1 - 2 N’envie pas les hommes qui font le mal
1 N’envie pas les hommes qui font le mal, et ne désire pas d’être avec eux, 2 car leur cœur médite la destruction, et leurs lèvres parlent de tourment.
Le père avertit son fils de ne pas envier les hommes qui font le mal (verset 1). Il ne doit pas désirer « d’être avec eux », car ils sont de mauvaise compagnie (cf. Pro 1:10-19 ; 3:31 ; 23:17). L’envie ici va au-delà d’un simple sentiment ou d’une expression. Il s’agit d’un désir d’être avec eux qui font le mal à cause de leur prospérité apparente. Le fils ne doit pas envier cela et vouloir l’avoir aussi. L’envie est une conscience haineuse et rancunière de la prospérité d’autrui.
Le fait de ressentir ou d’exprimer de l’amertume ou de l’indignation face à un traitement (présumé) injuste peut être le résultat de l’envie : pourquoi lui a-t-il cette prospérité et pas moi ? Il s’agit en tout cas d’un mécontentement vis-à-vis de sa propre situation, un mécontentement qui résulte d’une comparaison avec les autres, tandis que Dieu est exclu ou tenu à l’écart de cette situation. L’envie est une caractéristique des personnes qui souffrent d’un manque de vision à long terme.
Le mot « car » qui commence le verset 2 indique que la raison de l’avertissement du verset 1 suit maintenant. Les mauvaises personnes sont obsédées par la violence. « Leur cœur » se tourne vers « la destruction », qui y est conçue. « Leurs lèvres » expriment ce qui vit dans leur cœur, et ce n’est rien d’autre que le « tourment ». Ils prononcent des paroles qui ne souhaitent que le tourment, le malheur. Ils doivent leur prospérité apparente à la destruction qu’ils ont médité dans leur cœur et aux paroles de tourment qu’ils ont prononcées. Si le fils s’en rend compte, il ne sera pas si stupide pour se joindre à eux.
3 - 4 Bâtir la maison et remplir les chambres
3 Par la sagesse la maison est bâtie, et elle est établie par l’intelligence ; 4 et par la connaissance les chambres sont remplies de tous les biens précieux et agréables.
Ces versets forment un tout. Ils traitent de la construction d’une maison, de ses fondations et de ce qui remplit ses chambres. Pour bâtir une bonne maison, la construire sur de bonnes fondations et l’aménager avec goût, il faut successivement « la sagesse », « l’intelligence » et « la connaissance ». En même temps, l’utilisation de ces mots indique qu’il s’agit de plus que de bâtir une maison en pierre, avec des pièces meublées.
Par « maison », nous devons donc ici penser avant tout à une famille qui vit dans cette maison. Il faut de « la sagesse » pour fonder une famille (verset 3). Le bonheur d’une famille dépend davantage des relations mutuelles que des pierres et de la maçonnerie. Seule la sagesse de Dieu peut permettre de bonnes relations entre les membres d’une famille. Il en résulte alors une maison bien bâtie.
« L’intelligence » est importante pour les fondations. Cela signifie que la parole de Dieu est la base du fonctionnement de chaque membre de la famille. L’intelligence que chaque membre de la famille est différent de tous les autres et que les différences existent – comme le sexe, l’âge, le don – permet à chaque membre d’être lui-même. Il ne sera pas nécessaire de se faire passer pour quelqu’un d’autre ou d’exercer une contrainte pour que quelqu’un fasse les choses à notre manière. Par cela, aussi les tensions sont éviter.
La « connaissance » des capacités que chacun a reçues de Dieu incitera à les mettre en œuvre (verset 4). Ainsi, chacun peut apporter sa propre contribution précieuse et être encouragé dans ce sens. Par cela, « les chambres sont remplies de tous les biens précieux et agréables ». Les biens précieux et agréables comprennent l’amour et la solidarité, la sécurité et la sûreté, l’acceptation de soi et l’être là pour l’autre. Les enfants qui grandissent dans une atmosphère d’amour et de sécurité deviennent des personnes aimantes et paisibles.
Nous pouvons aussi appliquer cela à l’église locale, que nous pouvons aussi considérer comme une famille. Les croyants sages, dotés d’intelligence et de connaissance, feront tout leur possible pour que chaque croyant occupe dans l’église la place que le Saint Esprit lui a donnée (1Cor 12:4).
5 - 6 La force et le salut par la sagesse
5 L’homme sage a de la force, et l’homme de connaissance affermit sa puissance ; 6 car sous une [sage] direction tu feras ta guerre, et le salut est dans le grand nombre des conseillers.
Bâtir la maison familiale dont il est question aux versets 3-4 demande la force de la sagesse (verset 5 ; Ecc 7:19 ; 9:15-16). Dans la vie naturelle, un homme sage sait, avec certains moyens, transporter un fardeau plusieurs fois plus lourd que ce qu’un homme peut porter seul. Dans la vie spirituelle, ce n’est pas la force physique qui compte, mais la force de la sagesse. Cette force est présente chez ceux qui vivent avec Christ, la fontaine de la sagesse.
« L’homme sage » est aussi « l’homme de connaissance ». Quand il s’agit d’utiliser la force que donne la sagesse, il faut connaître les circonstances. « L’homme de connaissance » connaît la volonté de Dieu et veut la faire. Il sait comment utiliser sa puissance de manière appropriée et les mettre en œuvre au bon endroit. La sagesse pour faire le bon choix et la connaissance de la volonté de Dieu vont de pair (Col 1:9-11).
Le mot « car » qui commence le verset 6 souligne l’importance de la force de la sagesse et de la connaissance. Nous devons réaliser que nous vivons dans une zone de guerre spirituelle et que nous sommes impliqués dans un combat spirituel. Ce combat fait rage surtout autour des familles des croyants. Plus que jamais, des conseils avisés sont nécessaires pour cette guerre spirituelle.
Un homme sage n’est pas entêté et ne découvre pas tout lui-même. Il connaît la signification et la valeur d’« une [sage] direction » et un « grand nombre des conseillers ». La confiance en soi mal placée ou la confiance en ses propres moyens ou en sa propre force ne sont pas présent chez cet homme. Dieu nous a donnés les uns aux autres en tant que membres de son peuple. Nous Lui demandons conseil et nous demandons aussi conseil à nos frères et sœurs qui vivent avec Lui, ce que nous voyons dans leur obéissance et leur connaissance de la parole de Dieu.
Après avoir demandé conseil, nous devons « faire la guerre » pour nous-mêmes. Dans la vie quotidienne, nous ne sommes pas entourés de nos frères et sœurs, mais d’un monde hostile à Dieu. Le monde veut nous enlever tout ce que nous voulons consacrer à Dieu, comme notre famille et nos biens. Toutes sortes d’obstacles seront placés sur notre chemin pour détruire notre famille, pour s’emparer de nos enfants. Cela peut se faire, par exemple, par des cours à l’école et/ou des décisions politiques qui vont à l’encontre de la parole de Dieu. L’impulsivité, la naïveté et l’indécision mènent à la défaite. Le salut est le résultat d’une consultation approfondie, d’une mûre réflexion et d’un combat sage.
7 La sagesse est trop élevée pour le fou
7 La sagesse est trop haute pour le fou, il n’ouvrira pas la bouche à la porte de la ville.
Le fou hautain et endurci ne peut acquérir aucune sagesse. Toute sagesse, quel que soit le domaine, lui est inaccessible. La sagesse est bien au-dessus de ses capacités. Il ne pourra jamais donner aucun conseil sensé et nous ne devons donc jamais lui demander conseil. C’est pourquoi il est interdit qu’il ait l’occasion d’ouvrir la bouche à la porte. La porte est le lieu où les dirigeants de la ville discutent des problèmes et prennent des décisions (Pro 31:23 ; Rut 4:1). Le fou ne doit pas avoir l’occasion d’y faire entendre sa folie.
8 - 9 Penser à mal faire et le plan de la folie
8 Celui qui pense à mal faire, on l’appellera intrigant. 9 Le plan de la folie est péché, et le moqueur est en abomination aux hommes.
« Celui qui pense à mal faire » (verset 8) fait l’œuvre du diable, qui ne peut faire autrement que de penser à mal faire. Le diable peut à juste titre être appelé un « intrigant ». Celui qui n’est pas enfant de Dieu est un enfant du diable (1Jn 3:10). Tous les enfants du diable ont sa nature. Il les inspire à concevoir le mal, ils sont « ingénieux pour le mal » (Rom 1:30). Tous ne le font pas dans la même mesure, mais le principe est présent dans la pensée de tous les enfants du diable. Il s’agit ici en particulier de la personne froide et calculatrice qui s’active à concevoir le mal.
Ce n’est pas seulement le fait de commettre une folie qui est un péché, mais même « le plan de la folie est péché » (verset 9). La folie d’un moqueur est le comble de la folie. Ce type de personne se moque de toute morale. Même les personnes qui ne veulent rien avoir à faire avec Dieu, mais qui ont tout de même une certaine morale, finissent par le détester. Un moqueur est quelqu’un qui non seulement rejette ce qu’il doit croire, mais qui se moque, ridiculise et méprise ce qu’il doit croire. Il fait de même avec ceux qui croient.
10 Épreuve de la détresse
10 Si tu perds courage au jour de la détresse, ta force est mince.
« Le jour de la détresse » n’est pas un jour littéral de vingt-quatre heures, mais chaque jour ou période de difficultés et d’épreuves qui peuvent rendre la vie difficile. Celui qui perd alors courage et veut renoncer à la vie avec le Seigneur fait preuve de peu de force. Il n’y a pas de force spirituelle et les mains pendent mollement (cf. Héb 12:12-13). C’est précisément dans un jour de la détresse que l’on voit si quelqu’un possède la force de la sagesse (verset 5), qui lui permet de garder les yeux fixés sur la fontaine de la sagesse (Ésa 40:31).
Salomon utilise ici un jeu de mots pour souligner le lien entre les deux lignes du verset. Le mot hébreu pour « détresse » est sarah et le mot pour « mince » (littéralement : étroit) est sar. Il est bon de nous fortifier en Dieu dans les jours de détresse (1Sam 30:6 ; Psa 84:6). Alors la puissance de Dieu sera accomplie dans notre faiblesse (2Cor 12:9).
11 - 12 Délivre ceux qui sont menés à la mort
11 Délivre ceux qui sont menés à la mort, et ne te retire pas de ceux qui chancellent vers une mort violente. 12 Si tu dis : Voici, nous n’en savions rien ; celui qui pèse les cœurs, lui ne le considérera-t-il pas ? et celui qui garde ton âme, lui le sait ; et il rend à l’homme selon son œuvre.
Dieu donne à son peuple la responsabilité de délivrer les personnes qui sont en danger de mort (verset 11). Il s’agit de personnes « qui sont menés » et emmenées, vouées à une mort certaine, sans aucune possibilité de se délivrer de cette situation. Les mots « mort » et « mort violente » indiquent la gravité de la situation. Ces personnes sont des victimes innocentes de bandes de brigands ou de circonstances indépendantes de leur volonté. Elles sont sur le point d’être tuées, massacrées. Ils « chancellent », ils sont poussés vers la mort. Si un secours inespéré ne leur vient pas très vite, ils sont perdus.
La mission est claire. Nous devons faire tout notre possible pour les délivrer de la mort. Les sages-femmes hébreues ont désobéi à l’ordre du Pharaon et n’ont pas jeté les petits garçons dans le Nil, mais les ont délivrés (Exo 1:13-17). Esther a risqué sa vie pour délivrer son peuple, qui était condamné à mort (Est 3:6-13 ; 4:13-16 ; 8:4-6). Ils ont délivrés et ne sont pas restés à l’écart. Même le prophète Abdias, qui servait à la cour d’Achab, a délivré des prophètes de la mort en les cachant et en leur fournissant de la nourriture (1Roi 18:4).
L’application spirituelle est que nous devons dire aux gens du monde qu’ils « sont menés à la mort ». À cause du péché, ils sont livrés à la mort. Il ne s’agit pas ici d’innocence, mais bien de l’absence de toute capacité à se délivrer soi-même. Notre responsabilité est de dire aux gens du monde qu’ils peuvent échapper au jugement de Dieu en confessant leurs péchés et en croyant au Seigneur Jésus. Paul l’a compris et l’a dit : « Malheur à moi si je n’évangélise pas » (1Cor 9:16).
Nous devrons rendre compte de tous les cas où nous avons su que des hommes allaient vers la mort éternelle et où nous ne leur avons pas montré le moyen d’y échapper (Ézé 33:1-33). Nous ne pourrons pas dire : « Voici, nous n’en savions rien » (verset 12). L’ignorance n’est pas une excuse si nous avons délibérément fermé les yeux sur un mal. Cela ressemble à l’excuse que les Allemands ont utilisée après la Seconde Guerre mondiale à propos de l’Holocauste et qui est devenue une expression courante : ‘Wir haben es nicht gewußt’ (‘Nous n’avons pas su’).
L’excuse de l’ignorance peut parfois marcher avec les gens, mais pas avec Dieu. Il sonde sans cesse les cœurs et sait sans se tromper s’ils sont sincères. Il observe l’âme, Il voit comment la vie est vécue et quelles en sont les motivations. Le cœur et l’âme sont sous sa surveillance constante, et aucun motif ne Lui échappe. Il sait donc parfaitement si l’affirmation ‘nous n’avons pas su’ est vraie ou si c’est un mensonge.
En vertu de son omniscience, Il rendra « à chacun selon ce que sera son œuvre » (Apo 22:12), et il est impossible qu’Il se trompe. Rendre selon les œuvres signifie que l’homme est jugé selon la mesure dont il s’est servi lui-même. Celui qui n’a pas fait preuve de miséricorde ne recevra pas de miséricorde. Celui qui aurait pu délivrer la vie d’autrui et ne l’a pas fait mourra.
13 - 14 La douceur de la sagesse
13 Mon fils, mange du miel, car il est bon ; et un rayon de miel est doux à ton palais. 14 Ainsi connais pour ton âme la sagesse : si tu l’as trouvée, il y a un avenir, et ton espérance ne sera pas réduite à néant.
Le père encourage son fils à manger du miel (verset 13) parce qu’il veut appliquer la consommation du miel à la connaissance de la sagesse (verset 14). Ce que le miel est pour son corps, la connaissance de la sagesse l’est pour son âme.
Le miel est bon, car il est sain (verset 13). Le miel de rayons est le meilleur du miel. C’est le miel qui se sépare tout seul, sans être pressé, sans intervention humaine, des rayons de miel. C’est le plus pur. Il est dit à plusieurs reprises que le pays de Canaan est « un pays ruisselant de lait et de miel ». Le miel est une bénédiction particulière de Dieu pour son peuple terrestre.
La connaissance de la sagesse (verset 14) a la santé et la douceur du miel. Elle a la caractéristique supplémentaire d’un plaisir qui dure éternellement (cf. Psa 19:11 ; 119:103 ; Ézé 3:3). Le père dit à son fils qu’il doit la rechercher, car il doit la trouver. Il lui promet que ses efforts seront richement récompensés. Il en appréciera déjà la douceur et aura son « espérance » pour l’« avenir ». L’avenir et l’espérance sont liés à la sagesse. La sagesse donne une espérance qui ne déçoit pas, une espérance qui ne sera pas réduite à néant.
Ceux qui ont goûté au miel n’ont pas besoin d’autre preuve qu’il est doux. Aucun argument ne pourra les convaincre du contraire, car ils l’ont goûté eux-mêmes. Il en est de même, dans le domaine spirituel, pour ceux qui ont expérimenté la puissance de la sagesse de Dieu en Christ. Tous les athées du monde, avec tous leurs sophismes, ne peuvent nier ce goût ni en ôter le plaisir.
Le miel est le produit du travail zélé des abeilles et non de celui qui l’a trouvé. La connaissance de la sagesse est associée à une richesse qui s’obtient en se nourrissant de ce que d’autres ont déjà trouvé. Nous savourons le miel lorsque nous nous occupons directement de la fontaine de la sagesse, Christ, en lisant la parole de Dieu. Le miel que nous consommons lorsque nous sommes avec nos frères et sœurs et le miel que nous consommons lorsque nous lisons la parole de Dieu sont appréciés par nous personnellement.
15 - 16 Le juste tombe, mais il se relève
15 Méchant, ne mets pas des embûches contre l’habitation du juste, ne dévaste pas son gîte. 16 Car le juste tombe sept fois, et se relève ; mais les méchants trébuchent [pour tomber] dans le malheur.
Le méchant, peut-être le fils qui se comporte de manière impie, reçoit l’ordre de ne mettre pas « des embûches contre l’habitation du juste » (verset 15). Le but de mettre des embûches est de dévaster le« gîte » du juste. Le mot « gîte » est aussi utilisé pour désigner l’étable où les brebis se couchent. Cela caractérise le juste comme une brebis sans défense et innocente. Celui qui mets des embûches contre l’habitation du juste et cherche à y pénétrer pour la dévaster est un loup, symbole du diable.
Il est vain et cela précipite aussi sa propre perte que de maltraiter quelqu’un du peuple de Dieu, car il survivra toujours (verset 16). Les méchants, en revanche, périssent dans le malheur qu’ils causent. Attaquer un juste, c’est attaquer Dieu, et il sera toujours impossible de Le vaincre (cf. Mt 16:18). Un juste peut tomber plusieurs fois, mais il se relèvera (Psa 37:24 ; Mic 7:8 ; Job 5:19). À l’inverse, les méchants ne survivront pas. Sans Dieu, ils n’ont pas le pouvoir de survivre au malheur. En fin de compte, les justes triompheront et ceux qui s’opposent à eux trébucheront dans leur malheur.
« Sept fois » signifie un nombre complet. Dieu inflige au juste autant de châtiments qu’Il le juge nécessaire. Ces châtiments servent à le purifier, non à le détruire. Le juste se relève même d’une chute grave, tandis que les méchants ne font que trébucher, après quoi ils sont perdus. Pierre est souvent tombé, mais il s’est toujours relevé. Judas a trébuché dans le malheur, il est tombé et ne s’est pas relevé.
17 - 18 Pas de joie maligne
17 Si ton ennemi tombe, ne te réjouis pas ; et s’il trébuche, que ton cœur ne s’égaie pas ; 18 de peur que l’Éternel ne le voie, et que cela ne soit mauvais à ses yeux, et qu’il ne détourne de dessus lui sa colère.
Salomon interdit à son fils d’éprouver une joie maligne si son ennemi tombe (verset 17). Il ne doit même pas s’égayer dans son cœur, c’est-à-dire éprouver une satisfaction intérieure, si son ennemi trébuche. Il s’agit ici d’ennemis personnels, de personnes qui nous rendent la vie difficile. Il est peut-être compréhensible que nous soyons reconnaissants si quelque chose arrive à notre ennemi, car cela nous libère d’un bourreau, mais s’en réjouir est autre chose. Il s’agit ici de se réjouir de la chute d’un ennemi en pensant qu’il reçoit son dû. La joie maligne joue ici un rôle. Une telle joie est interdite.
David ne s’est pas réjoui de la chute de Saül et a aussi exhorté les autres à ne pas le faire (2Sam 1:20). Un ancien garde du corps du cruel dictateur irakien Saddam Hussein, qui a réussi à échapper à son emprise et a ensuite a reçu Christ par la foi, a déclaré qu’il ne se réjouissait pas de la mort du dictateur. L’idée que cet homme cruel soit à la place de la douleur ne lui procurait pas de joie, mais de la tristesse. Le Seigneur Jésus dit que nous devons aimer nos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutent (Mt 5:44).
Le verset 18 explique pourquoi nous ne devons pas nous réjouir avec une joie maligne de la chute de notre ennemi. Dieu a permis que notre ennemi nous harcèle parce qu’Il avait un but. S’Il veille à ce que l’ennemi soit éliminé et que nous nous réjouissons de cela, nous commettons une offense contre une créature de Dieu. C’est mauvais aux yeux de Dieu. Il peut alors détourner sa colère de notre ennemi, qui peut alors recommencer à se comporter comme notre ennemi, peut-être sous une autre forme. Nous ne sommes alors pas débarrassés de lui.
19 - 20 Il n’y a pas d’avenir pour l’inique
19 Ne t’irrite pas à cause de ceux qui font le mal, n’envie pas les méchants ; 20 car il n’y a pas d’avenir pour l’inique : la lampe des méchants s’éteindra.
Le verset 19 semble être une citation que Salomon reprend de son père David, qui a dit la même chose (Psa 37:1 ; Pro 23:17 ; 24:1). Il est insensé de s’irriter « à cause de ceux qui font le mal » et d’envier « les méchants ». Le verset 20 en donne la raison, comme le montre le mot « car » qui commence le verset. Le sort futur des méchants doit empêcher le fils d’envier de leur prospérité actuelle. Leur prospérité a une date d’expiration. Après cela, c’est fini. Il doit aussi réaliser que Dieu, dans sa providence, laisse encore les méchants et les iniques suivre leur chemin. Ils sont sous son contrôle, même s’il semble qu’ils puissent agir sans être dérangés.
Ce qu’ils font peut, dans certains cas, nous irriter et, dans d’autres, envier. Cela dépend de ce qu’ils font et de la façon dont nous le percevons ou y sommes confrontés. Si nous ne regardons qu’eux et leur comportement, nous arrivons à de tels sentiments. Nous faisons alors preuve d’une vision très courte à leur égard. Nous devons être conscients que l’inique n’a pas d’avenir, mais qu’il sera jugé et enfermé pour l’éternité en enfer, sans espoir de libération. La lampe des méchants, c’est-à-dire la lumière de leur vie, ne brillera pas éternellement. Leur vie sera éteinte, comme une lampe à huile que l’on souffle. Leur lampe ne sera jamais rallumée (Job 18:5-6 ; 21:17).
21 - 22 Crains l’Éternel et le roi
21 Mon fils, crains l’Éternel et le roi ; ne te mêle pas avec les gens remuants, 22 car leur calamité surgira tout à coup ; et qui sait la ruine des uns et des autres ?
Salomon s’adresse très directement à son fils (« mon fils ») pour lui rappeler qu’il doit craindre à la fois l’Éternel et le roi (verset 21). Il lui dit qu’il doit respecter l’autorité suprême dans l’univers, celle de l’Éternel, et l’autorité établie par l’Éternel sur la terre qui Le représente, le roi (1Pie 2:17b ; Rom 13:1-7). Il peut le faire en s’y soumettant et en lui obéissant.
À la crainte de l’Éternel et du roi s’oppose « les gens remuants » ou, selon la traduction néerlandaise de la Bible, « les gens qui veulent du changement ». Par « remuant » ou « changement », on entend ici le fait de ne plus tenir compte de l’autorité de Dieu et de celle de son représentant sur la terre. Il s’agit de personnes qui ne veulent plus Lui obéir, qui se rebellent contre son autorité. Elles veulent renverser son autorité et celle du roi. Ces personnes veulent apporter des changements aux structures d’autorité données par Dieu et les modeler à leur guise.
Il s’agit de personnes qui manipulent la parole de Dieu et la mettent ainsi de côté. Certaines structures d’autorité, telles que celles de l’homme et de la femme, sont déclarées temporaires. Ce que dit la parole de Dieu à ce sujet est déclaré obsolète et donc hors-la-loi. Nous le voyons en politique, dans la société, dans les familles et aussi dans les églises. L’autorité est devenue un mot indésirable.
Le verset 22 donne la raison de l’avertissement du verset précédent. Nous le voyons au mot « car » qui commence le verset. Si le fils s’engage avec ces rebelles contre l’autorité de Dieu et du roi, les innovateurs, il participera à la calamité qui les surgira tout à coup. Dieu et le Roi, c’est-à-dire le Seigneur Jésus, feront valoir leur autorité. La question reste ouverte de savoir quelle ruine cela entraînera pour les rebelles.
La récompense pour ceux qui vivent en paix sous l’autorité de Dieu dans le monde est d’échapper aux calamités qui s’abattront sur les rebelles. Ceux qui sont soumis à l’autorité et la respectent ne se feront pas de mal. Ils seront préservés d’envier les autres et d’user la violence contre les autres (cf. Mt 24:48-49). Une conséquence positive de la reconnaissance de l’autorité est la présence de la paix et de la tranquillité.
23 - 26 Pas de partialité dans le jugement
23 Ces choses aussi viennent des sages : Faire preuve de partialité dans le jugement n’est pas bien. 24 Celui qui dit au méchant : Tu es juste, les peuples le maudiront, les peuplades seront indignées contre lui ; 25 mais ceux qui le reprennent seront agréables, et une bénédiction de bien viendra sur eux. 26 Celui qui répond des paroles justes donne un baiser sur les lèvres.
Ici commence une nouvelle partie, mais qui s’inscrit clairement dans la continuité de la précédente (Proverbes 22:17-24:22). Cela ressort des mots « ces choses aussi » (verset 23a). Les proverbes qui suivent – aux versets 23-34 – « viennent des sages » et s’adressent à ceux qui sont déjà sages, mais qui veulent le devenir davantage. La sagesse se manifeste justement par le fait que quelqu’un veut grandir en sagesse.
Cette partie commence par condamner la partialité dans le jugement (verset 23b). Il s’agit pour un juge de faire clairement la distinction entre la justice et le mal (Pro 18:5 ; Lév 19:15 ; Deu 16:19). Il ne doit pas confondre les deux et les appliquer à la mauvaise personne par partialité.
Il ne doit pas dire au méchant : « Tu es juste » (verset 24). S’il le fait, non seulement Dieu le jugera, mais il s’attirera aussi la colère des peuples. C’est quelqu’un qui juge en public et qui le fait au nom de Dieu. C’est une grave violation du droit et un grand déshonneur pour le Juge de toute la terre. Un juge qui est si partial qu’il rend un tel jugement est maudit par tous sur toute la terre.
Si justice est rendue en condamnant le méchant et en acquittant le juste, cela est agréable à ceux qui défendent le droit (verset 25). La bénédiction du bien viendra sur les juges qui font respecter la justice et sur ceux qui s’en réjouissent. Dieu trouve en eux les caractéristiques qui sont les siennes. Il y a toujours une bénédiction à faire et à défendre la justice.
Pour qu’un juge rende un jugement juste dans une affaire, il est important qu’un témoin « réponde des paroles justes » (verset 26). Cela peut aussi concerner le juge qui rend un bon jugement dans une affaire. Une réponse avec des paroles justes apporte une contribution précieuse à la paix et à la tranquillité dans le pays, ce que nous pouvons appliquer à l’église locale. Celui qui agit ainsi n’entend pas de malédictions ni de jurons (verset 24), mais reçoit des expressions d’amour.
Baiser les lèvres est une reconnaissance de la valeur des réponses justes qui ont été données. De telles paroles n’éloignent pas, mais unissent dans l’amour. Un baiser est aussi un signe de réconciliation. Celui qui répond par des paroles justes opère la réconciliation.
27 Indépendance financière
27 Prépare ton ouvrage au-dehors, et mets en état ton champ, et après, bâtis ta maison.
Ce verset traite de l’établissement des bonnes priorités dans la vie. Il nous enseigne que nous devons d’abord faire les choses qui doivent être faites en premier. D’abord l’une, « et après » l’autre. Nous devons respecter le bon ordre dans nos activités. Si nous ne le faisons pas, notre vie devient chaotique et se solde par un fiasco.
On peut appliquer cela à la fondation d’une famille. Avant de pouvoir s’y lancer, il faut être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille. Il faut donc d’abord avoir un revenu. Il peut l’obtenir en travaillant. Avec ce qu’il gagne en travaillant, il peut bâtir sa maison, c’est-à-dire fonder une famille et subvenir à ses besoins.
28 - 29 Ne porte pas de faux témoignage et ne te venge pas
28 Ne sois pas témoin, sans motif, contre ton prochain ; voudrais-tu donc tromper de tes lèvres ? 29 Ne dis pas : Comme il m’a fait, je lui ferai ; je rendrai à l’homme selon son œuvre.
Le verset 28 est un avertissement de ne pas se laisser tenter de témoigner contre son prochain sans raison valable. Nous pouvons nous retrouver dans des situations où des collègues ou des personnes de notre entourage nous demandent notre avis sur le comportement d’une personne avec laquelle nous travaillons ou qui vit dans notre quartier, dans le but de l’accuser. Si nous n’avons pas personnellement fait l’expérience de cette personne, nous ne devons pas nous laisser tromper et être témoin dans cette affaire. Le message est qu’il doit y avoir des raisons très solides avant que quelqu’un puisse témoigner contre son prochain.
Le sentiment de vengeance ne doit pas non plus jouer un rôle dans un procès (verset 29). Encore moins quelqu’un doit-il se faire justice lui-même. Si quelqu’un nous a fait du mal, nous pourrions recourir à l’une ou l’autre de ces possibilités, mais elles sont toutes deux mauvaises. Nous ne devons pas rendre le mal pour le mal. Nous ne devons même pas le dire, ni à haute voix ni dans notre cœur.
Pour avoir cette disposition, il faut que nous ayons confiance en Dieu. Il ne Lui échappe pas que l’on nous a fait du mal. Notre réaction ne Lui échappe pas non plus. Il sait comment nous pouvons réagir. Si nous voulons rendre à quelqu’un le mal qu’il nous a fait, nous prenons la place de Dieu en tant que Juge (Rom 12:19). Tout comme le Seigneur Jésus, nous devons remettre l’injustice qui nous a été faite « à celui qui juge justement » (1Pie 2:23). C’était aussi l’attitude que David avait adoptée envers Saül. Il ne voulait pas se faire juge, mais il a remis Saül à Dieu et a attendu ce qu’Il ferait de lui. Il n’a pas été confondu.
30 - 34 La leçon de l’homme paresseux
30 J’ai passé près du champ de l’homme paresseux et près de la vigne de l’homme dépourvu de sens, 31 et voici, tout y était monté en chardons ; les orties en avaient couvert la surface, et sa clôture de pierres était démolie. 32 Et je regardai, j’y appliquai mon cœur ; je vis, et je reçus instruction. 33 Un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir…, 34 et ta pauvreté viendra [comme] un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé.
Le sage Salomon raconte dans ces versets une promenade qu’il a faite et ce qu’il a remarqué. Il en tire une leçon pour lui-même et pour son fils. Il arriva qu’il passa « près du champ de l’homme paresseux » (verset 30). Il ne cherchait pas ce champ, il passait simplement devant. Oui, ce champ avait été une vigne, c’est du moins l’impression qu’il eut, mais il n’en restait plus rien.
C’était parce que sa gestion était entre les mains « de l’homme dépourvu de sens ». Seul un tel homme, sans le moindre sens des responsabilités, peut laisser sa vigne se dégrader ainsi. Il ne s’agit pas ici d’une personne sans caractère, mais d’une personne sans cervelle, sans sens, littéralement sans cœur. Il ne lui manquait pas la force, mais la volonté.
« Et voici » (verset 31), alors qu’il passait par là, il constata plusieurs choses. Le sage ne rêvassait pas et ne somnambulait pas, mais observait attentivement la situation autour de lui. Il n’y avait pas quelques mauvaises herbes ici et là dans le champ, non, « tout y était monté en chardons ». Il n’y avait plus un bout de terre visible, car « les orties en avaient couvert la surface ». Là où auraient dû pousser des raisins, on voyait une profusion d’orties et de chardons. Ceux-ci ne poussent pas du jour au lendemain. Cela faisait déjà longtemps qu’aucun travail n’avait été effectué ici.
Une situation similaire peut se produire dans la vie d’un croyant qui est infidèle au Seigneur et qui L’oublie de plus en plus. Les bons fruits de la foi qui réjouissent le cœur (la vigne parle de joie) disparaissent et sont remplacés par des orties et des chardons qui font mal et blessent. Les conséquences du péché dans la création ont pris place dans la sphère de vie du croyant.
Le sage voyait aussi que « sa clôture de pierres était démolie ». Toute protection avait disparu. Le terrain était accessible à tous. Si la demeure du paresseux s’y trouvait aussi, tout cambrioleur pouvait y pénétrer très facilement.
Il s’agit d’un champ qui était auparavant une vigne. Israël est comparé à une vigne (Ésa 5:1-7). La vigne doit produire du vin. Le vin est une image de la joie (Jug 9:13 ; Psa 104:15). Dieu voulait se réjouir de son peuple, mais son peuple ne Lui a pas procuré cette joie. Par paresse, la vigne était devenue un champ où proliféraient les symboles du péché (Gen 3:18), les œuvres de la chair.
Nous pouvons en tirer une application. Si nous sommes spirituellement paresseux, les ‘orties’ et les ‘chardons’, c’est-à-dire les choses pécheresses, envahiront la vigne de notre vie. Dieu ne peut alors se réjouir de notre vie, car rien en elle ne Lui rappelle la vie du Seigneur Jésus. Et si nous laissons s’effriter la muraille de séparation qui nous sépare du monde, le monde et la pensée mondaine font leur entrée dans notre vie et nous sommes ruinés.
Après l’observation des versets 30-31, le sage tire une leçon pour lui-même et la partage avec nous (versets 32-34). Il a appliqué dans son cœur ce qu’il a vu. C’était une instruction, une instruction sans paroles. L’une des meilleures méthodes d’apprentissage consiste à observer quelque chose, c’est-à-dire à le regarder avec une attention intense, et à le prendre à cœur. C’est ainsi que nous apprenons vraiment. Si nous voyons les conséquences néfastes d’un acte ou d’une attitude, cela nous mettra en garde contre le fait de commettre aussi de tels actes ou d’adopter une telle attitude.
Ce que Salomon a vu et qui a été pour lui une instruction, l’empêchera de sombrer dans la paresse. Cela commence par un peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir. Ce n’est qu’« un peu », mais tous ces petits « un peu » ressemblent au voyageur [littéralement : rôdant] qui ne court pas vite, mais qui poursuit son chemin sans se relâcher. Et tous ces petits ‘un peu’ mis ensemble sont comme un homme armé. Tous ces petits ‘un peu’ de sommeil, d’assoupissement et de croiser les mains pour dormir ont pour conséquence la pauvreté et le dénuement (Pro 6:10-11).