Ézéchiel 22

Ce chapitre contient trois paroles distinctes de l’Éternel, qui commencent chacune par la phrase : « La parole de l’Éternel vint à moi » (versets 1,17,23). Ces paroles de l’Éternel ont pour thème commun l’impureté d’Israël. Les messages peuvent être intitulés comme suit :
1. La ville sanguinaire (versets 1-16).
2. Le fourneau (versets 17-22).
3. Le pays corrompu (versets 23-31).

Ce chapitre est une longue énumération de péchés. La parole de l’Éternel vient à Ézéchiel (verset 1). Appelé à nouveau « fils d’homme », il reçoit pour mission de juger la ville sanguinaire, c’est-à-dire Jérusalem (verset 2). Le titre « fils d’homme » rappelle le Seigneur Jésus à qui, en tant que Fils de l’homme, le Père a donné tout l’autorité d’exercer le jugement (Jn 5:27). La ville est devenue si corrompue que Dieu l’appelle « ville sanguinaire » (Ézé 24:6,9 ; cf. Nah 3:1 où Ninive reçoit un nom similaire). Jérusalem reçoit ce nom à cause du sang versé au milieu de lui. Ézéchiel doit rappeler à la ville ses atrocités. L’« abomination » est toujours liée à l’idolâtrie. Toute injustice en découle.

Dieu dit à Ézéchiel ce qu’il doit dire à Jérusalem (verset 3). Il n’utilise pas de paroles flatteuses. La violence et l’idolâtrie sont mentionnées dans le même souffle. La violence et l’idolâtrie ont rendu la ville coupable et impure (verset 4). De ce fait, la fin de la ville est aussi en vue. Dieu livrera la ville aux nations. Au lieu d’être une bénédiction pour les pays environnants – ce qui est l’intention de Dieu pour Jérusalem –, le peuple méprise Jérusalem et se moque d’elle.

Ces moqueries viennent aussi bien des nations voisines de Jérusalem que des nations qui vivent loin d’elle (verset 5). Sa culpabilité et son impureté sont si grandes qu’on en parle jusque dans des pays lointains. Dieu lui reproche d’être « impure de renommée, et pleine de trouble ». L’impureté, le péché, est la fin de toute solidarité. Le chaos s’installe. Personne ne pense plus aux autres, car chacun ne se préoccupe que de lui-même.

Les princes, les responsables, ont abusé de leur pouvoir (verset 6). Ils se sont livrés à des violences. Ce faisant, ils ont compté sur leur pouvoir. Forts de leur position dominante, ils ont bafoué la justice. Ils ont tué des gens pour s’enrichir. Ils se moquent de la loi de Dieu.

Ils foulent aux pieds le commandement d’honorer son père et sa mère (verset 7). Ils ne se soucient pas de leurs parents (Exo 21:17 ; Lév 20:9 ; Deu 27:16 ; Pro 20:20). Les étrangers parmi eux sont aussi des cibles. Ce groupe socialement isolé dépend de la bonté des autres pour avoir un revenu. Mais les princes ne voient dans ce groupe qu’une possibilité de gagner de l’argent. Ils n’épargnent pas les personnes socialement vulnérables telles que les orphelins et les veuves. Au lieu de les soutenir dans leur tribulation, ils les oppriment encore plus.

Bien sûr, Dieu est également une cible (verset 8). Ils ne Lui donnent pas ce à quoi Il a droit. Et ce n’est pas tout : ils traitent avec mépris les dons qui Lui sont consacrés, tout comme ils le font avec leurs parents. Ils ne se soucient absolument pas de la justice (verset 9). Ils accueillent les calomniateurs à bras ouverts. Ils les engagent et les envoient éliminer des gens (cf. 1Roi 21:4-13). Ensuite, ils les emmènent sur les montagnes pour offrir des sacrifices aux idoles et, à cette occasion, aussi manger des sacrifices aux idoles. Ils laissent perdurer au milieu d’eux le comportement scandaleux de ces calomniateurs.

Ils mettent aussi de côté tous les commandements que Dieu a donnés concernant le mariage et la sexualité (versets 10-11). L’inceste est pratiqué de manière scandaleuse et multiple. Par « la nudité d’un père », on entend la femme du père (cf. Gen 35:22 ; Deu 27:20 ; 2Sam 16:21-23 ; 1Cor 5:1). Ils se moquent de l’interdiction de Dieu d’avoir des relations sexuelles avec une femme qui a ses règles (Lév 18:19) et la violent. Il en est de même pour les relations sexuelles avec la femme de son prochain (Lév 18:20). Aussi la femme du fils n’est pas en sécurité, mais on la prend pour sa propre satisfaction (Lév 18:15). Il en est de même pour la sœur (Lév 18:9,11 ; Deu 27:22 ; 2Sam 13:12).

Rien n’est sacré, rien n’est sûr, personne n’est épargné. Les commandements de Dieu concernant le mariage et la sexualité sont violés de manière répugnante. Ils se rendent coupables d’inceste odieux. Aucune impureté n’est trop répugnante pour eux. Dans leurs excès, ils agissent comme des « bêtes sans raison » (Jud 1:10), et non comme des créatures douées d’intelligence.

Aussi facilement qu’ils bafouent le droit matrimonial et familial, ils se laissent corrompre pour condamner et tuer des innocents (verset 12). Ils exigent des intérêts excessifs et des profits usuraires de ceux qui sont en leur pouvoir. Ils exploitent leur prochain, leur compatriote. Ils abusent de la misère de leur prochain pour s’enrichir.

La cause profonde de tous les péchés mentionnés en détail est mentionnée à la fin du verset 12 : ils ont oublié Dieu. Ceux qui vivent avec Dieu et demandent sa volonté ne transgressent pas sa loi. Ils se moquent de la loi parce qu’ils ne vivent pas avec Dieu et ne demandent pas sa volonté. Ils ne connaissent donc aucun frein à leur comportement répugnant. La seule limite qu’ils connaissent pour leurs actes horribles est celle de leurs capacités.

Indigné par le comportement criminel de Jérusalem, l’Éternel frappe des mains (verset 13). La cupidité de ses habitants, racine de tout mal, les a conduits au meurtre. Le sang des victimes est versé au milieu d’elle. Lorsque l’Éternel rendra compte aux habitants, leurs discours prendront fin. Leur cœur défaillira et leur force disparaîtra lorsqu’Il les jugera (verset 14). Ils ne doivent pas douter que cela arrivera, car cela arrivera parce que l’Éternel l’a dit. Sa parole est son action.

Il chassera les habitants de Jérusalem du pays, les dispersera et les disséminera parmi les pays voisins (verset 15). C’est ainsi que l’Éternel purifiera Jérusalem de son impureté. Elle est seule responsable d’avoir été profanée aux yeux des nations (verset 16). C’est aussi la preuve que c’est l’Éternel qui a agi. Jérusalem saura ainsi qu’Il est l’Éternel.

Une nouvelle parole de l’Éternel suit immédiatement, dans la continuité de ce qu’Il vient de dire (verset 17). Il dit à Ézéchiel qu’Il compare « la maison d’Israël » aux scories du métal précieux qui remontent à la surface lorsque le feu est chauffé à blanc (verset 18 ; cf. Psa 119:119 ; Pro 25:4 ; Ésa 1:22,25 ; Jér 6:27-30). Les scories qui remontent à la surface peuvent être retirées du métal précieux et jetées. Israël, c’est-à-dire la masse méchante, sera révélé par le jugement comme étant des scories sans valeur et sera retiré et jeté.

Lorsque les forces armées babyloniennes entreront en Juda, les habitants des campagnes se réfugieront au milieu de Jérusalem (verset 19). Jérusalem deviendra alors le fourneau et le jugement de Dieu sera le processus de fusion. La population du pays qui s’est réfugiée à Jérusalem et tous ceux qui se trouvent déjà à Jérusalem sont comparés à cinq métaux (verset 20). Ils sont rassemblés au milieu de Jérusalem comme dans un four, où ils seront fondus. Cependant, le Fils de l’homme ne les rejoindra pas dans le fourneau, comme Il l’a fait chez les amis de Daniel (Dan 3:25).

Il a rassemblé son peuple dans le fourneau. C’est Lui aussi qui allume le feu, Dieu Lui-même. Il soufflera contre eux le feu de son courroux, et les fera fondre (verset 21). Il répète qu’ils seront fondus au milieu de la ville (verset 22). Ainsi, ils sauront qu’Il a déversé sa fureur sur eux.

La parole de l’Éternel revient à Ézéchiel (verset 23). Lui, appelé à nouveau « fils d’homme », doit parler au pays, et pas seulement à Jérusalem, de leur comportement honteux (verset 24). À cause de leur refus de se purifier, le pays reste impur. C’est pourquoi il n’a pas reçu de pluie et est stérile. Au lieu de porter des fruits pour l’Éternel, dont ils pourraient aussi profiter, son indignation s’abat sur eux.

Toutes les couches de la population sont impliquées dans l’infidélité à Dieu. Les prophètes sont mentionnés en premier (verset 25). Ceux qui devraient appeler le peuple de Dieu à revenir vers Lui concluent secrètement, entre ‘collègues’, des ‘accords sur les prix’ afin de s’enrichir aux dépens du peuple. Ils agissent comme un lion rugissant qui déchire sa proie. Ils traitent le peuple de Dieu avec cruauté pour s’approprier ses richesses et ses biens précieux. Ils commettent des meurtres, laissant de nombreuses femmes veuves.

La deuxième catégorie est celle des sacrificateurs (verset 26). Ils doivent enseigner la loi au peuple et la mettre en pratique (Deu 33:10 ; Mal 2:7), mais ils modifient la loi et la transgressent eux-mêmes. Ils ne donnent pas à Dieu les offrandes qui Lui sont consacrées, mais les utilisent pour eux-mêmes (cf. 1Sam 2:16). En tant que sacrificateurs, ils devraient mieux que quiconque connaître la différence entre ce qui est saint et ce qui est profane (Lév 10:10 ; 11:47), mais cela n’a aucune importance pour eux. Mélanger le bien et le mal est pour eux une chose normale, tant que cela leur profite.

Ils ne ferment pas seulement un œil sur le respect du sabbat, mais les deux. Ce que Dieu a dit au sujet du sabbat ne les intéresse pas du tout. Dieu n’est pas sanctifié parmi eux, mais profané.

Les princes, les chefs, ne valent pas mieux que les catégories déjà mentionnées (verset 27). Au lieu de protéger les citoyens et de défendre leurs droits, ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Ils s’enrichissent cruellement. La comparaison avec les loups au milieu du peuple de Dieu est éloquente. Ils déchirent leur proie uniquement pour verser le sang. Ils tuent ainsi des gens dans le but d’en tirer profit.

Les prophètes sont à nouveau mentionnés (verset 28). Cette catégorie se caractérise par le mensonge, la précédente par la violence (verset 25). Ils veillent à ce que tout ait l’air parfait, ils font comme si tout allait bien. Ils prétendent parler au nom du Seigneur, l’Éternel, alors qu’ils ne voient que de fausses visions et prédisent des mensonges. Ils disent ce que les gens veulent entendre au lieu de présenter la terrible réalité et d’appeler à la repentance. Ce qu’ils disent n’a pas été dit par l’Éternel, que cela soit clair !

La dernière catégorie est le peuple du pays (verset 29). Ce groupe n’est pas meilleur que les catégories précédentes qui ont une certaine responsabilité, mais il imite leur comportement honteux. Le peuple du pays se livre aussi à l’extorsion et au vol. Les affligés, les pauvres et les étrangers sont les sacrifices qui sont dépouillés de leurs biens sans pitié.

Nous entendons alors l’étonnement de l’Éternel face à ce qu’Il constate, à savoir qu’il n’y a personne pour guider le peuple dans la bonne direction (verset 30 ; cf. Ésa 59:16a ; Psa 106:23 ; Jér 5:1). Le mal est si généralisé que le mur d’enceinte ne peut être fermé pour détourner le jugement de Dieu. Il n’y a personne qui se tienne devant Lui comme représentant du peuple pour Le détourner de son dessein. Il n’y a pas d’intercesseur qui puisse combler la brèche ouverte dans le mur de séparation, laissant libre cours à l’idolâtrie. Il n’y a personne pour arrêter ce flot. L’apostasie est si répandue.

L’Éternel en est tellement consterné qu’Il « versera » sur eux son indignation (verset 31). Le peuple est si immuable dans son comportement pécheur que Dieu sera mettre fin à son existence par le feu de son courroux. Ce qu’ils reçoivent, ils l’ont eux-mêmes demandé. Leur voie retombe sur leur propre tête. Ils moissonnent ce qu’ils ont semé.

C’est une incitation pour nous à défendre les droits de Dieu et à prendre position au milieu d’une chrétienté apostate. Nous pouvons prier pour que Dieu, dans sa miséricorde, ne laisse pas encore venir le jugement, mais ramène encore beaucoup de gens à la fidélité envers Lui. C’est l’un des plus grands bienfaits que nous puissions rendre au peuple de Dieu et qui, par-dessus tout, honore Dieu. Le Seigneur Jésus est le grand intercesseur et médiateur. Il est notre exemple, nous pouvons aussi Le suivre en cela.