Ézéchiel 21

Ici, nous avons une nouvelle prophétie, une nouvelle parole de l’Éternel à Ézéchiel (verset 1). Ézéchiel, à nouveau appelé « fils d’homme », doit tourner sa face « vers le sud ». Le « sud » et « le midi » est mentionné quelques fois avec trois mots différents en hébreu (verset 2). La prophétie concerne le sud du pays de Juda. Les paroles qu’Ézéchiel doit prononcer sont représentées comme une pluie battante (cf. Am 7:16). Par « la forêt des champs », on entend les habitants de Juda.

« La forêt du midi » reçoit la commande d’écouter la parole de l’Éternel (verset 3). C’est une parole de jugement. L’Éternel dit qu’Il allumera en eux un feu qui fera des ravages parmi les jeunes et les vieux. Le jeune arbre peut aussi désigner le juste et l’arbre sec le méchant (cf. Lc 23:31). Le juste et le méchant seront tous deux confrontés à ce châtiment de Dieu. Les méchants ne sont pas les seuls à avoir souffert sous le châtiment de Dieu, des hommes qui craignent Dieu comme Ézéchiel et Daniel en ont aussi souffert.

Cette œuvre destructrice sera irréversible et réduira tout le pays en un terrain calciné. Il s’agit ici de ce que Nebucadnetsar et ses armées feront lorsqu’ils infligeront les châtiments de Dieu à Juda. Tout le monde verra que le véritable instigateur de cet incendie est Dieu Lui-même (verset 4). Comme c’est Lui qui allume le feu, il sera impossible de l’éteindre. Le destructeur est imparable. Toute tentative de défense contre lui sera vaine.

Ézéchiel ressent le poids des paroles qu’il doit prononcer (verset 5). Il sait que ses compagnons d’exil ne le prennent pas au sérieux. Ses paroles ne les impressionnent pas. Ils refusent de les prendre au sérieux et s’en débarrassent en attribuant son message à son imagination. Ils le considèrent comme un beau parleur qui leur livre un message inventé de toutes pièces qu’ils ne veulent pas comprendre. Le prophète s’en plaint auprès de l’Éternel, mais il n’obtient aucune réponse.

La parole de l’Éternel vient à Ézéchiel (verset 6). Il reçoit l’ordre de tourner sa face contre Jérusalem et de distiller ses paroles contre les sanctuaires (verset 7 ; cf. Ézé 20:46). Après le pays du sud aux versets précédents (verset 1-5), qui désigne Juda, c’est maintenant au tour de Jérusalem d’entendre les paroles de jugement. Le jugement vise principalement « les sanctuaires », qui, vu le pluriel, désignent probablement le complexe du temple (cf. Lév 26:31 ; Mt 24:1). Ézéchiel doit aussi prophétiser contre toute la terre d’Israël.

Le pays tout entier s’est tellement égaré de l’Éternel qu’Il en retranchera tant les justes que les méchants (verset 8). Ils sont le jeune arbre et l’arbre sec de l’énigme précédente (verset 3). Le feu dont il est question ici est maintenant devenu une épée. L’Éternel tirera son épée du fourreau pour le jugement. Cela fait référence au massacre qui sera perpétré par Nebucadnetsar, qui est son épée.

Le mot « épée » apparaît pas moins de treize fois dans les versets suivants. Cela montre bien la gravité et la certitude du jugement. Il s’agit aussi d’un jugement général, car l’épée s’abattra sur « tout être de chair » (cf. verset 4), « du midi jusqu’au nord » (verset 9), y compris les princes (verset 17). Le jugement sera irréversible (verset 10).

Alors qu’Ézéchiel distille ses paroles, il doit gémir, être brisé et avec amertume » (verset 11). Son gémissement doit être si profond qu’il est comme un homme brisé, comme quelqu’un qui est courbé ou recroquevillé, les mains sur le ventre, à cause d’une douleur abdominale insupportable. Il n’a pas la force de marcher. Il doit montrer cette abattement parce qu’il n’y a aucun espoir de guérison de la douleur. Si le peuple lui demande pourquoi il agit ainsi, il doit répondre qu’il est accablé par le fardeau que l’Éternel lui impose (verset 12).

Le prophète est impliqué dans son message et il en est lui-même profondément accablé. Les sentiments intérieurs et les expressions qui en témoignent montrent qu’il ne transmet pas son message avec plaisir. La souffrance qu’il doit annoncer et qui va s’abattre sur son peuple le touche profondément.

Si nous devons réprimander quelqu’un, nous devons avoir le bon sentiment intérieur et l’exprimer de manière appropriée. Connaissons-nous aussi les gémissements causés par les catastrophes qui vont frapper le monde et la chrétienté ?

Tout comme la souffrance imminente qui s’abattra sur son peuple lui ôte déjà toute force au moment où il l’annonce, il en sera de même pour ceux sur qui s’abattra bientôt l’épée du jugement de Dieu. Ézéchiel utilise quatre expressions pour décrire la réaction physique et spirituelle à la nouvelle de la chute de Jérusalem :
1. « et tout cœur sera défaillant (cf. Psa 22:15 ; Ésa 13:7 ; Nah 2:10),
2. et toutes les mains deviendront sans force (cf. 2Sam 4:1 ; Ésa 13:7 ; Jér 6:24 ; Ézé 7:17),
3. et tout esprit faiblira (cf. Ésa 61:3),
4. et tous les genoux se fondront en eau » (Ézé 7:17).

Lorsque la nouvelle de la chute et de la destruction de Jérusalem arrivera, elle découragera tous ceux qui l’entendront. Et elle arrivera certainement, car l’Éternel l’a dit. Ézéchiel doit montrer et faire entendre cela aux fils de la déportation qui l’entourent.

La parole de l’Éternel vient à nouveau à Ézéchiel (verset 13). Il reçoit maintenant la mission de prophétiser sur l’épée, sur la venue de l’épée et sur ce que l’épée fera (verset 14). Il parle en langage poétique, sous la forme d’un cantique, des horreurs que l’épée va causer. Il commence par décrire l’épée. L’épée est mentionnée deux fois de suite, tant elle fait forte impression. Ce n’est pas une épée qui est accrochée au mur pour la décoration, mais une épée qui a été aiguisée et aussi fourbie pour être utilisée.

L’épée a été aiguisée pour égorger et fourbie pour briller lorsqu’elle est brandie (verset 15). Elle viendra à la vitesse de l’éclair. À cette vue, toute joie disparaît. C’est, dit l’Éternel, le bâton avec lequel il doit châtier son fils Israël parce qu’il a méprisé tous les autres bâtons de bois. Le peuple de Dieu n’a voulu écouter aucun châtiment (cf. Deu 21:18-21).

Dieu a donné l’épée à Nebucadnetsar (verset 16). Celui-ci l’a prise en main pour exécuter le conseil de Dieu. Cependant, il n’a poursuivi que ses propres plans mauvais et cruels. Comme « celui qui tue », il a agi avec l’épée que Dieu lui a donnée. Il n’a exécuté la mission qui lui a été confiée que pour sa propre gloire et son propre plaisir.

C’est pourquoi Ézéchiel reçoit l’ordre de crier et de hurler (verset 17), car le peuple de Dieu souffre tellement. Dieu n’est pas indifférent à ce que les hommes, poussés par des motifs meurtriers, font subir à son peuple de leur propre initiative. Il veut punir son peuple, mais ceux qu’Il utilise veulent le retrancher. Cela Lui tient à cœur. Nous voyons ici que Dieu n’est pas un Dieu cruel, mais qu’Il utilise tout à ses fins, sans que cela ne diminue aussi en rien la responsabilité de ceux qu’Il utilise. Le peuple et ses princes sont livrés à l’épée. C’est une cause de profonde tristesse, dont le geste de frapper sur la cuisse est l’expression (Jér 31:19a).

Mais que se passera-t-il lorsque ce bâton éprouvé aura fait son œuvre et sera retiré, demande l’Éternel (verset 18) ? Pour éviter qu’il n’y ait aucun effet, le prophète doit continuer à prophétiser (verset 19). Il doit frapper ses mains l’une contre l’autre en signe d’effroi. En effet, l’épée s’abattra avec une double force, voire une triple force, sur Juda. Elle s’abattra avec tant de fureur sur les grands, les notables du peuple, que beaucoup tomberont mortellement blessés. Elle provoquera une grande angoisse. Beaucoup seront abattus et formeront ainsi un obstacle pour ceux qui veulent fuir (verset 20). Et lorsqu’ils arriveront à la porte pour sortir de la ville, ils y rencontreront l’épée et seront tués. Car c’est pour cela que l’épée a été aiguisée.

Puis l’épée est interpellée (verset 21). Les phrases courtes résonnent comme des coups d’épée. L’épée est sous le commandement de Dieu et la commande est qu’elle sème la mort et la destruction dans toutes les directions, quelle que soit la direction dans laquelle elle se tourne. Ce qu’Ézéchiel doit faire au verset 19, Dieu Lui-même le fera aussi (verset 22) lorsque son épée sèmera la mort et la destruction. Il frappera les mains et laissera sa colère s’abattre sur le peuple. Dans sa sainte colère, il se réjouira du jugement des méchants et encouragera l’épée à exterminer, jusqu’à ce que sa colère soit apaisée. Il l’a dit, et ainsi cela arrivera.

La parole de l’Éternel revient à Ézéchiel (verset 23). Il reçoit l’ordre de placer devant lui, ou de tracer pour lui-même, deux chemins (verset 24 ; cf. Ézé 4:1). Cela indique qu’il doit pénétrer dans l’esprit de ce qui va se passer. Nous devons aussi nous préoccuper des événements futurs. Nous devons, pour ainsi dire, être capables de les dessiner pour nous-mêmes, afin d’avoir une idée claire de ce qui va arriver à Israël, à l’Europe et au monde.

Le chemin qu’Ézéchiel doit placer devant lui est un seul chemin qui se divise en deux. C’est le chemin que suivra l’épée pour arriver en Juda. Le nom de celui qui tient l’épée est aussi mentionné. Il s’agit du roi de Babylone. Les deux chemins partent d’un seul pays. À l’endroit où il a le chemin se divise en deux, Ézéchiel doit placer un indicateur. Celui-ci indique deux destinations. L’une mène à Rabba, la capitale des Ammonites ; l’autre mène à Juda et à Jérusalem fortifiée (verset 25). La route de Babylone à Rabba et à Jérusalem est la même jusqu’à Damas. À Damas, il faut choisir où l’on veut aller.

L’Éternel explique alors à Ézéchiel pourquoi il doit dessiner le point d’embranchement de la route. À l’embranchement, le roi de Babylone s’arrêtera pour réfléchir à la direction qu’il va prendre (verset 26). Empruntera-t-il la route de Rabba ou celle de Jérusalem ? Pour faire son choix, il utilisera, comme à son habitude, des méthodes idolâtres de divination afin de prendre une décision. Il utilise trois méthodes. Cela montre bien à quel point il trouve une certaine méthode incertaine. Il est évident que, comme il en utilise trois, il prendra la route indiquée par au moins deux méthodes.

‘Secouer les flèches peut signifier qu’il prend deux flèches et inscrit le nom d’une direction sur chacune d’elles. Il les secoue ensuite et en tire une. C’est alors la direction qu’il prendra. ‘Interroge les théraphim’, c’est-à-dire consulter les idoles, semble concerner les petites divinités domestiques que leur propriétaire emporte avec lui en voyage (Gen 31:19). ‘Examiner le foie’ consiste à examiner la couleur et les caractéristiques du foie d’un animal sacrificiel. Cette forme de divination est couramment utilisée à cette époque chez les Babyloniens.

Nous voyons ici que Dieu connaît toutes les délibérations de Nebucadnetsar et qu’Il en détermine l’issue. Il veillera à ce que le roi de Babylone se rende à Jérusalem (verset 27). Nebucadnetsar pense que ses dieux lui ont donné des conseils, mais c’est Dieu qui détermine son chemin. Nebucadnetsar a préparé son plan de bataille et ses armes pour commencer le siège d’une forteresse aussi solide que Jérusalem. Les habitants de Jérusalem considéreront cela comme une ‘fausse prophétie’, car ils ont promis fidélité au roi de Babylone (verset 28 ; Ézé 17:16-18).

Mais leurs serments ne valent rien. À plusieurs reprises, Sédécias et les princes se sont engagés par des serments solennels à rester fidèles au roi de Babylone. Mais ils l’ont fait pour lui duper, car ils ont secrètement fait des accords avec l’Égypte (Ézé 17:7,15,17 ; Jér 37:5 ; 46:17). C’est précisément leur infidélité qui incite Nebucadnetsar à marcher contre eux. Il leur rappellera leur propre injustice et les saisira et les déporter pour cela.

Juda veille lui-même à ce que son iniquité reste dans les mémoires, car il continue à pécher (verset 29). Il n’est pas nécessaire d’avoir un accusateur, car le peuple s’accuse lui-même par ses péchés qui sont rendus publics. Ceux-ci sont la cause de leur livraison au jugement de la main dure de Nebucadnetsar.

Le grand coupable est le « profane, méchant prince d’Israël », c’est-à-dire Sédécias (verset 30). Dans son application définitive, il s’agit ici de l’Antichrist. Le jour du jugement est venu parce que son iniquité a atteint son paroxysme. Il perdra sa royauté. La couronne qui en est le symbole lui sera enlevée (verset 31). La tiare lui sera aussi ôté. La tiare est un ornement du souverain sacrificateur (Exo 28:4 ; 29:6 ; Lév 8:9). Il est possible qu’il se soit arrogé une dignité sacerdotale.

Un changement radical va se produire dans sa circonstances. Cela se fera selon le principe selon lequel Dieu élève ce qui est bas et abaisse ce qui est élevé (Lc 14:11). Il élèvera ceux qui se soumettent à son jugement, qu’Il fait venir sur eux par Nebucadnetsar (cf. 2Roi 25:27-30). Il livrera au jugement ceux qui s’élèvent contre ce jugement, comme Sédécias en fera l’expérience.

Le mot « ruine » répété trois fois indique le jugement sur Jérusalem (verset 32). Cette ville sera réduite en un champ de ruines sans précédent. Le fait que cela soit répété trois fois indique que le jugement sera irrévocable et extrêmement sévère.

La destruction de Jérusalem et le détrônement de Sédécias – ainsi que le future détrônement de l’Antichrist – ne marqueront toutefois pas la fin. Dieu changera aussi cette situation. La prophétie de malheur se termine par une promesse. Dieu donnera le pays et la couronne à Celui auquel appartient le juste jugement, c’est-à-dire le Messie. Il Lui donnera le trône de David.

La décision de Nebucadnetsar de monter contre Jérusalem (versets 25-27) ne signifie pas que les Ammonites échapperont au jugement (verset 33). Leur mépris pour Juda humilié et détruit est une raison supplémentaire de les juger. L’épée du jugement qui est dans la main de Nebucadnetsar provoquera aussi un massacre parmi eux (versets 14-15,20).

Les Ammonites pensent qu’ils seront épargnés (verset 34). C’est ce que leurs faux prophètes leur ont fait croire avec leurs visions vaines et une divination de mensonges. Ces séducteurs ont même dit qu’ils iraient en Juda avec Nebucadnetsar, dont ils ont choisi le camp (2Roi 24:2). Ils mettront alors le pied sur le cou des impies et des méchants qui appartiennent à Sédécias et dont l’iniquité a atteint son comble (cf. verset 30).

L’appel leur est lancé de ne pas s’armer. Ils ne combattront pas aux côtés de Nebucadnetsar et ne pourront pas aussi lui résister (verset 35). Ils seront jugés dans leur propre pays et ne seront pas emmenés en captivité comme Juda. Dieu versera son indignation sur eux et soufflera sur eux le feu de son courroux (verset 36). Il le fera en les livrant en la main d’hommes brutaux qui ont leur perte en vue.

Le feu, symbole du jugement, fera son œuvre destructrice et dévorante au milieu d’eux (verset 37). Le pays sera couvert du sang des vaincus. Leur rôle sera complètement terminé et personne ne se souviendra plus d’eux. Ils auront disparu de la mémoire collective. Il en sera ainsi, car l’Éternel l’a dit.