1 La gloire ne convient pas à un sot
1 Comme la neige en été, et comme la pluie dans la moisson, ainsi la gloire ne convient pas à un sot.
Le sot dont il est question aux versets 1-12 n’est pas quelqu’un qui est mentalement dérangé, mais une personne rebelle qui renie Dieu et ne s’intéresse pas du tout à devenir sage. Il est aveugle à sa folie et ne cherche pas à s’en libérer. La crainte de l’Éternel ne l’intéresse pas du tout.
« La gloire » ne convient pas à « un sot », tout « comme la neige en été, et comme la pluie dans la moisson » ne vont pas ensemble. Un sot ne doit pas trouver la reconnaissance, ne doit pas être revêtu de pouvoir, ne doit pas obtenir une position d’influence. S’il recevait la gloire, cela ne le changerait pas, car il est et reste un sot dans ses pensées, ses paroles et ses actes.
Non seulement cela est contraire aux lois de la nature, comme la neige en été, mais cela nuit aussi à ce qui sert de nourriture, comme la pluie au moment de la moisson. L’une des choses mauvaises que Salomon a vues est « la sottise » qui est « placée dans de hautes dignités » (Ecc 10:6).
2 La malédiction sans raison n’arrivera pas
2 Comme le moineau qui va çà et là, et l’hirondelle qui vole, ainsi la malédiction sans cause n’arrivera pas.
« Le moineau qui va çà et là, et l’hirondelle qui vole » sont imprévisibles et sans but. Ils sont aussi impossibles à attraper. Il est inutile d’essayer. Il en est de même pour une malédiction prononcée sans raison par un sot. Elle n’atteint pas son but.
Seuls les sots prononcent de telles malédictions. Le sot Saül prononça une malédiction qui n’arrivait pas (1Sam 14:28,45). Le sot Goliath « maudit David par ses dieux » (1Sam 17:43-44) et fut ensuite décapité. Shimhi maudit David et fut puni pour cela (2Sam 16:5-14 ; 1Roi 2:8). Les malédictions que les ennemis de Jérémie prononcèrent contre lui se sont aussi dissipées dans le néant (Jér 15:10b).
Il convient pour le croyant de l’Ancien Testament de demander à Dieu pour le méchant qui lui fait du mal : « Il a aimé la malédiction : qu’elle vienne sur lui ! » (Psa 109:17). Si nous, croyants du Nouveau Testament, avons affaire à des gens qui nous maudissent, qui nous souhaitent du mal, nous pouvons réagir de la manière que le Seigneur Jésus nous enseigne : « Mais je vous dis, à vous qui écoutez : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ; bénissez ceux qui vous maudissent ; priez pour ceux qui vous injurient » (Lc 6:28).
3 Un sot ressemble à une bête sans raison
3 Le fouet est pour le cheval, la bride pour l’âne, et le bâton pour le dos des sots.
Les « sots » sont aussi difficiles à stimuler et à diriger que « le cheval » et « l’âne ». Ni les sots, ni ces bêtes ne réagissent aux paroles. Les bêtes doivent être poussées par « le fouet » et « la bride » (cf. Jac 3:3,7-8 ; Psa 32:8-10). Le sot doit être rappelé à l’ordre par le bâton, car il ne peut être raisonné. Il ne faut pas lui donner de pouvoir, mais exercer le pouvoir sur lui. La comparaison avec les bêtes mentionnées montre clairement que le sot a perdu sa dignité humaine et doit être traité de la même manière.
Nous pouvons appliquer cela spirituellement aux « insubordonnés vains discoureurs et séducteurs » (Tit 1:10), que nous pouvons considérer comme des sots. Il faut agir sévèrement contre eux : « Il faut leur fermer la bouche » (Tit 1:11). Cette sévérité à leur égard peut être considérée comme l’utilisation du bâton.
4 - 5 Quand il ne faut pas ou faut répondre au sot
4 Ne réponds pas au sot selon sa folie, de peur que toi aussi tu ne lui ressembles. 5 Réponds au sot selon sa folie, de peur qu’il ne soit sage à ses propres yeux.
Après un enseignement au verset 3 sur la manière de traiter le sot, les versets 4-5 donnent un enseignement sur la manière de lui parler. Les deux versets se ressemblent beaucoup et semblent à première vue se contredire. Mais ce qui semble être une contradiction s’avère être, à y regarder de plus près, une perfection. Il s’agit de bien lire.
Au verset 4, l’indication est de ne pas répondre « au sot selon sa folie ». La deuxième ligne du verset explique pourquoi il ne faut pas le faire. Il s’agit ici de la conséquence pour celui qui répondrait. Si tu lui réponds, tu deviens comme lui. Si tu réagis à lui, tu deviens toi-même un sot. Cela se produit si tu descends dans ta réponse à son niveau de pensée. C’est pourquoi tu ne dois pas le faire. Ne t’abaisse pas au niveau du sot en répondant à sa question sotte et en discutant avec lui comme s’il était un homme sensé.
Nous pouvons appliquer cette instruction à ce que Paul dit à Timothée : « Les questions folles et stupides, évite-les – sachant qu’elles font naître des contestations » (2Tim 2:23). Nous ne devons pas entrer dans des discussions folles et absurdes, sinon nous contribuons à provoquer des querelles.
Au verset 5, il est indiqué de répondre « au sot selon sa folie ». La deuxième ligne du verset explique pourquoi il faut agir ainsi. Il s’agit ici de la conséquence pour le sot. Celui qui réprimande un sot le décourage de se faire une haute opinion de lui-même.
Le fait que ces deux versets aient été placés l’un après l’autre a pour but de montrer que les problèmes humains sont souvent complexes et ne peuvent pas toujours être résolus en invoquant une seule règle. Cela dépend de la situation. Dans un cas, il ne faut pas s’abaisser au niveau d’un sot, car on entrerait alors dans le cercle des sots. Dans l’autre cas, il le faut, car cela permet de remettre le sot à sa place.
Paul a été contraint de parler une fois comme un insensé, c’est-à-dire comme un sot. C’était pour corriger les Corinthiens qui se croyaient sages (2Cor 11:16-17 ; 12:11). Le prophète Michée a fait l’un et l’autre face à Achab (1Roi 22:15,17). Si nous avons de la grâce dans notre cœur et que nous voulons respecter la parole de Dieu, le Saint Esprit nous dira comment répondre à chacun (Col 4:6).
Un prédicateur répondit un jour au sot selon sa folie. Lorsqu’on lui posa une question sotte à laquelle il était impossible de répondre, il répondit : ‘Tu trouveras la réponse dans le deuxième chapitre de la lettre de Jude.’
Une autre remarque qui peut aider à comprendre ces deux versets se trouve dans le Talmud juif. Le Talmud contient les commentaires des rabbins les plus importants et d’autres érudits sur le Tanakh, c’est-à-dire l’Ancien Testament. Il y est dit que le verset 4 se réfère probablement aux commentaires sots qu’il faut ignorer et que le verset 5 se réfère à une fausse représentation des choses qu’il faut corriger.
6 - 7 Les pieds coupés et les jambes du boiteux
6 Celui qui envoie des messages par la main d’un sot, se coupe les pieds et boit l’injustice. 7 Les jambes du boiteux sont sans force : tel est un proverbe dans la bouche des sots.
Celui qui utilise un sot comme messager s’attire de grands ennuis (verset 6 ; cf. Pro 25:13). C’est tout d’abord comme se couper les pieds. Envoyer un messager, c’est en quelque sorte avoir une autre paire de pieds. Les pieds du messager sont ceux de celui qui l’envoie. Le message avec lequel le sot est envoyé en mission n’aboutit à rien. Il n’arrive pas à destination ou il livre un mauvais message.
En conséquence, l’expéditeur doit faire face à la violence du destinataire. Ce dernier n’a pas reçu le message qu’il attendait ou l’a reçu mutilé, ce qui l’amène à tirer des conclusions erronées. Cela nuit aux bonnes relations existantes. La leçon à en tirer est qu’il vaut mieux ne pas envoyer de message plutôt que d’utiliser un sot.
Nous pouvons appliquer cela aux organisations religieuses qui utilisent des incrédules pour annoncer le message de l’évangile. Ces organisations se considèrent comme une entreprise qui doit être dirigée par des ‘hommes d’affaires’ compétents, doués pour vendre un message, en l’occurrence l’évangile. Le spectacle annuel aux Pays-Bas, appelé The Passion, qui est une représentation blasphématoire de la souffrance et de la crucifixion de Christ, en est un exemple. Des célébrités sont engagées pour vendre le ‘produit’ le mieux possible. Il en résulte que l’évangile n’en reste rien et que le témoignage de l’évangile biblique en est lésé.
Le verset 7 complète le verset 6. Un boiteux a bien des jambes, mais elles lui sont inutiles, car il ne peut pas s’en servir. Il ne peut pas faire un pas avec elles. De même, un sot peut citer un proverbe, mais il ne sait pas ce qu’il signifie. Le proverbe est aussi faible que les jambes d’un boiteux, il est sans force dans sa bouche. C’est le cas de tous ces méchants sots – des gens qui ne veulent rien savoir de la crainte de l’Éternel – qui ont été engagés pour jouer dans The Passion. Ils répètent la Bible, mais ils ne savent pas ce qu’ils disent.
8 - 9 Dangereux et douloureux
8 Celui qui donne de la gloire à un sot, c’est comme d’attacher une pierre à une fronde. 9 Une épine qui entre dans la main d’un homme ivre, tel est un proverbe dans la bouche des sots.
Quelqu’un qui « attache une pierre à une fronde » (verset 8) montre qu’il ne comprend rien à une fronde. Une pierre ne doit pas être attachée à une fronde, mais simplement posée dedans. Si la pierre est attachée à la fronde, tu peux la faire tourner autant que tu veux, mais la pierre ne sortira pas. Cela peut même être mortel, car l’arme de défense ne fonctionne pas si elle est mal utilisée. David aurait été tué par Goliath s’il avait attaché sa pierre à sa fronde. Comme il l’avait simplement posée dans la fronde, il a pu tuer Goliath.
De même, « celui qui donne de la gloire à un sot » n’a pas l’intelligence d’un sot. Un sot est incapable d’assumer des responsabilités. Il ne sait pas ce qu’il fait. Celui qui confie une position responsable à un sot en subira les conséquences à ses dépens.
Un ivrogne est incapable de réfléchir lucidement (verset 9). Il est aussi incapable de suivre un cap. Il parle un charabia incompréhensible et titube dans la rue. Dans son ivresse, il saisit un buisson épineux, et l’épine lui transperce la main. Comme il est ivre, il ne s’en aperçoit pas. L’épine est un symbole du péché ; après la chute, les épines sont apparues (Gen 3:18). La main est un symbole des œuvres, de l’action. Ainsi, le péché colle à tout ce qu’il fait, sans qu’il s’en aperçoive.
Cette image s’applique aux sots qui prennent « un proverbe dans la bouche ». Tout comme un ivrogne n’a pas conscience de l’épine dans sa main, les sots n’ont pas conscience du proverbe qu’ils prennent dans leur bouche. Ils sont obscurcis dans leur intelligence, mais ils pensent pouvoir prononcer des paroles sages. Un sot peut lire ou prononcer un proverbe, mais il est incapable de le comprendre intellectuellement et spirituellement. Il en fera un mauvais usage et l’appliquera à tort.
Les personnes qui n’ont pas une relation vivante avec Dieu par la foi au Seigneur Jésus peuvent citer des déclarations de la parole de Dieu, mais le péché colle à ce qu’elles disent. Cela vaut en particulier pour les théologiens libéraux qui lisent des textes de la parole de Dieu et leur donnent ensuite leur propre explication pécheresse.
10 Ce que font les sots cause de dommage
10 Le puissant use de violence envers tout le monde : il embauche le sot et il embauche les passants, [c’est la même chose].
Ce verset est difficile à traduire car les différents mots hébreux ont des significations très différentes. La traduction la plus probable est celle qui figure dans la note de bas de page de la Traduction J.N. Darby : « L’archer qui blesse tout le monde, celui qui prend à gages [ou : embauche] le sot, et celui qui prend à gages [ou : embauche] les passants, [c’est la même chose]. » Le sens général est que les mercenaires indisciplinés ont le même effet que les tirs aveugles d’un archer.
Le fait d’embaucher des « sots » ou des « passants » révèle la folie de celui qui le fait. Celui qui embauche de telles personnes est comparé à un archer qui tire des flèches au hasard, pouvant ainsi blesser tout le monde. Les « sots » sont des travailleurs aussi peu fiables que des « passants » fortuits dont on ne sait pas non plus qui ils sont. Quiconque embauche un sot ou un passant, c’est-à-dire le prend à son service, lui donne ainsi l’occasion de causer de grands dommages.
11 Un sot qui répète sa folie
11 Comme le chien retourne à son vomissement, le sot répète sa folie.
« Un chien » qui « retourne à son vomissement » pour manger ce qu’il a vomi est une image très répugnante. En même temps, c’est une image très forte pour décrire « le sot » qui « répète sa folie ». Un sot n’apprend jamais. Peu importe le nombre d’expériences négatives qu’il a vécues et le nombre de fois où il a dit qu’il allait rompre avec sa folie, il retourne toujours à sa vie de folie pécheresse.
Pierre cite ce verset dans sa deuxième lettre (2Pie 2:21-22a). Il utilise ce proverbe parce qu’il décrit fidèlement ce qui se passe lorsqu’une personne a professé la foi chrétienne et revient ensuite au monde. Le chien est un animal impur qui, sans aucune sensibilité, se gave sans vergogne de tout ce qu’il trouve ou reçoit (cf. Ésa 56, 11). Un chien ne connaît pas de mesure. Quand il a trop mangé, il vomit. Quand il a de nouveau faim, il mange son propre vomissement.
Cette image s’applique aux personnes qui ont d’abord dit adieu au monde, mais qui, poussées par des faux docteurs, y retournent. Elles n’avaient pas trouvé de satisfaction intérieure dans le monde et l’avaient quitté. Maintenant, elles y retournent quand même. Cela montre qu’elles n’ont pas vraiment changé intérieurement. Le chien est resté un chien.
12 Un homme sage à ses propres yeux
12 As-tu vu un homme sage à ses propres yeux ? Il y a plus d’espoir pour un sot que pour lui.
Il y a quelqu’un qui est pire qu’un sot, c’est celui qui est sage à ses propres yeux. L’orgueil fait en fait partie de la folie décrite dans ce livre. Un idiot prétentieux est le plus grand des sots. L’arrogance et un sentiment de supériorité imaginaire placent quelqu’un hors de portée de toute aide ou correction. Le prophète Ésaïe dit à propos de telles personnes : « Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et intelligents à leur propre estime ! » (Ésa 5:21). Il ne leur reste qu’un « malheur », un jugement sans fin.
Nous ne devons pas « voir une haute pensée [de lui-même], au-dessus de celle qu’il convient d’avoir, mais de penser de manière à avoir de saines pensées » (Rom 12:3 ; Gal 6:3). Il nous est aussi dit : « Ne soyez pas sages à vos propres yeux » (Rom 12:16).
13 - 16 Le sot paresseux
13 Le paresseux dit : Il y a un [lion] rugissant sur le chemin, un lion dans les rues. 14 La porte tourne sur ses gonds, et le paresseux sur son lit. 15 Le paresseux enfonce sa main dans le plat, il est trop fatigué pour la ramener à sa bouche. 16 Le paresseux est plus sage à ses yeux que sept [hommes] qui répondent avec bon sens.
Les versets 13-16 parlent du paresseux (Pro 6:6-11 ; 24:30-34). Nous voyons une passivité croissante. D’abord, il ne sort pas de chez lui (verset 13). Ensuite, il ne sort pas de son lit (verset 14). Enfin, il ne retire même pas sa main d’un plat (verset 15). Il n’y a aucun mouvement.
Il se persuade que les circonstances ne lui permettent pas de travailler (verset 13). Le paresseux est réfractaire au travail, et celui qui est réfractaire au travail invente les excuses les plus absurdes pour ne pas travailler (Pro 22:13). Il voit partout des dangers, sur le chemin et dans les rues. Il voit partout l’opposition du diable, dont le lion est une image (1Pie 5:8), qui l’empêche de travailler. Mais la véritable excuse n’est pas la peur, mais la paresse.
Le paresseux est aussi attaché à son lit qu’une « porte sur ses gonds » (verset 14). Il lui est aussi impossible de se lever de son lit qu’à une porte de sortir de ses gonds. Le paresseux pivote pour ainsi dire sur son lit. Tout comme une porte qui se mouve d’un côté à l’autre sans quitter sa place, le paresseux se mouve d’un côté puis de l’autre. Une porte a encore une fonction, elle s’ouvre et se ferme, tandis que le paresseux reste allongé sans fonction.
Le paresseux est même trop paresseux pour « ramener à sa bouche » la nourriture qu’il a prise dans sa main (verset 15). En Proverbes 19, nous trouvons un verset similaire, mais légèrement plus vague (Pro 19:24). Ici, c’est dit plus fortement. Le fait d’enfoncer la main dans le plat lui a coûté tellement d’énergie qu’il est épuisé. Le sage se moque ici du paresseux. C’est une représentation ridicule. L’exagération a aussi pour but de faire comprendre au paresseux qu’il se ridiculise.
Nous pouvons y voir une image des gens qui sont trop paresseux pour examiner la parole de Dieu. Ils en savent quelque chose, ils y enfoncent la main, ils peuvent citer un texte – bien sûr, un qui leur convient – mais ils n’en mangent pas. L’étudier demande trop de travail.
Le paresseux est rempli d’égotisme (verset 16). Il est très satisfait de sa paresse et considère que sa conception de la vie est meilleure que celle de ceux qui s’efforcent d’acquérir la sagesse et deviennent ainsi sensés. À ses yeux, ce sont des gens stupides Le travail est pour les stupides, pense-t-il. Bien sûr, il trouve sa paresse tout à fait justifiée. Il fait la sieste toute la journée et prêche que c’est le bien suprême pour lui.
Il croit si fortement en sa propre sagesse que personne ne peut le convaincre du contraire. Même sept personnes (sages) – qui symbolisent la plénitude de la sagesse (Esd 7:14 ; Est 1:14-15) – ne parviennent pas à lui faire comprendre la folie et le caractère asocial de sa paresse. Sa paresse lui a fait perdre la raison. Il est incapable de raisonner. La réponse sensée des sept sages ne l’atteint pas. Toute instruction à son égard est bloquée par son arrogance.
17 Le fouineur
17 Il saisit un chien par les oreilles, celui qui, en passant, s’emporte pour une dispute qui n’est pas la sienne.
L’homme dont il est question dans ce verset n’est pas paresseux, mais quelqu’un qui est très occupé, mais avec les mauvaises choses. Le fouineur est quelqu’un qui s’occupe de choses qui ne le regardent pas. Quelqu’un qui « s’emporte pour une dispute qui n’est pas la sienne » sans qu’on lui demande rien, cherche les ennuis. C’est aussi dangereux et sot que de « saisir un chien par les oreilles », car le chien va te mordre. Ce n’est pas ton chien, mais un chien sauvage. Tu te feras du tort par ton entremise et tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même.
Nous en trouvons un exemple dans la vie du roi Josias, qui s’est mêlé d’une bataille entre le roi d’Égypte et son ennemi. Cela lui a coûté la vie (2Chr 35:20-24). Pierre souligne encore la grande différence entre souffrir en tant que chrétien et souffrir à cause de s’ingérant dans les affaires d’autrui (1Pie 4:15-16).
Ne devons-nous donc pas être ceux qui procurent la paix ? N’y sommes-nous pas appelés (Mt 5:9) ? Nous devons certainement l’être. Être quelqu’un qui procure la paix, c’est avoir une attitude de paix envers tous les hommes. Cela ne signifie pas que celui qui procure la paix doit s’immiscer dans une dispute qui ne le concerne pas. Il ne doit pas s’imaginer qu’il doit s’en mêler sans qu’on lui demande de servir de médiateur ou sans avoir reçu une mission du Seigneur. Nous ne sommes pas appelés à nous immiscer dans chaque désaccord. Le Seigneur ne s’est pas non plus immiscé dans une querelle au sujet d’un héritage (Lc 12:14).
18 - 19 Tromper ‘pour plaisanter’
18 Comme un fou qui jette des brandons, des flèches, et la mort, 19 ainsi est l’homme qui trompe son prochain, et qui dit : N’était-ce pas pour plaisanter ?
Le fouineur du verset 17 est devenu au verset 18 « un fou ». Il jette des objets qui sèment la mort et la destruction. On compare une telle personne à « l’homme qui trompe son prochain, et qui dit : “N’était-ce pas pour plaisanter ?” » (verset 19). Ce genre de personnes cherche délibérément à tromper son prochain, pour quelque raison que ce soit. Lorsqu’il est démasqué, il tente de relativiser sa tromperie en disant que c’était pour plaisanter. Ne prends pas ça trop au sérieux. Si tu le fais, c’est toi qui es le méchant, pas lui.
Quelqu’un qui a cette attitude dans la vie est un projectile incontrôlable, un fou dangereux. Le sage décrit le trompeur qui minimise sa tromperie en la qualifiant de blague comme irresponsable et dangereux. Alors qu’il cherche à blesser les gens, il prétend, lorsqu’il est pris sur le fait, que c’était une plaisanterie et s’attend à ce qu’on en rie. En même temps, il veut échapper à sa punition. Beaucoup de gens passent ainsi leur vie à ‘plaisanter’.
20 - 22 Rapporteurs et querelles
20 Faute de bois, le feu s’éteint ; et, quand il n’y a plus de rapporteurs, la querelle s’apaise. 21 Du charbon sur le brasier et du bois sur le feu, ainsi est l’homme querelleur pour échauffer les disputes. 22 Les paroles du rapporteur sont comme des friandises, et elles descendent jusqu’au-dedans des entrailles.
La comparaison au verset 20 est que le « bois » alimente le feu et que les « rapporteurs » alimentent la querelle. Pour entretenir un feu, il faut du combustible. S’il n’y en a pas, le feu s’éteint. Le feu s’éteint lorsqu’il n’y a plus de bois, et une querelle cesse quand il n’y a plus de rapporteurs. La querelle est comme le feu. Elle enflamme les autres et détruit les relations.
Le rapporteur est celui qui allume le feu. Il agit de manière sournoise, influençant négativement les autres par ses ragots. Les ragots sont le combustible de la querelle. Il faut neutraliser le rapporteur. On peut le faire en lui imposant le silence. On peut aussi ne pas l’écouter. La querelle s’apaise alors et cesse.
Le rapporteur du verset 20 est, au verset 21, « l’homme querelleur ». Il sente « les disputes » et sait comment les « échauffer ». Il fournit le combustible et jette de l’huile sur le feu dès qu’il y a des tensions. Il y a déjà un petit feu et il y ajoute le combustible nécessaire.
Il est l’opposé de celui qui procure la paix, car il provoque les disputes. Et lorsque la dispute menace de disparaître, il attise encore le feu. Pour cela, il dit quelques paroles méchants ou insinuants à propos de quelqu’un, ce qui fait que les parties en conflit se livrent à nouveau une lutte acharnée. Veillons à ne pas provoquer de querelles, et lorsqu’une querelle est apaisée, à ne pas dire des choses qui pourraient la raviver.
Pourquoi les rapporteurs et les querelleurs ont-ils si souvent l’occasion de faire leur œuvre destructrice ? Parce que les commérages sont si attrayants pour la chair pécheresse (verset 22 ; Pro 18:8). « Les paroles du rapporteur » sont comparées à des friandises. Ceux qui les entendent les dévorent avec avidité.
Si nous ne rejetons pas les paroles du rapporteur, elles s’installeront au-dedans de nos entrailles [littéralement : dans les chambres intérieures du ventre] et influenceront négativement nos sentiments. Elles y resteront comme un feu qui couve et feront leur œuvre destructrice si nous ne nous condamnons pas nous-mêmes pour avoir écouté ces paroles et ne les avoir pas rejetées.
23 - 28 Hypocrisie
23 Les lèvres brûlantes et le cœur mauvais sont comme des scories d’argent appliquées sur un vase de terre. 24 Celui qui hait se déguise par ses lèvres ; mais au-dedans de lui il nourrit la fraude. 25 Quand il rend sa voix gracieuse, ne le crois pas, car il y a sept abominations dans son cœur. 26 Si la haine se cache sous la dissimulation, sa méchanceté sera découverte dans l’assemblée. 27 Qui creuse une fosse y tombera, et la pierre retournera sur celui qui la roule. 28 La langue fausse hait ceux qu’elle a écrasés, et la bouche flatteuse amène la ruine.
Quelqu’un peut prononcer un discours avec « les lèvres brûlantes », c’est-à-dire un discours qui brûle d’amour, tandis que ses paroles camouflent les mauvaises intentions de son « cœur mauvais » (verset 23). Dans un discours enflammé, une telle personne dit des choses agréables, mais elles ne font que dissimuler son mauvais caractère et ses mauvaises intentions.
Le sage compare un tel discours hypocrite à « des scories d’argent appliquées sur un vase de terre ». Recouvrir un vase de terre avec quelque chose qui ressemble à de l’argent le fait briller, tout à fait différemment de l’argile qu’il est en réalité. L’argent est aussi faux, car il s’agit de l’écume ou de déchets d’argent (cf. Lc 11:39 ; Mt 23:27).
Le verset 24 dit en d’autres termes ce qui a déjà été dit au verset 23. Cela permet d’éviter tout malentendu sur le caractère trompeur d’une belle apparence qui cache un intérieur corrompu. Dans le cœur mauvais du verset 23 se cache la « haine ». « Celui qui hait » peut dire des choses belles et aimables, mais il « se déguise par ses lèvres ». Se déguiser, c’est hypocriser, se présenter autrement que l’on est.
La manière dont Joab a abordé Amasa puis l’a tué illustre ce verset (2Sam 20:9-10a). C’est un avertissement de ne pas nous laisser tromper par ce que nous voyons ou entendons. Dans un monde hostile à Dieu, le chrétien ne doit pas suivre son chemin dans la crédulité, mais avec prudence (Mt 10:16). Néhémie n’a pas été crédule lorsque ses ennemis ont voulu le piéger (Néh 6:1-4).
Le verset 25 fait directement suite au verset 24. Salomon avertit son fils de ne pas croire un hypocrite, même « quand il rend sa voix gracieuse ». Derrière sa voix aimable se cache en effet un cœur où se trouvent « sept abominations ». Il faudra beaucoup de perspicacité et de sagesse pour discerner si quelqu’un est digne de confiance ou non. Ce verset peut faire référence à une personne qui a déjà prouvé qu’elle n’était pas digne de confiance, mais qui utilise maintenant des paroles pour cacher ses mauvaises intentions et les mettre à exécution.
« Sept abominations » indique que cette personne est complètement, foncièrement corrompue. Toute sorte de corruption et de violence est présente en lui. Celui qui hait conçoit ces abominations dans son cœur, il médite des actes horribles et abominables qui ne sont encore que des projets et qui sont dirigés contre celui à qui il parle d’une voix aimable. Son cœur est un dépôt d’abominations. Satan est le prototype d’une telle personne, mais il y a aussi des gens qui lui ressemblent beaucoup.
Pour pouvoir découvrir sept abominations derrière une voix gracieuse, nous devons dépendre du Seigneur. Si nous entendons quelque chose de quelqu’un que nous ne connaissons pas ou de quelqu’un qui est connu pour être indigne de confiance, nous devons demander au Seigneur de nous révéler ses véritables intentions. Celles-ci deviennent en tout cas évidentes lorsque cette « voix gracieuse » dit des choses qui vont à l’encontre de la parole de Dieu, comme nous le voyons dans la conversation entre Satan et Ève.
Même si la « haine » passe inaperçue pendant un certain temps parce qu’elle « se cache sous la dissimulation », il arrive inévitablement un moment où ce mal se révèle (verset 26). Le lieu où cela se produit est « l’assemblée ». « L’assemblée » est toute congrégation de personnes réunies dans un but précis. Dans ce cas, nous pouvons peut-être penser à un procès.
Cela s’applique aussi à l’église de Dieu, dans laquelle Dieu révèle la présence du mal. Finalement, tout le mal sera révélé devant le tribunal du Christ (2Cor 5:10). En effet, « il n’y a rien de couvert qui ne sera révélé, ni rien de secret qui ne sera connu » (Lc 12:2).
Celui qui veut faire du mal à autrui se verra souvent lui-même victime du mal qu’il avait prévu de faire (verset 27 ; Psa 7:16-17 ; 9:16 ; 10:2). Creuser une fosse et rouler une pierre demandent des efforts. Il s’agit de quelqu’un qui prend beaucoup d’efforts pour faire du mal à autrui. Mais « qui creuse une fosse y tombera » (Ecc 10:8). Et celui qui roule une pierre pour la faire tomber sur quelqu’un d’autre se retrouvera lui-même sous la pierre si celle-ci roule soudainement en arrière. C’est la loi de la semence et de la moisson, « car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal 6:7b).
Abimélec, qui tua 70 hommes sur une seule pierre, fut lui-même tué par une meule tournante jeté sur sa tête par une femme (Jug 9:5,18,53). Chacun est jugé selon la mesure de l’injustice dont il s’est rendu coupable, afin que la justice de Dieu soit accomplie (cf. Jug 1:6-7). Nous trouvons d’autres histoires illustrant ce verset dans ce qui est arrivé à Haman qui avait fait dressé un bois pour Mardochée et dans ce qui est arrivé aux accusateurs de Daniel qui l’avaient fait jeter dans la fosse aux lions (Est 7:10 ; Dan 6:24-28).
La raison pour laquelle quelqu’un blesse les autres avec sa « langue fausse », c’est-à-dire avec ses mensonges, c’est parce qu’il les hait (verset 28). Il est poussé par la haine. Sa langue fausse se trouve dans « une bouche flatteuse », c’est-à-dire qu’il prononce des paroles flatteuses. Cela est particulièrement visible dans la manière dont Satan approche Ève. Ainsi, Satan continue d’agir à travers ses innombrables instruments, les hommes qui ont pour père le père du mensonge. Sa nature est présente dans ses disciples et s’exprime à travers eux. En politique, nous en voyons et en entendons régulièrement des exemples.
Tous ces proverbes sur l’hypocrisie enseignent avec force combien le Dieu de vérité hait toute tentative de tromperie. Ils nous mettent en garde contre l’accoutumance aux moindres déviations de la vérité et à tout manque d’intégrité dans nos paroles. Les déviations de la vérité et le manque d’intégrité sont totalement incompatibles avec la confession chrétienne.