Ézéchiel 6

La parole de l’Éternel vient à Ézéchiel (verset 1). Lui, « fils d’homme », doit tourner sa « face contre les montagnes d’Israël » (cf. Ézé 4:3) et prophétiser contre elles (verset 2). L’expression « montagnes d’Israël » n’apparaît que dans Ézéchiel (Ézé 6:2,3 ; 19:9 ; 33:28 ; 34:13,14 ; 35:12 ; 36:1,4,8 ; 37:22 ; 38:8 ; 39:2,4,17). Les montagnes d’Israël sont une chaîne de montagnes située au cœur d’Israël et s’étendant sur environ 250 km, depuis la plaine de Jizreël, juste au nord de Naplouse ou Sichem, jusqu’à l’extrémité sud de la mer Morte. Dans ces montagnes se trouvent notamment Jérusalem, Béthel, Aï, Sichem, Béthanie et Hébron. C’est là qu’ont été enterrés Abraham, Sarah, Isaac, Rebecca, Léa, Jacob, Josué, Joseph et David. Elles constituent la plus grande partie de ce qu’on appelle aujourd’hui la Cisjordanie ou Westbank.

C’est contre cette région qu’Ézéchiel doit tourner sa face, car c’est là que les Israélites ont dressé leurs autels pour servir leurs idoles. En s’adressant aux montagnes, il s’adresse à tout ce qui est impliqué dans cette idolâtrie. Celle-ci s’accompagne souvent de prostitution sacrée et de toutes sortes d’autres débauches.

Ézéchiel doit prêcher la parole du Seigneur Éternel contre ces montagnes, aussi contre les « collines » moins élevées (verset 3). L’Éternel fera venir l’épée sur les adorateurs d’idoles, sur les hauts lieux idolâtres et sur tout ce qui se trouve à proximité immédiate, comme les ravins et les vallées. Les ravins et les vallées font peut-être référence aux rafraîchissements et aux terres fertiles qu’ils attribuent à leurs idoles comme une bénédiction.

Nous pouvons apprendre beaucoup de l’obéissance d’Ézéchiel. Dieu lui donne non seulement les paroles qu’il doit prononcer, mais détermine aussi à qui elles doivent être adressées. Et Ézéchiel obéit. Il ne demande pas s’il est utile de prophétiser contre Jérusalem, qui se trouve à 1000 kilomètres de là (Ézé 4:3,7). Il ne demande pas aussi non plus si les montagnes et les collines d’Israël entendront le son de sa voix. Il fait simplement ce qui lui est demandé.

Les lieux de culte des idoles seront détruits (verset 4). Les adorateurs d’idoles tomberont mortellement blessés devant leurs dieux puants (cf. Lév 26:30). C’est l’exemple même de la folie de leur idolâtrie. Avec le plus grand mépris, Dieu qualifie leurs idoles de « dieux puants » [le mot hébreu pour idole est toujours, dans Ézéchiel, un terme de mépris ; c’est pourquoi ce mot a été traduit par « dieux puants » dans la traduction néerlandaise de la Bible]. Sous l’œil ‘vigilant’ de ces dieux puants, Il fera tomber leurs adorateurs mortellement blessés. Il sera alors évident que ces dieux puants ne lèvent pas le petit doigt pour conjurer le malheur. Les cadavres gisent là, devant les dieux puants (verset 5). Quelqu’un qui adore de tels dieux a vraiment perdu la raison. Quelle folie que d’adorer de la matière morte et d’en attendre le salut !

Ces dieux ne répandent pas un parfum agréable, mais une odeur nauséabonde, celle des blessés mortels qui gisent devant eux. Dieu porte l’opprobre à son comble en dispersant les os des morts autour de leurs autels. Cette punition a un double effet. Les transgresseurs sont privés de l’honneur d’un enterrement – un enterrement est très prisé – et en même temps, les lieux qu’ils considèrent comme le lieu saint sont souillés.

Le jugement de Dieu détruira tout ce qui est tombé sous l’influence des dieux puants (verset 6). Dans toutes les régions habitées, il détruira les villes par l’intermédiaire de l’ennemi. Les hauteurs où ils ont pratiqué leur idolâtrie deviendront un désert. Le jugement sera radical et ne laissera rien des autels, des dieux puants, des autels à encens et des œuvres des idolâtres. Le Saint Esprit utilise une multitude de mots pour décrire la désolation de la manière la plus impressionnante possible : « désertées », « désolés», « délaissés et désolés », « brisées », « abattues », « anéantis ».

Au milieu de tous ces décombres gisent les morts (verset 7). Toute la région est un charnier à ciel ouvert, jonché de cadavres et de maisons détruites. Alors, ils sauront enfin qu’Il est l’Éternel. Cette reconnaissance ne leur donnera pas la vie. Ils ont laissé passer leur chance, chaque fois que l’Éternel les a appelés à se repentir.

L’expression « et vous saurez que je suis l’Éternel » ou une expression presque identique revient souvent dans ce livre. Cependant, cette expression est remarquablement absente en Ézéchiel 40-48. Cela est compréhensible, car cette partie du livre traite du royaume de paix, où tous connaîtront l’Éternel et sauront qu’Il est l’Éternel (Jér 31:34).

Bien que le jugement soit si sévère, Dieu promet qu’Il laissera « un reste » (verset 8). Au milieu de toute cette infidélité et de tous ces avertissements, voici une première référence à un reste et donc à une rétablissement. Ce reste sera dispersé, mais parmi les nations où il se trouvera, il se convertira et se souviendra de l’Éternel (verset 9 ; cf. Jér 51:50 ; Zac 10:9).

Il a dû les disperser parce qu’ils ont brisé son cœur [selon la traduction néerlandaise de la Bible] par les égarements de leur cœur, leurs yeux s’étant tournés vers la prostitution en suivant leurs dieux puants. L’idolâtrie d’Israël est présentée comme une prostitution, comme une infidélité à l’alliance matrimoniale entre l’Éternel et son peuple (cf. Exo 34:15 ; Osé 1:2). Leurs yeux jouent un rôle important dans leur infidélité à Dieu (Ézé 18:12,15 ; 20:24 ; cf. Nom 15:39). C’est par les yeux que le péché est entré dans le monde : Ève a vu (Gen 3:6).

Lorsque le peuple se repentira grâce à l’œuvre de Dieu en lui, il auro horreur de lui-même à cause de toutes ses abominations, de toutes ses pratiques idolâtres répugnantes. Nous devons aussi connaître ce dégoût de nous-mêmes pour vraiment connaître et aimer le Seigneur.

Cette partie se termine également par la mention qu’ils sauront qu’Il est l’Éternel, une connaissance qui ne vient pas ici du jugement, comme au verset 7, mais de la grâce qui les a amenés à la repentance (verset 10). Ils reconnaîtront qu’Il a agi envers eux avec une justice parfaite. La pleine réalisation de cela sera expérimentée par le reste au temps de la fin.

Ézéchiel reçoit l’ordre de battre de ses mains, de frapper de son pied et de dire ‘hélas’ en signe de dégoût « pour les abominations des iniquités de la maison d’Israël » (verset 11). Il est ainsi à nouveau personnellement impliqué dans le jugement que Dieu prononce sur son peuple. L’annonce du jugement n’est pas une affaire insensible. Elle provoque une réaction émotionnelle chez tous ceux qui doivent le faire.

Le jugement s’abattra sur Jérusalem par l’épée de l’ennemi, par la famine due au siège et par la peste qui résultera de la famine. Le peuple n’a pas le choix ici de choisir l’une de ces plaies, comme l’avait fait David (2Sam 24:13-14), mais sera frappé par chacune d’elles.

La peste qui sévit dans le pays frappera tous ceux qui vivent plus loin dans le pays (verset 12). L’épée frappera ceux qui se trouvent dans et autour de la ville, encerclés par les ennemis. Ceux qui ont pu se cacher et ont été épargnés par l’épée mourront lentement de faim. C’est ainsi que Dieu exercera sa fureur. Il annonce clairement ce qu’Il va faire.

Lorsque les morts seront sur tous les lieux où ils ont rendu hommage à leurs dieux puants, ils sauront qu’Il est l’Éternel (verset 13). Nous avons ici cette connaissance de l’Éternel par et après le jugement. Il est terrible de connaître Dieu dans le jugement (Héb 10:31). Ils acquerront aussi cette connaissance par le jugement de Dieu sur leur pays, qu’Il réduira en un désert pire que le désert de Dibla (verset 14). Le désert de Dibla se trouve probablement à l’est de Moab (voir Nom 33:46 Almon, vers Diblathaïm et Jér 48:22 Beth-Diblathaïm).