ici l’identification de la Parole avec la personne du Fils. Nous voyons aussi cette identification en Hébreux 4, où nous lisons qu’aucune créature n’est invisible à la parole de Dieu (Héb 4:12-13). Pour ceux qui s’attendent à Lui c’est-à-dire à Dieu, la Parole est un bouclier. Lorsque nous sommes testés dans notre foi, la parole de Dieu et ses promesses s’avèrent être un bouclier et une protection. Il est sûr de s’attendre à Lui, ce que nous faisons lorsque nous lisons et gardons sa Parole (Psa 18:31).
La confiance dont il est question au verset 5 est suivie d’un avertissement au verset 6 de ne rien ajouter aux paroles de Dieu (Deu 4:2 ; 12:32 ; Apo 22:18-19). Cette tendance est trop souvent présente. Il n’est pas nécessaire de vérifier si la Parole contient des erreurs ou si elle est complète. Elle est sans erreur et complète. Ce qui a été prouvé pur devient impur par un ajout.
Celui qui ajoute est présomptueux et s’attribue la divinité. Tout ajout d’éléments étrangers la rend impure. Celui qui agit ainsi prouve qu’il est un menteur, quelqu’un qui n’est pas dans la vérité. Nous voyons par exemple que les ajouts, tels que les écrits humains sur la Bible, acquièrent dans la pratique la même autorité que l’Écriture, voire prévalent sur l’interprétation de la Bible. La théorie (théiste) de l’évolution en est un exemple.
7 - 9 La prière d’Agur
7 Je te demanderai deux choses ; ne me les refuse pas, avant que je meure : 8 Éloigne de moi la vanité et la parole de mensonge ; ne me donne ni pauvreté ni richesse ; nourris-moi du pain qui m’est nécessaire, 9 de peur que je ne sois rassasié, et que je ne te renie et ne dise : Qui est l’Éternel ? et de peur que je ne sois appauvri, et que je ne dérobe, et que je ne parjure le nom de mon Dieu.
Après la révélation de Dieu dans la création (verset 4) et sa Parole (versets 5-6) vient la prière (verset 7). La Parole et la prière vont toujours de pair. Agur a exprimé sa confiance absolue en la parole de Dieu. Maintenant, il s’adresse à Dieu dans la prière. Il vit avec le Dieu en qui il a confiance et auprès duquel il se réfugie. Par sa prière, il prend la position de quelqu’un qui dépend de Dieu. Il n’a pas confiance en lui-même, mais toute sa confiance est en Dieu. C’est dans cette confiance qu’il prononce une prière courte et puissante.
Il demanderai « deux choses ». Il va te dire lesquelles, mais avant, il demande à Dieu de ne pas les lui refuser ‘avant qu’il ne meure’. « Avant que je meure », veut dire ‘tant que je vis’. En disant cela, Agur montre qu’il vit en ayant conscience que la vie sur la terre est finie, et aussi qu’il faut faire preuve de patience jusqu’à la fin. La pensée de la mort implique aussi qu’il est conscient du fait qu’il devra rendre compte des choses qu’il a faites dans sa vie. Agur veut vivre pour la gloire de Dieu et ne pas être condamné par Lui.
Ce qu’Agur dit aux versets 8-9 révèle une grande connaissance de soi. Il est conscient des dangers du péché. Il reconnaît tout d’abord le danger de la « vanité » dans son cœur et de « la parole de mensonge » dans sa bouche (verset 8a). Il s’agit ici de la disposition, de l’intérieur, des motivations. Il s’agit du péché et du mensonge qui permet au péché de s’exprimer, de la vanité dans la pensée et du mensonge dans la parole.
Il prie Dieu d’éloigné cela de lui. Au verset 6, il a recommandé à ses enfants ou à ses élèves, Ithiel et Ucal, de ne rien ajouter à la parole de Dieu, afin qu’ils ne se révèlent pas menteurs. Maintenant, il reconnaît lui-même sa faiblesse et sa tendance à pécher et demande à Dieu de ne l’exposer pas à la tentation, mais de le délivrer du mal et de ses influences (Mt 6:13). Celui qui met les autres en garde doit prier pour être lui-même délivré du mal contre lequel il met les autres en garde.
Agur reconnaît que seule la grâce de Dieu peut le garder de cela. Il sait qu’il est capable de mensonge et qu’il n’a pas en lui-même la force de s’y opposer. Mais cette force est présente en Dieu. Il trouve ainsi la paix en Dieu face à ces dangers.
Il existe aussi d’autres dangers, des dangers qui résident davantage dans les circonstances et qui peuvent mettre en péril les motivations ou le caractère (verset 8b). Il souhaite l’équilibre dans ses conditions matérielles. Il ne recherche pas de grandes choses dans la vie. Concrètement, il demande à Dieu de ne lui donner ni pauvreté ni richesse. Ce qu’il souhaite, c’est que Dieu le nourrisse « du pain qui m’est nécessaire ».
Nourrir avec ce qui est nécessaire, c’est le pain quotidien. Cela correspond à ce que le Seigneur Jésus a enseigné à ses disciples à prier : « Donne-nous aujourd’hui le pain qu’il nous faut » (Mt 6:11). Plus, c’est la richesse, moins, c’est la pauvreté (cf. 1Tim 6:8). Agur ne se préoccupe pas de la pauvreté ou de la richesse en soi, car Dieu peut rendre riche ou pauvre, mais de ce qui va avec, de ce à quoi cela peut conduire. Il en parle au verset 9.
Agur aspire à la vie la plus heureuse. La pauvreté et la richesse ont toutes deux leurs dangers. Il veut être libéré des soucis liés à la pauvreté et ne pas être vulnérable aux tentations liées à la richesse. Il considère que se préserver de ces deux dangers est la meilleure façon de servir Dieu.
Il ne donne pas de prescription, comme si c’était la seule façon d’être heureux et de servir Dieu. Dieu peut rendre quelqu’un riche. Alors, cette personne peut servir Dieu avec sa richesse. Si Dieu rend quelqu’un pauvre, il peut compter sur Dieu dans sa situation. Paul a appris dans sa vie à faire face aux deux situations (Php 4:12).
Au verset 9, il dit quels sont les dangers de la richesse et de la pauvreté. S’il tombait dans l’un ou l’autre de ces dangers, cela pourrait le conduire au péché. Sa vie ne porterait alors plus de fruit pour Dieu. Il ressemblerait alors à la semence semée parmi les épines, dont parle le Seigneur Jésus dans la parabole du semeur : « Celui qui a été semé dans les épines, c’est celui qui entend la Parole ; mais les soucis de ce monde et la tromperie des richesses étouffent la Parole, et il est sans fruit » (Mt 13:22). Nous retrouvons « la tromperie des richesses » dans « rassasié », et « les soucis ce monde » dans « appauvri ».
Agur reconnaît qu’il court le danger de devenir indépendant de Dieu, de ne plus avoir besoin de Lui et, par conséquent, de Le renier s’il a trop (Deu 8:11-14). Il agirait alors comme un incrédule rebelle tel que le Pharaon, qui disait aussi : « Qui est l’Éternel ? » (Exo 5:2). La question provocante « Qui est l’Éternel ? » implique que quelqu’un ne se sent pas obligé envers Lui, qu’il peut vivre sans Lui et se suffit à lui-même. Le désir d’Agur de ne pas avoir trop est lié à sa relation avec l’Éternel. Dans sa pensée, tout tourne autour de Dieu.
Le danger lié à la pauvreté réside davantage dans le fait de faire ce qui est mal. La pauvreté comporte une grande tentation d’être malhonnête et de voler. Imagine que tu as une grande faim et que tu vois quelque chose de comestible qui appartient à quelqu’un d’autre. Tu peux aussi te dire que l’autre peut s’en passer et que tu en as besoin pour rester en vie. Peut-être est-ce même pour tes enfants qui souffrent de la faim. Dans ce cas, cela semble tout à fait justifié. Mais voler n’est jamais justifiable, même si on peut comprendre que quelqu’un le fasse parce qu’il a faim (Pro 6:30-31).
Pourquoi Agur a-t-il peur de voler ? Parce qu’il risque d’aller en prison ? Non, il a peur de voler parce que cela outragerait le nom de Dieu. Agur était connu pour être un croyant fidèle et craignant Dieu. Quel opprobre jetterait-il sur le nom de Dieu s’il volait ? Il appelle Dieu expressément « mon Dieu », ce qui indique qu’il vit une relation personnelle et vivante avec Lui. C’est pourquoi il ne peut supporter l’idée d’outrager sa confession de ce nom par un acte pécheresse. C’est pourquoi il demande à Dieu de ne pas le mettre dans une telle situation de pauvreté. Tout comme dans le cas du danger de la richesse, nous voyons que dans le cas du danger de la pauvreté, ses pensées tournent autour de Dieu.
Agur est l’un des rares exemples de personnes qui connaissent leur faiblesse et la confessent ouvertement. Il déclare qu’il ne se fait pas confiance. Nous sommes bien capables de parler en termes généraux et de dire que l’homme n’est pas digne de confiance, mais c’est autre chose que de dire : ‘Je ne me fais pas confiance.’ Agur ne se faisait pas confiance, mais il avait confiance en Dieu.
Nous avons vu qu’Agur reconnaît sa propre ignorance (versets 2-3) et qu’il fait appel à la parole de Dieu pour sa sécurité dans la vie (versets 5-6). Nous avons aussi vu qu’il prie Dieu de le délivrer de la tentation (versets 7-9). Il a parlé de son ignorance, mais son recours à la parole de Dieu et sa prière témoignent d’une grande sagesse et d’une grande connaissance. En cela, il est beaucoup plus sage et a beaucoup plus de connaissance que l’homme en général. Il reconnaît le danger de la pauvreté et connaît les graves dangers de la richesse, à laquelle l’homme se fie si facilement et qui lui fait oublier qu’il doit tout à Dieu.
Cette prière rappelle celle de Jahbets (1Chr 4:10), mais en sens inverse. Peut-être devons-nous admettre que nous sommes plus enclins à prier comme Jahbets que comme Agur.
10 N’accuse pas un serviteur auprès de son maître
10 N’accuse pas un serviteur auprès de son maître, de peur qu’il ne te maudisse, et que tu n’en portes la peine.
Il ne faut pas alourdir encore davantage la vie d’une personne qui n’a déjà aucun privilège, un serviteur, en l’accusant auprès de son maître de choses qu’il n’a pas faites, dans l’espoir qu’il subisse un sort encore plus dur. Le maître ne remerciera pas non plus celui qui a agi ainsi. Il rendra le mal pour le mal à celui qui a tenté de faire le mal. Il le fera retomber sur sa propre tête sous la forme d’une malédiction et qu’il en portes la peine.
Dans son application spirituelle, ce verset est lié à la prière d’Agur. Il a prié pour lui-même sans accuser devant Dieu ceux qui ne sont pas comme lui. Il ne lui appartient pas de juger la relation d’autrui avec son Seigneur. Paul rappelle aux croyants de Rome la relation personnelle que chacun a avec le Seigneur (Rom 14:4). Juger le serviteur d’un autre, c’est empiéter sur les droits de son maître, ce qui pour nous signifie : les droits exclusifs du Seigneur Jésus. Nous n’avons pas besoin d’accuser les autres serviteurs auprès du Seigneur Jésus (cf. Phm 1:10-11 ; cf. Deu 23:15-16).
11 - 14 Quatre générations apostates
11 Il est une génération qui maudit son père et qui ne bénit pas sa mère, 12 une génération pure à ses propres yeux et qui n’est pas lavée de son ordure, 13 une génération,… que ses yeux sont hautains, et ses paupières élevées ! 14 – une génération dont les dents sont des épées et les molaires des couteaux, pour dévorer et faire disparaître de la terre les affligés, et d’entre les hommes les pauvres.
Agur donne six fois une énumération de quatre choses aux versets 11-31. Il décrit ainsi le monde tel qu’il fonctionne après la chute. Il commence par quatre générations qui ont les caractéristiques du diable, leur père. Chaque verset des versets 11-14 commence par le mot hébreu ‘dor’, qui signifie « génération », une classe de personnes caractérisées par certains traits de caractère.
Agur observe les traits de caractère caractéristiques des personnes qui l’entourent. Les générations ne sont pas des générations successives. Elles peuvent, pour ainsi dire, se dérouler dans la vie d’un seul homme. Dans les quatre générations qu’il décrit, nous voyons une augmentation progressive de la dépravation. Cela va de mal en pis :
1. Rébellion contre l’autorité, manque de respect envers les parents (verset 11).
2. Aveuglement quant à leur véritable état moral et à leur vie pécheresse (verset 12).
3. Arrogance et orgueil (verset 13).
4. Agressivité et oppression des pauvres (verset 14).
La première caractéristique d’une génération qui ne reconnaît pas Dieu est le rejet méprisable de l’autorité parentale (verset 11). Ce sont des gens qui ne craignent pas Dieu et ne se soucient pas de l’autorité qu’Il a donnée. Au contraire, ils la maudissent. Ils n’ont pas d’amour naturel pour leurs parents, ils ne leur témoignent aucun respect.
Ils maudissent leur père qui les a engendrés. Leur mère, qui les a portés et élevés avec tendresse, n’obtient d’eux aucun mot de reconnaissance. « Ne bénit pas » est une expression atténuée qui signifie aussi ‘maudit’. L’une des caractéristiques des derniers jours est que les enfants désobéissent à leurs parents (2Tim 3:1-5). Nous en voyons l’actualité autour de nous.
Le péché commence dans la famille, dans l’attitude envers les parents. Le début de toute déviation est le rejet de l’autorité de Dieu dans les relations familiales. Nous recevons le commandement d’honorer nos parents parce qu’ils ont été les instruments de Dieu pour nous créer. Sans eux, nous n’existerions pas. Ne pas reconnaître que nous devons notre vie à nos parents et que nous sommes donc tenus de les honorer, signifie que nous ne reconnaissons pas Dieu comme notre Créateur, que nous sommes tenus de louer. Dans notre monde rempli de familles désunies et brisées, ce proverbe sonne comme une condamnation destructrice.
Une génération qui a renoncé à l’autorité de Dieu par l’intermédiaire des parents se considère comme pure (verset 12). C’est la deuxième caractéristique d’une génération qui ne reconnaît pas Dieu. La cause en est que ces gens n’ont pas été lavés de leur ordure. Cela signifie qu’ils considèrent leur ordure comme une pureté. Quelle génération sotte et aveugle ! Le mot « ordure » fait souvent référence à l’impureté physique, mais ici, il s’agit d’une souillure morale (cf. Zac 3:3-4). Cette ordure n’est pas physique et ne peut être lavée par aucun moyen humain (Job 9:30-31 ; Jér 2:22). L’ordure du péché ne peut être lavée que par le sang de l’Agneau, par le nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de Dieu (Apo 7:14 ; 1Cor 6:11).
Ces gens se vantent d’observer les rituels religieux extérieurs, mais ils ne prêtent aucune attention à leur purification intérieure (Lc 11:39). Ils s’affairent à avoir une apparence pure, mais ils sont aveugles à leur intérieur corrompu. Tout le monde voit l’ordure sauf eux-mêmes. Ils sont purs à leurs propres yeux et complètement aveugles à leurs défauts (Lc 18:11), mais Dieu voit l’ordure à l’extérieur et à l’intérieur.
C’est la génération qui prétend que l’ordure n’est plus l’ordure, mais pureté. La promotion, la proclamation et l’acceptation ouvertes des expressions et des relations homosexuelles, comme par le biais de la Gay Pride, en sont l’un des exemples les plus évidents. Si Dieu et sa Parole ont disparu parce qu’ils sont rejeté, la norme à laquelle tout doit être mesuré disparaît. Nous devons avoir l’original pour voir les anomalies. Seul le Saint Esprit peut nous convaincre de péché.
Celui qui est pur à ses propres yeux (verset 12) méprise les autres (verset 13), troisième caractéristique de cette génération. Cette génération respire la fierté, l’arrogance et l’insolence. Les gens de cette génération regardent leur prochain avec mépris, tout en se pavanant comme des paons. Ils pensent voler la vedette, alors qu’ils se rendent méprisables aux yeux de Dieu. C’est une génération d’orgueilleux qui déversent leur mépris sur tous ceux qui leur résistent (cf. Psa 131:1).
La quatrième et dernière caractéristique des gens de cette génération est la cruauté (verset 14). Les images de la première moitié du verset symbolisent leur cruauté prédatrice. Leurs dents sont comme des épées et leurs molaires comme des couteaux. La deuxième partie du verset montre qui sont leurs victimes. Comme une bête vorace et insensible, ils ouvrent leur gueule déchirante « pour dévorer et faire disparaître de la terre les affligés, et d’entre les hommes les pauvres » (Am 8:4). Ceux qui exploitent et détruisent les autres sont semblables à des bêtes.
C’est une génération sans compassion. La tolérance tant vantée et glorifiée par ces gens n’est qu’un vernis. Ils ne la réclament que pour eux-mêmes. Tout le monde doit les accepter, mais eux-mêmes n’acceptent aucune opinion différente. Il n’y a pas la moindre trace de miséricorde en eux, mais seulement une brutalité déchirante. Nous le voyons dans le meurtre des enfants dans le ventre de leur mère et dans le meurtre par euthanasie des personnes âgées ou de ceux qui souffrent ‘de manière insupportable et sans issue’.
L’homme pense, à cause de sa foi en la théorie de l’évolution, qu’il est une bête plus évoluée. En réalité, il s’enfonce de plus en plus profondément et sombre dans un comportement qui n’est comparable qu’à celui des bêtes les plus cruelles. Il montre les traits de caractère d’une bête déchiqueteuse. Il surpasse même cette bête en cruauté, car il agit consciemment et justifie son comportement violent et cruel en prétendant qu’il est en fait bénéfique d’agir ainsi. C’est la forme la plus profonde de la dépravation. L’image de l’homme comme image du Créateur qui donne et maintient la vie a complètement disparu ici. Toute relation avec Lui est rompue. L’homme est devenue une bête prédatrice dont le modèle est Satan, qui est un meurtrier depuis le commencement.
15 - 16 Quatre choses insatiables
15 La sangsue a deux filles : Donne ! donne ! Il y a trois choses qui sont insatiables, quatre qui ne disent pas : C’est assez ! … 16 le shéol, et le ventre de la femme stérile, la terre qui n’est pas rassasiée d’eau, et le feu, qui ne dit pas : C’est assez !
Les quatre générations mentionnées ci-dessus (versets 11-14) sont les sangsues du verset 15. La sangsue est le symbole de la cupidité. Elle suce le sang à l’aide de ses ventouses situées aux deux extrémités de son corps. Agur mentionne ici les « deux filles », l’une nommée « Donne » et l’autre aussi nommée « Donne ». Le nom « Donne » est un ‘nom de marque’ que tu peux coller sur toute forme de cupidité. Il ne s’agit jamais d’autre chose que de la satisfaction d’un désir qui, en réalité, ne sera jamais satisfait. Le désir d’avoir plus ou autre chose persiste toujours.
Satan est la grande sangsue. Il aspire la vie des hommes. Les instruments qu’il utilise pour cela sont les « deux filles » qui sont aussi des sangsues. L’expression « trois, ... quatre » (versets 18,21,29) est une expression hébraïque qui indique qu’il ne s’agit pas d’un événement fortuit, mais de quelque chose qui se produit plus souvent.
Les « trois choses » sont Satan et ses ‘filles’. Cela peut s’appliquer aux désirs pécheresses d’un être humain, car celles-ci ne disent jamais « c’est assez ». Satan et ses filles sont des sangsues insatiables. Pour illustrer la nature obscure des désirs pécheresses et insatiables de l’homme, Agur utilise « quatre » exemples. Il est question de deux filles, de trois choses insatiables et de quatre choses qui ne disent jamais « c’est assez ».
Le premier exemple de ce qui est insatiable est « le shéol » [expression qui désigne de manière très vague le séjour des âmes séparées du corps] (verset 16 ; Hab 2:5). Le shéol est comme une maison qui est toujours ouverte et où il y a toujours de la place quand quelqu’un meurt. Depuis la chute, d’innombrables personnes nous ont précédés. Jamais la porte ne se fermera avec une pancarte indiquant ‘Plein’. La porte de cette maison ne se fermera que lorsque l’éternité viendra et que la mort et le hadès, c’est-à-dire le séjour de ceux qui sont morts incrédules, seront jetés dans l’étang de feu (Apo 20:14). Ce n’est pas parce que le shéol est plein, mais parce qu’il n’y a plus personne à y jeter.
Le deuxième exemple est « le ventre de la femme stérile ». Le ventre de la femme reçoit toujours la semence, mais la femme n’obtient jamais la satisfaction à laquelle elle aspire : donner la vie à un enfant (Gen 30:1 ; 1Sam 1:8). Le ventre de la femme est ainsi assimilé au shéol.
Le troisième exemple est une terre aride. Cette « terre qui n’est pas rassasiée d’eau », absorbera l’eau avec la plus grande avidité et ne dira jamais que c’est assez (cf. Psa 63:1-2). L’eau répandue est un symbole de l’effusion de la vie, qui ne cesse jamais (2Sam 14:14). C’est pourquoi cet exemple peut aussi être associé à la mort.
Le quatrième exemple est « le feu ». Le feu n’est jamais rassasié de ce qu’il peut consumer. Il dévore tout ce qui se trouve sur son chemin et continue ainsi de manière insatiable tant qu’il y a quelque chose de combustible. Tout ce qui y est jeté est aussi dévoré par les flammes. Les flammes n’atteignent jamais un point où elles rendent ce qui a été jeté parce qu’elles en auraient assez. Cela fait penser à l’enfer, au feu éternel, un feu qui ne s’éteint jamais, qui continue de brûler pour toujours et qui n’est jamais rassasié.
Seul le Créateur peut satisfaire les désirs les plus profonds de l’homme, c’est-à-dire une vie en communion avec Lui. Lui seul peut combler le vide du cœur qu’Il a créé en satisfaisant le désir qu’il a pour Lui.
17 Se moquer du père et mépriser la mère
17 L’œil qui se moque d’un père et qui méprise l’obéissance envers la mère, les corbeaux du torrent le crèveront et les petits de l’aigle le dévoreront.
C’est possible, que celui qui est insatiable tombe dans le péché le plus grave, celui de se moquer et de mépriser les parents. Comme si c’était leur faute si ses désirs insatiables n’étaient pas satisfaits. Agur revient ainsi à la première caractéristique de la génération au milieu de laquelle il vit (verset 11). Il parle ici de « l’œil qui se moque d’un père ». L’œil révèle l’attitude intérieure du cœur, et cet œil est plein de mépris. Le mépris est profond. Cela ressort aussi du mépris envers « l’obéissance envers la mère ». Dieu observe avec quels yeux un enfant regarde ses parents.
La punition est proportionnelle au péché. L’œil qui exprime si clairement la moquerie et le mépris sera d’abord crevé par « les corbeaux du torrent ». Ensuite, il sera dévoré par « les petits de l’aigle ». Nous pouvons prendre au pied de la lettre le fait de crever et de dévorer l’œil. Cela fait référence à une mort prématurée, après laquelle le corps n’est pas enterré, mais livré aux oiseaux de proie. Dieu veille à ce que ces oiseaux se jettent sur les yeux de ce pécheur. Ce jugement confirme également qu’une telle personne est aveugle à Dieu en tant que Créateur. Cette punition sévère est infligée à celui qui regarde ses parents avec mépris et dédain.
18 - 20 Quatre choses insondables
18 Trois choses sont trop merveilleuses pour moi, et il en est quatre que je ne puis connaître : 19 le chemin de l’aigle dans les cieux, le chemin du serpent sur le rocher, le chemin d’un navire au cœur de la mer, et le chemin de l’homme vers la jeune fille. 20 Tel est le chemin de la femme adultère : elle mange et s’essuie la bouche, et dit : Je n’ai pas commis d’iniquité.
Agur observe maintenant la nature, dans laquelle beaucoup de choses sont magnifiques et en même temps « trop merveilleuses », c’est-à-dire incompréhensibles (verset 18). Il est question quatre fois du « chemin de » pour illustrer les voies que Dieu emprunte dans la création et avec les hommes (Rom 11:33b). Agur cite quelques exemples comme une sélection. Nous savons que Dieu n’inscrit dans sa Parole que ce qui est important pour nous. Nous pouvons donc nous attendre à tirer des leçons de ces exemples. Non pas que ces leçons nous apparaissent toujours clairement, mais c’est là une caractéristique du livre des Proverbes. Nous devons réfléchir aux choses, aussi à celles dont nous devons dire « elles sont trop merveilleuses pour moi » et dont nous devons reconnaître « je ne puis connaître ».
Il n’est pas facile de découvrir ce que les quatre choses ont en commun (verset 19). Elles sont reliées entre elles par l’utilisation du mot « chemin » et aussi par un sentiment de mystère et d’insondabilité. Elles empruntent toutes les quatre un chemin qui ne peut être vérifier. Une fois qu’elles se sont manifestées, elles disparaissent sans laisser de trace. Parmi les domaines où elles se manifestent, trois sont géographiques (les cieux, la terre et la mer) et un est social (la relation conjugale). Les trois premiers servent d’illustration au quatrième. Le quatrième est aussi la plus grande merveille.
Lorsque nous observons « le chemin de l’aigle dans les cieux », nous sommes impressionnés. Nous ne pouvons pas savoir à l’avance quel chemin il va emprunter. Et une fois qu’il l’a emprunté, nous n’en voyons plus aucune trace. Il en est de même pour « le chemin du serpent sur le rocher ». Nous pouvons observer les mouvements rapides et précis d’un reptile sans pattes, mais nous ne pouvons pas prédire le chemin qu’il empruntera sur le rocher. S’il se glisse dans une crevasse, il ne laissera aucune trace du chemin qu’il a parcouru.
« Le chemin d’un navire au cœur de la mer » est tout aussi imprévisible. Il n’y a pas de chemin tracé qui permette de prédire la route que le navire va suivre. Une fois qu’il est passé et que l’eau derrière lui s’est calmée, il n’y a plus aucune trace de la route qu’il a suivie. Les mouvements de ces trois éléments sont magnifiques à voir. Ils attirent notre attention sur les mouvements majestueux et mystérieux dans les cieux, sur la terre et sur la mer.
Après avoir abordé les domaines des cieux, de la terre et de la mer, notre attention est attirée sur « le chemin de l’homme vers la jeune fille ». Il s’agit ici de la merveille de l’attirance entre un homme et une femme et de l’union dans la relation sexuelle. La manière dont un homme tombe amoureux d’une fille est une merveille qui ne peut être décrit à l’avance. Lorsque le moment est venu où il cherche à entrer en contact avec la fille, il est impossible de prédire comment cela va se passer. « Le chemin de l’homme vers la jeune fille » concerne peut-être avant tout la partie la plus intime de la relation conjugale. Celle-ci est totalement fermée à toute observation. C’est le secret entre deux personnes, dont personne d’autre n’a connaissance.
Nous pouvons encore faire une application spirituelle des quatre ‘chemins’ décrits ici. Le chemin de l’aigle dans les cieux peut être associé à la venue du Fils de Dieu du ciel pour faire connaître le Père sur la terre. Il renvoie aussi à son chemin de retour au ciel. Cela est incompréhensible pour l’homme naturel (Jn 6:60-63).
Le chemin du serpent sur le rocher est aussi incompréhensible. Quel est le chemin que le serpent, le diable (Apo 12:9), a choisi pour pénétrer dans la création qui a été créée par le Dieu juste, qui est le Rocher et exempt d’iniquité (Deu 32:4) ? Et quel est le chemin que le serpent suit continuellement et sur lequel il se déplace dans la création de Dieu ? Comment est-il possible que le méchant puisse continuellement venir en présence de Dieu pour accuser les frères (Apo 12:10 ; cf. Job 1:6-12 ; 2:1-6) ? Nous voyons aussi le chemin du serpent sur le rocher dans les tentatives de Satan pour tenter le Seigneur Jésus, le Rocher (1Cor 10:4 ; Mt 4:1-11). Il n’a laissé aucune trace en Christ, car il n’a rien en Lui (Jn 14:30).
Dans le navire au cœur de la mer, nous pouvons voir l’église au milieu des peuples du monde. L’église a maintenant navigué pendant 2000 ans à travers la mer des peuples (Ésa 17:12-13). Pendant toutes ces années, le méchant a essayé de détruire l’église, de la faire naufrager. Mais elle a été préservée de manière inimaginable pour nous (Mt 16:18), car Dieu la conduit. Le chemin de Dieu avec son église est dans la mer (cf. Psa 77:20-21).
Le chemin d’un homme vers une jeune fille nous conduit au chemin du Seigneur Jésus vers son église. Le chemin qu’Il a parcouru pour la posséder est incompréhensible. Comment a-t-Il conquis nos cœurs, comment avons-nous reçu la nouvelle vie ? Nous ne pouvons pas le comprendre (Jn 3:8), nous ne pouvons que le constater. Son amour pour nous L’a conduit à la plus grande souffrance, aux angoisses de Gethsémané et aux horreurs de la croix, surtout pendant les trois heures d’obscurité, lorsqu’Il a été fait péché et que son Dieu a dû L’abandonner. Nous ne pouvons que L’adorer pour cela.
Nous ne pouvons pas non plus comprendre la manière dont Il est constamment à l’œuvre avec et pour son église. Nous savons qu’Il le fait par sa Parole (Éph 5:25-27), mais pas d’une manière perceptible pour nous. Peut-être nous le dira-t-Il et nous le montrera-t-Il quand nous serons auprès de Lui. Alors nous connaîtrons comme nous sommes connus (1Cor 13:12).
Le verset 20 décrit encore un autre chemin. Ce chemin contraste fortement avec le chemin de l’amour du verset précédent. C’est « le chemin de la femme adultère ». Elle ne laisse aucune trace de son infidélité. Nous retrouvons ici l’opposition qui traverse tout le livre des Proverbes, l’opposition entre la sagesse et la folie, entre la femme fidèle et la femme infidèle. Nous retrouvons aussi cette opposition dans l’Apocalypse, entre la femme de l’Agneau, l’église, et Babylone la grande, la grande prostituée, la mère des prostituées (Apo 17:1-6 ; 19:1-8).
Ce dernier point indique que nous pouvons aussi appliquer ce verset spirituellement. Le verset illustre que l’amour que Christ a révélé pour l’église est répondu par l’infidélité de l’église. Nous voyons que la chrétienté devient de plus en plus clairement infidèle à Celui qu’elle professe être son Seigneur, et cela de manière alarmante. Elle s’unit de la manière la plus intime au monde en adoptant toutes sortes de méthodes mondaines et en adaptant la parole de Dieu à la vision de l’homme moderne.
Le fait que ce verset soit placé immédiatement après le verset 19 soutient l’idée que le verset précédent fait référence à l’intimité sexuelle dans le mariage. Les images d’elle qui mange et s’essuie la bouche sont une allusion voilée à l’activité sexuelle (cf. Pro 9:17). Ce qu’elle fait dans son infidélité n’est pour elle rien de plus qu’un repas. Elle efface toutes les traces du péché qu’elle a commis et reprend ses activités quotidiennes comme si de rien n’était.
Il est stupéfiant que les gens puissent pécher et ensuite se débarrasser si facilement de tout sentiment de culpabilité ou de responsabilité. Cela n’est possible que parce qu’il existe une indifférence endurcie à l’égard de la volonté de l’Éternel en matière de sexualité.
21 - 23 Quatre choses insupportables
21 Sous trois choses la terre tremble, et sous quatre elle n’en peut plus : 22 sous le serviteur quand il règne, et l’homme vil quand il est rassasié de pain ; 23 sous la femme odieuse quand elle se marie, et la servante quand elle hérite de sa maîtresse.
Le point commun aux versets 21-23 est ce qui est insupportable. Agur en donne quatre exemples, répartis équitablement entre les deux sexes. Chaque exemple montre l’abus de pouvoir et de prospérité acquis par des personnes qui occupent ou obtiennent une position qui ne leur convient pas. Elles vont à l’encontre de l’ordre établi par Dieu. Lorsque l’ordre de Dieu est renversé, cela provoque un tremblement de terre (verset 21). La terre ne peut le supporter. Cela rend toute la société instable. Le maintien de l’ordre de Dieu apporte la stabilité et la paix. C’est ainsi qu’Il veut que tout se passe dans l’église « avec bienséance et avec ordre », c’est-à-dire avec son ordre (1Cor 14:40).
Le premier exemple est « le serviteur quand il règne » (verset 22a). Un serviteur n’a pas sa place au pouvoir. S’il l’obtient malgré tout, c’est le chaos dans le pays, car il n’en a tout simplement pas les capacités. Celui qui est soudainement élevé en dignité devient insupportable. Tout commence à trembler, car il n’y a plus de gouvernement clair. Un tel changement ébranle l’ordre de la vie. Dans l’église aussi, tout tremble quand quelqu’un qui devrait servir commence à régner (3Jn 1:9-10).
Le deuxième exemple est « l’homme ignoble quand il est rassasié de pain » (verset 22b). Il s’agit d’un homme paresseux. L’homme ignoble ou paresseux exclut Dieu par définition. C’est ce qui fait de lui un homme ignoble ou paresseux. Nourrir un tel homme jusqu’à ce qu’il soit complètement rassasié, c’est bouleverser l’ordre de Dieu. Celui qui ne veut pas travailler ne mangera pas non plus (2Th 3:10). Si nous nourrissons un tel homme, il aura non seulement le ventre plein, mais aussi un sentiment d’arrogance. Comme il est rassasié, il ne pense pas à se mettre au travail. Il passe son temps à annoncer et à accomplir des folies. Avec un tel homme, le chaos ne fait que s’aggraver.
La troisième personne qui fait trembler la terre est « la femme odieuse [ou : haïe] quand elle se marie » (verset 23a). Une femme odieuse signifie une femme qui n’a rien d’attrayant, qui a un mauvais caractère. Cela apparaît dès qu’elle est mariée. Elle prend alors les rênes de la famille. Elle n’utilise pas son pouvoir pour le bien, mais pour le mal. Les relations familiales sont perturbées. La terre en tremble.
La quatrième personne est « la servante quand elle hérite de sa maîtresse » (verset 23b). Elle est comparable au serviteur quand il règne au verset 22a. Les biens hérités lui procurent soudainement une vie complètement différente. Elle était une servante, mais grâce à cet héritage, elle se sent soudainement maîtresse. Au lieu d’obéir, elle donne désormais des ordres. Cela est insupportable pour ceux qui servaient autrefois sa maîtresse avec elle.
24 - 28 Quatre petits choses sages
24 Il y a quatre choses petites sur la terre, qui sont sages entre les sages : 25 les fourmis, peuple sans force, et qui préparent en été leurs vivres ; 26 les damans, peuple sans puissance, et qui ont placé leurs maisons dans le rocher ; 27 les sauterelles n’ont pas de roi, mais elles sortent toutes par bandes ; 28 tu saisis le lézard avec les mains, et il est dans les palais des rois.
Ce que les « quatre » qui sont les « choses petites sur la terre » ont en commun, c’est la sagesse (verset 24). Les quatre choses petits, les quatre animaux mentionnés par Agur, savent comment faire face à leurs handicaps ou limitations naturels pour survivre. Cet instinct a été insufflé à ces animaux par le Créateur. Il les a rendus « sages entre les sages ». Que sa sagesse est grande ! L’homme est naturellement enclin à admirer ce qui est grand, fort et impressionnant. Nous voyons ici que ce n’est pas le cas pour Dieu, pas même dans la création. Nous ne devons pas mépriser les choses faibles de la création, mais en tirer des leçons. La sagesse de Dieu se manifeste de différentes manières dans la création. Les hommes peuvent ainsi apprendre la valeur de la sagesse (Job 12:7).
Ces petits animaux sont « sans force » (verset 25), « sans puissance » (verset 26), sans « roi » (verset 27) et sans défense (verset 28). Il en est de même pour l’église dans le monde. L’église est faible, mais toute la sagesse est à sa disposition en Christ (1Cor 1:26-29,30).
La sagesse dont font preuve « les fourmis » concerne leur prévoyance et leur capacité d’organisation pour constituer des réserves alimentaires pour plus tard (verset 25). Le fait que les fourmis soient un peuple sans force n’est pas une excuse pour elles d’être paresseuses. Elles savent comment survivre physiquement à l’avenir. Elles s’affairent avec zèle à préparer leurs vivres en été afin d’avoir à manger en hiver.
Elles nous enseignent que nous devons vivre tournés vers l’avenir (Pro 6:6). Tout comme les fourmis rassemblent de la nourriture en vue de leurs besoins futurs, nous devons lire la parole de Dieu, qui est notre nourriture spirituelle, non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour l’avenir. Ainsi, le Saint Esprit pourra en utiliser à un moment donné ce qui est nécessaire.
Le riche sot avait aussi amassé beaucoup de biens pour de nombreuses années, mais sur la terre. Il n’a jamais vu les années futures pour lesquelles il avait tant amassé, car son avenir se limitait à la terre (Lc 12:16-21).
Nous voyons la sagesse des « damans des rochers » dans leur ingéniosité à trouver un lieu sûr pour placer leurs maisons (verset 26). Ils savent comment survivre dans un environnement hostile (Psa 104:18b). Ils cherchent leur sécurité dans le rocher. Leur condition est extrêmement faible, mais leur position est très forte. Cela nous enseigne que notre conscience de faiblesse et d’impuissance doit nous conduire vers le rocher, qui est le Christ (1Cor 10:4), pour y placer notre maison (Mt 7:24-25).
La sagesse des « sauterelles » réside dans la coopération ordonnée qui leur permet de se déplacer comme une division militaire massive (verset 27). Ils ont la capacité de s’organiser, ils ont un talent remarquable pour l’organisation. Il y a une unité et un ordre spontanés. Ils n’ont pas de roi ni de reine comme les abeilles, mais « elles sortent toutes par bandes », comme une armée bien organisée. Une seule sauterelle n’a aucune force, on peut l’écraser d’un coup de pied. Mais en essaims, les sauterelles sont invincibles et détruisent tout (Exo 10:13-15 ; Ésa 33:4 ; Jl 2:25 ; Apo 9:11).
Dieu a mis en eux cette capacité d’agir ensemble. La leçon pour nous est que le sentiment de faiblesse doit nous unir en tant que membres de l’église et que nous devons nous renforcer mutuellement. Nous pouvons vivre cela dans une église locale si la personne invisible, le Saint Esprit, peut la diriger. C’était le cas chez les Colossiens. Paul pouvait leur dire : « Car même si je suis absent de corps, toutefois je suis avec vous en esprit, et je me réjouis de voir votre bon ordre, et la fermeté de votre foi en Christ » (Col 2:5). Y a-t-il encore aujourd’hui des églises locales auxquelles Il peut dire cela ?
La sagesse du « lézard » est sa capacité à entrer même dans les palais des rois (verset 28). Le lézard faible et sans défense, que tu peux saisir avec les mains, sait comment entrer dans les maisons les mieux protégées, mais aussi les plus prestigieuses, comme « dans les palais du roi ».
Au cours de l’histoire de l’église, d’innombrables chrétiens ont été saisis et mis à mort sans pouvoir se défendre, mais ils ont une demeure auprès de Dieu. Ainsi, celui qui est faible sait qu’il a une place importante et sûre en Christ. Les croyants ont une dignité royale et sont « concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu » (Éph 2:19). Grâce à ses pattes ventouses, le lézard peut se déplacer sur les surfaces les plus lisses. Il y adhère pour ainsi dire. De même, la foi peut s’attacher à la demeure de Dieu.
29 - 31 Quatre ont une belle démarche
29 Il y a trois choses qui ont une belle allure, et quatre qui ont une belle démarche : 30 le lion, le fort parmi les bêtes, et qui ne se détourne devant qui que ce soit ; 31 le [cheval] aux reins sanglés ; ou le bouc ; et le roi, contre qui personne ne peut se lever.
Pour nous empêcher de penser que ce qui est petit dans les versets précédents est toujours meilleur que ce qui est grand, Agur donne quatre illustrations de créatures majestueuses. Ce sont tous des dirigeants (verset 29). Le contraste avec les quatre précédents est évident. Ce ne sont pas des créatures impuissantes dont tu peux faire ce que tu veux, mais elles impressionnent. Elles possèdent des qualités de dirigeant. La manière dont elles se déplacent a quelque chose de majestueux. Elles « ont une belle allure » et « ont une belle démarche ». Nous avons d’abord trois exemples tirés du monde animal. Ils préparent le quatrième, un roi avec ses guerriers (selon la traduction néerlandaise de la Bible). Les guerriers renforcent l’impression de majesté.
Le premier animal à l’allure royale est « le lion », le roi des animaux (verset 30). Il « ne se détourne devant qui que ce soit ». Au contraire, tout le monde s’écarte de son chemin et lui laisse la place. Sa manière de se déplacer impose le respect. Il rayonne de puissance. Il ne hâte pas ses pas pour fuir, car il ne connaît pas la peur. Par sa force et sa majesté, il illustre Christ, « le prince des rois de la terre », « le lion qui est de la tribu de Juda » (Apo 1:5 ; 5:5).
Nous voyons aussi dans « le coq élancé » (verset 31, selon la traduction néerlandaise de la Bible) une allure royale lorsqu’il parade au milieu des poules. Le coq chante quand le soleil se lève, au début d’un nouveau jour. C’est le signe d’un nouveau commencement. Nous le voyons dans le reniement du Seigneur Jésus par Pierre. Quand le coq a chanté, Pierre s’est réveillé pour ainsi dire et s’est repenti de ce qu’il avait fait (Mt 26:75). Ce fut le début du chemin du retour.
Nous pouvons donc aussi voir le coq comme un symbole annonçant la venue du Roi. Christ apparaîtra dans toute sa majesté en tant que juge pour juger le monde et établir son règne de paix.
La démarche du « bouc » est aussi majestueuse. La tête fièrement relevée, il marche devant le troupeau (Jér 50:8), il en prend la tête. Le bouc est par excellence l’animal utilisé comme sacrifice pour le péché. Il rappelle le Seigneur Jésus qui est allé à Jérusalem avec une dignité royale pour mourir en tant que sacrifice pour le péché. Il avait décidé de suivre cette voie et d’accomplir cette œuvre, et personne ne pouvait l’en empêcher (Lc 9:51). Cette œuvre est la base de son retour sur la terre, car par elle, Il a retrouvé le droit sur la création.
Christ revient sur la terre comme « le roi avec ses guerriers ». Un roi avec une armée à ses côtés fait forte impression. Personne ne peut se lever contre Lui et personne ne peut Lui résister. C’est ce qui se passera lorsque Christ reviendra en tant que Roi avec tout son peuple auprès de Lui (Apo 19:11-21). C’est le peuple qu’Il s’est sanctifié pour Lui-même, pour lequel Il s’est sacrifié. Ce peuple pourra régner avec Lui.
32 - 33 La pression produit quelque chose
32 Si tu as agi follement en t’élevant et si tu as pensé à mal, [mets] la main sur ta bouche ; 33 car la pression du lait produit le beurre, et la pression du nez fait sortir le sang, et la pression de la colère excite la querelle.
Agur ne termine pas avec la dignité présentée dans les versets précédents. Cela aurait été une belle conclusion. Il termine cependant par un avertissement qui est un dernier appel à l’humilité (versets 32-33). Les exemples aux versets 30-31 concernent les dirigeants. Un fou pourrait en tirer une mauvaise leçon et s’arroger le droit d’être un dirigeant (verset 32). C’est pourquoi l’avertissement contre l’orgueil dans le cœur (« élevant ») et contre les mauvaises pensées (« pensé à mal ») résonne.
Que celui qui vit ainsi se rende vite compte que c’est une folie, et qu’il ne doit pas exprimer ses pensées orgueilleuses (verset 32). C’est pourquoi : « [mets] la main sur ta bouche ! » (cf. Job 40:4-5). Chez Job, c’est la main sur la bouche devant Dieu. Chez Agur, c’est la main sur la bouche dans les relations entre les hommes. Il est grave d’avoir de mauvaises pensées, il est encore plus grave de les exprimer aussi. Si cela arrive, on cède à la mauvaise pensée et on influence les autres.
S’élever et avoir une pensée n’est pas encore l’acte. Pourtant, Agur dit que quelqu’un a « agi follement » quand l’orgueil et les mauvaises pensées sont présents. Les pensées sont en effet assimilées à des actes. Le Seigneur Jésus le confirme : « Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur » (Mt 5:28). C’est pourquoi il ne faut pas seulement juger et confesser les mauvaises actions, mais aussi les mauvaises motivations et les mauvaises pensées.
Au verset 33, trois comparaisons montrent ce qui arrive lorsque l’on ne met pas sa main sur sa bouche. Nous le voyons au mot « car » qui commence le verset. S’il continue à mettre en œuvre ses pensées orgueilleuses, il ne provoque que des dissensions. Dans sa direction modérée, il met les autres sous pression. Mettre la pression sur quelque chose a une conséquence.
Si l’on exerce une pression sur le lait, si on le remue vigoureusement, on obtient du beurre. La boisson saine d’origine n’est plus buvable. Si l’on exerce une pression sur le nez, si quelqu’un reçoit un coup sur le nez, du sang coule du nez. La fonction initiale du nez, qui est de percevoir les odeurs, est désactivée. Au contraire, il y a perte de sang. Le dernier exemple de pression est celui qui importe réellement. Quelqu’un peut être mis sous pression au point de se mettre en colère et de se disputer.
Ces exemples illustrent clairement le sens de ce conseil final. Agur nous exhorte à rechercher la paix et l’harmonie par une disposition d’humilité et de justice. Il termine ses proverbes par la même pensée que celle avec laquelle il a commencé.