Introduction
Le livre de Daniel traite de deux thèmes. Le premier thème est l’histoire des quatre empires pendant « les temps des nations » (Lc 21:24). Ces temps ont commencé lorsque Israël a cessé d’être le peuple de Dieu. Ils dureront jusqu’au moment où Israël sera à nouveau le peuple de Dieu. De cette période, il est question en Daniel 2 et Daniel 7. C’est le temps du cinquième empire, l’empire sur lequel le Fils de l’homme, le Seigneur Jésus, régnera. Alors, Israël sera le centre de la terre, c’est-à-dire dans le royaume de paix.
Le deuxième thème est ce que le peuple de Dieu va traverser pendant le temps où Dieu ne peut pas reconnaître ouvertement son peuple comme son peuple. À cette période, les nations auront la domination sur son peuple et celui-ci sera opprimé par les nations. Cela se produira de la manière la plus violente pendant la grande tribulation (Mt 24:21). Le reste fidèle d’Israël sera alors purifié, tandis que la masse méchante du peuple sera jugée. Dans Daniel et ses amis, nous voyons le reste fidèle. Nous le voyons surtout en Daniel 3-6. Nous n’avons pas seulement affaire à l’histoire, mais aussi à des événements prophétiques du temps de la fin pendant le quatrième empire.
Nous pouvons dire que nous vivons aussi au temps de la fin. Les caractères des dominateurs des empires présentent des traits que nous voyons de plus en plus autour de nous chez les dirigeants du monde et chez l’homme en général. Depuis le début, lorsque Dieu a remis la domination entre les mains des peuples, il est clair que l’homme ne tient pas compte de Lui et manque à la responsabilité que Dieu lui a confiée.
Nous voyons l’augmentation de l’impiété en Daniel 3-6 :
1. En Daniel 3, nous voyons l’idolâtrie et le rejet de Dieu.
2. En Daniel 4, nous voyons la glorification de l’homme.
3. En Daniel 5, nous voyons Dieu être ridiculisé.
4. En Daniel 6, le comble est atteint lorsque l’homme prend la place de Dieu.
Nous sommes avertis par ces événements, qui ont une portée prophétique, que nous vivons une époque de grande méchanceté. Toutes les limites fixées par Dieu sont dépassées et effacées. Plus rien n’est sacré. L’homme a pris la place de Dieu. C’est aussi le moment où les droits de Dieu peuvent être démontrés plus clairement que jamais. Ceux qui le font peuvent s’attendre, de la part des hommes, à être incompris, voire souvent à être victimes d’une haine implacable. Mais ils peuvent compter encore davantage sur l’appréciation et l’aide de Dieu. Il veut se glorifier en ceux qui, comme un petit reste fidèle, Le reconnaissent face à la masse apostate.
En bref, nous avons en
1. Daniel 1 l’obéissance du reste.
2. Daniel 2 l’intelligence du reste.
3. Daniel 3 la souffrance et la persécution du reste dans la grande tribulation.
4. Daniel 4 le jugement du dominateur.
5. Daniel 5 la fin de l’empire babylonien.
6. Daniel 6 la préservation du reste contre la puissance du diable.
1 La statue d’or
1 Nebucadnetsar, le roi, fit une statue d’or ; sa hauteur était de 60 coudées, sa largeur, de six coudées ; il la dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone.
Nebucadnetsar fait une statue d’or, peut-être inspiré par son songe. Dans son songe, il s’est vu comme une tête d’or. Maintenant, il ne voit plus seulement une tête d’or, il ne voit plus que lui-même. Il ne tient pas compte de la perte de son empire. C’est pourquoi la statue est entièrement d’or. Il fait cette statue afin d’avoir un seul objet d’adoration pour tout son empire avec ses nombreuses cultures et religions différentes.
Rien ne perturbe et ne détruit autant les relations entre les familles et les peuples qu’une différence de religion. En même temps, l’inverse est aussi vrai : le meilleur moyen qui lie les gens entre eux est une religion commune. L’unité religieuse favorise aussi l’unité politique. Ainsi, l’unité de l’Europe prend forme en partie grâce à un culte idolâtre commun, celui de l’Antichrist, dans lequel le dominateur mondial lui-même est glorifié (Apo 13:12).
Les dimensions de la statue tournent autour du nombre six. Le nombre six est caractéristique de cette statue. Le nombre six est aussi caractéristique de l’homme. Dans l’histoire de l’humanité, il y a eu trois dominateur absolus. Tous trois sont caractérisés par le nombre six. Adam est le premier. Il a été créé le sixième jour. Le deuxième est Nebucadnetsar. Il est ici associé aux nombres soixante et six. Le troisième sera le dictateur de l’empire romain d’occident restauré, la bête qui monte de la mer. « Le nombre de son nom » est « le nombre de la Bête », c’est « un nombre d’homme ; et son nombre est 666 » (Apo 13:17-18).
2 - 7 L’dédicace de la statue
2 Et Nebucadnetsar, le roi, envoya [un ordre] pour assembler les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, afin qu’ils viennent pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée. 3 Alors s’assemblèrent les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée ; et ils se tinrent devant la statue que Nebucadnetsar avait dressée. 4 Et un héraut cria avec force : – Il vous est ordonné, peuples, peuplades, et langues : 5 Dès que vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, a dressée ; 6 et quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas, sera jeté à l’heure même au milieu d’une fournaise de feu ardent. 7 C’est pourquoi, au moment même où tous les peuples entendirent le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, et toute espèce de musique, tous les peuples, peuplades et langues, se prosternèrent et adorèrent la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée.
Tous ceux qui ont une responsabilité dans le royaume sont appelés à venir pour la dédicace de la statue. Tous ces différents dirigeants représentent les peuples dont ils sont issus. C’est ainsi qu’ils sont aussi adressés (verset 4). Nous lisons que « tous les peuples » se prosternent devant la statue (verset 7), alors qu’en réalité, seuls les dirigeants présents le font.
Ce que Nebucadnetsar a imaginé, c’est la religion de l’homme. C’est en même temps une religion mondiale, par laquelle il veut fusionner en une seule unité tous les hommes sur lesquels il règne. Il place une statue d’or magnifique devant les yeux des hommes et ordonne de l’adorer.
Pour rendre le tout encore plus attrayant, la dédicace est accompagnée d’une contribution musicale pour laquelle une multitude d’instruments sont utilisés. Aucune offrande particulière ni contribution financière n’est demandée. La religion de Nebucadnetsar est facile et agréable pour la chair. Il n’y a rien à faire, il suffit de se prosterner et d’adorer. Cela ne prend pas beaucoup de temps et se fait au son d’une musique assourdissante.
Il est clair que la musique joue un rôle important dans tout cet événement. L’orchestre est mentionné pas moins de quatre fois (versets 5,7,10,15). La musique agit sur les émotions. Une musique assourdissante met les gens dans un état de transe et d’apathie. La raison et la conscience sont mises hors service. Les gens deviennent ainsi une proie facile pour le diable, devant lequel ils se prosternent en réalité.
L’adoration de la statue n’est d’ailleurs pas volontaire, mais imposée. Quiconque ne se prosterne pas et n’adore pas sera jeté au milieu d’une fournaise de feu ardent sans procès. C’est pourquoi nous voyons tous les peuples, représentés par leurs chefs, se prosterner et adorer la statue.
8 - 12 Les trois amis accusés
8 À cause de cela, en ce même moment, des hommes chaldéens s’approchèrent et accusèrent les Juifs. 9 Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar : – Ô roi ! que tu vives à toujours ! 10 Toi, ô roi, tu as donné ordre que tout homme qui entendrait le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, se prosterne et adore la statue d’or, 11 et que quiconque ne se prosternerait pas et n’adorerait pas, serait jeté au milieu d’une fournaise de feu ardent. 12 Il y a des hommes juifs, que tu as établis sur les services de la province de Babylone, Shadrac, Méshac et Abed-Nego : ces hommes ne tiennent pas compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et la statue d’or que tu as dressée ils ne l’adorent pas.
Il y a trois hommes qui restent debout alors que tous se sont prosternés. Quelques gardes de Nebucadnetsar voient cela et portent une accusation publique contre eux devant le roi. Les amis sont accusés de ne pas honorer les dieux de Nebucadnetsar. Leur accusation est en même temps un magnifique témoignage sur les trois amis. Ils n’honorent que le vrai Dieu, le Dieu d’Israël, et aucun autre dieu.
13 - 15 L’ultimatum
13 Alors Nebucadnetsar, en colère et en fureur, commanda d’amener Shadrac, Méshac et Abed-Nego ; alors on amena ces hommes devant le roi. 14 Nebucadnetsar prit la parole et leur dit : – Est-ce à dessein, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mon dieu, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai dressée ? 15 Maintenant, si, au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous êtes prêts à vous prosterner et à adorer la statue que j’ai faite… ; mais si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main ?
Nebucadnetsar se sent insulté dans son autorité absolue. Il fait venir les amis et leur donne une nouvelle chance de se soumettre à lui en obéissant à son ordre. S’ils ne le font pas, ils seront irrémédiablement et immédiatement jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. Il ajoute avec arrogance qui pourrait bien être le Dieu qui les délivrera de ses mains.
Pour lui, le Dieu des trois amis n’est rien de plus qu’une idole. Sa confession antérieure (Dan 2:47) s’avère n’avoir été que temporaire. Il a été impressionné pendant un moment, mais cette impression s’est estompée et a disparu. C’est ce qui se passe lorsque la conscience n’est pas touchée et qu’il n’y a pas eu de véritable conversion.
16 - 18 Témoignage sans crainte
16 Shadrac, Méshac et Abed-Nego répondirent et dirent au roi : – Nebucadnetsar, il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet. 17 S’il en est [comme tu dis], notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il [nous] délivrera de ta main, ô roi ! 18 Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée.
Les jeunes hommes sont mis devant un choix : se prosterner devant la statue ou mourir. Il ne serait pas difficile de se dire : ‘Tout le monde le fait, ne soyons pas les seuls à faire exception.’ Ou : ‘Faisons-le pour sauver les apparences, mais pas dans notre cœur, car Dieu regarde au cœur.’ Ou encore : ‘Nous ne pouvons rien faire dans cette situation, nous sommes ici à cause de l’infidélité de nos ancêtres, nous devons nous prosterner.’ Nous ne lisons cependant rien qui ressemble à ces considérations, qui nous viennent facilement à l’esprit dans des situations souvent beaucoup moins difficiles.
Les amis ne se défendent pas, mais font une déclaration brève et claire : ‘Nous ne nous prosternerons pas.’ Leur témoignage est impressionnant. Nous connaissons la fin, mais eux ne la connaissent pas. Ils ne doutent pas que Dieu puisse les délivrer. Ils ne savent simplement pas s’Il le fera en les gardant hors de la fournaise de feu ardent ou en les gardant à travers la fournaise de feu ardent. La foi croit que Dieu peut faire en sorte qu’ils n’entrent pas dans la fournaise de feu ardent, mais aussi qu’Il peut les délivrer de la fournaise.
Quoi qu’il en soit, il est clair pour eux qu’Il les délivrera de la main du roi. Ils ne sont pas entre les mains de Nebucadnetsar, mais entre celles de Dieu. Pour eux, l’issue est certaine. C’est pourquoi ils ne se prosterneront pas devant la statue et ne l’adoreront pas. Leur attitude illustre magnifiquement « la patience et la foi des saints » (Apo 13:10b).
Il n’y a chez eux aucune rébellion contre le roi. Ils le reconnaissent dans sa dignité de roi. Mais ils ne peuvent obéir à son ordre d’adorer ses dieux. En cela, ils doivent et veulent « obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act 5:29). Ils parlent dans l’esprit du disciple du Seigneur, car ils « ne craignent pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus » (Lc 12:4). Pour le chrétien, la question n’est pas de savoir comment le roi règne, mais ce que le roi demande et comment il doit se comporter en retour en tant que chrétien (Rom 13:1-7).
19 - 22 Jetés au milieu du feu
19 Alors Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et l’apparence de son visage fut changée envers Shadrac, Méshac et Abed-Nego. Il prit la parole et commanda de chauffer la fournaise sept fois plus qu’on n’avait l’habitude de lad chauffer ; 20 et il commanda aux hommes les plus vaillants de son armée, de lier Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise de feu ardent. 21 Alors ces hommes furent liés dans leurs caleçons, leurs tuniques, et leurs manteaux et leurs vêtements, et jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. 22 Parce que la parole du roi était rigoureuse et la fournaise extrêmement chauffée, la flamme du feu tua ces hommes qui avaient fait monter Shadrac, Méshac et Abed-Nego ;
Leur obéissance à Dieu n’a pas empêché qu’ils soient jetés dans la fournaise de feu ardent. Au contraire. Nebucadnetsar est tellement furieux qu’il fait chauffer la fournaise sept fois plus. Mais cela ne fait que rendre le miracle du salut sept fois plus grand.
Leur foi ‘éteint’ non pas le feu, mais « la force du feu » (Héb 11:34). La force du feu est telle que Nebucadnetsar ordonne aux hommes les plus forts de son armée de jeter les trois amis dans la fournaise. Mais même s’ils sont considérés comme très forts, ils ne peuvent rien contre la force du feu. Alors que les hommes les plus forts jettent les amis dans la fournaise, ces colosses sont tués par le feu.
Les amis n’éteignent pas la force du feu seulement lorsqu’ils se trouvent dans la fournaise de feu ardent et que le feu ne les touche pas. Ils ont déjà éteint la force du feu lorsqu’ils se tiennent devant Nebucadnetsar et qu’il leur montre la fournaise de feu ardent. Il a menacé de les y jeter s’ils ne se prosternaient pas devant sa statue. Avec la fournaise de feu ardent devant les yeux, les amis ont dit avec foi qu’ils faisaient confiance à Dieu pour l’issue et sont restés fermes dans leur refus de se prosterner devant la statue.
De cette manière, beaucoup de ceux qui sont morts en martyrs sur le bûcher ont éteint la force du feu. Ils n’ont pas renié leur confession du vrai Dieu et lui sont restés fidèles, malgré le feu. La menace du feu n’a pas eu d’emprise sur eux. Ils ont « pris le bouclier de la foi » et ont ainsi éteint « toutes les flèches enflammées du Méchant » (Éph 6:16).
23 - 25 Le quatrième homme dans le feu
23 et ces trois hommes, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise de feu ardent. 24 Alors le roi Nebucadnetsar, consterné, se leva précipitamment et prit la parole et dit à ses conseillers : – N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés ? Ils répondirent et dirent au roi : – Certainement, ô roi ! 25 Il répondit et dit : – Voici, je vois quatre hommes déliés, se promenant au milieu du feu, et ils n’ont aucun mal ; et l’aspect du quatrième est semblable à un fils de Dieu [ou : des dieux].
Dès que les hommes sont tombés au milieu de la fournaise de feu ardent, Nebucadnetsar voit quelque chose qui l’effraie énormément. Il voit quelque chose qu’un homme ne peut normalement pas voir : il voit un quatrième homme qui « est semblable à un fils de Dieu [ou : des dieux] ». C’est le Fils de Dieu qui est avec les amis dans le four (cf. Ésa 63:9). Le résultat de l’action de Nebucadnetsar est qu’il amène les trois amis en compagnie du Fils de Dieu.
Avant de pousser son cri, nous lisons qu’il se lève précipitamment. Cela signifie qu’il descend de son trône. En application, nous pouvons dire que lorsqu’une personne se trouve face à face avec le Seigneur Jésus, elle doit se lever de son trône. L’homme sans Dieu est lui-même assis sur le trône. Il en descendra dès que le Seigneur Jésus se manifestera à lui.
Il est encore possible aujourd’hui de descendre volontairement de son propre trône afin que le Seigneur Jésus puisse prendre place sur le trône de sa vie. Quand Il est assis sur le trône, cela signifie qu’Il a l’autorité. Lui donnons-nous cette autorité, même si nous pouvons déjà Le connaître ?
Les hommes sont jetés liés au milieu du feu de la fournaise. La description « au milieu du feu » nous renvoie encore une fois à l’énorme épreuve que subissent ces hommes. Ils se trouvent au centre du feu. Nebucadnetsar est stupéfait de ce qu’il voit et demande dans son désespoir si cela s’est bien passé comme il l’avait ordonné. Après avoir reçu une réponse affirmative, il raconte ce qu’il voit. Il voit les hommes qui avaient été jetés liés au feu, maintenant libres de leurs mouvements.
Il voulait les tuer par le feu, mais Dieu a détourné le feu. Ce que Nebucadnetsar voulait faire pour le mal, Dieu l’a utilisé pour le bien. Le seul effet du feu est que les liens des hommes ont été consumés et qu’ils se promènent maintenant librement. Il remarque aussi qu’ils n’ont aucun mal. Enfin, il dit qu’il voit une quatrième personne et à qui elle ressemble. Comme dit, il s’agit d’une apparition du Seigneur Jésus.
Nous voyons dans cette scène quelque chose d’encourageant pour tous ceux qui sont dans l’épreuve. Ceux qui se trouvent dans des circonstances difficiles peuvent savoir que Dieu ne regarde pas d’en haut la souffrance des siens, mais qu’Il vient à eux dans cette souffrance. Il n’est pas indifférent, mais Il est avec eux dans l’épreuve (Ésa 43:5a,2). Le Seigneur Jésus est avec les disciples dans le navire lorsque celui-ci est pris dans la tempête (Mc 4:35-41).
Nous le voyons aussi dans la scène du buisson ardent, où l’Éternel apparaît à Moïse « dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson à épines » (Exo 3:2). Dieu est avec son peuple dans le buisson à épines, Il y habite, Il n’y est pas seulement en visite. Le buisson à épines est une image d’Israël qui Lui est infidèle et qui brûle pour cette raison. Le feu est pour ainsi dire nécessaire pour ôter les épines. En même temps, le buisson à épines ne se consume pas, car Dieu est toujours avec son peuple quand il souffre, même s’il souffre à cause de ses propres péchés.
Le feu de l’épreuve sert à purifier la foi (1Pie 1:7 ; 4:12). Dieu permet cela, voire l’envoie. C’est pour éliminer ce qui n’est pas à sa gloire. Le feu purifie. Pour les amis de Daniel, il ne s’agit pas de purifier quelque chose, mais de manifester leur foi à l’extérieur. La foi est mise en lumière par cette épreuve. Elle révèle ce que Dieu peut accomplir en ses enfants en termes de consécration et de détermination.
La plupart du temps, Dieu n’ôte pas le feu de l’épreuve dans la vie d’un croyant. Il n’ôte pas la souffrance, mais y ajoute quelque chose, à savoir sa propre présence. Dans l’Esprit, Dieu le Fils vient à nous. L’Esprit du Fils est avec nous et nous soutient lorsque nous sommes éprouvés. Le résultat du feu de l’épreuve est une marche dans la liberté. C’est ce que Nebucadnetsar observe littéralement chez les trois amis.
Nous voyons aussi l’image du feu en rapport avec le peuple terrestre de Dieu en Zacharie 13 :
« Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme [qui est] mon compagnon, dit l’Éternel des armées ; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé ; et je tournerai ma main sur les petits. Et il arrivera dans tout le pays, dit l’Éternel, que deux tiers y seront retranchées et expireront ; mais un tiers y subsistera. Et ce tiers, je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : “C’est ici mon peuple” ; et lui, dira : “L’Éternel est mon Dieu.” » (Zac 13:7-9).
Nous lisons ici d’abord au sujet de la croix (Zac 13:7), où Dieu frappe son Messie avec l’épée de sa justice. Ensuite, il est question du reste, « les petits » qui, à la suite du rejet du Messie, sont dispersés, mais vers lesquels Il se tourne. Puis, dans les versets suivants, on fait un bond dans l’avenir (Zac 13:7-8). Au temps de la fin, « deux tiers y seront retranchées et expireront ». Le reste, « un tiers », sera purifié par le feu. Dieu dit d’eux : « C’est ici mon peuple », et c’est à partir d’eux qu’Il bâtit son peuple dans le royaume de paix.
26 - 27 Sortis du feu
26 Alors Nebucadnetsar s’approcha de l’ouverture de la fournaise de feu ardent ; il prit la parole et dit : – Shadrac, Méshac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu Très-haut, sortez et venez ! Alors Shadrac, Méshac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu. 27 Et les satrapes, les préfets, les gouverneurs, et les conseillers du roi, qui étaient assemblés, virent ces hommes sur le corps desquels le feu n’avait eu aucune puissance : les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, et leurs caleçons n’avaient pas changé, et l’odeur du feu n’avait pas passé sur eux.
Nebucadnetsar s’est déjà levé de son trône, mais il continue à s’avancer. Il se rend aussi près que possible de l’ouverture de la fournaise de feu ardent pour s’adresser aux jeunes hommes. Il commence par les appeler par leurs noms. Il est frappant de constater combien souvent les noms des amis sont mentionnés dans cette histoire. L’Esprit de Dieu trouve toujours sa joie à nommer les noms des personnes qui ont magnifié Dieu. Il honore ceux qui L’honorent.
Nebucadnetsar s’adresse ensuite à eux en tant que « serviteurs du Dieu Très-haut ». C’est un témoignage public de la fidélité des amis. Tous ceux qui, au cours des siècles jusqu’à la fin des temps, auront persécuté les croyants, seront contraints de rendre ce témoignage (cf. Apo 3:9). Les croyants persécutés qui sont restés fidèles à leur confession du Dieu vivant forcent ce témoignage.
Nebucadnetsar leur ordonne de sortir. Ils auraient déjà pu marcher vers la sortie et se présenter triomphalement devant le roi. Cependant, ils ne sortent la fournaise de feu ardent qu’à l’ordre du roi. À cela s’ajoute que la compagnie du Fils de Dieu les a tellement remplis de joie et de paix qu’ils ont préféré rester avec Lui au milieu du feu.
Mais sur l’ordre du roi, ils sortent la fournaise de feu ardent et se présentent devant lui. Ils se tiennent là devant Nebucadnetsar, aussi fidèles à lui après avoir été dans la fournaise de feu ardent qu’avant. Le feu n’a rien changé à leur apparence, ni à leur comportement.
Alors tous ceux qui les avaient accusés devant Nebucadnetsar se présentent devant le roi. Ils ne portent pas de nouvelles accusations. Cela n’est d’ailleurs pas possible, car le jugement a été exécuté. Ce qu’ils constatent, c’est que le feu n’a pas touché les jeunes gens, et qu’il n’y a même pas d’odeur du feu sur eux.
Il y a ici aussi une application importante à faire. Les croyants qui ont été soumis à de dures épreuves à cause de leur fidélité au Seigneur ne feront pas grand cas de leur délivrance. Ils ne s’en glorifieront pas et ne raconteront pas de grandes histoires à ce sujet. Il n’y aura pas d’autoglorification. S’ils en parlent, ce sera seulement pour glorifier le Seigneur, mais il n’y aura pas ‘d’odeur de feu’ sur eux. Après l’épreuve, leur fidélité au Seigneur sera aussi grande qu’avant.
28 - 30 Le témoignage de Nebucadnetsar
28 Nebucadnetsar prit la parole et dit : – Béni soit le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego, qui a envoyé son ange et a sauvé ses serviteurs qui se sont confiés en lui, et ont changé la parole du roi, et ont livré leurs corps, afin de ne servir et n’adorer aucun autre dieu que leur Dieu. 29 Et par moi l’ordre est donné qu’en tout peuple, peuplade, et langue, quiconque parlera mal du Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d’immondices, parce qu’il n’y a pas d’autre Dieu qui puisse sauver ainsi. 30 Alors le roi éleva Shadrac, Méshac et Abed-Nego dans la province de Babylone.
Le témoignage des amis conduit Nebucadnetsar à louer Dieu, qu’il appelle « le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego ». Dieu se réjouit lorsque les siens sont ainsi liés à Lui par le monde et « n’a pas honte d’eux, d’être appelé leur Dieu » (Héb 11:16b). Le comportement des amis a montré qui est Dieu.
Le roi reconnaît le salut de Dieu. Il reconnaît qu’ils ont mis leur confiance en Lui et qu’ils n’ont pas été déçus dans leur confiance. Ils ont résisté à sa parole, la parole du roi, l’homme le plus puissant sur la terre, par fidélité à Dieu. Il a vu que leur fidélité à leur Dieu était si grande qu’ils ont même livré leurs corps. La plus grande menace et même l’exécution du jugement n’ont pas pu les inciter à renier leur Dieu en adorant ou en vénérant un autre dieu. Ils n’ont adoré et vénéré que leur Dieu.
Après cette déclaration remarquable, Nebucadnetsar va encore plus loin. Il fait passer un ordre dans tout son empire exigeant un respect général pour le Dieu de Shadrac, Méshac et Abed-Nego. Quiconque parle du mal de Lui sera sévèrement puni, et sa maison aussi sera punie. Sa maison est le lieu où le blasphème a pu être commis, ce qui rend cet endroit impur et inhabitable. Cette maison deviendra un mémorial d’avertissement.
Quiconque, après cette preuve évidente que Dieu est un Dieu qui sauve, parle du mal de Lui, est inexcusable. Et tout le monde dans tout le royaume de Nebucadnetsar en entendra parler. Tous les chefs l’ont examiné attentivement (verset 27) et pourront témoigner de cette grande salut dans les pays d’où ils sont venus et où ils retourneront bientôt.
Nebucadnetsar interdit seulement de parler du mal de Dieu. Malheureusement, il ne va pas jusqu’à appeler son peuple à honorer et à servir Dieu. Il doit apprendre une leçon encore plus profonde. C’est ce que montre le chapitre suivant.
31 Début de la proclamation
31 Nebucadnetsar, le roi, à tous les peuples, peuplades et langues, qui habitent sur toute la terre : Que votre paix soit multipliée !
On ne sait pas exactement quand Nebucadnetsar a prononcé cette proclamation du versets 31-33. Dans la traduction néerlandaise de la Bible, c’est ici que commence le chapitre 4. C’est sur cette traduction que se base l’explication de ces versets.
Il semble que Nebucadnetsar soit au sommet de sa puissance et que la paix règne dans son empire (Dan 4:1). En tant que bon souverain et administrateur, il souhaite à tous ses sujets une paix accrue. Même ceux qui ne tiennent pas compte de Dieu voient souvent la grande bénédiction que représente la paix et la souhaitent aux autres.
Il est remarquable que le témoignage de l’humiliation de Nebucadnetsar dans le chapitre 4 ne vienne pas de la bouche de Daniel, mais de celle de Nebucadnetsar lui-même. Il est tout aussi remarquable qu’il ne raconte pas ses expériences dans une petite pièce à quelques confidentiels, mais qu’il communique à tous les peuples ce qui lui est arrivé.
Nous avons ici l’exemple d’un païen qui, sous l’influence de l’Esprit de Dieu, communique des choses qu’il n’aurait jamais dites naturellement. Mais si Dieu veut que ce puissant souverain témoigne devant le monde entier qu’Il est le Très-haut et que Nebucadnetsar, en tant que puissant souverain, n’a rien à Lui opposer, alors cela se produit aussi.
Il en sera de même au temps de la fin. Tous les peuples, et surtout leurs rois, se prosterneront devant le Seigneur Jésus. Lui, le Messie, est le Dieu Très-haut (verset 32). Cela sera reconnu par tous « ceux qui habitent sur toute la terre ». Ceux « qui habitent sur la terre » sont ceux qui ont lié leur âme et leur salut à la terre. Ils ne voient pas plus loin que la terre et ne vivent que pour elle (Apo 3:10 ; 6:10 ; 8:13 ; 11:10 ; 13:8,12,14 ; 14:6 ; 17:2,8). Par « toute la terre », on entend ici la partie de la terre qui est connue et sur laquelle Nebucadnetsar règne (cf. Dan 2:39 ; Lc 2:1).
32 - 33 Nebucadnetsar honore Dieu
32 Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu Très-haut a opérés à mon égard. 33 Ses signes, combien ils sont grands ! Et ses prodiges, combien ils sont puissants ! Son royaume est un royaume éternel, et sa domination est de génération en génération.
En commençant par « il m’a semblé bon » (verset 32), il indique clairement qu’en tant que chef de son empire, il n’agit pas sur l’ordre de quelqu’un d’autre. Il ne dit pas qu’il rend son témoignage parce que Dieu lui a donné cet ordre. Il trouve bon de le faire et c’est pourquoi il le fait aussi. Il n’est pas conscient que Dieu le pousse à le faire.
Il parle cependant de Dieu comme de Celui qui a agi avec lui par « les signes et les prodiges ». Les signes et les prodiges sont souvent mentionnés ensemble dans l’Écriture (Exo 7:3 ; Deu 4:34 ; 13:1 ; 34:11 ; Ésa 8:18 ; Jér 32:20). Tout signe n’est pas un prodige, mais tout prodige est un signe. Les signes sont des événements ou des choses qui ont une signification particulière.
Un signe n’a pas besoin d’être extraordinaire ou surnaturel. Quand le Seigneur Jésus est né, il a été dit aux bergers que ce serait « le signe » pour eux : « Vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche » (Lc 2:12). Un enfant dans une mangeoire et emmailloté n’est pas un prodige, ce n’est rien d’extraordinaire. Mais cet Enfant et la manière dont Il est venu dans le monde sont bien un signe. Sa venue sur la terre a une signification profonde.
Dans un signe, Dieu montre sa présence et sa puissance. Un prodige est quelque chose qui provoque un grand étonnement, en raison de son caractère incompréhensible et inimitable pour l’homme. Un prodige montre la présence et la puissance de Dieu dans une action surnaturelle dans le but que l’homme reconnaisse que Dieu Lui-même agit.
Nebucadnetsar appelle ici Dieu « le Dieu Très-haut ». Il reconnaît ainsi que Dieu est au-dessus de toutes choses et aussi au-dessus de ses propres dieux. Il arrive à cette conclusion après avoir été humilié de la manière la plus profonde par Dieu. L’homme ne reconnaît la supériorité de Dieu sur toutes choses qu’après avoir fait l’expérience de sa propre insignifiance. Dieu doit faire vivre cette expérience à l’homme parce que celui-ci s’élève et se glorifie de sa propre personne et de ses œuvres.
Nebucadnetsar est profondément impressionné par les signes et les prodiges que le Très-haut lui a accordés (verset 33). Il exprime son étonnement en disant : « combien ils sont grands ! » et « combien ils sont puissants ! ». Cela signifie qu’il considère ces signes et ces prodiges comme incompréhensibles, indescriptibles et inexplicables. Ils sont uniques et incomparables. Dans la vie de Nebucadnetsar, cela s’est manifesté tant dans son humiliation jusqu’à l’état de bête que dans son rétablissement, où il reçoit même plus de grandeur et de gloire qu’avant son humiliation (Dan 4:33).
Sa confession que le royaume de Dieu est « un royaume éternel » (Dan 2:44 ; 7:14,27 ; Psa 145:13) est remarquable. Cela signifie qu’il considère son propre royaume comme éphémère. Son orgueil a disparu et il rend toute gloire à Dieu, tant dans sa personne que dans son royaume. Nebucadnetsar associe à ce royaume une domination « de génération en génération ». Cela signifie qu’il reconnaît la souveraineté suprême de Dieu à travers les âges, depuis le commencement de la création jusqu’à aujourd’hui, et aussi au-delà.
La domination du Seigneur Jésus dans toute l’histoire de l’humanité doit nous encourager en nous rappelant qu’Il a aussi toute domination dans notre vie personnelle. Rien ne Lui échappe. Nebucadnetsar est contraint de reconnaître cela. Cela doit parfois aussi arriver dans notre vie. Mais le résultat de cette reconnaissance est que nous Lui confions notre vie avec confiance et joie.