Introduction
Ce chapitre dépeint aussi l’histoire d’Israël. Osée doit à nouveau accepter sa femme adultère comme épouse, mais sans avoir de véritable relation conjugale avec elle. Il fera d’elle une femme seule. Dieu agira aussi de la même manière avec Israël. Il rendra le peuple seul pendant un certain temps, sans roi, etc. Telle est la situation actuelle d’Israël. Mais à l’avenir, il se convertira et viendra à l’Éternel et à son salut.
Ce court chapitre montre le passé, le présent et l’avenir d’Israël :
1. aux versets 1-3, le passé,
2. le présent au verset 4 et
3. le verset 5 montre l’avenir.
1 Osée doit reprendre sa femme
1 L’Éternel me dit : – Va encore, aime une femme aimée d’un ami et qui commet l’adultère : [aime-la] selon l’amour de l’Éternel pour les fils d’Israël, tandis qu’eux se tournent vers d’autres dieux et aiment les gâteaux de raisins.
Nous pouvons imaginer que la situation de Gomer est allée de mal en pis. Si l’on retombe sans cesse dans certaines formes de mal, la situation ne peut jamais s’améliorer, mais seulement devenir mauvaise. L’amélioration ne se produit que lorsqu’il y a une brèche radicale avec le passé.
Il est probable que Gomer, après ses diverses ‘escapades’, soit toujours revenu vers Osée. Malgré toute la douleur et la tristesse qu’il a ressenties à cause de son comportement adultère, il l’a toujours accueillie. À chaque fois, il aura espéré qu’elle rompra véritablement avec le péché. À chaque fois, il a été déçu dans son amour, sa fidélité et son attention pour elle, car à chaque fois, elle lui a été infidèle. Jusqu’à ce qu’elle parte et ne revienne pas. Il est possible qu’Osée, après la naissance du troisième enfant, ait dû la renvoyer, tout comme Dieu a renvoyé son peuple dans la dispersion. Il est aussi possible qu’elle soit partie d’elle-même.
Que les gens auront dû en parler ! Il a dû entendre des paroles de compassion bien intentionnées. Il a aussi dû faire face à l’insensibilité de son entourage face à sa situation. On lui a peut-être dit : ‘C’est quand même incroyable qu’elle t’ait laissé seul avec les enfants. Tu ne méritais pas ça. Mais d’un autre côté, réjouis-toi. Ce n’était pas une vie. Maintenant, tu vas retrouver la paix chez toi.’ On peut imaginer de nombreuses variantes à ce sujet. Mais les situations comme celle d’Osée sont uniques. Nous en avons déjà parlé lors de l’étude d’Osée 1. Le cœur qui pleure de douleur dans de telles circonstances ne peut trouver de consolation par des paroles bien intentionnées, et la douleur n’en est pas moins vive.
Tout comme Osée a agi avec Gomer, Dieu a aussi agi avec Israël. Il lui a montré son amour à maintes reprises. Lorsque la parole de l’Éternel vient à Osée, lui demandant de reprendre Gomer pour femme, c’est parce que Dieu fera de même avec Israël. Il n’a pas rejeté son peuple pour toujours. Dieu ne donnerait pas l’ordre d’aimer une autre femme que sa propre épouse légitime. Cela n’aurait aucune signification pour Israël.
Il s’agit ici de Gomer. Son nom n’est pas mentionné, car il va de soi qu’il s’agit d’elle. Il s’agit aussi davantage des circonstances dans lesquelles elle s’est retrouvée que de sa personne. Le fait qu’elle ne soit pas appelée ici ‘ta’ femme, mais « une » femme, indique peut-être l’éloignement qui s’est créé entre Osée et elle à cause de son comportement. Cela aura rendu l’exécution de la mission de Dieu encore plus difficile.
Lors de l’étude d’Osée 1:3, nous avons déjà abordé cette exhortation à aimer. La mission confiée ici à Osée nous incite à y revenir, en raison des faux motifs invoqués pour se soustraire à cette mission. Osée doit la reprendre, même s’il ne ‘ressent’ peut-être plus rien pour elle. Aujourd’hui, ‘le sentiment’ prévaut et devient même la norme en matière d’action. Osée reçoit la mission suivante : « Va... aime. » « Aimer » est une mission.
C’est une excuse éhontée, pire encore, c’est autotromperie, lorsqu’un couple se sépare en prétextant : ‘Nous ne ressentons plus rien l’un pour l’autre, alors nous allons nous séparer.’ Mais le fait de ‘ne plus être amoureux’ n’est pas une raison valable pour se séparer. C’est autotromperie de donner de la validité à une telle excuse. C’est aussi de la désobéissance à Dieu et donc un péché. La question n’est pas de savoir si j’éprouve quelque chose pour ma femme, mais si je veux obéir à la mission de Dieu. Le commandement dans le Nouveau Testament est le suivant : « Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Éph 5:25).
Aimer n’est pas seulement un sentiment, c’est avant tout un acte. L’homme doit aimer sa femme. Cela est possible si l’amour de Dieu habite en lui, car Dieu est amour. Seul l’amour pour le Seigneur nous rend aptes à accomplir son commandement. Le Seigneur ne demande pas à Pierre s’il aime les agneaux et les brebis, mais s’il L’aime. Si c’est le point de départ de tout service, l’amour pour les agneaux et les brebis viendra naturellement.
Osée doit aller vers Gomer et l’aimer comme Dieu aime son peuple. Il ne suffit pas de nous savoir que Dieu est amour, nous devons aussi agir en conséquence. Osée aime Gomer avant qu’elle ne lui soit infidèle. Il doit aussi l’aimer après son infidélité, en la sauvant de cette situation.
Comme en Osée 1, Dieu donne la raison de cette lourde tâche. Cette raison est qu’Osée, en reprenant Gomer, illustre l’amour de Dieu pour son peuple. Tout comme Gomer, Israël a perdu tout droit au rétablissement. Mais la grâce vient à sa rencontre. Non pas en premier lieu pour le rétablissement, mais plutôt pour la délivrer de la situation dans laquelle elle s’est mise par sa propre faute. Ensuite, elle sera rétablie (Ésa 54:6-8).
Tout comme Gomer, Israël a fait de la vie une fête, une fête sans Dieu. En contractant des unions illicites, le peuple pense être plus avantageux, pouvoir tirer davantage de la vie. Il oublie que par son comportement, ce n’est pas lui qui tire davantage de la vie, mais que c’est la vie qui lui est retirée. La vraie vie n’est possible qu’en relation avec le Dieu vivant. Les idoles sont mortes, elles sont de la matière morte.
Les « gâteaux de raisins », faits à partir du fruit de la vigne, symbolisent la joie, car Dieu est avec son peuple et Il le fortifie (cf. 2Sam 6:19 ; 1Chr 16:3 ; Can 2:5). Mais ces gâteaux sont utilisés comme offrandes dans le culte idolâtre. Ils sont consommés en relation avec les idoles, ce qui montre où le peuple cherche sa joie et sa force. C’est une preuve supplémentaire que Dieu a disparu de leurs pensées, qu’ils L’ont oublié (Osé 2:12).
2 Gomer achetée
2 Je me l’achetai pour 15 [pièces] d’argent, un khomer d’orge et un léthec d’orge.
Osée doit acheter sa femme. C’est ainsi que cela fonctionne lorsque quelqu’un se met au service du péché. Cette personne doit être rachetée. Gomer est devenu l’esclave d’un autre. Ce qui lui semblait être la liberté l’a conduite à l’esclavage. Elle pensait être libre, mais elle est devenue esclave. Il en est toujours ainsi lorsqu’on se met au service du péché. « Quiconque pratique le péché est esclave du péché » (Jn 8:34). Le diable essaie de nous faire croire que nous sommes libres en dehors de Dieu, mais tout comme Gomer, tu te rends compte que tu deviens alors esclave. Mais tout comme Osée, Dieu poursuit les hommes et veut leur offrir son salut.
Quelle humiliation cela a dû être pour Osée d’aller voir l’homme auprès duquel se trouve maintenant sa femme. Elle est peut-être tombée si bas qu’elle est devenue esclave. Il semble qu’il la trouve sur un marché aux esclaves, où elle est mise en vente parce que son amant s’est peut-être lassé d’elle. Il doit négocier avec l’homme pour récupérer sa propre femme. Ils se mettent d’accord sur le prix. Osée doit payer moins que le prix d’un esclave pour elle, plus quelque chose en nature. Quinze pièces d’argent, c’est la moitié du prix d’un esclave (Exo 21:32). Ce prix bas montre le peu d’estime que son propriétaire a pour elle.
Le khomer d’orge et un léthec d’orge rappelle la pauvreté. L’orge est la nourriture des pauvres. Il semble qu’Osée donne tout son argent et le complète avec quelque chose en nature. Il doit simplement la racheter. C’est ce que Dieu a fait avec son peuple (Ésa 43:3-4). Seul l’amour véritable voit quelque chose dans un objet qui, à cause de tant d’infidélité, ne mérite que d’être rejeté.
3 De retour, mais tenue à distance
3 Et je lui dis : – Durant beaucoup de jours tu m’attendras, tu ne te prostitueras pas et tu ne seras à [aucun] homme ; et moi [je ferai] de même à ton égard.
Osée ramène Gomer chez lui et la met aux arrêts à domicile. Encore une fois, c’est une image de ce que Dieu fera avec Israël. Israël a été déporté et vit depuis des siècles isolé au milieu des nations. Mais le temps viendra où ils reviendront et chercheront l’Éternel. Gomer est aussi isolée, elle est comme une esclave dans sa propre maison. Mais Osée n’a pas non plus de relations avec elle.
Cette mesure disciplinaire, une vie retirée dans la solitude et exclue de toute relation avec un homme, a pour but de la faire réfléchir. Elle n’aura plus l’occasion de commettre l’adultère et la fornication avec d’autres hommes. Il n’est pas non plus question d’une relation normale avec son mari.
Nous pouvons aussi appliquer cette situation à la vie personnelle. Il se peut qu’une personne vive dans une cellule d’isolement. Elle en a assez du péché. Elle ne fait plus de mal, mais elle ne fait pas non plus le bien. Il n’y a pas de vraie vie. Si quelqu’un en prend conscience, Dieu peut lui donner la vraie vie.
Cette situation peut aussi s’appliquer à une communauté chrétienne. Ils ont ôté le mal. Puis, par crainte du mal, ils se sont tellement isolés qu’ils ne font plus rien. Quand on s’en rend compte, le moment est venu pour Dieu de donner la vraie vie. Mais si on continue à rester dans cette ‘cellule d’isolement’, il y a de fortes chances que la misère devienne plus grande qu’elle ne l’a jamais été (Mt 12:43-45).
« Durant beaucoup de jours » désigne une période indéterminée. Gomer appartient à Osée pendant toute cette période (il l’a en effet achetée), mais il n’est pas question d’une relation normale. Elle doit rester comme une veuve jusqu’à ce qu’il vienne la rejoindre. Comme dit, c’est la situation d’Israël après que Dieu ait ramené le peuple de la captivité. Beaucoup plus tard, lorsque le Seigneur Jésus est venu vers son peuple, celui-ci ne l’a pas voulu. « Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1:11). Non seulement ils ne L’ont pas reçu, mais ils L’ont même rejeté ! La conséquence de cela est mentionnée dans le verset suivant.
4 Israël est sans...
4 Car les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans statue et sans éphod ni théraphim.
Ce verset met en évidence certains détails qui n’ont pas été abordés dans les deux chapitres précédents. Osée 1 décrit la situation générale dans laquelle se trouve le peuple et le jugement que Dieu lui a infligé. Osée 2 apporte des précisions sur divers détails. Osée 3 clarifie l’humiliation et la position isolée d’Israël. Et cela non pas pour un temps, mais pour une durée indéterminée, à la fin de laquelle il sera introduit dans la bénédiction abondante.
Ce seul verset résume toute la situation dans laquelle Israël se trouve depuis des siècles. Aucun Juif ne peut nier que ce verset reflète de manière frappante la situation actuelle. La période de « beaucoup de jours » est le temps qui a suivi la crucifixion. Pendant tout ce temps, le peuple est resté « sans roi, sans prince », c’est-à-dire sans gouvernement reconnu avec un chef d’État officiel. Cela vaut particulièrement pour les dix tribus, qui sont dispersées.
Ils sont aussi « sans sacrifice ». Ils n’ont pas de culte qui leur permette de s’approcher de Dieu sur la base du sacrifice. Mais ils sont aussi « sans statue », c’est-à-dire sans une statue pour les idoles. La statue représente le culte idolâtre qu’Israël a adopté des nations environnantes. Le peuple sera donc sans moyens de culte véritables, mais aussi sans moyens de culte faux.
Ils sont aussi « sans éphod », c’est-à-dire sans vêtement sacerdotal. Il n’y a pas d’intermédiaire sacerdotal pour consulter l’Éternel. Mais les « théraphim » manquent aussi. Les théraphim sont les idoles destinées à vénérer les ancêtres. Au lieu de la consultation sacerdotale, il n’y a pas non plus de consultation des idoles par le biais des images conçues à cet effet.
On peut qualifier de miracle le fait qu’Israël ait continué d’exister à travers les siècles, malgré l’absence de ce qui semble nécessaire à l’existence d’un peuple. C’est une fois de plus une preuve de la vérité et de la fiabilité de la Bible, qui attribue à Israël les promesses inconditionnelles de Dieu. Que Dieu utilise cette période ‘d’isolement’ d’Israël pour rassembler l’église, est une vérité qui n’est pas révélée dans l’Ancien Testament, mais dans le Nouveau Testament.
5 Israël retourne à l’Éternel
5 Ensuite, les fils d’Israël retourneront [à l’Éternel] ; ils rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi ; ils se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin des jours.
Le mot « ensuite » qui commence ce verset se réfère à l’avenir et concerne le temps du retour de Christ sur la terre et de son règne béni. « David, leur roi » est le Seigneur Jésus, le vrai David. David signifie ‘le bien-aimé’. « Leur roi » est une référence au Messie. Lors de sa première venue, Il n’a guère été recherché. Oui, quelques sages venus d’Orient, qui ont vu son étoile, viennent L’adorer. Et Hérode Le recherche aussi, mais pour Le tuer. Il y a encore quelques personnes qui ont des yeux pour Lui. Mais le peuple en tant que tel ? Il L’a rejeté. À l’avenir, cela sera différent (Ézé 37:23-24).
Dieu n’a pas définitivement rompu avec son peuple. Israël n’est pas aussi intégré en tant que peuple dans l’église. Le Juif individuel qui se convertit est intégré dans l’église, mais cesse alors d’être Juif (Col 3:11). Dans les derniers jours, « à la fin des jours », les Israélites seront attirés par « sa bonté », voire submergés par elle. L’expression « avec crainte » désigne le respect, accompagné de honte d’avoir abandonné Dieu.
Le rétablissement final d’Israël sous le règne béni du Messie, où le peuple jouira de toutes les bénédictions promises, commencera lorsque le peuple se convertira. La conversion est la première étape nécessaire pour entrer en contact avec Dieu. Elle se produit lorsqu’un homme, ou un peuple, se rend compte qu’il a vécu en tournant le dos à Dieu. Lorsqu’un homme se détourne de cette voie, il se retourne et peut ainsi regarder vers Dieu.
Quiconque regarde Dieu ‘en face’ ne peut que reconnaître qu’Il est saint. L’homme lui-même ne peut que reconnaître qu’il est mauvais et pécheur et que Dieu doit le juger pour cela. Mais maintenant, il s’est converti, il s’est tourné vers Dieu, parce qu’il est attiré par la bonté de Dieu. Dieu doit punir l’homme qui persiste dans ses péchés. Mais l’homme qui confesse ses péchés trouve miséricorde auprès de Lui.
Pour Israël, le moment de la conversion est venu lorsque, sous l’action de l’Esprit de Dieu, le peuple confesse son péché – son rejet du Seigneur Jésus, son Messie – et se repent (Zac 12:10). La tristesse que provoque la prise de conscience de leur péché est une tristesse en accord avec Dieu. Une telle tristesse pour les péchés commis « produit une repentance salutaire dont on n’a pas de regret » (2Cor 7:10). Qu’il s’agisse d’un peuple ou d’une seule personne, c’est ainsi que commence toute véritable rétablissement.