Introduction
Ce chapitre présente le principe général de la responsabilité personnelle, l’un des grands principes de l’Écriture. Le principe de la responsabilité personnelle est à la base de l’action de Dieu. Pour Lui, chaque homme porte sa propre responsabilité personnelle et c’est sur cette base qu’Il juge chaque homme individuellement.
1 - 20 Responsabilité de chaque génération
1 Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : 2 – Que voulez-vous dire, vous qui usez de ce proverbe dans la terre d’Israël, disant : “Les pères mangent du raisin vert, et les dents des fils en sont agacées” ? 3 [Aussi vrai que] je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, vous ne répèterez plus ce proverbe en Israël ! 4 Voici, toutes les âmes sont à moi ; comme l’âme du père, ainsi aussi l’âme du fils est à moi : l’âme qui péchera, celle-là mourra. 5 Et si un homme est juste, et pratique le jugement et la justice ; 6 s’il n’a pas mangé sur les montagnes, et s’il n’a pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël, et n’a pas rendu impure la femme de son prochain, et ne s’est pas approché d’une femme pendant sa séparation, 7 et s’il n’a opprimé personne ; s’il a rendu le gage de sa créance, n’a pas commis de vol, a donné son pain à celui qui avait faim, et a couvert d’un vêtement celui qui était nu ; 8 s’il n’a pas prêté à intérêt, et n’a pas pris d’usure ; s’il a détourné sa main de l’iniquité, a rendu un jugement juste entre homme et homme, 9 a marché dans mes statuts, et a gardé mes ordonnances pour agir fidèlement, celui-là est juste : certainement il vivra, dit le Seigneur, l’Éternel. 10 Et s’il a engendré un fils qui soit un homme violent, qui verse le sang, et qui fasse seulement l’une de ces choses, 11 et de ces autres choses n’en fasse aucune, – qui aussi a mangé sur les montagnes, a rendu impure la femme de son prochain, 12 a foulé l’affligé et le pauvre, a commis des vols, n’a pas rendu le gage, a levé ses yeux vers les idoles, a commis l’abomination, 13 a prêté à intérêt, et a pris de l’usure : vivra-t-il ? Il ne vivra pas, il a fait toutes ces abominations : certainement il mourra, son sang sera sur lui. 14 Mais voici, s’il a engendré un fils qui voie tous les péchés que son père a commis, et qui y prenne garde, et ne fasse pas selon ces choses : 15 il n’a pas mangé sur les montagnes, et n’a pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël ; il n’a pas rendu impure la femme de son prochain, 16 et n’a opprimé personne ; il n’a pas pris de gage, et n’a pas commis de vol ; il a donné son pain à celui qui avait faim, et a couvert d’un vêtement celui qui était nu ; 17 il ne s’en est pas pris à l’affligé, il n’a pas pris d’intérêt ni d’usure, il a pratiqué mes ordonnances et a marché dans mes statuts : celui-là ne mourra pas pour l’iniquité de son père ; certainement il vivra. 18 Quant à son père, parce qu’il a pratiqué l’extorsion, qu’il a volé un frère, et a fait au milieu de son peuple ce qui n’est pas bien, voici, il mourra dans son iniquité. 19 Et vous direz : “Pourquoi le fils ne portera-t-il pas l’iniquité de son père ?” Mais le fils a pratiqué le jugement et la justice, il a gardé tous mes statuts et les a pratiqués : certainement il vivra. 20 L’âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui.
La parole de l’Éternel vient à Ézéchiel (verset 1). Dans cette parole, Il rappelle à son peuple un proverbe qui circulait à l’époque d’Ézéchiel (verset 2 ; Jér 31:29-30 ; cf. Lam 5:7). Il s’agit de quelque chose que font les pères et dont les fils subissent les conséquences. Les pères mangent des raisins verts et les fils le ressentent dans leurs dents. Les raisins verts et acides donnent aux dents une sensation rugueuse. Les fils ne mangent pas eux-mêmes les raisins, mais leurs dents leur donnent l’impression qu’ils l’ont fait.
Le sens de ce proverbe est qu’ils trouvent injuste de souffrir à cause de ce qu’ont fait leurs ancêtres. Avec ce proverbe, ils rejettent la responsabilité du jugement à venir. Ce ne sont pas eux les coupables, affirment-ils, mais les générations précédentes. Ils prétendent que les péchés de leurs pères leur sont reprochés. Ce faisant, ils accusent en fait l’Éternel d’injustice.
De nos jours, on entend encore cette même opinion. Si quelqu’un a commis un crime, on en cherche la cause dans son éducation, dans ses gènes ou dans l’environnement dans lequel il a grandi. Cette attitude est le réflexe humain qui consiste à rejeter la responsabilité de ses actes sur les autres. Ce comportement de rejet est aussi vieux que l’humanité. Nous voyons ce comportement chez Adam qui blâme Ève et chez Ève qui blâme le serpent. Mais Dieu condamne chacun des trois impliqués pour ses propres péchés.
Personne n’est obligée d’imiter le mauvais comportement de ses parents ou d’autres personnes. L’homme a le choix de le faire ou non. De plus, chaque homme a la possibilité d’être libéré du fardeau de son passé s’il confesse ses péchés à Dieu. Dieu lui accordera alors son pardon.
L’Éternel reproche vivement cette attitude aux Israélites et leur jure – « [aussi vrai que] je vis » – qu’ils n’utiliseront plus ce proverbe (verset 3). Il rejette avec force l’idée que l’on puisse se décharger de sa responsabilité personnelle. Il montre dans ce passage qu’Il est juste quand Il punit, car Il punit chacun selon ses propres actes. Il en résultera que le peuple, quand il est convaincu de sa propre culpabilité, renoncera à cette justification personnelle absurde et injustifiée.
L’Éternel commence par souligner que chaque vie humaine est à Lui (verset 4 ; Job 12:10). C’est pourquoi chaque homme est personnellement responsable devant Lui. La vie du père appartient à l’Éternel, et la vie du fils Lui appartient également. Bien que le père et le fils soient liés par les liens de la famille, chacun est personnellement responsable devant Dieu. Que ce soit le père ou le fils qui pèche, celui qui pèche mourra, « car le salaire du péché, c’est la mort » (Rom 6:23a). Il n’est pas question de rejeter sa propre responsabilité, ni de transférer ou d’hériter la culpabilité.
On peut maintenant se demander si ce qui précède n’est pas en contradiction avec ce que dit la loi, à savoir que l’Éternel punit le péché des pères « jusqu’à la troisième et à la quatrième [génération] » (Exo 20:5b). Il n’y a manifestement pas de contradiction entre les deux. Le contexte dans l’Exode fait référence à l’idolâtrie qui se perpétue à travers les générations. Les fils persistent souvent dans les péchés de leurs parents. C’est un message grave pour les parents. Ce n’est pas un message qui permet aux fils de rejeter la responsabilité de leurs actes sur leurs parents ou leur environnement. Les fils sont punis pour leurs propres péchés. Moïse a aussi écrit que personne ne sera mis à mort pour les péchés d’autrui, mais que l’âme qui pèche mourra (Deu 24:16).
L’incrédulité des parents a certainement un effet dévastateur sur l’éducation des fils, mais chacun reste néanmoins personnellement responsable devant Dieu. Chaque génération doit décider elle-même de la voie qu’elle veut suivre : la voie de la fidélité et du respect envers l’Éternel, ou la voie de l’obstination et de la rébellion contre l’Éternel. Dieu demandera des comptes à chacun en fonction de sa responsabilité.
L’Éternel donne plusieurs exemples à Ézéchiel. Il le fait à l’aide de trois générations successives. Nous en avons un exemple avec Ézéchias, Manassé et Josias :
1. Le (grand-)père qui pratique la justice (Ézéchias) vivra (versets 5-9).
2. Le fils violent du juste (Manassé) mourra (versets 10-13).
3. Le (petit-)fils juste (Josias), fils du père violent, vivra, tandis que son père violent mourra (versets 14-18).
Le juste est l’homme qui « pratique le jugement et la justice » (verset 5). Ce qui constitue le jugement et la justice du juste est largement expliqué (versets 6-9). C’est quelqu’un qui fait des commandements de l’Éternel la norme de sa vie et qui agit en conséquence. L’Éternel énumère les caractéristiques d’une telle personne :
- « il n’a pas mangé sur les montagnes » (verset 6) – cela fait référence aux cultes idolâtres pratiqués sur les montagnes (Ézé 6:2,13 ; 16:16 ; 20:28 ; Jér 2:20 ; Osé 4:13) ;
- « il n’a pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël » – il se tient à l’écart, conformément à la loi, des idoles abominables que sert Israël (Exo 20:3) ;
- « n’a pas rendu impure la femme de son prochain » – il respecte le septième commandement et ne commet pas d’adultère (Exo 20:14 ; Deu 22:22) ;
- « ne s’est pas approché d’une femme pendant sa séparation » – il respecte les prescriptions relatives à la sexualité (Lév 15:24 ; 18:19 ; 20:18) ;
- « il n’a opprimé personne » (verset 7) – il n’abuse pas de la position sociale vulnérable d’autrui pour s’enrichir à ses dépens (Exo 22:21-22 ; Deu 24:17) ;
- « il a rendu le gage de sa créance » – il reconnaît le droit de son prochain, malgré la dette que celui-ci a envers lui (Exo 22:25-26 ; Deu 24:12-13 ; Job 22:6 ; 24:3 ; Am 2:8) ;
- « n’a pas commis de vol » – il n’est pas un voleur ou un brigand qui dépouille son prochain pour accroître ses biens (Exo 20:15 ; Lév 19:13) ;
- « a donné son pain à celui qui avait faim » – au lieu de voler les autres, il donne du pain à ceux qui ont faim (Deu 15:7-11 ; Ésa 58:7 ; Jac 2:15-16) ;
- « a couvert d’un vêtement celui qui était nu » – au lieu de dépouiller quelqu’un, il lui fournira ce dont il a besoin pour se réchauffer (Ésa 58:7 ; Jac 2:15-16) ;
- « il n’a pas prêté à intérêt » (verset 8) – l’Israélite ne peut prendre des intérêts qu’aux étrangers, pas à ses compatriotes (Exo 22:25 ; Lév 25:36-37 ; Deu 23:19-20 ; Pro 28:8) ;
- « et n’a pas pris d’usure » – (Lév 25:37 ; Pro 28:8) ;
« il a détourné sa main de l’iniquité » – ici, nous pouvons penser à l’utilisation de faux poids et mesures dans le commerce (Lév 19:35-36) ;
- « a rendu un jugement juste entre homme et homme » – il n’y a pas de partialité dans le jugement d’un litige, mais une justice équitable (Lév 19:15 ; Pro 16:10) ;
« a marché dans mes statuts » (verset 9) – une telle personne ne suit pas son propre chemin, mais marche dans l’obéissance à l’Éternel, tout en aimant ses statuts, en les méditant, en s’en réjouissant et en voulant les apprendre (Lév 18:4 ; Psa 119:16) ;
« et a gardé mes ordonnances pour agir fidèlement » – il ne s’agit pas seulement d’une obéissance extérieure, mais d’agir avec la bonne disposition du cœur (verset 31).
L’homme qualifié de « juste » est celui qui se caractérise par la pratique du jugement et de la justice, montrant ainsi qu’il aime l’Éternel. « Certainement il vivra, dit le Seigneur, l’Éternel ». Un tel homme mérite la vie et l’aura. Elle ne périra pas par les jugements, quelles que soient les mauvaises actions commises par ses ancêtres.
Aux versets 10-13, le cas est présenté où le juste des versets précédents a un fils qui n’est pas juste comme son père (verset 10). Nous voyons cela chez Ézéchias, qui est juste, et son fils Manassé, qui n’est pas juste. Ce fils est violent, quelqu’un qui verse le sang, quelqu’un qui méprise la vie d’autrui. Il fait des choses que son père ne fait pas, et le simple fait d’en faire une seule de ces choses suffit à lui valoir la peine de mort.
L’Éternel rappelle que le père ne fait pas toutes les choses énumérées ci-dessus (verset 11). Le fils ne se contente pas d’un seul acte d’impiété, sa violence. Il accumule péché sur péché. L’Éternel intensifie son horreur du mal du fils qui agit de manière si contraire à son père. Il est l’opposé de son père, car c’est quelqu’un qui
- « qui aussi a mangé sur les montagnes,
a rendu impure la femme de son prochain,
(verset 12) a foulé l’affligé et le pauvre,
a commis des vols,
n’a pas rendu le gage,
a levé ses yeux vers les idoles,
a commis l’abomination,
(verset 13) a prêté à intérêt,
et a pris de l’usure ».
Après cette énumération de méfaits, l’Éternel pose la question suivante au peuple : « Vivra-t-il ? » Il n’attend pas la réponse, mais la donne Lui-même : « Il ne vivra pas, il a fait toutes ces abominations : certainement il mourra, son sang sera sur lui » La justice de son père ne peut le sauver. Lui seul est responsable de sa vie dans le péché. C’est clair : les fils ne sont pas tenus responsables des crimes de leurs parents et ils ne reçoivent pas la récompense pour les actes justes de leurs parents.
Il est possible que certaines personnes voient les péchés de leur père et ne les suivent pas (verset 14). Nous le voyons chez le méchant Amon et son fils Josias, qui craignait Dieu. Un fils qui craint Dieu n’agit pas selon l’exemple méchant qu’il a vu. Et là encore, l’Éternel énumère les méfaits, mais cette fois en relation avec quelqu’un qui ne commet pas ces méfaits, mais qui fait ce que l’Éternel a dit :
(verset 15) « Il n’a pas mangé sur les montagnes,
et n’a pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël ;
il n’a pas rendu impure la femme de son prochain,
(verset 16) et n’a opprimé personne ;
il n’a pas pris de gage, et n’a pas commis de vol ;
il a donné son pain à celui qui avait faim,
et a couvert d’un vêtement celui qui était nu ;
(verset 17) il ne s’en est pas pris à l’affligé,
il n’a pas pris d’intérêt ni d’usure,
il a pratiqué mes ordonnances
et a marché dans mes statuts ».
Ce fils se montre juste et c’est pourquoi « celui-là ne mourra pas pour l’iniquité de son père ; certainement il vivra ». Mais le père mourra à cause de son injustice (verset 18). Et une fois de plus, l’Éternel énumère en quoi consiste son injustice. L’accusation est à nouveau lue. Il faut que le peuple comprenne profondément que les mauvaises actions commises par la personne sont la cause directe de sa mort. « Le père » meurt « parce qu’il
a pratiqué l’extorsion,
qu’il a volé un frère,
et a fait au milieu de son peuple ce qui n’est pas bien
Il est démontré de manière détaillée et évidente que chacun est personnellement responsable de ses propres actes. L’Éternel ne regarde que la personne en question et ses actes.
Pourtant, une question semble encore se poser, qu’ils adressent à Dieu : « Pourquoi le fils ne portera-t-il pas l’iniquité de son père ? » (verset 19a). Cette question n’est pas intègre, mais constitue une dernière tentative pour échapper à sa propre responsabilité. La question semble être inspirée par ce que dit la loi, à savoir que les enfants portent l’iniquité de leurs pères (Exo 20:5b ; voir le commentaire sur le verset 4).
En posant cette question, ils accusent Dieu d’injustice. Dieu a clairement montré qu’ils ne peuvent pas rejeter la responsabilité de leurs actes sur leurs pères. Pourtant, ils refusent de reconnaître qu’ils sont eux-mêmes responsables de leur comportement. S’ils ne peuvent pas rejeter la faute sur leurs pères, il ne leur reste plus qu’à blâmer Dieu.
La réponse que Dieu donne est le point culminant de tout ce discours sur la responsabilité personnelle de l’homme. La conclusion est claire : « Mais le fils a pratiqué le jugement et la justice, il a gardé tous mes statuts et les a pratiqués : certainement il vivra. L’âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui » (versets 19b-20). Les méchants portent leur propre responsabilité. Ils porteront les conséquences de leur méchanceté. Il en est de même pour le contraire, c’est-à-dire pratiquer la justice. Ceux qui le font portent aussi leur propre responsabilité.
21 - 32 Responsabilité et conversion
21 Et le méchant, s’il se détourne de tous ses péchés qu’il a commis, et qu’il garde tous mes statuts, et qu’il pratique le jugement et la justice, certainement il vivra ; il ne mourra pas. 22 De toutes ses transgressions qu’il aura commises, aucune ne viendra en mémoire contre lui ; dans sa justice qu’il a pratiquée, il vivra. 23 Est-ce que je prends plaisir à la mort du méchant ? dit le Seigneur, l’Éternel ; n’est-ce pas [plutôt] à ce qu’il se détourne de ses voies, et qu’il vive ? 24 Et si le juste se détourne de sa justice et commet l’iniquité, faisant selon toutes les abominations que le méchant commet, vivra-t-il ? De tous ses actes justes qu’il aura faits, aucun ne viendra en mémoire ; dans son iniquité qu’il aura commise et dans son péché qu’il a fait, en eux il mourra. 25 Et vous dites : “La voie du Seigneur n’est pas réglée.” Écoutez donc, maison d’Israël : Ma voie n’est-elle pas réglée ? Ne seraient-ce pas plutôt vos voies qui ne sont pas réglées ? 26 Quand le juste se détournera de sa justice, et qu’il pratiquera l’iniquité, il mourra pour cela ; dans son iniquité qu’il aura commise, il mourra. 27 Et quand le méchant se détournera de sa méchanceté qu’il aura commise, et qu’il pratiquera le jugement et la justice, celui-là fera vivre son âme. 28 Puisqu’il prend garde, et se détourne de toutes ses transgressions qu’il a commises, certainement il vivra, il ne mourra pas. 29 Et la maison d’Israël dit : “La voie du Seigneur n’est pas réglée.” Maison d’Israël ! mes voies ne sont-elles pas réglées ? Ne seraient-ce pas plutôt vos voies qui ne sont pas réglées ? 30 C’est pourquoi je vous jugerai, chacun selon ses voies, maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel. Revenez, et détournez-vous de toutes vos transgressions, et l’iniquité ne vous sera pas une pierre d’achoppement. 31 Jetez loin de vous toutes vos transgressions dans lesquelles vous vous êtes rebellés, et faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau ; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? 32 Car je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Éternel. Revenez donc, et vivez.
Dieu offre toujours à l’homme la possibilité de se repentir (verset 21), oui, Il le recommande même (Act 17:30). Un injuste peut devenir juste à tout moment. Une véritable conversion se manifestera par l’accomplissement de la volonté de Dieu. Celui qui se convertit et fait sa volonté, « certainement il vivra ; il ne mourra pas ». Telle est la grandeur de la grâce de Dieu envers un pécheur repentant. Sa grâce est si grande qu’Il ne rappelle même plus au pécheur converti les transgressions qu’il a commises (verset 22).
Le pardon de Dieu est total. Le méchant converti vivra « dans sa justice qu’il a pratiquée ». Vivre dans sa justice qu’il a pratiquée ne signifie pas qu’il mérite la vie par sa vie juste. Le point de départ est sa conversion. C’est son premier acte juste. Ensuite, la nouvelle vie que Dieu donne produit des actes justes.
La possibilité que Dieu donne au méchant de se repentir est liée au sentiment de Dieu. Il ne prend vraiment aucun plaisir à la mort du méchant (verset 23). Il n’aime pas juger les hommes (cf. 2Pie 3:9b). Si un méchant se repent de ses voies méchantes et vit, cela réjouit son cœur. Cette vie est une vie en communion avec Lui, dans la pleine jouissance de la vie véritable. La vie n’est vraiment la vie que lorsqu’elle est vécue à partir de Lui et avec Lui.
L’inverse peut aussi être vrai. Il peut arriver qu’un juste se détourne de la justice et commence à agir de manière méchante (verset 24). Dieu ne laissera pas une telle personne en vie. Ce juste aura beau avoir accompli de nombreuses actions justes, celles-ci ne l’aideront pas à échapper au jugement pour un seul acte abominable. Le jugement le frappera et toutes ses actions justes seront annulées, elles ne seront plus prises en compte. Le jugement s’abattra sur lui parce qu’il a commis un acte de trahison envers l’Éternel et à cause du péché qu’il a commis.
Le peuple ose accuser le Seigneur (Adonai, c’est-à-dire le souverain dominateur) d’injustice, d’une conduite injuste. Ils l’accusent d’emprunter des voies tortueuses, d’être capricieux dans sa politique (verset 25). Ils veulent dire que Dieu ne tient pas compte des péchés passés du méchant qui se repent et les laisse impunis, et qu’Il ne tient pas compte des bonnes actions passées du juste infidèle et ne les récompense pas. Ils jugent donc qu’Il agit de manière arbitraire et n’applique pas la justice de manière impartiale.
Cela montre bien l’incroyable insolence du peuple. Indigné, Dieu leur dit qu’ils doivent bien écouter. Comment osent-ils dire cela ! Ils devraient plutôt regarder leurs propres voies, qui sont pleines d’injustice. C’est un trait très néfaste de l’homme que de traiter Dieu d’injustifié afin de justifier sa propre injustice.
L’Éternel résume encore une fois ce qui arrive au juste qui commet l’injustice (verset 26) et au méchant qui se repent (versets 27-28). Dieu agit selon le principe qu’Il demande à chaque homme de rendre compte de ses propres actes. Il prouve ainsi qu’Il considère l’homme comme une personne pleinement responsable, qui récolte sa moisson (Gal 6:7).
Soit dit en passant, ce qu’Ézéchiel présente ici concerne la vie naturelle et la mort sur la terre – il est important de garder cela à l’esprit lorsque l’on réfléchit à la signification de ce chapitre – et non la vie éternelle ou la mort éternelle. Dans l’Ancien Testament, le salut éternel dépend de la foi vivante en Dieu et en le Messie. Une personne méchante ne peut être sauvée en accomplissant de bonnes œuvres. Elle doit se repentir et peut ensuite accomplir de bonnes œuvres.
Dans l’autre cas, lorsqu’une personne accomplit des actes justes, respecte la loi (voir le résumé aux versets 5-9), elle n’est aussi pas sauvée en respectant la loi. Tant qu’elle respecte la loi, elle prolonge sa vie sur la terre. Une personne n’est sauvée pour l’éternité que sur la base de la foi et non sur la base des œuvres (Éph 2:8-9). Quiconque s’est tourné vers Dieu avec un repentir intègre pour ses péchés et a reçu une nouvelle vie ne peut être perdu (Rom 8:1,35-39 ; Jn 10:28-29).
Une fois de plus – ce qui prouve leur obstination – Israël accuse le Seigneur (Adonai) de ne pas suivre la voie droite (verset 29). En réponse, Dieu appelle une fois de plus Israël à bien réfléchir. Est-il vrai que ses voies ne sont pas réglées (ou : droites) ? Ou est-ce plutôt leurs propres voies qui sont injustes ? Cette accusation grossière, qui prouve leur aveuglement total, est le fondement de son jugement (verset 30). Chacun sera jugé selon ses voies. Et puis, à nouveau, cette grande miséricorde de Dieu. Il les appelle encore aujourd’hui à revenir à Lui et à se repentir de toutes leurs transgressions. S’ils le font, ils ne trébucheront plus.
Qu’ils rejettent toutes leurs transgressions et agissent avec un cœur et un esprit nouveaux (verset 31). Cela suppose une œuvre de Dieu dans leur for intérieur, mais cela est néanmoins présenté ici comme une responsabilité qui incombe à l’homme. C’est à l’homme de manifester le désir de vivre selon la volonté de Dieu. Cela signifie d’abord rompre avec le péché, autrement dit : confesser ses péchés et se convertir à Dieu. Cela signifie ensuite vivre à partir de cette nouvelle vie. Pourquoi mourraient-ils ?
Le verset final est la répétition de la déclaration impressionnante du Seigneur, l’Éternel, selon laquelle il ne prend pas plaisir à la mort de celui qui meurt (verset 32). C’est pourquoi, en conclusion, l’appel « revenez donc » retentit une fois de plus, accompagné de la magnifique promesse « et vivez ». Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1Tim 2:4). Il est véritablement « un Dieu de pardons, faisant grâce, et miséricordieux, lent à la colère, et grand en bonté » (Néh 9:17b).