Introduction
Le prophète poursuit son accusation. Dans ce chapitre, la maison royale est aussi impliquée. Les chefs ont égaré le peuple, mais cela ne rend pas le peuple moins coupable. Il est dit de tous qu’ils ne connaissent pas l’Éternel (verset 4).
Lorsque l’Éternel tente de les ramener à la raison par la discipline, ils cherchent de l’aide auprès des nations environnantes (verset 13). Le peuple est tombé si bas, et nous pouvons tomber aussi bas. Ne sommes-nous pas également enclins à chercher de l’aide auprès des autres plutôt qu’auprès du Seigneur ?
1 Appel et tromperie
1 Écoutez ceci, sacrificateurs ; sois attentive, maison d’Israël, et prête l’oreille, maison du roi, car c’est contre vous qu’est le jugement ; car vous avez été un piège à Mitspa, et un filet étendu sur le Thabor.
Le prophète poursuit ce qu’il a commencé dans le chapitre précédent. Il a commencé par s’adresser aux sacrificateurs et au peuple. Il ajoute maintenant la maison du roi. Il les appelle : « Écoutez ceci... », « sois attentive... », « prête l’oreille... ». On l’entend supplier : ‘Écoutez-moi tous attentivement, je vous en prie !’ Il s’adresse surtout à ceux qui doivent donner l’exemple du bien, comme les sacrificateurs et le roi. Dans la pratique, ils sont justement devenus un piège pour le peuple.
Ceux qui, de par leur position, sont en relation directe avec Dieu, sont les plus coupables. Les sacrificateurs, les chefs religieux, et les gouvernants, les chefs politiques, sont interpellés. Mais aussi le peuple ordinaire n’échappe pas non plus à la prédication sévère d’Osée. Toutes les couches du peuple sont imprégnées du mal de l’idolâtrie et de toutes sortes d’autres formes de mal qui en découlent. Le jugement est prononcé directement à l’encontre de tous.
Osée rappelle aux chefs la tâche qui leur a été confiée de faire respecter la loi et de rendre la justice équitablement. Dans la pratique, quiconque vient les voir pour un procès se retrouve pris au piège. Les chefs déforment la loi et exploitent le peuple. « Mitspa » rappelle les jours de Samuel. C’est l’un des lieux où Samuel juge Israël (1Sam 7:16), où le peuple vient le voir pour lui soumettre ses litiges. Sur le mont « Tabor », l’armée d’Israël se rassemble à l’époque où Debora juge Israël (Jug 4:4-6,14).
Ces deux lieux ont donc une signification particulière, tant sur le plan national que religieux. Là où le peuple devrait pouvoir compter sur une justice équitable, les chefs violent le droit, uniquement pour accroître leur pouvoir et leur richesse. Le peuple y est attiré. Mais au lieu d’obtenir la justice pour laquelle il est venu, il est conduit à toutes sortes de pratiques idolâtres et honteuses.
Utiliser des noms familiers et des concepts connus est une tactique que l’ennemi aime utiliser pour s’emparer d’âmes innocentes. Il ne suffit pas d’aller au lieu où nos ancêtres ont servi et rencontré le Seigneur. Nous devons aussi être convaincus que le Seigneur est toujours servi dans ce lieu familier.
Nous n’avons rien à faire dans ces lieux s’ils sont devenus des lieux où l’on sert la chair pécheresse et où l’on poursuit les intérêts des hommes. Chacun de nous peut se demander : ‘Suis-je parfois, dans le lieu où je veux servir l’Éternel, un « piège » ou un « filet étendu » pour quelqu’un d’autre, parce que mon comportement ou mes paroles ne correspondent pas à ma profession de foi ?
2 Les apostats
2 Ils se sont enfoncés dans la corruption de l’apostasie, alors moi, je les châtierai tous.
Les apostats sont le roi, les sacrificateurs et le peuple qui se sont détournés de Dieu et se sont tournés vers les idoles. Ils descendent vers les lieux où se trouvent les idoles pour y égorger leurs sacrifices. Les lieux d’idolâtrie sont souvent des lieux élevés, mais Dieu parle de s’enfoncer dans la corruption de l’apostasie. S’éloigner de Dieu est toujours un chemin vers le bas.
La traduction néerlandaise de la Bible lit ce verset comme suit : « Les apostats sont descendus pour égorger, mais je serai pour eux tous une exhortation. Dieu ne dit pas qu’Il les exhorte, mais qu’Il est Lui-même une exhortation. Il ne prononce pas une exhortation, mais se désigne Lui-même. Tout ce qui devient visible de Dieu, dans quoi Il se révèle, est une exhortation pour le peuple apostat. Toutes ses qualités, telles que sa miséricorde, son amour et sa justice, sont une exhortation. Le contraste entre la première et la deuxième ligne est grand.
3 Connu par Dieu
3 Je connais Éphraïm, et Israël ne m’est pas caché ; car maintenant, Éphraïm, tu as commis la fornication ; Israël s’est souillé.
Ce que Dieu dit ici à propos d’Éphraïm rappelle ce que dit David, à savoir que l’Éternel le connaît parfaitement (Psa 139:1-4). Mais il y a une grande différence entre Éphraïm et David. Au Psaume 139, David témoigne de l’omniscience de Dieu. Il est conscient que Dieu le connaît parfaitement. Cela le rend humble et en même temps plein de confiance. Il en est autrement pour Éphraïm ou Israël. Ils ne sont pas conscients que Dieu les connaît et voit toutes leurs actions (cf. Osé 7:2). Dieu les connaît, mais eux ne Le connaissent pas (verset 4).
Dieu dit qu’Il connaît la fornication d’Éphraïm et la souillure d’Israël. Il mentionne leurs actes. Dieu prouve qu’Il connaît son peuple à fond en leur reprochant leurs péchés. Rien ne Lui est caché. Il n’y a aucun doute sur leurs péchés. Ils sont souillés et c’est pourquoi Dieu ne peut les tolérer en sa présence.
C’est par grâce que Dieu montre à son peuple ses péchés. Il veut les amener à voir leurs péchés comme Il les voit, afin qu’ils les confessent et qu’Il puisse leur pardonner. Tout un peuple ou un seul homme n’y parvient que s’il prie avec intégrité, comme le fait David : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi et connais mes pensées. Regarde s’il y a en moi quelque voie de malheur, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Psa 139:23-24).
4 Encore une fois, l’esprit de fornication
4 Leurs méfaits ne leur permettent pas de retourner à leur Dieu ; car l’esprit de fornication est au milieu d’eux, et ils ne connaissent pas l’Éternel.
Malheureusement, un sentiment tel que celui de David est totalement étranger au peuple. Ils agissent d’une manière qui ne laisse absolument pas supposer qu’ils veulent se convertir. Ils sont simplement empêtrés dans le péché, ils y sont complètement enlisés. Ils ne voient pas d’issue et ne veulent pas en voir. Ils sont totalement sous l’emprise d’un esprit de fornication qui est « au milieu d’eux ».
Cela va plus loin que la mention précédente de cet esprit (Osé 4:12), qui est à l’œuvre et les égare. Ici, nous lisons que cet esprit est au milieu d’eux. Cela va encore plus loin. Si cet esprit a trouvé sa place au milieu d’eux, la porte vers la connaissance de l’Éternel est alors fermée.
Nous voyons un exemple poignant et effrayant dans Judas, le disciple qui a livré le Seigneur Jésus. Nous lisons d’abord à son sujet : « Pendant qu’ils étaient en train de souper (le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, [fils] de Simon, de le livrer), » (Jn 13:2). Cela est comparable à l’esprit de fornication qui égare. Mais ensuite, nous lisons : « Quand Judas eut pris le morceau, Satan entra en lui » (Jn 13:27a). Satan est entré en lui et a pris le contrôle de sa vie. Heureusement, un enfant de Dieu peut savoir : « Celui qui est en vous [c’est l’Esprit de Dieu] est plus grand que celui qui est dans le monde [c’est le diable] » (1Jn 4:4).
5 La chute d’Israël et de Juda
5 Et l’orgueil d’Israël témoigne contre lui ; Israël et Éphraïm tomberont par leur iniquité ; Juda aussi tombera avec eux.
L’orgueil d’Israël n’est pas seulement présent dans le cœur. Toute leur attitude respire l’orgueil. Le peuple marche avec confiance en soi et regarde les autres avec mépris. Il y a un manque total d’humilité et de contrition pour les péchés commis ouvertement. Il semble même que les gens se glorifient de ce qu’ils font. Après tout, ne sont-ils pas le peuple élu de Dieu ?
Mais lorsqu’on oublie ce que signifie être élu, cela conduit à l’orgueil. Tout ce que Dieu a donné à son peuple est considéré par eux comme quelque chose auquel ils ont droit. La dépendance et la gratitude envers Dieu ont disparu.
Il n’y a donc plus de force pour résister à l’ennemi. La chute est inévitable. Celui qui lâche la main de Dieu n’ira pas loin. Il pourra encore fanfaronner un moment, impressionner pendant quelque temps, mais ensuite, ce sera fini. Un peuple sans Dieu est perdu. C’est ce qui est arrivé à Israël et c’est ce qui arrivera à la chrétienté.
La chrétienté se glorifie aussi de ses privilèges comme si elle les avait mérités (Rom 11:19-20). Cela s’applique aussi à titre personnel. Est-ce que je traite avec arrogance quelque chose que Dieu m’a donné, par exemple la position que j’occupe ? Alors la chute est proche. Auparavant, l’Éternel avait averti Juda de ne pas imiter Israël (Osé 4:15), mais en vain. Juda tombe avec Israël.
6 L’Éternel se retire d’eux
6 Avec leurs brebis et avec leurs bœufs, ils iront pour chercher l’Éternel, mais ils ne le trouveront pas : il s’est retiré d’eux.
La prédication d’Osée semble avoir un effet. Israël part à la cherche de l’Éternel. Ils ont même apporté des animaux pour les sacrifices. Mais malheureusement, ils veulent offrir des sacrifices sans se repentir de leurs péchés et c’est pourquoi ils cherchent l’Éternel en vain. Ils frappent « en disant : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !” Mais il répondit : “En vérité, je vous dis : je ne vous connais pas” » (Mt 25:11-12).
La manière dont nous Le cherchons est importante. Ils viennent « avec leurs brebis et avec leurs bœufs ». Ils veulent ainsi satisfaire Dieu, échapper au jugement et acheter sa faveur. « Mais ils ne le trouveront pas. » Ils viennent comme des gens qui pensent avoir droit à quelque chose et non dans l’humilité. Les formes extérieures sont là, mais Dieu n’est pas là. « Il s’est retiré d’eux. »
Le fait que le peuple cherche le Seigneur, mais ne Le trouve pas, semble contredire la promesse du Seigneur Jésus selon laquelle « celui qui cherche trouve » (Mt 7:8). Mais la comparaison n’est pas valable. En Matthieu 7, le Seigneur parle de personnes intègres qui cherchent honnêtement. Si de telles personnes cherchent, elles trouveront toujours. Cette promesse ne s’applique pas aux personnes hypocrites qui veulent utiliser Dieu pour réaliser leurs propres plans.
De même, nous ne pouvons pas interpréter ce que Dieu a dit dans la Bible selon nos propres idées et utiliser les textes comme bon nous semble. Sa Parole est uniquement destinée aux personnes qui prennent vraiment Dieu au mot. Elles peuvent compter sur le fait que Dieu tient sa parole.
Ce qui vaut pour Israël vaut aussi pour les chrétiens qui ne le sont que de nom. Si, au moment du jugement, ils se glorifient des privilèges qui leur ont été accordés, ils feront eux aussi l’expérience que Dieu s’est retiré d’eux, ou se détache d’eux, comme on peut également le traduire. Au lieu de se soumettre à la discipline de Dieu, qu’Il doit parfois exercer en raison de leur infidélité, les églises locales peuvent en venir à se glorifier de leurs (imaginaires) grandes intelligences et progrès.
Dans l’église de Laodicée, nous retrouvons aussi cet esprit d’orgueil (Apo 3:14-22). Alors que le Seigneur Jésus s’adresse à eux, Il se tient à la porte : Il doit frapper pour être laissé entrer (Apo 3:20). Dieu se retire des chrétiens infidèles. Il ne se retire pas des incrédules. Il veut justement se laisser trouver par eux. Pour cela, Il se révèle à eux dans l’évangile.
7 Conséquences d’agir perfidement
7 Ils ont agi perfidement envers l’Éternel, car ils ont engendré des fils étrangers : maintenant, un mois suffira pour les dévorer avec leurs biens.
Le comportement perfide envers l’Éternel s’est manifesté par leur idolâtrie. Au lieu de L’adorer, ils ont suivi des dieux étrangers et les ont honorés. Le résultat se voit dans leurs enfants. Si les parents ne cherchent pas Dieu, mais se prosternent devant les dieux des nations qui les entourent, les enfants feront aussi de même.
Il est toujours plus facile de servir une idole que le Dieu vivant. Tu choisis toi-même ton idole et si tu ne l’aimes pas, tu en choisis simplement une autre. Si nécessaire, il est possible d’en faire une soi-même. Mais lorsqu’il s’agit du Dieu vivant, on n’a pas le choix. La question importante est alors : veux-tu Lui obéir ?
Le peuple a tourné le dos à Dieu. Dans leur éloignement de Dieu, ils n’ont pas aussi parlé à leurs enfants du Dieu d’Israël. Les enfants ne connaissent donc pas le Dieu vivant. Ils sont devenus une génération de « fils étrangers », une génération éloignée de Dieu.
L’application est évidente. Ce que nous, parents, cherchons et voulons posséder, sera repris par nos enfants. C’est pourquoi nous devons toujours nous demander : qu’enseignons-nous à nos enfants, où les emmenons-nous, que leur donnons-nous, que voient-ils en nous ?
Dans la dernière partie de ce verset, une punition est annoncée. Si les enfants ne demandent plus à connaître Dieu parce que leurs parents ne reconnaissent plus Dieu, tout espoir est perdu. Si les parents donnent le mauvais exemple à leurs enfants, l’espoir d’une amélioration chez la génération suivante sera vain. « Le mois », c’est-à-dire la « nouvelle lune », comme cela peut également être traduit, évoque un nouveau départ, l’espoir. À la nouvelle lune, la lune n’est pas visible, mais en même temps, sa position signifie que la lumière va revenir, ce qui est un motif de réjouissance (Psa 81:4).
Cependant, à l’époque d’Osée, il n’est pas question d’un nouvel espoir, d’un nouveau départ. Au contraire, ce qui annonce le renouveau n’apportera que la désolation. Cette désolation ne touchera pas seulement l’homme qui a tourné le dos à Dieu. Tout ce que l’homme infidèle a sous son contrôle sera aussi livré au jugement. L’homme périra avec ses biens.
8 Que la trompette retentisse
8 Sonnez du cor en Guibha, de la trompette à Rama. Criez dans Beth-Aven : “Derrière toi, Benjamin !”
Le jugement annoncé à la fin du verset précédent est suivi d’un bruit de guerre dans ce verset. La trompette n’appelle pas à la fête, mais sonne l’alarme. L’ennemi approche ! La désolation menace !
Les deux villes mentionnées symbolisent la situation dans laquelle se trouve le peuple. « Guibha » évoque un profond déclin. Ce qui s’y est passé dans le passé (Jug 19:22-30) fera rougir de honte tous ceux qui y pensent. C’est pourquoi c’est précisément là que le cor, la corne de bélier (hébreu : shofar), doit retentir. Il faut réveiller les consciences, appeler à la réflexion. Il faut que cela aboutisse à la confession d’avoir abandonné Dieu et d’avoir commis de l’idolâtrie, et à la reconnaissance que son jugement est juste.
C’est à « Rama » que la trompette doit retentir. C’est le lieu où Samuel a vécu et où il a jugé Israël (1Sam 7:17). C’est aussi le lieu où le peuple est venu vers lui pour exiger un roi comme les nations environnantes (1Sam 8:5). « Beth-Aven », qui s’appelait auparavant Béthel (= maison de Dieu), et « Benjamin », qui appartient aux deux tribus, sont également avertis. La menace de guerre plane de tous côtés. Osée voit dans son esprit l’ennemi approcher. Il avance, tant par devant que par derrière. Les villes tombent les unes après les autres. L’ennemi s’empare progressivement de toutes les villes.
C’est une image de ce qui peut arriver dans la vie d’une personne qui appartient au peuple de Dieu. D’abord, elle commence à penser de manière mondaine, puis cela se remarque dans sa façon de parler et enfin, cela se reflète aussi dans ses actions. Elle s’est égarée de Dieu. C’est pourquoi, à notre époque, il est nécessaire que la parole de Dieu, telle une trompette puissante, fasse entendre sa voix afin d’avertir son peuple des ruses de l’ennemi (2Tim 4:2).
9 Dieu fait savoir ses plans
9 Éphraïm sera une désolation au jour du châtiment : je fais savoir parmi les tribus d’Israël une chose certaine.
Ce qu’Osée voit comme un danger imminent dans son esprit arrivera certainement. C’est « une chose certaine ». Le jugement des pécheurs est certain. Il est donc important de fuir la colère à venir, car le jour du jugement approche. C’est une grâce particulière de Dieu qu’Il annonce ce qui est certain, qu’Il fasse connaître ses intentions, aussi lorsqu’il s’agit du jugement.
Dieu avertit souvent, car Il ne veut pas que le pécheur périsse, mais qu’il se repente et vive. Mais s’il suit de cou raide une voie pécheresse et mène une vie de péché, il doit rendre son jugement. Il ne se contente jamais de menaces, mais les met à exécution s’il n’y a pas de repentance.
10 Reculer les bornes
10 Les princes de Juda sont comme ceux qui reculent les bornes : je répandrai sur eux ma fureur comme de l’eau.
Juda veut profiter du malheur qui a frappé les dix tribut pour agrandir son territoire. Mais ceux qui tentent d’étendre leur territoire de manière aussi malveillante s’attirent le jugement de Dieu. À plusieurs reprises, il est explicitement mis en garde contre cette forme d’accaparement des terres. Une malédiction est même prononcée contre ceux qui commettent de tels actes (Deu 19:14 ; 27:17 ; Job 24:2 ; Pro 22:28).
Dieu a donné à chaque tribu son propre héritage. Personne d’autre ne pouvait s’en approprier une partie sans raison. Ceux qui attachent vraiment de la valeur à ce que Dieu leur a donné veilleront à ce que personne ne leur en enlève une partie. Naboth est un exemple de personne consciente de la valeur de son héritage. Lorsque le roi Achab veut l’acheter ou l’échanger contre un autre terrain, Naboth refuse (1Roi 21:1-3). Il doit payer son refus de sa vie (1Roi 21:4-13). Achab ne montre aucun respect pour les bornes fixées par Dieu.
Ce manque de respect pour les bornes fixées par Dieu est aussi caractéristique du 21e siècle dans lequel nous vivons. Ce n’est pas que les chrétiens intègres cherchent délibérément à effacer ces bornes. Cependant, le chrétien attentif remarquera que les bornes initiales s’estompent de plus en plus et que de nouvelles bornes se dessinent. Le territoire fermé par ces bornes s’étend. Prenons par exemple le mariage et la cohabitation non-mariés.
Pour le lecteur attentif et fidèle de la Bible, cela ne pose pas de problème. Seul le mariage est la forme établie par Dieu dans laquelle l’homme et la femme vivent leur sexualité. Aujourd’hui, de plus en plus de chrétiens avancent des arguments pour considérer la cohabitation hors mariage comme un mariage. Ainsi, la borne du mariage a été élargie et la cohabitation a aussi été intégrée dans cette borne. Et que penser de la cohabitation de deux hommes ou de deux femmes ? Les bornes sont de plus en plus élargies et reculées.
Regardez aussi la différence entre l’homme et la femme, par exemple en ce qui concerne les réunions de l’église. Autrefois, le silence des femmes dans l’église n’était pas un problème (1Cor 14:34). Aujourd’hui, tout cela n’est plus aussi clair. Des discussions grandes ont lieu sur la manière dont il faut interpréter cela. Ou plutôt, sur la manière dont il ne faut en aucun cas l’interpréter. Au lieu d’une explication claire de ce verset, d’innombrables explications sont recherchées et trouvées pour montrer à quel point ce verset est en réalité ambigu. La conclusion est donc que l’on ne peut pas dire ce que cela signifie. Et si l’on veut quand même dire ce que cela signifie, il faut dire : « Je pense que cela signifie ceci. »
La relativisation de la parole de Dieu a frappé et fait des milliers de victimes. On observe un schéma récurrent dans l’adaptation des bornes. Tout d’abord, les choses sont remises en question. Le sujet revient sans cesse à l’ordre du jour. Ce processus conduit à un changement de mentalité. Lorsque les esprits sont mûrs, ces choses sont mises en pratique.
Ce ne sont pas les ignorants ou les classes les plus basses de la population qui sont responsables du déplacement des frontières. Ce sont les princes de Juda, les chefs d’une tribu extrêmement privilégiée par Dieu. C’est en Juda que se trouve Jérusalem, avec son temple et son culte. Mais plus les privilèges sont grands, plus l’écart est grand si le cœur ne reste pas en communion avec Dieu. Les chefs ont entraîné le peuple sur la voie de l’infidélité, une voie où ce que Dieu a dit est bafoué. Chacun ne cherche que son propre intérêt.
Certes, cette attitude sera enrobée de paroles pieuses, de sorte qu’à première vue, il semble vraiment s’agir de l’honneur de Dieu. Mais tôt ou tard, la réalité sera révélée et la fin en sera la mort. Sur ces choses, le jugement de Dieu s’abattra irrévocablement comme les eaux du déluge. Ceux qui transgressent les bornes fixées par Dieu seront appelés à rendre des comptes devant Lui.
11 Dieu rend justice
11 Éphraïm est opprimé, brisé par le jugement, parce que, selon sa propre volonté, il a suivi le commandement [de l’homme] ;
L’oppression qui s’est abattue sur Éphraïm peut nous faire penser aux invasions de Tiglath-Pileser (2Roi 15:29). Lorsque Dieu rend justice, celui qui ne se conforme pas à cette justice est brisé. Dieu opprime Éphraïm parce qu’ils ont choisi de suivre Jéroboam dans son idolâtrie à Béthel et à Dan (1Roi 12:28-33). Ils ont suivi « le commandement » de Jéroboam et ne sont plus allés à Jérusalem.
12 La teigne et la pourriture
12 et moi, je serai comme une teigne pour Éphraïm et comme de la pourriture pour la maison de Juda.
L’Éternel se compare ici à une teigne et à un processus de pourriture. Les deux renvoient à une force destructrice et corruptrice. Une teigne ronge les vêtements, de sorte qu’à un moment donné, on se retrouve nu. Le processus de pourriture se produit de l’intérieur et ronge les os. La teigne et la pourriture représentent des influences destructrices qui se propagent lentement mais sûrement. La teigne se fraye progressivement un chemin en rongeant, et le processus de pourriture ronge de l’intérieur l’existence du peuple.
Le plus frappant est que c’est l’Éternel Lui-même qui est à l’œuvre dans cette puissance destructrice ! Le peuple est jugé par Dieu, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. L’hostilité étrangère et les troubles intérieurs viennent finalement de Lui comme punition pour le peuple pécheur.
Combien d’églises ont perdu toute leur force à cause de la jalousie mutuelle et ont fait l’expérience que « l’envie est la pourriture des os » (Pro 14:30b) ? Parfois, elles ont même été détruites. Une communauté souffre énormément lorsqu’un chef devient jaloux de l’influence d’un autre chef. Il en est aussi de même lorsque les chefs sont montés les uns contre les autres. Paul met en garde l’église de Corinthe à ce sujet (1Cor 3:3-4).
Malheureusement, en tant que chrétiens, nous n’avons pas écouté cette parole. La division, aussi comme résulte de la jalousie, nuit au témoignage de Dieu dans ce monde. Il n’y a plus de force pour Le glorifier ensemble.
Dans le mariage aussi, la jalousie a finalement un effet dévastateur. Elle détruit la force nécessaire pour édifier le mariage. Au lieu d’édifier, elle détruit. Si la jalousie n’est pas vaincue par la puissance de la parole de Dieu et de l’Esprit de Dieu, le mariage finira par faire naufrage.
13 Effet néfaste de la discipline
13 Éphraïm a vu sa maladie, et Juda, sa plaie ; Éphraïm s’en est allé en Assyrie et a envoyé [des messagers] vers le roi Jareb ; mais lui n’a pas pu vous guérir et n’a pas ôté votre plaie.
Le but de la discipline de la teigne et de la pourriture est que le peuple prenne conscience de sa faiblesse et cherche la source de la force auprès de l’Éternel. Mais qu’ont-ils fait ? Ils sont allés vers les Assyriens.
Certes, à cause du châtiment qui lui a été infligé, Éphraïm a compris qu’il est malade. Mais au lieu de se tourner vers son Dieu pour guérir, il s’est tourné vers les hommes (2Roi 15:19). Il ne se rend pas compte que sa maladie ne peut être guérie par les hommes, car elle vient de l’Éternel. Éphraïm ne se demande pas pourquoi il est malade et cherche la solution à son problème en dehors de l’Éternel.
Beaucoup font exactement la même chose aujourd’hui. Si un croyant égaré cherche du soutien auprès du monde, il vivra la même expérience qu’Éphraïm. Le monde l’aidera, mais cela se fera au détriment de ses bénédictions spirituelles.
« Jareb » signifie ‘il contestera’ et est une référence prophétique au roi d’Assyrie. Ils cherchent leur soutien là où ils ne peuvent s’attendre qu’à la mort (cf. 2Chr 28:16). Il en est toujours ainsi pour un peuple qui s’est éloigné de Dieu. Les cœurs charnels voient bien leur maladie ou leurs blessures, mais n’en voient pas la cause. Chercher du soutien auprès des hommes plutôt qu’auprès de Dieu conduit toujours à la déception.
14 Dieu comme un lion
14 Car je serai comme un lion pour Éphraïm et comme un jeune lion pour la maison de Juda : moi, moi, je déchirerai et je m’en irai ; j’emporterai, et il n’y aura personne qui délivre !
Ici, l’Éternel se présente comme un lion. Le lion représente un jugement rapide, soudain et terrible. Aussi, le but est d’amener le peuple à se repentir. Si la teigne et la pourriture n’atteignent pas l’objectif visé, Dieu utilise des moyens plus puissants, représentés par le lion.
Il en est aussi de même dans la vie de l’homme. Parfois, Dieu nous chuchote quelque chose à l’oreille par sa Parole. Il essaie ainsi d’atteindre notre conscience. Mais si nous continuons sur la voie que nous avons empruntée sans écouter sa voix douce, Dieu doit alors parler d’une voix plus forte, parfois même rugir. Dieu utilise alors la souffrance comme un mégaphone, comme on l’a parfois dit. Alors, notre vie peut soudainement être secouée et agité par de violentes tempêtes. Dieu parle alors clairement. Écoutons-nous quand Il parle, doucement ou fort.
En ce qui concerne Israël, Il ne voit pas d’autre solution que de les chasser du pays qu’ils ont tant souillé. Personne ne peut l’empêcher. Mais Il ne laisse pas son peuple être déporté sans partir Lui-même. Il s’en va aussi et se retire pour attendre de voir quel sera l’effet de son intervention.
15 Dieu se retire, jusqu’à ce que...
15 Je m’en irai, je retournerai en mon lieu, jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent coupables et recherchent ma face. Dans leur détresse, ils me chercheront dès le matin.
Dieu s’est retiré d’Israël. Sa gloire a quitté Israël et est retournée dans sa demeure, le ciel (Ézé 10:4,18-19 ; 11:22-23). Il ne reviendra vers Israël que lorsqu’ils auront pris conscience de leur culpabilité envers Lui. Le fait qu’Il ne se soit pas définitivement retiré du peuple est magnifiquement exprimé par l’expression « jusqu’à ce que ». Cette expression donne de l’espoir. Il indique un tournant. Ce tournant dépend toutefois de la reconnaissance de la culpabilité (Lc 15:20).
Lorsque le Seigneur Jésus décrit la rébellion de Jérusalem et qu’Il doit, par conséquent, la quitter, Il utilise le même « jusqu’à ce que » conditionnel qu’Osée (Mt 23:37-39). Tant qu’ils ne se sentent pas coupables d’idolâtrie et de rejet de leur Messie, Dieu ne peut avoir de miséricorde envers son peuple. Cela a aussi été abordé en Osée 1. Nous y avons aussi vu qu’il y a un avenir pour le peuple, car il sera à nouveau accepté comme peuple de Dieu (Rom 11:25-32).
Lorsque la face et la protection de Dieu se retirent, cela signifie pour Israël la dispersion hors du pays. S’ils marchent avec Dieu, rien ne peut leur nuire. Mais le péché crée une séparation entre eux et Dieu. Si Dieu se retire, nous avons tout perdu. La distinction entre le bien et le mal disparaît. Et surtout, l’amour disparaît. Si Dieu s’en va, Il emporte avec Lui tout ce qui est précieux et de valeur, tout ce qui est bon.
Dieu n’abandonne l’homme que lorsque celui-ci L’a d’abord abandonné et qu’Il a tout essayé pour ramener l’homme dans une relation juste avec Lui. Il le fait en étant pour eux comme une exhortation (verset 2), comme une teigne et une pourriture (verset 12) et enfin comme un lion (verset 14).
« Leur détresse » aura lieu pendant la grande tribulation. Cette période est appelée « le temps de la détresse pour Jacob » (Jér 30:7). Le Seigneur Jésus parle de la même période dans son grand discours prophétique en Matthieu 24-25 et dit à ce sujet : « Car alors il y aura une grande tribulation, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant et qu’il n’y en aura jamais plus » (Mt 24:21).
À la fin de cette période, qui durera trois ans et demi, le peuple, c’est-à-dire le reste fidèle, se sentira coupable. Il se convertira et attendra avec impatience que Dieu le sauve de sa détresse. Dieu le fera en envoyant le Seigneur Jésus sur la terre pour la deuxième fois. Il ne viendra pas pour souffrir et mourir pour les péchés, mais pour juger le mal et régner (Zac 12:10 ; 14:3-5 ; Héb 9:28).
Si Dieu revient à sa place en Israël, c’est pour bénir son peuple. Il attend dans grâce leur conversion. Lorsque ce moment sera enfin venu, Il se lèvera de sa place et aidera son peuple dans sa détresse. Il le fera en jugeant ses ennemis : « Car voici, l’Éternel sort de son lieu pour faire rendre des comptes aux habitants de la terre pour leur iniquité » (Ésa 26:21a).