Matthieu 16

Lorsque les personnes viennent au Seigneur, elles peuvent avoir des motivations très différentes les unes des autres. En Matthieu 15, les hommes viennent à Lui (Mt 15:30), avec des motivations très différentes de celles des pharisiens et des sadducéens ici. Dans l’histoire précédente, Il est présent pour aider, mais ici Il les laisse et s’en va (verset 4). Pharisiens et sadducéens sont ennemis les uns des autres, mais ici ces ennemis naturels se liguent dans leur aversion pour Christ. Ils se serrent les coudes pour être plus forts ensemble pour Le tenter. Les sadducéens sont les libres penseurs de leur époque, tandis que les pharisiens sont les spécialistes des institutions et de l’autorité de la loi, en particulier de leurs propres institutions et lois. Ensemble, ils viennent à Lui pour demander un signe venant du ciel, alors que le plus grand signe jamais donné par Dieu se tient devant eux.

Dans sa réponse, le Seigneur indique les signes de la nature. Lorsqu’ils observent certains phénomènes naturels, ils savent exactement comment les interpréter. Le soir, par exemple, ils peuvent deviner s’il fera beau, grâce à la couleur du ciel. Pour ceux qui peuvent discerner spirituellement, le beau temps arrive. Après tout, « l’Orient d’en haut » (Lc 1:78) les a visités dans la personne de Christ. De même, ils peuvent savoir, à la couleur du ciel, si l’orage arrive. Mais spirituellement, ils ne peuvent pas discerner que le mauvais temps arrive, c’est-à-dire le jugement de Dieu qui surviendra sur eux s’ils rejettent ce signe, donné par Dieu, venant du ciel.

Le Seigneur Jésus les appelle « une génération méchante et adultère ». « Méchante », ils le sont dans leur cœur, dans leurs sentiments. « Adultère », ils le démontrent dans leur infidélité envers leur Dieu. Il leur donne un signe. Le signe qu’Il leur présente, c’est ce qui est arrivé à Jonas. C’est le signe de quelqu’un qui a disparu de la terre, qui a disparu du peuple juif par la mort, en quelque sorte, et qui lui est revenu après un certain temps. C’est l’image de la mort et de la résurrection. Le Seigneur Jésus agira conformément à cela. Il entrera dans la mort, mais Il ressuscitera aussi pour apporter ensuite aux nations le message qu’Israël a méprisé. C’est ce que Jonas a fait et il est donc une image, un signe, de ce que Christ fera.

Lorsque les disciples sont arrivés à l’autre rive, ils s’aperçoivent qu’ils ont oublié de prendre du pain. Le Seigneur sait que cela les préoccupe. Mais Il se préoccupe d’autres choses. Il ne se préoccupe pas de leur bien-être physique, mais de leur bien-être spirituel. Il sait à quel point ses disciples peuvent encore se laisser influencer par le raisonnement des pharisiens et des sadducéens. C’est pourquoi Il les met en garde contre ces raisonnements. Il le fait en utilisant des images qu’ils devraient comprendre.

Mais les disciples sont sur une longueur d’onde très différente de celle du Seigneur. Lorsqu’Il parle du levain, ils font immédiatement le lien avec les pains qu’ils ont oubliés. Ils ne pensent qu’à des besoins physiques. Lorsque le Seigneur dit quelque chose et les chrétiens commencent à raisonner, ils ne le comprennent jamais. C’est parce qu’ils partent de l’homme et essaient ensuite de monter jusqu’à Dieu. Un bon raisonnement commence par Dieu et se termine par l’homme.

Le Seigneur est attentif à leur façon de raisonner. Il leur pose une question à ce sujet. En les appelant « gens de petite foi », Il leur fait remarquer qu’ils agissent mal. Nous commençons à raisonner lorsque nous ne pensons pas à Christ. C’est ce que le Seigneur souligne dans sa réponse. S’ils avaient pensé à Lui, ils ne se seraient pas préoccupés du pain.

Il leur rappelle la multiplication des pains pour les 5000 personnes. Ce faisant, Il souligne non pas tant ce qu’Il a fait avec les cinq pains, mais la quantité qui est restée par la suite. Il ne fournit pas seulement ce qui est nécessaire, mais Il donne en abondance. Pour imprégner ses disciples de son abondance, Il leur rappelle aussi les sept pains avec lesquels Il a nourri bien plus que 4000 personnes, et encore une fois spécifiquement ce qui était resté.

Les disciples étaient présents. Ils ont eux-mêmes distribué le pain et ils ont eux-mêmes rassemblé les morceaux qui restaient. Ils ont été étroitement impliqués dans ces deux miracles. Pourtant, ils sont maintenant tellement préoccupés par les pains qu'ils ont oublié qu'ils ne peuvent appliquer les paroles du Seigneur qu'à cela. Par le rappel du Seigneur, ils devraient certainement comprendre qu’Il n’a pas parlé de pains. Ensuite, Il lance à nouveau l’avertissement de se garder du levain des pharisiens. Les disciples comprennent alors ce qu’Il veut dire. Par levain, Il entend la doctrine corrompue des pharisiens et des sadducéens.

Dans l’Écriture, le levain est toujours une image de ce qui est mauvais, du péché. Le levain des pharisiens représente l’hypocrisie religieuse qui met en évidence les actions extérieures et cérémonielles. Le levain des sadducéens est l’orgueil intellectuel qui place l’esprit humain sur le siège du juge et, par un simple geste de la main, rejette la révélation de Dieu et la foi.

Le christianisme est imprégné de ce levain. D’un côté, nous voyons le ritualisme et de l’autre le rationalisme et parfois un mélange. Paul nous met en garde dans la lettre aux Colossiens à la fois contre le rationalisme, la raison, et le ritualisme, le service des formes (Col 2:8 ; 2:16-22).

Cet avertissement du Seigneur au sujet de ce levain précède immédiatement sa révélation concernant l’église que nous entendons de sa bouche dans les versets suivants. Autrement dit, si nous nous laissons étouffer par ce levain, nous ne pourrons pas comprendre sa révélation concernant l’église dans les versets suivants.

La question du Seigneur Le concerne directement, et est l’essentiel de toutes les autres questions. C’est une question adressée aux disciples. Il s’attend à ce qu’ils répondent en tant que personnes familiarisées avec les opinions courantes qui circulent à son sujet. Il pose cette question dans une région qui parle de la domination païenne du peuple et donc de l’état de péché du peuple et de la discipline exercée sur lui par Dieu. « Césarée de Philippe » porte le nom de César, l’empereur de Rome qui a également soumis le pays d’Israël, et de Philippe Ier, de la famille d’Hérode. Le Seigneur Jésus va précisément parler de l’église dans cette région, dont le nom indique si clairement la déviation du peuple de Dieu.

Mais Il veut d’abord entendre, de la part de ses disciples, ce que pensent les gens à son sujet. Les disciples le savent bien. Leur réponse montre que, humainement parlant, les gens font des comparaisons assez flatteuses. Mais en réalité, ils sont loin d'être à la hauteur de ce qu'Il est vraiment. Toutes leurs pensées ne sont que des opinions et n’ont rien à voir avec la foi. Elles mettent les hommes dans l’incertitude. C’est l’incertitude qui est la conséquence de l’indifférence et de l’absence de besoin spirituel. L’âme ne peut se reposer que dans la vérité, dans le Sauveur que l’on a trouvé.

Ce genre des personnes peut avoir une haute opinion de Christ, mais est loin d’apprécier sa personne. Ces personnes forment une deuxième classe, après les pharisiens qui, dans leur orgueil et leur incrédulité, rejettent le Sauveur. Mais il existe une troisième catégorie de personnes. On la trouve dans Pierre. Ce sont les personnes à qui Dieu révèle qui est le Christ avec une foi donnée par Lui.

Puis la question du Seigneur s’adresse directement à ses disciples : « Qui dites-vous que je suis ? » Cette question est de la plus haute importance pour chacun des disciples. Simon Pierre répond le premier, en confessant que Jésus est le Christ. Christ signifie Messie, en tant que Celui qui est l’accomplissement des promesses de Dieu et des prophéties qui annonçaient leur réalisation. Il est le Messie promis par Dieu. De plus, Il est le Fils de Dieu selon le Psaume 2. Telle est la confession du reste juif (Jn 1:49).

En outre, Pierre Le confesse comme « le Fils du Dieu vivant ». Il dit par là qu’en Lui est la vie. Avec cela est aussi lié le fait qu’Il possède le pouvoir de donner la vie. Être le Fils du Dieu vivant signifie qu’Il possède Lui-même cette vie. Ce qui est bâti sur Lui en tant que Fils du Dieu vivant ne peut être affecté par la mort ou tout ce qui y est lié. La vie de Dieu ne peut être annulée. C’est sur sa personne que tout est fondé. Personne ne peut comprendre la vérité de l’église s’il n’a pas d’abord accepté la vérité sur sa personne. Dans les versets suivants, le Seigneur Jésus commence la révélation de la vérité de l’église.

Christ a donné suffisamment de preuves de ce qu’Il est. Mais toutes ces preuves n’ont clairement eu aucun effet sur le cœur d’un seul homme. La révélation du Père est le seul moyen de savoir qui Il est, et cela va bien au-delà de l’attente d’un Messie. Le Seigneur Jésus ajoute à la révélation du Père à Pierre une nouvelle révélation. En disant « moi aussi je te dis », Il se place au même niveau que le Père. Lui et le Père ne font qu’un (Jn 10:30). Le Père a révélé quelque chose et maintenant Il va aussi révéler quelque chose.

Pour cette révélation, il utilise la signification du nom de Pierre en lui disant : « Tu es Pierre. » Par là, le Seigneur indique que Pierre est l’une des pierres qui sera bâtie sur le roc, en grec ‘petra’.. Que Pierre ait compris l’allusion du Seigneur à son nom, nous le voyons dans sa première lettre. En effet, il y écrit que les croyants sont des « pierres vivantes » qui forment ensemble une maison spirituelle (1Pie 2:5).

Bâtir l’église est encore à venir, car le Seigneur dit : « je bâtirai ». Cela montre aussi clairement que l’église n’existe pas à partir d’Adam. Il indique aussi que cette œuvre de Dieu ne peut être détruite par aucune puissance ennemie. Si c’est l’homme qui bâtit l’église, elle pourrait être détruite (1Cor 3:12-17). La résurrection du Seigneur Jésus est la preuve qu’Il est le Fils du Dieu vivant (Rom 1:4) et que la mort n’a aucun pouvoir sur Lui. Il tient Lui-même les clefs de la mort et du hadès (Apo 1:18).

Il fait don à Pierre des clefs du royaume des cieux. Il ne s’agit pas des clés de l’église. Le royaume est façonné par les hommes, tandis que l’église, telle qu’elle est présentée ici, est uniquement l’œuvre de Dieu. Concernant l’utilisation des clés par Pierre, nous voyons que le royaume et l’église sont deux domaines différents.

Nous voyons Pierre utiliser les clefs en Actes 2 pour « dissoudre » les Juifs, c’est-à-dire pour les détacher de leur environnement juif (Act 2:37-40). En Actes 10, il utilise ces clefs pour « délier » les païens, c’est-à-dire les détacher de leur environnement païen (Act 10:44-48). Le baptême est la porte par laquelle ils entrent dans le royaume des cieux. En Actes 8, il utilise les clefs pour « lier » Simon le sorcier, c’est-à-dire pour lier ses péchés sur lui (Act 8:20-23). Bien que Simon le sorcier ait été baptisé, il s’est avéré qu’il était lié à ses péchés, ce que l’acte de Pierre confirme.

Après ces communications particulières du Seigneur, les disciples ont pu avoir un grand désir de Le faire connaître comme le Christ. Ce n’est pas ce que veut le Seigneur. Ce temps-là est révolu. Le peuple L’a rejeté. Il s’agit maintenant d’autre chose, à savoir l’œuvre de la croix. C’est ce qu’Il présente dans le verset suivant.

Après la révélation de bâtir l’église, le Seigneur Jésus parle pour la première fois de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection. Il sait que tout cela est maintenant devant Lui. Pour qu’Il y ait une église, Il devra d’abord achever l’œuvre de rédemption sur la croix et aussi endurer toutes les souffrances qui Lui seront infligées à cette occasion. Il doit monter à Jérusalem – non pas pour y occuper le trône, mais pour subir tout cela. Il précise toutefois qu’Il ressuscitera le troisième jour. Sa mort n’est pas la fin. Il doit le faire savoir à ses disciples.

Mais Pierre ne veut rien savoir d’un Messie souffrant. Cela ne peut et ne doit pas arriver ! Il fait même appel à Dieu pour épargner les souffrances au Seigneur Jésus. Pierre est encore trop préoccupé par l’établissement du royaume instant directement. Par conséquent, il ignore le problème des péchés du peuple. Aussi béni et honoré que soit Pierre par la révélation du Père, son cœur reste charnellement accroché à la gloire humaine du Messie et en réalité à sa propre gloire. Il ne peut pas s’élever à la hauteur des pensées de Dieu. Il n’est pas le seul dans ce cas. C’est une chose d’être convaincu des plus grandes vérités et même de les apprécier sincèrement. C’est une autre chose pour le cœur de les reconnaître et de les appliquer dans notre marche de tous les jours.

Le Seigneur reconnaît la source à partir de laquelle Pierre parle. Pierre se laisse utiliser par Satan qui veut Le détourner du chemin de l’obéissance. Satan peut l’utiliser pour cela parce qu’il ne pense pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes. Les hommes fuient la souffrance et veulent la gloire sans souffrir pour elle. Avec Dieu, il ne peut y avoir de gloire sur la terre qu’à travers la souffrance.

Le Seigneur associe à son rejet un enseignement direct pour ses disciples. Il leur présente ce qu’il en coûte de Le suivre. Le suivre coûte tout à quelqu’un. Celui qui veut Le suivre doit se mettre complètement de côté et renoncer à tous ses propres intérêts. Il doit ensuite être prêt à subir l’opprobre du côté du monde. C’est ce que signifie « prenne sa croix ». L’un comme l’autre est présentés à ses disciples par le Seigneur comme un choix. Celui qui veut venir après Lui devra remplir ces deux conditions. Ce n’est que lorsqu’il l’aura fait qu’il pourra Le suivre. Personne n’est forcé de le faire, mais si quelqu’un le veut, voici ce que cela coûte.

Celui qui veut vivre la vie pour cette vie et ainsi sauver sa vie ne pourra pas la sauver, mais la perdra certainement. En revanche, si une personne Lui donne sa vie, elle trouvera la vraie vie, celle qui ne se trouve et ne s'apprécie qu'en sa compagnie. Ce que le Seigneur dit ici est toujours vrai, on ne peut y échapper : celui qui veut sauver sa vie la perdra ; celui qui perd sa vie pour Lui la retrouvera.

Le Seigneur y ajoute une qui devrait faciliter le choix. Il veut qu’eux et nous y réfléchissions. Imagine que tu gagnes le monde entier. Combien de temps pouvons-nous en profiter ? Cent ans tout au plus, et même dans ce cas, de façon très limitée. Par exemple, nous pouvons avoir une abondance de nourriture délicieuse et plein de bijoux, mais notre ventre a une capacité limitée et notre corps ne peut porter qu’un nombre limité de bijoux. Puis il y a la mort et l’éternité. Si l’âme ou la vie est perdue, un malheur éternel suit le bref plaisir terrestre.

L’âme d’un homme est le bien le plus précieux qu’il possède. S’il la perd éternellement, aucun échange ne pourra le libérer de la douleur éternelle. Par ces paroles, le Seigneur souligne l’importance de l’âme. C’est de cela que les hommes devraient se préoccuper et non des plaisirs éphémères du monde.

Le Seigneur Jésus place l’importance de l’âme à la lumière de sa venue imminente en tant que Fils de l’homme pour rendre à chacun selon sa conduite. Il ne viendra pas seul, mais avec ses anges, et entouré de la gloire de son Père. Tout rayonne de majesté et de splendeur. Celui qui ignore cela et ne s’incline pas dès maintenant par la foi devant la majesté du Seigneur, fait violence à son âme.

Après ces paroles sérieuses, Il adresse un encouragement à quelques-uns de ses disciples. Il s’agit de Pierre, Jacques et Jean. Ils verront de leurs propres yeux le Fils de l’homme venir dans son royaume avant de mourir. Ils le verront bientôt, car par ces paroles, le Seigneur fait référence à la scène de la transfiguration sur la montagne, décrite dans les versets suivants. À cause de ce qu’ils y verront, ils seront encouragés à accomplir leur service pour Lui, aussi grande que soit l’opposition.