1 - 7 Ne suis-je pas libre ?
1 Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? N’êtes-vous pas, vous, mon ouvrage dans le Seigneur ? 2 Si je ne suis pas apôtre pour d’autres, je le suis pour vous, du moins ; car vous êtes le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. 3 C’est ici ma défense auprès de ceux qui me demandent des comptes : 4 N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? 5 N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une sœur comme femme, ainsi que [le font] les autres apôtres, les frères du Seigneur, et Céphas ? 6 N’y a-t-il que moi et Barnabas qui n’ayons pas le droit de ne pas travailler ? 7 Qui jamais va à la guerre à ses propres frais ? Qui plante une vigne sans en manger le fruit ? Ou qui fait paître un troupeau sans se nourrir du lait du troupeau ?
Surtout, ne pense pas que dans le chapitre précédent, Paul n’a fait que proclamer un peu de théorie. Le chapitre que tu as maintenant sous les yeux te montrera qu’il a lui-même vécu selon ce principe. Tout au long de son ministère parmi les Corinthiens, cela a été mis en évidence. Il montre qu’il a volontairement renoncé à des choses auxquelles il a droit en tant que serviteur et apôtre et qu’il est en droit d’attendre des Corinthiens. Il faut qu’ils en prennent conscience. C’est pourquoi il pose un certain nombre de questions. Ce ne sont pas des questions difficiles qui demandent un long temps de réflexion. En fait, la réponse est déjà contenue dans la question.
V1. Il commence par demander : « Ne suis-je pas libre ? » Bien sûr qu’il est libre. La loi n’a plus rien à dire à son sujet. Il n’a de comptes à rendre à personne, car Jésus Christ est son maître.
La question suivante est : « Ne suis-je pas apôtre ? » Au début de cette lettre, il se dit « apôtre de Jésus Christ ». Le mot apôtre signifie « envoyé ». Une personne envoyée a la mission de son expéditeur à accomplir.
Paul peut-il s’autoproclamer apôtre maintenant ? Une mauvaise rumeur circule parmi les Corinthiens selon laquelle Paul s’imagine être un apôtre. Pour être apôtre, l’une des conditions à remplir est d’avoir vu le Seigneur Jésus après Sa résurrection. Dans Actes 1, tu lis qu’un autre apôtre a été choisi à la place de Judas. Pierre y parle de quelqu’un qui « soit témoin avec nous de sa résurrection » (Act 1:22). Paul remplit cette condition.
D’où sa troisième question : « N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? » Non pas qu’il fasse partie des 12 apôtres qui ont parcouru Israël avec le Seigneur Jésus. Cependant, il a vu le Seigneur Jésus alors qu’il poursuit l’église et qu’il est sur le chemin vers Damas pour ce faire. Tu trouveras cet événement dans Actes 9 (Act 9:1-7). Il est donc véritablement un apôtre.
Les personnes qui contredisent cela veulent limiter son influence parmi les Corinthiens. Ce sont des personnes qui sont elles-mêmes désireuses de profiter des Corinthiens et qui portent donc cette accusation sur Paul. Il est remarquable de constater avec quelle rapidité ils sont (et nous aussi) enclins à croire de telles calomnies.
Paul peut facilement réfuter de telles accusations. Il les désigne simplement lui-même et dit sur un ton interrogatif : « N’êtes-vous pas, vous, mon ouvrage dans le Seigneur ? » Il dit en quelque sorte : Regardez-vous. Comment êtes-vous parvenus à la repentance ? C’est là que se trouve le doux reproche qu’ils devraient mieux connaître.
V2. Après tout, ils sont « le sceau », c’est-à-dire la confirmation, de son apostolat. Eux en particulier ne doivent certainement pas douter de sa qualité d’apôtre. Vois-tu comment il répond aux Corinthiens ? Il pose ses questions de manière à ce qu’ils ne puissent répondre que d’une seule façon. Pas de questions à choix multiples, en d’autres termes.
La Bible est un livre qui pose de nombreuses questions. Les questions ne sont souvent pas très difficiles. Même les réponses sont généralement simples. Pourtant, nous évitons parfois la bonne réponse parce que nous sentons que quelque chose doit changer dans notre vie. Tu le vois bien dans Matthieu 21 (Mt 21:24-27). Si les principaux sacrificateurs et les anciens avaient donné la bonne réponse – et ils connaissent la bonne réponse ! –, ils auraient dû eux aussi accepter le Seigneur Jésus, et ils ne le veulent pas. Tu vois ici que la réponse à une question dépend de l’état de ton cœur. Ce qui compte, c’est de savoir si tu es prêt à accepter les conséquences de ta réponse.
V3. Les prochaines questions de Paul s’adressent aux personnes qui veulent le mettre en porte-à-faux avec les Corinthiens. Mais les Corinthiens (et toi) entendent aussi ces questions. Ce sont des questions qui indiquent comment Paul s’est comporté parmi les croyants de Corinthe.
V4-6. Tout d’abord, il pose des questions qui concernent les droits qu’il possède. Il a sûrement le droit de recevoir à manger et à boire de la part des Corinthiens ? Il a sûrement le droit de vivre des dons que les églises lui envoient ? Et s’il avait été marié, il aurait sûrement aussi eu le droit, comme beaucoup d’autres, d’emmener sa femme avec lui lors de ses voyages ? Sa femme aurait alors aussi eu droit à des soins affectueux de la part de l’église. Quant à ses activités sociales – son métier est de faire des tentes (Act 18:3) –, il n’est sûrement pas obligé, comme Barnabas, de travailler et de subvenir ainsi à ses besoins. Ils ont le droit d’être entretenus par les églises.
V7. Un peu plus loin, au verset 12, il précise pourquoi il n’a pas exercé ce droit. Ici, il ne fait que rappeler son droit à être pourvu de manger et de boire par l’église.
Pour renforcer ce droit, il donne trois exemples de la vie quotidienne qui confirment ce qu’il a dit. Pour le commandant d’une armée, il ne s’agit pas d’une question mais d’une évidence. Imaginez un soldat. Il ne doit penser qu’à la guerre. C’est pour cela qu’il a été enrôlé (2Tim 2:4). Il doit se battre, il doit vaincre. Il n’en sortira rien s’il doit aussi s’occuper de sa nourriture. Cette nourriture doit lui être apportée au moment où il est engagé dans la bataille la plus féroce. C’est ainsi que le soldat prend des forces pour continuer à se battre.
Les deux autres exemples proviennent de l’agriculture et de l’élevage. Celui qui possède une vigne veut qu’elle produise beaucoup de fruits. Plus il y a de fruits, plus il y a de vin à vendre et plus le rendement et le profit sont importants. Cela signifie-t-il que celui qui a planté la vigne pour un autre ne prendra pas lui-même ce fruit ? Bien sûr qu’il en prendra lui-même. C’est exactement la même chose pour la garde d’un troupeau. Celui qui passe une journée entière avec ce troupeau, à s’en occuper, peut aussi prendre sur le lait du troupeau.
Dans certaines entreprises aujourd’hui, il en va de même. Les produits qu’elles fournissent sont parfois autorisés à être emportés par les employés gratuitement ou pour une somme inférieure au prix de vente.
Pourquoi Paul aurait-il choisi précisément ces trois exemples d’un soldat, d’un propriétaire de vigne et d’un berger ? Ces exemples ont aussi quelque chose à te dire. Tu peux te reconnaître dans ces exemples. Dans sa deuxième lettre à Timothée, Paul appelle Timothée « un bon soldat de Jésus Christ » (2Tim 2:3). Tu auras fait l’expérience de te retrouver en territoire hostile. Tu es entouré de nombreux ennemis. Mais le Seigneur Jésus est ton Commandant en Chef dans la bataille. Il veille à ce que tu puisses tenir bon tant que tu as confiance en Lui.
Le deuxième exemple s’applique aussi à toi. Dans Matthieu 20, le Seigneur Jésus raconte une parabole sur des ouvriers envoyés dans une vigne (Mt 20:1-16). Toi aussi, tu es un tel ouvrier qui reçoit du travail dans la vigne. Tu peux croire que le Seigneur Jésus te donnera bientôt une récompense « juste » pour ton travail (Mt 20:4). Mais n’est-il pas vrai que tu apprécies déjà les choses que tu fais pour Lui maintenant ?
Le troisième exemple, celui du troupeau, a trait à la prise en charge des croyants. Dans Jean 10, le Seigneur Jésus parle d’un seul troupeau, dont Il est le seul Berger (Jn 10:16). Ce troupeau est constitué de toutes les brebis qui Lui appartiennent et qu’Il appelle « mes brebis » (Jn 10:27). Toi aussi, tu fais partie de ces brebis.
Si tu vois un croyant s’égarer, tu peux aller le chercher. Tu peux essayer de le ramener au bercail en te servant de la Bible. Tu essaies de lui donner de la nourriture tirée de la Bible, pour lui en redonner le goût. La Bible est appelée « le pur lait de l’intelligence » (1Pie 2:2). Lorsque tu en donneras le goût à l’autre, tu seras aussi fortifié toi-même.
Tu vois donc qu’au service de Dieu – et chaque croyant a reçu de Dieu un service – tu es toi-même pourvu de tout ce dont Dieu a besoin.
Relis 1 Corinthiens 9:1-7.
A méditer : Quel lien y a-t-il entre le chapitre 8 et le chapitre 9 ?
8 - 14 Dieu prend soin de ses serviteurs
8 Est-ce que je parle à la manière des hommes ? ou la Loi même ne dit-elle pas cela ? 9 Car dans la loi de Moïse il est écrit : “Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain”. Dieu s’occupe-t-il des bœufs ? 10 Ne parle-t-il pas entièrement pour nous ? C’est bien pour nous que cela a été écrit : celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain [doit le fouler] dans l’espérance d’y avoir part. 11 Si nous avons semé pour vous des [biens] spirituels, est-il excessif que nous moissonnions de vos [biens] matériels ? 12 Si d’autres ont part à ce droit sur vous, ne l’avons-nous pas davantage ? Mais nous n’avons pas usé de ce droit ; au contraire, nous supportons tout, afin de ne mettre aucun obstacle à l’évangile du Christ. 13 Ne savez-vous pas que ceux qui s’occupent du service du temple mangent [de ce qui vient] du temple ; que ceux qui servent à l’autel ont leur part de l’autel ? 14 De même aussi le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’évangile de vivre de l’évangile.
V8. Paul est encore en train de démontrer qu’il a le droit d’être soutenu par les églises. Au verset 7, il a donné trois exemples tirés de la vie quotidienne. Il a ainsi, comme il le dit ici, parlé « à la manière des hommes », c’est-à-dire comme le font couramment les gens entre eux.
V9. Il ne s’arrête pas là. Il va encore plus loin et cite quelque chose de « la loi de Moïse ». Il donne maintenant un exemple tiré de la parole de Dieu, et bien sûr, il y a encore plus de pouvoir là-dedans que dans ce qui est commun entre les gens.
Le précepte qu’il cite concerne le bœuf qui foule le grain (Deu 25:4). Un bœuf en train de fouler le grain ne doit pas être muselé. Ce précepte est donné par Dieu parce qu’Il connaît le cœur de l’homme. Un maître dur et avare peut mettre une muselière à un tel animal pour l’empêcher de manger du grain. Si l’animal en mange, il a moins de grain à apporter au marché et gagne donc moins. Mais Dieu a décrété qu’un bœuf qui foule peut manger du grain qu’il est en train de fouler.
Dieu s’occupe des bœufs. Le sort de tous les animaux Lui tient à cœur. Tu peux lire à ce sujet dans le Psaume 104 (Psa 104:27-28 ; cf. Pro 12:10). Dans Jonas 4, Il prend aussi en compte le bétail lorsqu’Il décide d’épargner Ninive parce que ses habitants se sont repentis (Jon 4:11).
V10. Derrière ce précepte de soin de Dieu pour les bœufs se cache un précepte plus élevé, et c’est le soin de Dieu pour ses serviteurs. C’est d’abord pour eux que ce texte a été écrit. Très directement, Paul veut dire ici qu’en tant que laboureur et semeur – c’est-à-dire en tant qu’évangéliste – et en tant que celui qui peut voir les fruits de ce travail, il peut s’attendre à être nourri. Qu’un serviteur soit occupé à labourer ou à battre, il peut s’attendre à ce que son travail produise quelque chose.
Le laboureur prépare le sol pour que la graine puisse y être semée. Celui qui bat le grain traite la récolte après que la graine est montée et que la culture est devenue mûre. Une personne peut être au début de l’œuvre de Dieu, lorsqu’elle apporte l’évangile à quelqu’un d’autre, par exemple. Quelqu’un peut aussi être à la fin de cette œuvre, quand, par exemple, il peut mener quelqu’un d’autre au Seigneur Jésus. Dans les deux cas, il sème et récolte quelque chose de spirituel.
V11. Dieu fournira les ressources nécessaires à ce travail. Tu peux aussi donner quelque chose de matériel à d’autres serviteurs qui t’ont servi spirituellement. C’est même un devoir de le faire. Pourtant, il est beaucoup plus beau de le considérer comme un privilège. Lorsque des frères doivent beaucoup voyager, tu peux leur donner de l’argent pour ces voyages. Ou d’autres qui distribuent beaucoup de matériel de lecture, tu peux leur donner de l’argent pour du matériel de lecture. Mais même s’ils n’ont pas beaucoup de dépenses de ce genre, tu peux les soutenir financièrement pour qu’ils puissent en tirer de la nourriture et des boissons et pour faire face aux dépenses courantes qu’ils ont.
Il s’agit de personnes qui ont abandonné leur travail dans la société pour utiliser le temps ainsi libéré à des semailles spirituelles. Ils ont droit à ce que nous subvenions à leurs besoins. C’est ainsi que Dieu s’est arrangé.
V12. Paul souligne à nouveau le droit qu’il a avec les Corinthiens à cet égard. Si d’autres ont ce droit, il l’a certainement aussi. Après tout, ils ne doivent à personne autant qu’à lui ? Pourtant, il n’a pas utilisé ce droit. Pour lui, l’évangile de Christ est plus important que tous les droits qu’il possède. S’il y a quoi que ce soit qui puisse faire obstacle à l’évangile, il y renonce.
Il préfère endurer les fausses accusations portées contre lui plutôt que l’évangile ne progresse pas. Imagine qu’il ait tenu tête aux Corinthiens sur ses droits. Alors ils lui auraient donné de l’argent et des biens, mais en même temps ils s’en seraient vantés. Ils auraient certainement fait en sorte que le grand apôtre puisse faire son travail. Ils auraient même pu penser qu’ils avaient acheté l’évangile. Paul veut éviter cela à tout prix.
V13. Avant de poursuivre sur cette voie, il pense à autre chose. Il y a un autre exemple dans l’Ancien Testament qui montre que ceux qui sont engagés dans un service pour Dieu obtiennent de quoi vivre grâce à ce même service. Il s’agit des sacrificateurs et des lévites. Dans l’Ancien Testament, les sacrificateurs et les lévites constituent une classe spéciale de personnes parmi Israël. Lorsque le peuple est encore dans le désert, ils ont des tâches à accomplir dans le tabernacle, et plus tard, lorsque le peuple vit dans la terre promise, ils le font dans le temple.
Un Israélite qui veut ou a besoin d’un sacrifice va le présenter au sacrificateur. Si cette offrande est un animal, il l’abat et le sacrifie sur l’autel. Mais Dieu a ordonné que le sacrificateur puisse prendre une partie de certains sacrifices pour en manger pour lui-même. Par exemple, tu lis dans Lévitique 6 que le sacrificateur reçoit une partie de l’offrande de grain (Lév 6:9). Le même chapitre dit que le sacrificateur qui offre le sacrifice pour le péché doit manger de l’offrande pour le péché (Lév 6:19). Les sacrificateurs offrent des sacrifices sur l’autel et les lévites les aident à le faire.
Dans Nombres 18, tu trouves quelque chose de similaire. Les sacrificateurs reçoivent la poitrine tournoyée et l’épaule droite comme nourriture (Nom 18:18). Avec les lévites, c’est légèrement différent. Dans le même Nombres 18, les Israélites reçoivent l’ordre de remettre une dîme de tous leurs revenus aux lévites en guise de compensation pour le service qu’ils accomplissent (Nom 18:21).
Dans Deutéronome 18, tu lis comment Dieu a déterminé l’entretien de la tribu de Lévi. Toute la tribu de Lévi, tous les sacrificateurs et les lévites, n’ont pas d’héritage sur la terre, que toutes les autres tribus ont. Les autres tribus peuvent cultiver le lopin de la terre qu’elles ont reçu en héritage et vivre de son produit. La tribu de Lévi ne tire aucun revenu de son propre lopin de la terre. Pour eux, « l’Éternel » est leur héritage (Deu 18:2). C’est pourquoi l’Éternel a veillé – par des préceptes adressés au peuple – à ce que la tribu de Lévi reçoive encore ce à quoi elle a droit.
V14. La conclusion que Paul en tire est la suivante : « De même aussi le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’évangile de vivre de l’évangile. » Par conséquent, ne te dérobe pas à ta responsabilité d’aider les frères et sœurs dans la foi qui partent travailler pour le Seigneur sans recevoir de salaire fixe.
Dans la troisième lettre de Jean, tu as un bel exemple de quelqu’un qui a agi de la sorte. Gajus aide des frères – qu’il ne connaît même pas – à continuer « car ils sont sortis pour le nom, ne recevant rien de ceux des nations » (3Jn 1:7).
Si tu commences à considérer ta participation à l’œuvre du Seigneur de cette façon, tu seras toi-même richement béni en conséquence. Lis simplement ce qui est dit dans Malachie 3 (Mal 3:10). Si tu commences à donner à l’œuvre du Seigneur, Dieu ouvrira les fenêtres du ciel et déversera sur toi des bénédictions en abondance. Il s’agit en quelque sorte d’un défi lancé par Dieu. Oses-tu relever ce défi ?
Relis 1 Corinthiens 9:8-14.
A méditer : La loi dit : vous devez donner la dîme. À ton avis, que dit la grâce ?
15 - 21 Gagner le plus possible pour Christ
15 Mais moi je n’ai usé d’aucun de ces [droits], et je n’ai pas écrit cela afin de les réclamer pour moi. Plutôt mourir que [de voir] quelqu’un anéantir mes motifs de gloire ! 16 Car si j’évangélise, ce n’est pas un motif de me glorifier : car c’est une nécessité qui m’est imposée ; oui, malheur à moi si je n’évangélise pas. 17 En effet, si je fais cela volontairement, j’en ai un salaire ; mais si c’est malgré moi, une administration m’est confiée. 18 Quel est donc mon salaire ? C’est que, en évangélisant, je rends l’évangile exempt de frais, pour ne pas user, comme d’une chose à moi, de mon droit dans l’évangile. 19 Car, étant libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus possible de gens : 20 pour les Juifs, je suis devenu comme Juif, afin de gagner les Juifs ; pour ceux qui étaient sous la Loi comme si j’étais sous la Loi (sans être moi-même sous la Loi), afin de gagner ceux qui étaient sous la Loi ; 21 pour ceux qui étaient sans loi, comme si j’étais sans loi (non que je sois sans loi quant à Dieu, mais je suis légitimement soumis à Christ), afin de gagner ceux qui étaient sans loi.
V15. Paul a clairement et longuement démontré qu’il avait le droit d’être soutenu par les croyants. Il sent maintenant un danger, à savoir que les Corinthiens commencent à penser qu’il a écrit tout cela pour leur soutirer de l’argent. Et ce n’est certainement pas son intention ! Il n’a jamais rien accepté des Corinthiens dans le passé et il ne le fera jamais.
Certains à Corinthe pensent que Paul ne prêche que pour son propre bénéfice. Pour dissiper cette idée, il dit qu’il préférerait mourir plutôt que de donner cette impression. Il veut la gloire, non pas pour lui-même, mais pour l’évangile. Il ne veut pas être gêné par quoi que ce soit dans sa prédication de l’évangile (verset 12). L’évangile doit être apporté dans toute sa clarté et sans aucune limitation.
L’argent peut jouer un rôle d’entrave dans la prédication de la Parole. Un proverbe dit : ‘À qui appartient le pain que tu manges, à qui appartient la parole que tu dis.’ Cela signifie que tu as tendance de flatter les personnes qui te donnent de considérables sommes d’argent. Tu peux même devenir totalement dépendant d’eux. C’est un danger qui menace tout prédicateur qui est sollicité par les gens et payé par eux. Tu peux penser à ce qui est dit dans 2 Timothée 4 : « Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises » (2Tim 4:3). Mais un serviteur du Seigneur doit dire la Parole du Seigneur sans penser à récompenser ou non des gens.
V16. Lorsque Paul prêche l’évangile, ce n’est pas quelque chose dont il peut se vanter, du genre : ‘Sûrement que je suis bon pour faire ça.’ Il le doit au Seigneur, car c’est lui qui lui a donné la mission de le faire. Il parle de la nécessité qui lui a été imposée, non pas par des personnes ou une organisation, mais par le Seigneur. Il prononce même un « malheur » sur lui-même s’il n’annonçait pas l’évangile.
V17. Pour lui, l’annonce de l’évangile n’est pas une sorte de bénévolat. Le bénévolat est généralement apprécié positivement par son entourage. Une telle appréciation serait aussi sa récompense s’il faisait du bénévolat pour le Seigneur. Mais Paul n’est pas un proclamateur de l’évangile à titre bénévole. Le Seigneur lui a confié « une administration » à cette fin. Paul est conscient de sa responsabilité. C’est pourquoi il ne veut en aucun cas lier l’évangile à de l’argent ou à des biens.
V18. Son « salaire » consiste en l’assurance de l’approbation de son Maître, qui lui indique qu’il agit de la bonne manière. Ce « salaire » lui suffit. Il n’a pas besoin d’une récompense de la part des Corinthiens. Il veut prêcher l’évangile gratuitement et ne pas exercer son droit au soutien. De cette façon, il reste libre à l’égard de tous.
V19. Cette liberté ne concerne que son travail. Quant à sa personne, il veut être l’esclave de tous, pour gagner le plus de gens possible au Seigneur Jésus par l’évangile. Combien il ressemble en cela au Seigneur Jésus lui-même, qui Lui aussi a tout fait sans faire valoir un quelconque droit à une compensation. Qui est libre comme Lui ? Il n’a laissé aucun homme Lui dire ce qu’Il devait faire. Mais qui est aussi esclave comme Lui ? Il est venu, non pour faire Sa propre volonté, mais la volonté de son Père.
V20. Paul s’est lui aussi volontairement asservi à tous. Il est désireux de servir chaque personne avec l’évangile. Là où il peut s’adapter à ses auditeurs, il le fait. S’il prêche parmi les Juifs, il se comporte comme un Juif. C’est-à-dire que, par exemple, il ne mangera pas de porc s’il est à table avec un Juif. Il veut garder ouvert le chemin vers le cœur du Juif en répondant autant que possible aux formes extérieures qui sont importantes pour les Juifs. Il tient compte des commandements de la loi s’il peut ainsi gagner un Juif à l’évangile.
Cela ne veut vraiment pas dire qu’il prêchera à nouveau la loi. Il est personnellement libre de la loi, et ne se laisse pas non plus ramener sous le joug de la loi. Il s’adapte si la situation est telle qu’elle sert à promouvoir l’évangile.
Quand il annonce l’évangile aux païens, c’est-à-dire aux personnes à qui Dieu n’a pas donné la loi, il procède différemment. Il s’abaisse alors à leur niveau de pensée. Dans Actes 17, tu peux lire un discours de Paul qui correspond à la façon de penser des habitants d’Athènes (Act 17:22-34).
L’adaptation est aussi possible d’autres façons. Pense aux missionnaires qui vont à l’intérieur de l’Afrique, ou qui se rendent dans d’autres pays aux cultures très différentes pour prêcher l’évangile. Ils obtiennent la meilleure entrée pour l’évangile s’ils commencent à vivre de la même manière que les autochtones.
V21. Le fait d’être « sans loi » ne signifie pas qu’il va se comporter de manière anarchique. Dans son approche des païens, il reste soumis au Christ. Il ne commencera jamais à se comporter d’une manière que son Principal ne peut pas supporter.
Tu trouveras dans Jean 3 et Jean 4 d’excellents exemples de la façon d’aborder les gens. Dans Jean 3, le Seigneur Jésus s’adresse à un éminent chef spirituel d’Israël. Dans Jean 4, il s’adresse à une femme complètement pécheresse. Il est merveilleux de voir comment le Seigneur s’adresse à chacun comme il convient (Jn 3:1-12 ; 4:7-26).
La leçon est claire. Adapte-toi autant que possible à ton interlocuteur que tu veux gagner à l’évangile, mais garde un œil attentif sur ton objectif. Reconnaissez à quelqu’un qui s’est placé sous la loi, comme le font de nombreux chrétiens sincères, le bien qu’il y a dans la loi. Cela permettra de poursuivre la conversation. Essayez de montrer quel est l’effet de la loi : la mort et la condamnation (2Cor 3:7,9), et quelle est la solution de Dieu à ce problème : Christ, qui a porté la malédiction de la loi (Gal 3:13). Au cours de la conversation, reste conscient que tu es libéré de la loi et ne laisse aussi pas ton interlocuteur t’imposer à nouveau la loi.
Dans tes conversations avec les gens du monde, qui n’ont rien de religieux et qui gaspillent leur vie à courir après l’argent, la boisson, la drogue et le sexe, adopte une approche différente. Tiens-toi à côté d’eux et dis-leur que tu les comprends dans leur soif de bonheur. Soyez comme un ami pour eux ; le Seigneur Jésus est appelé « l’ami des publicains [ou péager, collecteurs d’impôts] et des pécheurs » (Mt 11:19). Tu peux leur parler du bonheur que tu as trouvé dans le Seigneur Jésus. Au cours de la conversation, reste conscient que tu es légalement soumis au Christ. Ne sois pas tenté de te lier d’amitié avec le monde en suivant leur mode de vie (Jac 4:4).
Relis 1 Corinthiens 9:15-21.
A méditer : As-tu aussi le désir de gagner des gens à Christ ?
22 - 27 Tout à cause de l’évangile
22 Je suis devenu pour les faibles [comme] faible, afin de gagner les faibles ; je suis devenu tout cela pour tous, afin que de toute manière j’en sauve quelques-uns. 23 Et je fais tout à cause de l’évangile, afin d’y avoir pleinement part. 24 Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul reçoit le prix ? Courez de manière à le remporter. 25 Tout athlète s’impose un régime strict ; eux, pour recevoir une couronne corruptible ; mais nous, [pour en recevoir] une incorruptible. 26 C’est donc ainsi que je cours, non pas à l’aveuglette ; c’est ainsi que je combats, non comme frappant l’air ; 27 mais je mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé.
V22. Tu auras maintenant compris que la vie de Paul est totalement dominée par l’évangile. Il y subordonne tout. Pour cela, il veut servir tout le monde. Il n’y a qu’une personne qu’il ne sert pas, c’est lui-même. De plus, il considère chaque personne comme une créature qui a une âme à perdre et qui doit être gagnée au Christ. Il rencontre l’autre autant que possible dans la situation où il se trouve. Ainsi, il s’approche des faibles comme s’il était lui-même aussi une personne faible. Il tient compte de la conscience de la personne faible et veille à ne rien faire qui puisse la détourner du message de l’évangile.
Il fait tout pour gagner un homme au Christ. Il agit ainsi parce que chaque personne a une valeur inestimable pour Dieu. Plus tu en prendras conscience, plus tu te consacreras à l’annonce de l’évangile à tes semblables. « Sauve quelques-uns », c’est de cela qu’il s’agit de Paul. L’une des conditions les plus importantes pour cela est le renoncement à soi-même, le fait de ne pas penser à soi ou d’être préoccupé par soi-même.
V23. Paul fait tout pour l’évangile, afin d’y avoir pleinement part. Il présente l’évangile comme une personne avec laquelle tu interagis. Si quelqu’un est important pour toi, tu fais beaucoup pour lui. L’évangile est une ‘personne’ tellement importante pour lui qu’il est prêt à tout faire pour elle.
V24-25. Pour illustrer cela, Paul prend quelques exemples dans le monde du sport. Il prend plus souvent des exemples dans le monde du sport parce qu’ils permettent de faire une comparaison claire avec la vie du chrétien. Voici quelques-unes des choses qui reviennent à la fois pour le sportif et pour le chrétien :
1. l’entraînement
2. la compétition et
3. le prix.
Avant de commencer la compétition, tu dois t’entraîner. Plus la compétition est importante, plus l’entraînement sera intensif. Plus l’entraînement est intense, meilleure est la préparation. Il existe des clubs dans toutes sortes de sports où il s’agit de se détendre. Ce sont surtout les personnes âgées qui essaient de se maintenir en forme de cette manière. L’entraînement est sociable et n’est pas axé sur la performance. Le match est juste pour le plaisir et si tu gagnes, c’est un bonus. Il n’y a rien de mal à cela, mais ce n’est pas la vision que Paul a de la course du chrétien.
L’image que Paul a à l’esprit ici et qu’il te présente aussi est celle d’un athlète qui a le contrôle total de son corps. Les athlètes qui participaient à son époque aux Jeux Isthmiens, qui se tenaient régulièrement dans toutes les grandes villes d’Asie Mineure, avaient un temps de préparation de dix mois. Pendant ce temps de préparation, l’athlète se soumet volontairement à un entraînement intensif. Les grands maîtres d’exercice de l’époque disaient toujours à leurs élèves : « Tu dois avoir une vie réglée, consommer peu de nourriture, renoncer aux mets délicats et t’entraîner à heure fixe, qu’il fasse chaud ou glacial.
Horace a dit : ‘Le jeune homme qui gagne la course a beaucoup enduré et beaucoup fait. Il a sué et souffert du froid. Il a renoncé à l’amour et au vin.’ Pour l’athlète grec, la période d’entraînement est une période de vie en retrait. C’est une période de renoncement à des choses qui sont bonnes en soi, mais qui l’empêchent d’atteindre des performances optimales. Il s’abstient de tout ce qui pourrait être nuisible.
Lorsque Tertullien applique l’exemple des athlètes aux chrétiens persécutés, il dit : « Ils sont tourmentés, blasés, las ». Pourrais-tu appliquer cette image aux chrétiens d’aujourd’hui ? Je suis tenté de dire qu’en tant que chrétiens dans le monde occidental, nous menons une existence faible et paresseuse.
Regarde bien l’un de ces athlètes grecs, et beaucoup d’athlètes de haut niveau aujourd’hui : une longue période d’entraînement acharné, beaucoup d’abnégation et d’acceptation de l’inconfort, et cela pour une compétition qui peut durer de quelques minutes ou même quelques secondes à plusieurs heures ou jours, selon le sport, le résultat le plus élevé étant une couronne périssable.
Demande-toi maintenant : s’ils peuvent supporter cela, ne me soumettrais-je pas volontairement à une discipline tout aussi sévère et à l’abnégation pour servir le Seigneur Jésus d’une manière digne de Lui ? Si, en tant que chrétiens, avec autant d’engagement que l’athlète grec, nous nous soumettons à une vie de réclusion afin de proclamer au mieux l’évangile, quelle puissance et quelle bénédiction notre vie rayonnera et sera à la glorification de Dieu.
Un concours permet aussi de comprendre qu’il y a des adversaires. Paul est bien conscient de l’opposition dans sa course. Il en parle dans sa lettre aux Philippiens. Tu peux le voir clairement devant toi : Paul traverse l’hippodrome en un éclair, là (Php 3:14). Il oublie tout ce qui se trouve derrière lui, car regarder en arrière un seul instant peut être fatal et faire de lui un perdant. C’est ainsi qu’il poursuit son but.
Paul ne veut pas dire ici que nous devrions cesser de penser aux péchés que nous avons commis dans le passé, même s’ils sont pardonnés. Les erreurs du passé doivent nous garder petits. Il pense ici à son service pour Christ. Alors il ne s’assoit pas avec complaisance dans un fauteuil et se félicite de tout ce qu’il a fait. Il n’a pas encore atteint le but et c’est pour cela qu’il le poursuit.
Les premiers versets de Hébreux 12 décrivent la même situation (Héb 12:1-2). L’auteur de la lettre aux Hébreux voit la foule se presser dans le stade alors que les athlètes se préparent à concourir. Tout ce qui pourrait les empêcher, ne serait-ce qu’un instant, de se donner pleinement doit être mis de côté. Ainsi, le chrétien doit se défaire de « tout fardeau et le péché ». Peut-être y a-t-il encore dans ta vie des choses que tu sais devoir mettre en ordre. Elles pèsent comme un fardeau sur ta conscience. Débarrasse-toi de ce fardeau. Il en est de même s’il y a dans ta vie certains péchés avec lesquels tu n’as pas encore rompu. Confesse-les ! Tu pourras alors poursuivre la course sans entrave. Et ce faisant, fixe ton regard sans interruption sur Jésus.
V26. Ce dernier nous ramène à ce verset de 1 Corinthiens 9. Ce qui est mentionné ici est aussi important à garder à l’esprit. Le but final de la course n’est pas obscur pour toi, n’est-ce pas ? Tu sais, pour reparler avec Philippiens 3, dans quelle direction tu cours (Php 3:14). Sinon, tu ressembles à un cycliste qui s’est détaché du peloton et qui s’est ensuite égaré. Il pédale complètement à vide pour revenir dans le coup, mais il est sur la mauvaise voie. C’est de l’énergie perdue !
Il en est de même pour ce boxeur Paul cite, qui donne des coups de poing en l’air. Il veut donner un énorme coup de poing, mais l’adversaire l’esquive habilement. Le coup de poing n’aboutit à rien et la force qui le sous-tend se dissout dans le vide sans avoir d’effet sur l’adversaire. Un chrétien est concentré et déterminé.
Enfin, le prix, car c’est bien de cela qu’il s’agit en fin de compte. Le Seigneur Jésus a préparé des couronnes pour les chrétiens qui se sont pleinement engagés envers lui. Il les distribuera quand nous serons avec Lui. Y a-t-il une plus belle récompense imaginable, que de nous dire, comme Il le dit dans une parabole : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en ce qui est peu, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Mt 25:21) ?
V27. Il y a une autre raison pour laquelle Paul s’engage si pleinement dans la prédication : il ne veut pas devenir lui-même réprouvé après avoir prêché à d’autres. Il deviendra réprouvé s’il ne fait que prêcher et ne vit pas en conséquence. Il ne veut pas être quelqu’un qui raconte une belle histoire, demandant aux autres de tout donner, alors qu’il vit lui-même une vie de facilité. C’est pourquoi il applique à lui-même ce qu’il vient de dire des athlètes.
Littéralement, il est dit qu’il martèle son corps. Il fait ainsi référence à l’entraînement intensif pour les Jeux. Paul se soumet à une énorme autodiscipline. Le mot « réprouvé » ne signifie pas que Paul peut encore être perdu. Il indique que quelqu’un qui aime vraiment le Seigneur Jésus et qui veut vraiment vivre pour son Seigneur est conscient de sa responsabilité. Une telle personne fera tout pour montrer dans sa vie pour qui elle vit. Quelqu’un qui n’est chrétien que de nom, pour la forme, ne durera pas. La première partie du chapitre suivant développe ce point.
Relis 1 Corinthiens 9:22-27.
A méditer : où en est ton programme d’exercices spirituels ?