Introduction
Avec une ironie stupéfiante, Amos s’adresse aux femmes des chefs d’Israël. Il les appelle « vaches de Basan ». Elles sont en partie responsables de l’oppression des pauvres. Le jugement les frappera.
Un peuple qui se régale aux dépens des autres manipule aussi la religion à sa guise. Amos dénonce la religion pratiquée par les Israélites à leur guise dans les lieux qu’ils ont eux-mêmes choisis.
Après avoir dénoncé la vie sociale et religieuse, Amos évoque des événements de l’histoire d’Israël où la main qui châtie de Dieu s’est manifestée. Ces châtiments ont été infligés par Dieu pour les amener à se repentir, mais ils n’ont pas écouté. C’est pourquoi Il les appelle à se préparer à Le rencontrer.
1 Vaches !
1 Écoutez cette parole, vaches de Basan, qui êtes sur la montagne de Samarie, qui opprimez les chétifs, qui écrasez les pauvres, qui dites à vos maîtres : “Apporte, afin que nous buvions !”
Le prophète s’adresse maintenant aux dix tribus qu’il compare aux vaches de Basan. Les formes féminines des verbes indiquent qu’Amos vise les habitants féminins ou efféminés de Samarie (cf. verset 3). C’est notamment à elles qu’il adresse la parole, car elles sont l’exemple même des gens qui vivent dans l’aisance et la complaisance.
Il utilise dans ses paroles l’image des vaches qui paissent dans les riches pâturages de l’autre côté du Jourdain. Les vaches de Basan sont réputées pour être un troupeau de choix, bien nourries grâce au pâturage dans les prairies verdoyantes du plateau de Basan (Deu 32:14 ; Ézé 39:18).
Amos utilise ces vaches comme une application à Israël en raison à la fois de la prospérité d’Israël et du caractère bestial dont font preuve les Israélites. Et tout comme les vaches ne vivent que pour une seule chose, à savoir manger et grossir, et veulent donc tout pour elles-mêmes, ces femmes font de même. Elles se concentrent exclusivement sur les soins de leur corps. À cet égard, on peut établir un parallèle évident avec la ‘culture du corps’ de notre époque, où l’important est surtout mon apparence ou celle des autres.
Ce n’est pas un compliment pour une femme d’être comparée à une vache. Ce sont les femmes de la nouvelle élite de Samarie que les hommes ont créée dans l’État prospère d’Israël. En apparence, elles sont soumises à leurs maris et les appellent « maître ». En réalité, les hommes sont des serviteurs obéissants, qui doivent satisfaire tous leurs caprices et leurs plaisirs. Elles ordonnent : ‘Apportez-nous quelque chose !’ Elles ne peuvent supporter les coûts élevés liés à l’entretien d’une telle femme qu’en exploitant davantage les pauvres et les nécessiteux du peuple.
Amos dénonce tout cela. Il fait ici ce que son collègue prophète Ésaïe a aussi fait. Ésaïe s’en prend aussi aux femmes qui présentent les mêmes caractéristiques que celles auxquelles Amos s’adresse (Ésa 3:16-26 ; 32:9).
Dans ce qu’Amos dit ici aux femmes de Samarie, nous voyons le monde en miniature, qui proteste sans cesse auprès de ses chefs pour obtenir plus de biens matériels et où l’égoïsme ne cesse de croître. Et plus l’égoïsme est grand, plus nous devenons insensibles à la détresse des autres. Nous allons même exploiter ces autres pour satisfaire nos désirs égoïstes. Toute compassion a disparu, la satisfaction de nos propres désirs est au centre de nos préoccupations. C’est ainsi que vivent les vaches, c’est ainsi que vivent les femmes de Samarie.
Comme elles ont dû être choquées, ces dames ! Assises et allongées là, confortablement installées les unes à côté des autres, toutes vêtues avec goût et élégance selon la dernière mode, parées des plus beaux bijoux et richement maquillées avec les produits raffinés de l’industrie cosmétique. La pièce est imprégnée de parfum. Toutes pensent voir les regards envieux des autres posés sur elles, car chacune trouve qu’elle est un peu plus charmante ou provocante que les autres.
D’une voix affectée, elles se racontent leurs histoires embellies. Elles essaient de se surpasser les unes les autres avec leurs récits et les enjolivent pour y parvenir. Cela donne la gorge sèche. L’hôtesse demande à ses invitées si son mari peut leur apporter à boire. Où est-il donc passé, ce type ?
Soudain, la voix du prophète retentit contre ces femmes : « Vaches de Basan ! » Stupéfaites, elles interrompent leur conversation. Comment ce rustre ose-t-il ! Sans manières, grossier, inculte – comme le montre son dialecte – et extrêmement insultant, il perturbe leur agréable réunion. Mais écoutez, il continue :
2 Le jugement vient
2 Le Seigneur, l’Éternel, a juré par sa sainteté, que, voici, des jours viennent sur vous, où il vous enlèvera avec des hameçons, et votre postérité avec des harpons de pêche.
Amos n’est pas un homme qui, à la vue de toute cette injustice, perd soudainement patience et exprime de manière incontrôlée sa désapprobation des abus en des termes sans équivoque. Non, il se tient là au nom du « Seigneur, l’Éternel », qui « a juré par sa sainteté ». Cela doit souligner le sérieux et le caractère irrévocable de ses paroles. C’est par Lui qu’il a été envoyé pour prononcer ces paroles. Toutes les actions, tout le comportement de ces femmes sont incompatibles avec la sainteté de Dieu. Il ne peut jamais tolérer l’injustice. Il est le Saint. Cela signifie qu’Il est absolument et parfaitement séparé du péché, sous quelque forme que ce soit.
Lorsque, en le Psaume 89, l’Éternel jure par sa sainteté qu’Il ne mentira jamais à David (Psa 89:36), c’est la garantie qu’Il ne mentira pas. Car s’Il mentirait, cela porterait atteinte à sa sainteté. Ici, Dieu jure par sa sainteté qu’Il rendra son jugement. S’Il laisserait le péché impuni, cela porterait également atteinte à sa sainteté. Le fait qu’Il jure par sa sainteté est une garantie supplémentaire qu’Il fera ce qu’Il dit (cf. Héb 6:16-17).
L’image utilisée par Amos pour décrire la manière dont ce jugement sera exécuté se retrouve aussi dans d’autres passages (Ésa 37:29 ; Jér 16:16 ; Ézé 29:4 ; Hab 1:15). Tout comme un poisson est soudainement arraché de l’eau, son élément, par le pêcheur, ces femmes seront arrachées à leur opulence et à leurs festins. Le jugement sera non seulement soudain, mais aussi total. Si l’impression se dégageait que certaines pourraient tout de même subsister, cette impression s’avérerait vaine.
L’expression « votre postérité » signifie que la descendance des femmes auxquelles s’adresse le message sera aussi victime du jugement. Cela se produira par l’intermédiaire des Assyriens qui en feront leur proie.
3 Le jugement est irrévocable
3 Et vous sortirez par les brèches, chacune droit devant elle, et vous serez lancées vers Harmon, dit l’Éternel.
Par les brèches dans les murailles derrière lesquelles elles se croient en sécurité, elles seront déportées dans la dispersion. Les brèches seront si nombreuses qu’elles n’auront pas besoin de les chercher. Chacune en trouvera une droit devant elle. Chaque femme qui sera déportée n’aura d’yeux que pour le terrible sort qui l’attend. Tout comme elles ne pensent qu’à elles-mêmes dans l’opulence, elles penseront aussi qu’à elles-mêmes et ne se soucieront de personne d’autre quand le jugement les frappera.
La certitude du jugement est encore renforcée par les paroles « dit l’Éternel ». S’Il l’a dit, qui pourra l’arrêter ou le changer ?
On ne sait pas où se trouve Harmon. On a pensé qu’il fallait lire Hermon. Cela indique alors la direction dans laquelle les Israélites seront déportés, c’est-à-dire vers le nord, en direction de l’Assyrie. Si Hermon est mentionné de manière si particulière, c’est parce qu’il se trouve à Basan. Ces femmes, ces « vaches de Basan », iront vers les montagnes de Basan !
4 La moquerie du prophète
4 Venez à Béthel, et péchez ! À Guilgal, multipliez la transgression ! Apportez le matin vos sacrifices, tous les trois jours vos dîmes ;
Outre la satisfaction de leurs désirs, ils ont aussi leur propre religion. Béthel et Guilgal sont des lieux riches en histoire et en bénédictions. À Béthel, Dieu est apparu à Jacob et c’est là qu’il a enterré ses idoles (Gen 35:2-4). À Guilgal, le peuple a été circoncis à son entrée dans le pays (Jos 5:2-9). Mais il ne reste plus que le souvenir de ces bénédictions. Dans la pratique, ces villes sont devenues des lieux où l’idolâtrie règne en maître.
C’est donc avec ironie que le prophète les invite à venir apporter leurs sacrifices dans ces lieux. Sa voix résonne de la même moquerie que celle d’Élie sur la montagne du Carmel (1Roi 18:27). Nous pouvons rejeter l’idée que Dieu accepterait leur offrande (Am 5:5). Amos parle de manière exagérée : ‘Même si vous apportiez vos sacrifices chaque matin et vos dîmes tous les trois jours, cela ne ferait qu’augmenter vos péchés.’
Le mot ‘péché’ est associé à l’idée de ‘transgression’ et de ‘rébellion’. Aveuglés, ils pensaient qu’en offrant régulièrement des sacrifices, ils resteraient en communion avec l’Éternel. Mais Béthel n’est pas le lieu où Dieu a dit qu’Il voulait être servi (cf. Jér 48:13). C’est Jérusalem. C’est là qu’Il se trouve, et non dans les lieux qu’ils ont eux-mêmes choisis, même s’ils ont une tradition très ancienne.
Quelqu’un a dit : ‘Chaque génération de lecteurs du livre d’Amos est tenue d’examiner sa propre religion à la lumière de cette parole.’ Ce n’est pas là où nous pensons pouvoir servir l’Éternel, en invoquant ou non les pères d’autrefois ou d’aujourd’hui, mais là où l’Éternel est servi selon sa Parole, qu’Il veut nous rencontrer. Le nom et la tradition ne garantissent pas l’approbation divine.
5 Comme on aime le faire
5 et faites fumer du pain levé [en sacrifice] d’actions de grâces ; et publiez des offrandes volontaires, annoncez-[les] ! Car c’est ainsi que vous aimez [à faire], fils d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel.
Amos continue à se moquer de leur religion. Ils veulent tant offrir des sacrifices ? Qu’ils ne se soucient donc pas trop des prescriptions. N’hésitez pas à apporter un sacrifice d’actions de grâces contenant du levain. Dieu a-t-Il dit qu’il ne devait pas y avoir de levain dans le sacrifice d’actions de grâces (Lév 7:12 ; 2:11) ? Oh, c’est une règle dépassée. Ce qui compte maintenant, c’est ce que tu ressens. Si cela te plaît, cela plaît aussi à Dieu.
C’est une image de nombreux cultes dans la chrétienté d’aujourd’hui, où la seule chose qui importe est que tu te sens bien. Mais cela plaît-il à Dieu ? Aussi, on ne se demande pas où le Seigneur Jésus veut rencontrer les siens. La question est de savoir si je me sens bien quelque part, si les cultes me plaisent. L’homme est au centre et devient la norme pour le culte. Accessible, attrayant pour les gens du monde. Le groupe de rock gospel dans l’église, la danse, et quelques autres ‘manifestations spirituelles’ comme les pleurs, les chutes et même les aboiements dans l’esprit, ajoutez-y aussi un peu de parler en langues et les foules affluent dans l’église. Faisons des offrandes volontaires, persuadons-nous que nous pouvons offrir cela à Dieu parce qu’Il l’aime ainsi.
Mais qu’est-ce que j’entends ? Que dit Amos au nom du « Seigneur, l’Éternel » ? « Car c’est ainsi que vous aimez [à faire], fils d’Israël. » Nous voyons ici qu’Amos parle tout à fait au goût du peuple. C’est pourquoi il les exhorte, même contre l’interdiction de Dieu, à offrir ‘du levain’. Après tout, ils font fi des commandements de Dieu, n’est-ce pas ? Nous devons bien garder à l’esprit que dans la Bible, le levain représente toujours le péché, comme quelque chose qui corrompt tout ce qu’il touche, tout comme le levain corrompt toute la pâte et la rend aigre (1Cor 5:6-8).
Le levain dans le sacrifice d’actions de grâces signifie pour nous que nous pensons et disons des choses sur le Seigneur Jésus qui Lui font honte. Par exemple, croire qu’Il pouvait pécher, alors que cela était et est impossible. Ainsi, dans la chrétienté, on dit souvent des choses incorrectes et même diffamatoires à son sujet.
Outre l’appel à fumer les sacrifices d’actions de grâces, Amos encourage aussi à publier des offrandes volontaires. Mais c’est précisément cet appel qui porte atteinte au caractère volontaire. Un appel crée une contrainte morale ou peut même devenir un commandement légaliste. Il est important pour ces gens que tout le monde sache à quel point ils sont bon d’apporter des offrandes ‘volontaires’ à l’Éternel. Ce qui est donné doit être rendu public (cf. Mt 6:2 ; Lc 18:12). Nous pouvons comparer cela aujourd’hui à la collecte de fonds pour des œuvres caritatives, où l’on se sent obligé, devant les voisins, de donner quelque chose.
Ce qu’Amos veut leur faire comprendre, c’est qu’ils prétendent plaire à l’Éternel, mais qu’en réalité, ils se plaisent eux-mêmes en servant Dieu de cette manière. C’est servir Dieu comme cela te convient le mieux. C’est ainsi que le péché se multiplie.
6 Et vous n’êtes pas revenus à Moi
6 Et moi aussi, je vous ai donné les dents nettes dans toutes vos villes, et le manque de pain dans toutes vos demeures ; et vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel.
Avec ce verset, Amos commence à raconter une série d’événements du passé, en soulignant que l’intervention de Dieu en leur faveur y est visible. Aussi terribles que ces catastrophes aient été, elles ont été provoquées par un Dieu aimant afin d’avertir Israël qu’il s’engageait sur une mauvaise voie, une voie qui le mènerait finalement au jugement.
Chaque événement est introduit par les mots « et moi ». Cela indique que Dieu a infligé ces souffrances à son peuple, dans le but de le rapprocher de Lui (cf. Héb 12:6). Chaque événement devait interpeller la conscience du peuple. Mais la conscience est souvent endormie à nouveau en cherchant une cause naturelle aux catastrophes, comme si Dieu n’avait rien à voir avec cela et que sa voix ne se faisait pas entendre dans ces catastrophes. Il ne ferait tout de même pas mal à l’homme ? C’est pourquoi nous lisons cinq fois, comme un refrain après chaque catastrophe : « et vous n’êtes pas revenus à moi » (versets 6,8,9,10,11).
D’autres prophètes ont aussi dû le proclamer (Ésa 9:12 ; Jér 5:3 ; Osé 7:10). Dans le livre de l’Apocalypse, nous constatons aussi qu’aucune conversion n’a lieu à la suite des jugements de Dieu (Apo 9:20 ; 16:9,11). Quelle patience cela démontre ! Il fait également preuve de cette patience à notre égard.
Il y a un point culminant dans les catastrophes, qui ne sont pas liées à une période particulière, mais qui se sont abattues sur le peuple au cours de l’histoire d’Israël. Les premières châtiments concernent le pays (versets 6-9) ; puis les habitants sont frappés par la maladie et la guerre (verset 10) ; enfin, le jugement qui a aussi frappé Sodome et Gomorrhe s’abat, balayant ces villes de la surface de la terre (verset 11).
Le texte ne précise pas quand l’événement du verset 6 a eu lieu. On a pensé qu’Amos faisait référence aux sept années de sécheresse du temps d’Élisée (2Roi 8:1). L’expression « dents nettes » signifie que, faute de nourriture, leurs dents ne se salissent pas.
7 Distinction dans le jugement
7 Et je vous ai aussi retenu la pluie quand il n’y avait que trois mois jusqu’à la moisson ; et j’ai fait pleuvoir sur une ville, et je n’ai pas fait pleuvoir sur une [autre] ville ; il y avait de la pluie sur un champ, et le champ sur lequel il n’y avait pas de pluie séchait ;
La pluie dont parle l’Éternel est la pluie de la dernière saison qui tombe en février et mars. Elle est importante pour la bonne croissance du blé. La sécheresse est un châtiment que Dieu a annoncé en cas de désobéissance (Deu 28:23 ; Lév 26:19).
En lisant ce verset, nous pourrions penser que Dieu agit de manière arbitraire. Nous devons rapidement chasser cette idée absurde de notre esprit. Dieu n’agit jamais de manière arbitraire. Il agit toujours dans le but d’apporter la bénédiction.
Nous ne pouvons pas toujours ‘vérifier’ Dieu (Job 37:12-18). Nous pouvons toutefois essayer de comprendre sa manière d’agir. À condition de ne pas oublier notre place face au Tout-puissant. Nous devons garder à l’esprit que nous sommes de petites créatures insignifiantes. Ne soyons pas assez présomptueux pour penser que Dieu est tenu de nous rendre compte de ses actions (Rom 9:14-21).
La distinction dans le jugement doit aussi souligner c’est Lui qui est à l’œuvre. Il a fait pleuvoir sur une ville et n’a pas fait pleuvoir sur une autre. Cette distinction existe aussi dans la distribution des bénédictions. Cette distinction, tant dans le jugement que dans les bénédictions, est un grand problème pour nous, les hommes. Si nous pouvions vraiment suivre Dieu dans toutes ses actions, nous serions égaux à Dieu. Nous pouvons trouver la paix dans ce problème si nous acceptons dans la foi que ses pensées et ses voies sont plus élevées que les nôtres (Ésa 55:8-9).
8 Qui a soif...
8 et deux et trois villes se rendaient dans une [autre] ville pour boire de l’eau, et elles n’ont pas été désaltérées ; et vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel.
Il semble qu’il n’ait pas plu sur la plupart des villes. Ces villes doivent se rendre dans une ville plus éloignée pour y chercher de l’eau. Qu’elles n’ont pas été désaltéré peut s’expliquer par le fait qu’elles n’obtiennent rien de la ville où il a plu, celle-ci étant économe de ses propres réserves.
L’abondance rend les gens égoïstes et durs, mais la pénurie aussi. Dans les deux cas, ce qui est le plus bas dans l’homme qui s’est éloigné de Dieu se manifeste. Ceux qui vivent avec Dieu peuvent, comme Paul, apprendre à gérer l’abondance et le manque (Php 4:11-12).
Il se peut aussi que la ville où ils se rendent veuille bien leur donner de l’eau, mais qu’il n’y en ait pas assez pour satisfaire les besoins de tous. Dans tous les cas, ceux qui sont dans le besoin placent leur espoir dans autre chose que Dieu, car ils ne se sont pas revenus à Lui.
Sur le plan spirituel, les chrétiens peuvent être une ‘ville’ où ceux qui ont soif peuvent se rendre. Ils peuvent l’être s’ils sont eux-mêmes allés vers le Seigneur Jésus comme des ‘assoiffés’ et ont reçu de Lui à boire. Celui qui a bu de ‘l’eau de la vie’ qu’Il donne (Apo 22:17) a reçu le Saint Esprit. Une telle personne peut alors transmettre l’eau aux autres, c’est-à-dire apporter Lui en tant la fontaine d’« eau de la vie » aux autres (Jn 7:37-39).
9 Jugement sur le fruit de la terre
9 Je vous ai frappés par la brûlure et la rouille [des blés] ; la chenille a dévoré la multitude de vos jardins, et de vos vignes, et de vos figuiers et de vos oliviers ; mais vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel.
« La brûlure » est un champignon qui attaque le seigle. « La rouille » est un champignon qui attaque différentes céréales. Les trois principaux arbres d’Israël – la vigne, le figuier et l’olivier – ont été dévorés par la chenille, les sauterelles. Les maladies des plantes et les sauterelles, tout est à la disposition de Dieu et Il peut s’en servir pour toucher la conscience de son peuple.
Si le fermier regardait ses champs et s’imprégnait de leur spectacle désolant, puis levait les yeux vers Dieu pour Le chercher, Dieu aurait atteint son but. Malheureusement, ici aussi, le refrain est le même : « Mais vous n’êtes pas revenus à moi. »
10 La peste et la guerre
10 J’ai envoyé parmi vous une peste à la façon de l’Égypte ; j’ai tué vos jeunes gens par l’épée, emmenant aussi vos chevaux ; et j’ai fait monter la puanteur de vos camps, et [cela] dans vos narines ; et vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel.
En Lévitique 26, la peste et l’épée sont aussi mentionnées dans un seul verset (Lév 26:25). Là, il est un avertissement. Dieu menace le peuple de ces fléaux s’il continue à s’opposer à Lui malgré les châtiments précédents (Lév 26:23-24). La peste vient de Lui. L’épée vient aussi de Lui, bien que par la main de l’ennemi. ‘L’épée’ fait probablement référence à une période de guerre avec la Syrie (2Roi 13:3).
Dieu agit avec son peuple comme Il l’a fait avec l’Égypte. Cela prouve à quel point le peuple est tombé bas (Deu 7:15 ; 28:60). La peste que Dieu a envoyée en Égypte est la peste du bétail (Exo 9:3). À l’époque, Il a établi une séparation entre l’Égypte et son peuple (Exo 8:18), mais aujourd’hui, les fléaux s’abattent les unes après les autres sur son peuple afin de toucher leur conscience.
La perte de leurs chevaux signifie la perte de leur puissance militaire. La puanteur provient des cadavres de ceux qui ont été tués par la peste et à la guerre, qu’il s’agisse d’hommes ou de chevaux. Les pertes ont été subies pendant la guerre contre les Syriens (2Roi 8:12 ; 13:3,7). La puanteur qui monte est en quelque sorte celle de leurs péchés, afin de leur rappeler leurs péchés et leurs conséquences.
11 Un tison sauvé d’un incendie
11 J’ai opéré des bouleversements parmi vous, comme le renversement que Dieu a fait de Sodome et de Gomorrhe, et vous avez été comme un tison sauvé d’un incendie ; et vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Éternel.
La référence à Sodome et Gomorrhe sert à indiquer que la désolation est totale. Le bouleversement du peuple fait référence à la désolation de l’État, après que la guerre a été menée sur son territoire (Jl 2:3). Cette désolation est mentionnée à plusieurs reprises (Ésa 1:9 ; 13:19 ; Jér 50:40).
Même si la désolation est totale, elle n’est pas définitive. Quelques-uns échapperont au jugement. Ils sont comparés à « un tison sauvé d’un incendie ». Le feu s’est emparé d’eux, et si une puissance extérieure n’était pas venue l’arracher de l’incendie, il aurait été complètement consumé (cf. Zac 3:2). Il en est de même pour le peuple. S’il existe encore, c’est grâce à un Dieu qui ne l’a pas totalement détruit. Tout comme Il a sauvé Lot de Sodome et Gomorrhe, Il ramènera aussi un reste du peuple de la captivité syrienne (2Roi 13:5 ; 17:27-28).
12 Rencontrer Dieu
12 C’est pourquoi, je te ferai ainsi, Israël. Puisque je te ferai ceci, prépare-toi, Israël, à rencontrer ton Dieu.
Les versets 6-11 font référence aux châtiments que Dieu a infligés au peuple dans le passé. Ce verset concerne l’action de Dieu dans un avenir proche. Si toutes les actions de Dieu pour les ramener sur le droit chemin n’ont aucun résultat, il ne reste qu’une seule chose à faire : les amener face à Dieu Lui-même en tant que juge. Pour reprendre les mots de Jac : « Voici, le juge se tient devant la porte » (Jac 5:9b). Le verset 13 dépeint de manière impressionnante la majesté de Dieu.
Le moment vient où Dieu leur demandera des comptes sur leurs actes et devra alors les juger. L’appel ici n’est pas d’amener le peuple à se repentir, bien que cela ne soit jamais exclu. Les dés sont jetés. Le peuple a juré haut et fort qu’il ne veut pas revenir à Dieu.
Le prophète appelle maintenant le peuple à se préparer à comparaître devant Dieu. Qu’il veille à préparer sa défense afin de pouvoir répondre aux questions que Dieu lui posera sur son comportement. Non pas que cela lui permettra d’échapper au jugement. C’est pourquoi le peuple doit se préparer à entendre le jugement de Dieu et à s’y soumettre. Bien que l’appel s’adresse à l’ensemble du peuple, il se peut qu’il y ait parmi lui seule personne qui, à cette pensée, se convertisse encore à Dieu et évite ainsi la confrontation avec le juge.
Pour nous aussi, chrétiens, l’appel « prépare-toi […] à rencontrer ton Dieu » a une signification impressionnante. Pour ceux qui croient en Christ comme leur Sauveur, cette rencontre avec Dieu ne sera pas un événement attendu avec crainte et tremblement. Une telle personne peut connaître Dieu comme son Père.
Pourtant, il peut y avoir dans notre vie de chrétiens des choses qui font que la pensée d’une rencontre avec Dieu n’est pas un événement auquel nous attendons avec impatience. Si tel est le cas, confessons nos péchés et ôtons le mal. Cessons de nous maintenir dans nos positions et jugeons-nous en toute honnêteté. Si nous agissons ainsi, nous ne serons pas condamnés avec le monde (1Cor 11:31-32).
13 La majesté de Dieu
13 Car voici, celui qui forme les montagnes, et qui crée le vent, et qui déclare à l’homme quelle est sa pensée, qui de l’aube fait des ténèbres, et qui marche sur les lieux hauts de la terre, – l’Éternel, le Dieu des armées, est son nom !
L’Éternel, Dieu des armées, est le Créateur et le soutien de toutes choses. Il est à l’origine des montagnes puissantes et impressionnantes. Qu’est-ce que l’homme à côté de cela ? Dieu est aussi à l’origine du vent insaisissable, qu’Il peut faire gonfler jusqu’à devenir un ouragan dévastateur, que les hommes ne peuvent maîtriser.
Ce Dieu, de la main duquel proviennent la nature et les forces naturelles et qui les maintient en existence, s’occupe aussi de l’homme. Il connaît l’homme au plus profond de son être, Il connaît ses pensées (Jér 11:20a ; Psa 139:1-6). L’expression « sa pensée » ne se rapporte pas à Dieu, mais à l’homme.
Dieu révèle à l’homme ce qu’Il sait de lui. Il le fait par l’intermédiaire des prophètes, notamment Amos. Dieu ne jugera pas seulement l’homme selon ses actes, mais aussi selon l’état de son cœur. Lorsque l’homme devra comparaître devant Dieu pour être jugé, Il changera l’aube en ténèbres. L’homme, dans sa prospérité sans Dieu, croit vivre dans la lumière. Le jugement de Dieu transformera cela en ténèbres.
Pour Lui, rien n’est trop haut, Il surpasse tout. Tout sera finalement soumis à ses pieds, c’est-à-dire aux pieds de l’Homme Jésus Christ, qui est aussi Dieu (Psa 8:6 ; Héb 2:8). Savoir que toutes choses sont entre les mains de Dieu, que rien n’échappe à son contrôle, peut être une consolation pour le croyant. Dieu gouverne à la fois le vaste univers et la vie du croyant avec toutes ses joies et ses difficultés.