1 - 2 Le Fils de l’homme est livré
1 Et il arriva, lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, qu’il dit à ses disciples : 2 Vous savez que, dans deux jours, c’est la Pâque, et le Fils de l’homme est livré pour être crucifié.
Dans les deux chapitres précédents, Matthieu 24-25, le Seigneur a présenté le but final de toutes les relations de Dieu avec son peuple sur la terre – à la fois Israël et la chrétienté – et le monde. Cela L’a amené à la conclusion de tout ce qu’Il avait à dire. À cet égard, sa mission ici-bas est terminée.
Il prend maintenant sa place en tant que sacrifice. En tant que tel, Il s’adresse à nouveau à ses disciples. Il leur dit qu’ils savent ce qui va arriver. Ils connaissent le calendrier juif et savent donc que dans deux jours, la Pâque sera célébrée.
Nous sommes mardi lorsque le Seigneur dit ces paroles. Jeudi soir, Il célébrera la Pâque avec ses disciples. Directement, Il ajoute qu’ils savent aussi ce qui va Lui arriver, car Il leur en a parlé à trois reprises (Mt 16:21 ; 17:22-23 ; 20:18-19). La Pâque et d’être livré pour être crucifié forment un tout. Mais les disciples n’ont pas compris le rapport entre la Pâque et sa crucifixion.
Par quels mots simples le Seigneur annonce-t-Il ce qui va arrivé. Il nous rend attentifs à l’image du terrible péché que l’homme commet en Le crucifiant. Mais Il annonce Lui-même à l’avance ses souffrances avec le repos de quelqu’un qui est venu dans ce but précis. Il est l’accomplissement de la Pâque. C’est l’accomplissement des desseins de Dieu, son Père, et de l’œuvre de son propre amour. Le Seigneur mentionne sa crucifixion comme un événement déjà déterminé, bien que les délibérations n'aient lieu qu'aux versets suivants.
3 - 5 Conseil contre le Seigneur
3 Alors les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple s’assemblèrent dans le palais du souverain sacrificateur, appelé Caïphe, 4 et tinrent conseil ensemble pour se saisir de Jésus par ruse et le faire mourir. 5 Mais ils disaient : Non pas pendant la fête, afin qu’il n’y ait pas d’agitation parmi le peuple.
Les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple se réunissent avec le souverain sacrificateur. Tous ont pour tâche de relier le peuple à Dieu et de le maintenir dans ce lien. Le souverain sacrificateur est le plus haut représentant de ce rassemblement avec cette tâche. Mais dans le lieu où il devrait y avoir la plus grande révérence pour Dieu et la plus grande sainteté pour approcher Dieu en faveur du peuple, les conseils les plus dépravées jamais tenues ont lieu. Ils veulent tuer le Dieu manifesté dans sa bonté !
Ils pensent que le Seigneur va se tourner vers le peuple et demander son aide. C’est pourquoi ils ne veulent pas Le saisir lors de la fête, parce qu’il y a beaucoup de monde à Jérusalem à cette occasion. Ils font cette supposition parce que les méchants ne peuvent pas penser au-delà de leur propre dépravation et pensent que leurs propres principes dépravés sont aussi chez les autres. Leurs délibérations diaboliques ne servent qu’à accomplir le dessein de Dieu. Ils disent : « Non pas pendant la fête » ; Dieu dit : ‘Bien oui pendant la fête.’
6 - 13 L’onction à Béthanie
6 Comme Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux, 7 une femme, qui avait un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, s’approcha de lui et le répandit sur sa tête alors qu’il était à table. 8 Voyant cela, les disciples en furent indignés et dirent : À quoi bon cette perte ? 9 Car ce [parfum] aurait pu être vendu pour une forte somme et donné aux pauvres. 10 Jésus, le sachant, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Elle a fait une bonne œuvre envers moi. 11 Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais moi, vous ne m’avez pas toujours. 12 Car cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l’a fait en vue de ma mise au tombeau. 13 En vérité, je vous le dis : Partout où cet évangile sera prêché, dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en souvenir d’elle.
Le Seigneur Jésus se trouve pour la dernière fois à Béthanie, où Il a un endroit pour se reposer en paix. C’est là que vivent ses amis et c’est là qu’Il est le bienvenu. Quelle bénédiction de pouvoir être une telle maison où le Sauveur, alors que sa mort est imminente – et quelle mort ! –, trouve un dernier lieu de repos avant de se livrer pour être crucifié.
Simon, dans la maison duquel Il entre, n’est plus lépreux. Pourtant, il est encore ainsi appelé pour rappeler qui il était et ce que le Seigneur lui a fait. De même, on parle de Rahab la prostituée (Jac 2:25), ce qu’elle était autrefois, et de Ruth la Moabite (Rut 4:5,10), le peuple auquel elle appartenait.
Dans cette maison, Dieu a une douce consolation pour le cœur de son Fils avant qu’Il ne souffre. Une femme vient à Lui et verse un parfum de grand prix sur sa tête. Par cet acte, elle exprime par cet acte l’appréciation de ce que son cœur comprend de sa préciosité et de sa grâce.
Cette femme a ressenti le besoin de montrer son adoration au Sauveur. Le « parfum de grand prix » exprime cela au moment propice. Par ce geste, elle exprime toute l’adoration de son cœur pour son Seigneur dont elle comprend qu’Il va bientôt mourir. Alors que le monde religieux dehors réclame son sang, elle entre pour L’honorer.
Pour obtenir ce parfum de grand prix, elle a dû économiser depuis longtemps. La véritable adoration est le fruit d’un engagement avec le Seigneur Jésus, sa mort à la croix et ce qu’Il a accompli par cela.
Les disciples ne la comprennent pas. Ils lui reprochent même son geste d’amour envers le Sauveur. Ils considèrent ce geste comme une« perte » et la critiquent d’être irresponsable de son argent. Le témoignage d’affection et de dévouement pour Christ met à nu l’égoïsme des autres. Le cœur de Judas est la source du mal, mais les autres disciples tombent dans le piège parce qu’ils ne sont pas dévoués à Christ. Cela montre la triste preuve que la connaissance de Christ ne génère pas naturellement les sentiments d’affection correspondants dans nos cœurs.
Ils lui disent aussi qu’ils auraient su faire un meilleur usage du parfum. Il aurait pu aider de nombreux pauvres. Aider les pauvres est en effet une bonne œuvre. Mais ce n’est pas une bonne œuvre de donner à quelque chose destiné au Seigneur Jésus une destination différente. Ce sera toujours une destination inférieure tout en Le déshonorant.
Nous-mêmes nous pouvons avoir cette mauvaise façon de penser. Par exemple, nous pouvons penser que le temps passé à étudier la parole de Dieu est du temps perdu, parce que nous ferions mieux d’apporter l’évangile aux autres ou d’aider les autres à mieux traiter leur prochain ou l’environnement.
Le Seigneur sait comment ils parlent entre eux de l’acte de la femme, dont nous savons d’après un autre Évangile qu’il s’agit de Marie. Il la prend sous sa protection et justifie son acte. C’est une approbation et en même temps une appréciation. Les disciples lui font de la peine, mais Il qualifie l’acte qu’elle Lui a fait « une bonne œuvre ». Quelle différence d’appréciation de l’acte par les disciples et par le Seigneur ! Le Seigneur ne dit pas qu’il n’est pas bien d’aider les pauvres, mais Il précise qu’il y a un temps pour chaque chose.
La femme qui L’oint n’a pas été informée des circonstances à venir, et elle n’est pas non plus prophétesse. Mais elle ressent l’approche de l’heure des ténèbres parce que son cœur est tourné vers Lui. La perfection de Christ éveille à la fois une inimitié de mort chez les chefs et un amour fervent chez la femme. Le véritable caractère de chaque personne est mis en pleine lumière par Lui.
Pour le Seigneur, l’acte de la femme n’a pas seulement une signification pour le moment où elle l’accomplit. Il donne à cet acte une signification d’une grande portée. L’onction a été faite en vue de sa mise au tombeau. Cette signification lui est attachée encore et encore dans toute la prédication à venir de l’évangile. La signification est l’adoration. Le but de l’évangile est que les hommes deviennent des adorateurs du Père. C’est ainsi que l’on se souviendra de cette femme à travers tous les siècles. Elle est l’exemple de l’adoration.
14 - 16 La trahison de Judas
14 Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les principaux sacrificateurs et dit : 15 Que voulez-vous me donner, et moi je vous le livrerai ? Ils lui comptèrent 30 pièces d’argent. 16 Dès lors, il cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Quel contraste entre la femme et Judas ! Judas a lui aussi assisté à l’onction. Il l’a vue et en a été irrité. Il a aussi entendu le Seigneur parler à la fois de l’onction et de leurs reproches. Mais ça ne le dérange pas. Tout ce qui compte pour lui c’est l’argent.
Il estime que c’est le moment de s’éloigner du cercle de la compagnie du Seigneur pour un certain temps. Lui, qui est l’un des douze, cherche une autre compagnie, celle des ennemis du Seigneur. Il cherche leur compagnie non pas parce qu’il s’y sent plus à l’aise, mais parce qu’il y a de l’argent à gagner. Il propose à la compagnie de livrer Christ et négocie avec eux à ce sujet. C’est vraiment ahurissant. Un homme qui a côtoyé le Sauveur pendant si longtemps, qui L’a tant entendu et vu, veut maintenant L’utiliser comme objet de commerce pour s’enrichir.
Les principaux sacrificateurs voient cela comme une aubaine. Ils ont dû être surpris que l’un de ses disciples soit prêt à Le trahir. Cette surprise n’aura pas duré longtemps et se sera transformée en joie diabolique. Ils se mettent d’accord sur le prix qu’ils versent à Judas. Ils sont sûrs que Judas ne s’enfuira pas avec l’argent mais qu’il sera leur complice dans cette mauvaise affaire. Une fois en possession de l’argent – pas seulement dans le sens de posséder l’argent, mais plus encore dans le sens où l’argent le possède – Judas cherche activement une occasion favorable pour livrer le Seigneur Jésus.
Le montant qu’ils lui versent est prophétisé par Zacharie (Zac 11:12-13). C’est le prix d’un esclave (Exo 21:32). Du point de vue des chefs, c’est une bonne affaire ; il ne s’agit que d’un esclave. Du point de vue de Dieu, c’est un prix magnifique, car il s’agit de son serviteur, l’élu.
17 - 19 Les préparations pour la pâque
17 Le premier jour des Pains sans levain, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : Où veux-tu que nous te préparions [ce qu’il faut] pour manger la pâque ? 18 Il dit : Allez à la ville auprès d’un tel, et dites-lui : Le maître dit : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je vais faire la pâque avec mes disciples. 19 Les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné et ils préparèrent la pâque.
C’est le premier jour des Pains sans levain. Ce jour-là, on nettoie toute la maison en enlevant tout ce qui pourrait rendre quelqu’un impur selon la loi, empêchant la célébration de la pâque. C’est une image de la façon dont notre vie devrait être. Notre vie doit être sans levain, c’est-à-dire sans péché non confessé. Nous vivons alors en communion avec le Seigneur et pouvons participer à la cène. La pâque est une image de Christ, qui est mort pour nous. Nous nous souvenons de Lui par la cène (1Cor 5:7).
En tant que Juifs fidèles, les disciples veulent tout préparer pour pouvoir manger la pâque. C’est beau de les voir demander au Seigneur où aller préparer la pâque pour Lui. Cela devrait aussi être notre question, quand il s’agit de savoir où nous voulons célébrer la cène.
Le Seigneur donne ses instructions. Il a un endroit où Il mange la pâque avec ses disciples. En tant que Maître, Il est responsable de ce lieu et les disciples doivent le dire au propriétaire de la maison. Le Seigneur contrôle tout, même le cœur des hommes. Il sait que son heure est proche. Il sait que la pâque parle de sa propre souffrance et de sa mort à venir.
Les disciples exécutent docilement l’ordre et préparent tout pour manger la pâque.
20 - 25 La célébration de la pâque
20 Le soir venu, il se mit à table avec les douze. 21 Pendant qu’ils mangeaient, il dit : En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera. 22 Profondément attristés, ils commencèrent, l’un après l’autre, à lui dire : Seigneur, serait-ce moi ? 23 Il répondit : Celui qui aura trempé la main avec moi dans le plat, celui-là me livrera. 24 Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Il aurait été bon pour cet homme-là qu’il ne soit pas né. 25 Judas, qui le livrait, lui répondit : Serait-ce moi, Rabbi ? Il lui dit : Tu l’as dit.
Le soir, le Seigneur rejoint les dix autres disciples. Il se met à table avec les douze disciples, parmi lesquels se trouve aussi Judas. La pâque est un repas pour les disciples, les disciples du Maître, les disciples du Roi rejeté.
Manger est une image de la communion. Dans cette communion se trouve un élément qui n’a pas sa place. Parmi les douze disciples, il y en a un qui livrera le Seigneur. Le Seigneur ne montre pas seulement ici qu’Il sait qui Le livrera. Il le savait déjà lorsqu’Il a appelé Judas comme apôtre. Il dit : « L’un d’entre vous. » C’est ce qui frappe son cœur et Il veut que les disciples soient aussi frappés.
Les disciples sont tous attristés. L’un après l’autre, ils s’interrogent et Lui posent cette question : « Seigneur, serait-ce moi ? » Cela démontre la belle attitude de chacun. Aucun d’entre eux ne se sent trop bien pour cela. Personne ne dit : ‘D’autres le pourraient, mais pas moi, Seigneur !’ Le Seigneur ne répond pas en mentionnant le nom de Judas. Il répond qu’Il montrera par un geste celui qui Le livrera. Avec cela, Il fait appel à leur intelligence spirituelle.
Il montre deux côtés qui sont présents tout au long de la Bible. D’une part, Il dit qu’en tant que Fils de l’homme, Il accomplit ce que Dieu a déterminé, comme cela est écrit à son sujet. D’autre part, Il tient l’homme qui se rend disponible comme instrument du méchant entièrement responsable de cet acte.
Personne ne sait mieux que Lui à quel point l’acte que Judas s’apprête à accomplir est terrible. En tant que Créateur, Il a donné la vie à Judas. En tant qu’Homme dépendant, Il dit qu’il aurait mieux valu pour Judas qu’il ne soit pas né. Dieu donne la vie à l’homme et lui dit comment l’utiliser. Ce faisant, Il laisse à l’homme ce qu’il en fait. Jamais l’homme ne pourra reprocher à Dieu les actes qu’il a lui-même commis.
La réaction de Judas montre combien son cœur est endurci. Lui aussi demande : « Serait-ce moi ? » Cependant, il n’appelle pas le Seigneur ‘Seigneur’ mais « Rabbi ». Cela suppose qu’il n’a jamais reconnu l’autorité de Christ en tant que Seigneur. Le Seigneur confirme sa question.
Selon l’Évangile selon Jean, Judas quitte la pièce à ce moment-là (Jn 13:30). Judas n’a donc pas participé à la cène que le Seigneur institue ensuite.
26 - 30 L’institution de la cène
26 Comme ils mangeaient, Jésus, ayant pris un pain et ayant béni, le rompit, le donna aux disciples et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps. 27 Puis, ayant pris la coupe et ayant rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous. 28 Car ceci est mon sang, [le sang] de la nouvelle alliance, qui est versé pour un grand nombre, en rémission de péchés. 29 Mais je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai, nouveau, avec vous, dans le royaume de mon Père. 30 Après avoir chanté une hymne, ils sortirent [et allèrent] au mont des Oliviers.
Alors qu’ils sont occupés à manger la pâque, le Seigneur institue la cène. Il veut que ses disciples se souviennent d’un Sauveur qui est mort. Il ne s’agit plus d’un Messie vivant. Ils ne doivent plus non plus repenser à la délivrance d’Israël de l’esclavage d’Égypte. Avec Christ, c’est-à-dire avec un Christ mort, c’est un tout nouvel ordre des choses qui commence.
Il institue la cène en prenant « un pain » – donc pas un morceau de l’agneau pascal. Ce pain évoque sa vie en tant qu’Homme sur la terre. Il représente son corps formé par Dieu (Héb 10:5-7 ; Psa 40:7-9). Après avoir pris le pain, Il rend grâce à Dieu. En tant que Messie, Il précède ses disciples dans la louange de Dieu.
Il rompt ensuite le pain, acte symbolique de l’abandon de son corps dans la mort. Il le donne ensuite aux disciples. Seul Matthieu précise clairement qu’Il le donne « aux disciples ». Matthieu présente le Seigneur Jésus comme le Messie. Le Messie prend les devants en tant que Roi et ses disciples Le suivent.
Mais ils ne peuvent Le suivre qu’en s’identifiant à un Messie qui est mort. C’est ce que nous voyons dans les paroles que le Seigneur prononce ensuite. Il les invite à prendre et à manger de son corps livré dans la mort. En le prenant, ils partagent tout ce qu’Il est. Ils n’ont pas besoin de considérer leur propre indignité. En le mangeant – seul Matthieu le précise – c’est-à-dire en se nourrissant spirituellement de Lui, cela devient aussi leur partie intérieure et ils deviennent semblables à Lui.
La coupe, elle aussi, est un symbole de ce qu’Il va faire. Il sait que pour Lui, cette coupe signifie qu’Il va verser son sang. Pourtant, Il rend grâce pour la coupe, parce qu’Il considère le résultat. Il le versera « pour un grand nombre, en rémission de péchés ». Le fait que le sang soit versé « pour un grand nombre » indique qu’il va au-delà d’Israël. La nouvelle alliance n’est faite qu’avec Israël, tout comme l’ancienne alliance n’avait été faite qu’avec Israël (Héb 8:8). Le fondement de cette nouvelle alliance est le sang de Christ.
Cependant, l’effet puissant du sang de Christ s’étend bien au-delà d’Israël. ‘Le grand nombre’ qui obtiendra la rémission des péchés en vertu du sang de Christ inclue toutes les personnes de tous les temps qui se sont repenties de leurs péchés et qui se sont converties à Dieu. Cela s’applique aussi à tous ceux qui appartiennent à l’église. C’est pourquoi le Seigneur invite : « Buvez-en tous. »
La cène est en mémoire de Jésus qui est mort, qui en mourant a rompu avec le passé, posé les bases d’une nouvelle alliance, obtenu la rémission des péchés et ouvert la porte aux nations. Ils peuvent tous y boire.
Le Seigneur Lui-même ne prend aucune part à la coupe. La coupe parle non seulement de sa souffrance, mais aussi de la joie comme conséquence de son œuvre. Dans l’Évangile selon Matthieu, la conséquence est l’établissement de son royaume dans la gloire et la majesté publique. Ce n’est pas encore le cas. Ayant été rejeté par son peuple Israël, Il est donc séparé de son peuple en ce qui concerne ses joies sur la terre.
Ils doivent s’attendre à ce qu’Il participe, dans des jours meilleurs, à la joie qu’Il a acquise pour eux, car Il reviendra pour participer à leur joie. Il boira alors avec eux « nouveau », c’est-à-dire d’une manière nouvelle, d’une manière différente « ce fruit de la vigne ». Il le fera avec eux « dans le royaume de mon Père », c’est-à-dire la partie céleste du royaume.
Après ces engagements, ils terminent le repas en chantant une hymne. Cette hymne consiste à chanter les Psaumes 113-118. Puis ils sortent tous à dehors, où il fait déjà nuit, pour aller au mont des Oliviers.
31 - 35 Le reniement annoncé
31 Alors Jésus leur dit : Vous serez tous scandalisés à mon sujet cette nuit ; car il est écrit : “Je frapperai le berger et les brebis du troupeau seront dispersées”. 32 Mais, après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée. 33 Pierre lui répondit : Si tous étaient scandalisés à ton sujet, moi, je ne serai jamais scandalisé. 34 Jésus lui dit : En vérité, je te dis que, cette nuit-ci, avant que le coq chante, par trois fois tu m’auras renié. 35 Pierre lui dit : Même s’il me faut mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les disciples dirent de même.
Le Seigneur connaît ses disciples à la fois dans leurs désirs et dans leurs faiblesses. Ils L’aiment mais sont incapables de Le suivre sur le chemin de la croix. Dans cette même nuit, lorsqu’on se sera saisi de Lui, tous s’enfuiront loin de Lui. Ils ne peuvent pas supporter l’opposition avec Lui. Ils montrent leur faiblesse à l’heure de l’épreuve. Il les avertit à l’avance. Il l’a Lui-même écrit dans sa Parole. Ils fuient non pas parce que la Parole doit s’accomplir, mais parce qu’ils ont peur. En même temps, il apparaît que le Seigneur les connaît et sa Parole en témoigne.
Il témoigne également qu’Il rassemblera à nouveau les brebis dispersées et qu’Il les conduira en Galilée (Mt 28:7,16). C’est à ce moment-là qu’Il ressuscitera et que s’achèvera toute l’œuvre à laquelle elles n’ont pu prendre part. Sa mort n’est pas la fin et l’infidélité des disciples n’est pas la fin.
Pierre montre qu’il ne croit pas le Seigneur. La raison en est qu’il ne se connaît pas lui-même. Sincèrement, mais sans connaissance de soi, il Lui promet sa fidélité absolue. Il compte sur sa propre force pour rester debout, indépendamment du Seigneur. Or, nous restons debout seulement lorsque nous ne nous appuyons pas sur nous-mêmes, mais uniquement sur Lui.
Le Seigneur doit le réprimander. Il dit à l’avance à Pierre qu’il Le reniera jusqu’à trois fois. Il donne aussi un signe : quand Pierre l’aura renié, le coq chantera. Mais Pierre persiste dans son attitude. Il conteste la justesse du Seigneur au profit de sa propre fidélité. Il est rejoint en cela par tous les disciples. Le Seigneur ne s’étend pas sur le sujet.
36 - 46 Gethsémané
36 Alors Jésus vient avec eux en un lieu appelé Gethsémané et dit aux disciples : Asseyez-vous ici, jusqu’à ce que je sois allé prier là-bas. 37 Puis, ayant pris Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être attristé et très angoissé. 38 Alors il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; restez ici et veillez avec moi. 39 Allant un peu plus loin, il tomba sur sa face et priait ainsi : Mon Père, si c’est possible, que cette coupe passe loin de moi ; toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi [tu veux]. 40 Il vient vers les disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ? 41 Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible. 42 Il s’éloigna de nouveau, une deuxième fois, et il pria en disant : Mon Père, s’il n’est pas possible que ceci passe loin de moi sans que je le boive, que ta volonté soit faite. 43 Étant revenu, il les trouva de nouveau endormis, car leurs yeux étaient appesantis. 44 Les laissant, il s’éloigna de nouveau et pria une troisième fois, en disant les mêmes paroles. 45 Alors il vient vers les disciples et leur dit : Dormez dorénavant et reposez-vous ; voici, l’heure est arrivée et le Fils de l’homme est livré entre les mains des pécheurs. 46 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me livre s’est approché.
Avec insistance, le lieu où le Seigneur vient avec ses disciples est mentionné : Gethsémané. Cela signifie ‘pressoir à olives’. Il désigne à ses disciples un endroit où s’asseoir pour se reposer. Il part pour mener le plus lourd combat de prière qui soit.
Il emmène trois disciples plus loin dans le jardin : Pierre, le principal, et les deux fils de Zébédée, c’est-à-dire Jean et Jacques. Jean et Jacques ne sont pas mentionnés par leur nom, mais désignés comme « les deux fils de Zébédée ». En Matthieu 20, ils ne sont pas non plus mentionnés par leur nom, pour souligner leur descendance là aussi (Mt 20:20). Là, en vertu de leur descendance, ils demandent des choses qui ne leur appartiennent pas. Immédiatement, il apparaîtra clairement que sur la base de leur descendance, ils ne peuvent pas non plus veiller avec le Seigneur.
En avançant, Il voit ce qui L’attend et cela Le rend attristé et très angoissé. Il les fait participer à sa tristesse, mais pas à son angoisse, et fait appel à leur sympathie. Il leur demande de veiller avec Lui, là où ils se trouvent en cet instant.
Puis Il laisse aussi les trois disciples derrière Lui. La dernière partie, « un peu plus loin », Il la parcourt seul. Cette dernière partie personne ne peut Le suivre. Il tombe alors sur sa face. Il voit devant Lui toute l’horreur de ce qui L’attend à la croix. Ce qui se passe ici est décrit en Hébreux 5 (Héb 5:7). Le Seigneur ne boit pas encore la coupe, mais elle est devant Lui. À la croix, Il a bu la coupe remplie de la colère de Dieu au moment où Il a été fait péché pour nous et abandonné par Dieu, ce qu’Il a ressenti jusqu’au plus profond de son âme.
Il est impossible qu’Il ait désiré entrer en contact avec le péché. C’était une abomination pour son âme. C’est parce qu’Il est parfait qu’Il demande au Père de faire passer loin de Lui cette coupe. Sa soumission à la volonté du Père est tout aussi parfaite. Pour que nous puissions être sauvés et Dieu devait être glorifié en Celui qui avait pris notre cause à son compte, la coupe ne devait pas passer loin de Lui.
Après cette prière, Il se leva et retourna vers ses disciples à qui Il avait demandé de veiller avec Lui. Ils se sont endormis. Sa prière n’a sûrement pas duré si longtemps ? Cependant, ils n’ont aucune idée de la gravité de ce qui attend leur Seigneur. Ils ont leurs propres idées sur tout ce qui Le concerne. Avec une douce réprimande, le Seigneur rappelle à Pierre sa fausse confiance en lui et lui montre sa faiblesse. Mais Pierre est trop imbu de lui-même pour en profiter. Il se réveille de son sommeil, mais sa confiance en lui n’est pas ébranlée. Une expérience plus triste est nécessaire pour l’en guérir.
Tandis que l’âme du Seigneur est tellement préoccupée par l’horreur des péchés qu’Il devra porter et l’horreur du jugement de Dieu sur eux, Il pense encore au bien-être des disciples. Il leur dit de veiller et de prier pour eux-mêmes. Il ne leur demande plus de penser à Lui. Il sait bien que ce n’est pas de la mauvaise volonté de leur part. Leur esprit est prompt, mais ils sont encore peu conscients de la faiblesse de la chair.
Nous ne pouvons-nous empêcher de regarder le Seigneur avec admiration. Nous voyons son angoisse face à la coupe qu’Il voit devant Lui alors qu’Il la présente à son Père, mais qu’Il ne la boit pas encore. Nous voyons comment Il se tourne ensuite vers ses disciples en parfaite paix, pour ensuite retourner à la même terrible bataille spirituelle qui trouble son âme.
Le fait qu’Il prie une fois de plus est une preuve supplémentaire de sa perfection et combien Il déteste le péché. Il ne cherche pas à éviter de boire la coupe. Il se conforme à la volonté de Dieu. Il ne cherche pas le consentement du Père, comme s’Il ne connaissait pas sa volonté. Il ne se préoccupe pas de demander à être libéré de sa mission, mais en tant qu’Homme, Il cherche le soutien parfait de son Père.
Il se lève à nouveau de sa prière et vient vers ses disciples, qu’Il trouve à nouveau endormis. Ils sont incapables de veiller avec Lui. Cette fois, Il ne les réveille pas. Il les laisse. Il est aussi divinement parfait dans sa dépendance. C’est pourquoi Il entre à nouveau dans la prière, pour la troisième fois. Il ne cherche pas d’autres mots. Il cherche à apporter à son Père tout le poids de ce qui L’attend.
Après avoir livré le combat, il y a une paix parfaite. Il va vers ses disciples et leur dit qu’ils peuvent maintenant continuer à dormir, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus à veiller. Il observe l’avenir et l’affronte avec une paix parfaite. Il est prêt à accomplir la grande œuvre. Il connaît parfaitement toutes les facettes de tout ce qui L’attend. Le premier acte en est imminent. Il n’est pas surpris de la venue de Judas, qu’Il désigne de façon significative comme « celui qui me livre ».
47 - 50 Judas livre le Seigneur
47 Comme il parlait encore, voici Judas, l’un des douze, vint, et avec lui une grande foule avec des épées et des bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des anciens du peuple. 48 Celui qui le livrait leur avait donné un signe : Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui ; saisissez-le. 49 Aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Je te salue, Rabbi ; et avec empressement, il lui donna un baiser. 50 Jésus lui dit : Ami, c’est pour cela que tu es venu ! Alors ils s’approchèrent, mirent les mains sur Jésus et se saisirent de lui.
Judas est déjà si proche qu’il apparaît sur la scène alors que le Seigneur est encore en train de parler. Par son arrivée, il L’interrompt, pour ainsi dire, dans son enseignement aux disciples. Mais le Seigneur est prêt. Judas est appelé avec insistance « l’un des douze ». Le Seigneur était particulièrement peiné que ce soit quelqu’un de la compagnie qu’Il avait rassemblée autour de Lui et qui avait été témoin de Lui de si près.
Judas ne vient pas seul. Il est à la tête d’une grande foule armée d’épées et de bâtons. C’est cette même foule qui a aussi si souvent écouté le Seigneur, qui s’est émerveillée de ses paroles et a apprécié ses actes de bénédiction. Ils viennent, étant envoyés par les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple. Il est si facile d’influencer la foule.
Judas, encore appelé « celui qui le livrait », leur avait donné un signe pour leur indiquer qui ils devaient prendre. Était-il possible de se tromper de personne, Celui qui était avec eux depuis si longtemps ? Il faisait nuit et le Seigneur n’était pas particulièrement visible, quant à son apparence extérieure. Les autres disciples étaient des hommes de son âge.
Le signe convenu est la chose la plus douloureuse qui puisse être inventée comme un signe. Le baiser est un signe d’amour. Judas utilise ce signe d’amour pour trahir le Seigneur. Rien ne l’arrête et il accomplit son œuvre de traître dépravé et hypocrite. Combien Judas était un traître au cœur endurci, complètement sous l’emprise de Satan.
L’attitude et la réaction du Seigneur, même dans cet événement, sont d’une nature et d’un contenu particuliers. Il ne commence pas à gronder ou à frapper, mais s’adresse à Judas pour la dernière fois avec son amour divin. Il s'adresse à Judas en l'appelant « ami ».Puis Il lui dit : « C’est pour cela que tu es venu ! » Il offre à Judas une dernière chance de reprendre ses esprits. Mais Judas n’est plus réceptif aux paroles du Seigneur.
La foule se dirige vers Lui, met les mains sur Lui et l’empoigne violemment. C’est comme si elle voulait L’empêcher de s’enfuir. À quelles actions folles et insensées un homme peut-il en venir lorsqu’il est aveugle à la gloire de Christ. C’est Lui qui leur donne le pouvoir d’accomplir leurs actes dépravés, Il leur donne le pouvoir de se saisir de Lui.
51 - 56 Pour que s’accomplissent les Écritures
51 Et voici, l’un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la main, tira son épée et, frappant l’esclave du souverain sacrificateur, lui emporta l’oreille. 52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui auront pris l’épée périront par l’épée. 53 Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père, et il me fournira plus de douze légions d’anges ? 54 Comment alors pourraient s’accomplir les Écritures, [selon lesquelles] il faut que cela arrive ainsi ? 55 À cette heure-là, Jésus dit aux foules : Vous êtes sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre ? J’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple ; et vous ne vous êtes pas saisis de moi. 56 Mais tout ceci est arrivé afin que les Écrits des prophètes soient accomplis. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.
L’un de ses disciples cherche à défendre son Seigneur. Lui aussi ne se rend pas compte de qui Il est, comme s’Il ne pouvait pas se défendre Lui-même. Le disciple n’est donc pas une aide, mais cause plutôt des dommages à l’un des adversaires, l’esclave du souverain sacrificateur. Le souverain sacrificateur ayant un esclave signifie qu’il se laisse servir par quelqu’un qu’il s’est lui-même soumis. Mais le souverain sacrificateur n’a-t-il pas pour mission de servir les autres ? Le souverain sacrificateur a envoyé son esclave se joindre à cette œuvre méchante qui consistait à emmener le Fils de Dieu en captivité.
Matthieu ne mentionne pas que le Seigneur guérit l’oreille. Il mentionne par contre que le Seigneur réprimande son disciple. L’épée doit être rangée dans le fourreau et non dégainée. Celui qui se sert de l’épée sera tué par elle (Apo 13:10). C’est maintenant le temps de la souffrance. Aller sur le chemin de la souffrance est le chemin du Père.
Il aurait pu prier le Père d’envoyer des anges. Ces anges sont prêts, à l’appel du Père, à exécuter le jugement sur tous ceux qui offensent le Fils. Les anges auront retenu leur souffle à la vue de la scène de leur Créateur, saisi par de faibles créatures. Ce n’est pas l’exécution du jugement du mal qui est en cause, mais l’accomplissement des Écritures des prophètes.
Après s’être adressé au traître Judas et à son disciple Pierre, le Seigneur s’adresse aux foules. Il leur pose aussi une question qui devrait éveiller leur conscience. Pourquoi viennent-elles se saisir de Lui, comme s’Il s’agissait d’un brigand ? Que leur a-t-Il volé ? Il n’a fait que donner, n’est-ce pas ? Et pourquoi viennent-elles avec des épées et des bâtons ? L’ont-elles déjà vu se battre ? Son apparence les ont-t-elles déjà effrayés ? N’a-t-Il pas toujours été bon et plein d’amour pour elles ? Et pourquoi viennent-elles seulement maintenant ? Il était avec elles tous les jours dans le temple et elles ont entendu et apprécié son enseignement. Il veut les réveiller et leur faire comprendre qu’elles se sont laissé convaincre de commettre un crime.
Il explique Lui-même leur conduite, sans minimiser leur responsabilité. Il reste parfaitement Seigneur et Maître de tout ce qui se passe. Il n’y a aucune surprise pour Lui parce qu’Il prend les Écritures pour guide. Si nous connaissons les Écritures et que nous nous laissons guider par elles, il y aura moins de choses dans notre vie aussi qui nous contrarient. Grâce aux Écritures, nous apprenons que Dieu est au-dessus de tout et que rien échappe à son contrôle. Nous apprenons que nous pouvons Lui faire confiance en toutes circonstances (Rom 15:4).
À ce moment-là, même les disciples ne peuvent plus supporter. La menace de la suprématie les fait fuir. Ce faisant, ils L’abandonnent et Le laissent seul. Ils L’abandonne.
57 - 61 Plusieurs faux témoins
57 Ceux qui s’étaient saisis de Jésus l’amenèrent à Caïphe, le souverain sacrificateur, chez qui les scribes et les anciens s’étaient assemblés. 58 Pierre le suivait de loin, jusqu’à la cour du souverain sacrificateur ; il entra et s’assit avec les gardes pour voir la fin. 59 Or les principaux sacrificateurs, les anciens et tout le sanhédrin cherchaient [quelque] faux témoignage contre Jésus, de manière à le faire mourir ; 60 et ils n’en trouvèrent pas, bien que plusieurs faux témoins se soient présentés. Mais, à la fin, il s’en présenta deux, 61 qui dirent : Celui-ci a affirmé : Je peux détruire le temple de Dieu et, en trois jours, le bâtir.
Ceux qui ont capturé le Seigneur pensent qu’Il est en leur pouvoir et qu’ils peuvent faire de Lui ce qu’ils veulent. Mais le Seigneur se laisse emmener comme un agneau que l’on mène à la boucherie (Ésa 53:7). Ils L’emmènent chez le souverain sacrificateur Caïphe. Là, les scribes et les anciens sont assemblés. Les chefs religieux avaient décidé qu’Il serait jugé devant eux. Le Fils de Dieu sera jugé et condamné par ces hommes, car l’issue est certaine.
Pierre, qui s’était auparavant enfui avec tous les autres disciples, voulait encore savoir ce qui allait arriver à son Seigneur. Dans sa curiosité et aussi par amour pour Lui, il Le suit. Mais, il Le suit « de loin ». C’est le signe avant-coureur de sa chute. Si nous ne restons pas près du Seigneur, la chute est proche.
Après avoir regardé Pierre pendant un moment, Matthieu nous ramène au procès contre le Seigneur. Jamais la justice n’a été autant bafouée que lors du procès contre Christ. Il suffit de lire comment les ‘juges’ partent à la recherche de faux témoins. Il ne s’agit pas ici de personnes qui se trompent sur une accusation ou qui sont induites en erreur, mais de personnes qui cherchent délibérément de faux témoins. Cela nous montre à quel point ils sont dépravés. Quelle affaire judiciaire a jamais débuté de telle façon que les juges cherchent volontairement des menteurs pour condamner l’accusé ? C’est le cas ici, mais Christ reste silencieux. Le témoignage de l’Écriture est bref : « Et ils n’en trouvèrent pas. »
Comment ont-ils fait de leur mieux pour Le condamner sur la base de faux témoignages, car ils ont présenté « plusieurs faux témoins ». Aucun de ces faux témoins n’est mentionné par son nom, mais Dieu les connaît tous. Quelle responsabilité de porter un faux témoignage contre Christ. Ce ne sont pas des ignorants, mais des personnes qui déforment les faits pour donner aux faux juges une raison de condamner. Il n’est pas nécessaire que ce soit vrai, tant que cela semble plausible. Mais rien n’est trouvé.
À la toute fin, deux faux témoins se manifestent et affirment quelque chose que le Seigneur a presque dit de cette façon (Jn 2:19). Mais ils ne Le citent pas exactement ni ne comprennent ce qu’Il a dit. Ils croient qu’Il parlait du bâtiment du temple, alors qu’Il a parlé de son corps. Or, son corps est le temple de Dieu au sens propre du terme. La plénitude de la divinité a habité sur la terre et habite corporellement en Lui pour l’éternité (Col 1:19 ; 2:9).
62 - 68 Condamnés à cause de la vérité
62 Le souverain sacrificateur se leva et lui dit : Ne réponds-tu rien au sujet des accusations qu’ils portent contre toi ? 63 Mais Jésus gardait le silence. Le souverain sacrificateur lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu. 64 Jésus lui répondit : Tu l’as dit. De plus, je vous dis : Dorénavant vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. 65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements et dit : Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Voilà, vous avez entendu maintenant [son] blasphème : 66 Qu’en pensez-vous ? En réponse, ils dirent : Il mérite la mort. 67 Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; certains le frappèrent, 68 en disant : Prophétise-nous, Christ ; qui est celui qui t’a frappé ?
Tout au long des fausses accusations, le Seigneur n’a rien dit. Le souverain sacrificateur ne peut pas supporter le silence du Seigneur. Il veut Le forcer à parler. Mais le Seigneur ne se laisse pas contraindre. Il est, comme toujours, parfaitement Maître de la situation. Alors le souverain sacrificateur a recours au serment et L’adjure par le Dieu vivant. L’homme est si aveugle et si éloigné de Dieu qu’il ne se rend pas compte que le Dieu vivant se tient devant lui. Il veut que le Seigneur dise s’Il est le Christ, le Fils de Dieu. S’Il le dit, ils auront la preuve qu’Il a blasphémé Dieu et auront donc raison de Le condamner.
Le Seigneur ouvre maintenant la bouche pour dire la vérité sur sa personne. Il confirme la gloire de sa personne en tant que Fils de Dieu. Il ajoute que dorénavant, ils ne verront plus le Fils de l’homme avec la douceur de Celui qui ne brise pas le roseau froissé (Ésa 42:3), mais comme Celui qui est assis à la droite de la Puissance et qui vient sur les nuées du ciel. Il précise la place qu’Il occupera dans la gloire dans le ciel, comme il est dit en Psaume 110 (Psa 110:1), et sa venue en majesté du ciel sur la terre, comme en parle Daniel 7 (Dan 7:13).
Cette confession est ce dont le souverain sacrificateur a besoin. Par hypocrisie, il déchire ses vêtements comme s’il avait entendu quelque chose de très grave qui le plonge dans le deuil. Il juge et demande l’accord. Les scribes et les anciens approuvent l’accusation et jugent que le Seigneur mérite la mort. Ainsi, le Seigneur Jésus est condamné sur la base de la vérité, du témoignage de sa propre personne.
Comme s’ils ne s’étaient pas déjà suffisamment abaissés, les grands seigneurs s’abaissent au niveau le plus bas qui soit. Après avoir condamné le juste de façon injuste, ils L‘accablent d’insultes les plus grossières qu’un humain puisse entendre. Le souverain sacrificateur n’intervient pas, mais s’en amuse et y a peut-être lui-même participé.
Aucune humiliation n’a été épargnée au Seigneur. Ils ne L’ont pas seulement fait souffrir physiquement, mais par leurs questions, ils L’ont aussi fait souffrir dans son âme. Ils se moquent de Lui en tant que prophète. Ils se moquent de Lui en L’appelant le « Christ ». Ils Lui demandent de dire qui L’a frappé. Un jour, à leur grand désarroi, Il répondra à cette question quand ils comparaîtront tous devant le grand trône blanc. Espérons que certains se seront repentis et auront ainsi découvert plus tôt qu’Il savait qui L’avait frappé.
69 - 75 Pierre renie le Seigneur
69 Or Pierre était assis dehors, dans la cour. Une servante s’approcha de lui et dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. 70 Mais il le nia devant tous en disant : Je ne sais pas ce que tu dis. 71 Une autre [servante] le vit, comme il était sorti dans le vestibule ; et elle dit à ceux qui étaient là : Celui-ci aussi était avec Jésus le Nazaréen. 72 De nouveau, il le nia avec serment : Je ne connais pas cet homme ! 73 Un peu après, ceux qui se trouvaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Certainement, toi aussi, tu fais partie de ces gens-là ; d’ailleurs, ta façon de parler te fait reconnaître. 74 Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme ! Aussitôt un coq chanta. 75 Et Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui lui avait dit : Avant que le coq chante, par trois fois tu me renieras. Étant sorti, il pleura amèrement.
Pierre, qui a suivi le Seigneur de loin, est arrivé dans la cour du souverain sacrificateur. Là, il est assis avec les ennemis du Seigneur qui se chauffent près d’un feu. Il pense pouvoir rester là sans se faire remarquer pour observer ce qui arrive à son Seigneur. A ce moment-là, une servante s’approche de lui et le reconnaît comme quelqu’un qui était « avec Jésus le Galiléen ». Qu’a dû penser Pierre quand la servante lui a dit cela ? Il voulait sans doute passer inaperçu, espérant que personne ne le reconnaîtrait dans l’obscurité. Cette remarque l’a obligé à dire la vérité. La jeune fille ne posait pas la question, elle énonçait un fait.
Alors le grand apôtre, le premier des douze, cherche une excuse. Il prétend ne pas savoir de quoi parle la servante. Cela équivaut à un déni. Il nie son appartenance au Seigneur Jésus. Tous ceux qui sont là l’entendent prononcer son reniement.
Parce qu’il réalise que ce lieu est trop dangereux, il se retire de là. Il veut quitter le parvis et se rend dans le vestibule. Mais là aussi, une femme le reconnaît. Elle déclare qu’il appartient à « Jésus le Nazaréen ». Dans le premier cas, quelqu’un s’adresse personnellement à Pierre. Dans ce cas, la remarque de la femme s’adresse à tous ceux qui sont présents. Pierre nie à nouveau Le connaître. Cette fois, son refus est plus fort. Il jure qu’il ne Le connaît pas. Il L’appelle aussi « cet homme », comme si le Seigneur n’était rien d’autre que cela.
Pierre n’a pas encore atteint le point le plus bas de son reniement. La chute n’est pas encore complète, comme le Seigneur l’avait prédit. Il ne s’agit pas d’un moment de faiblesse. Il s’agit d’une situation dans laquelle Pierre s’est mis de son plein gré. Le Seigneur utilise cette situation pour enseigner à Pierre ce qu’il y a en lui et qu’il n’est pas meilleur que les autres disciples.
Pour la troisième fois, un groupe entier reconnaît ses rapports avec le Seigneur Jésus. Ils s’approchent de lui et confirment ce que la femme a remarqué. Ils reconnaissent Pierre non seulement à son apparence, mais aussi à son accent. Pierre est trahi par son accent qu’il ne peut pas nier.
La chute de Pierre est alors complète. Il se met à faire des imprécations et à jurer, il répète sa déclaration précédente et déclare sous serment qu’il ne connaît pas « cet homme ».
Dès que Pierre prononce son troisième reniement, le coq chante, comme le Seigneur l’avait prédit. Ce chant du coq rappelle à Pierre la parole du Seigneur. Cette parole fait maintenant son œuvre dans sa conscience. Écrasé par la culpabilité, il sort et pleure amèrement. Sa conscience est profondément affectée et convaincue de péché.
C’est le résultat de l’œuvre du Seigneur Jésus en tant qu’avocat auprès du Père (1Jn 2:1). « Jésus Christ, le Juste », a prié pour lui afin que sa foi ne défaille pas (Lc 22:32). C’est pourquoi il sort pour pleurer amèrement, non pas pour se pendre, comme Judas (Mt 27:5).
Ses larmes ne peuvent pas effacer sa culpabilité, mais elles démontrent, par la grâce, la sincérité de son cœur. Elles témoignent de cette impuissance pour laquelle la sincérité du cœur n’est même pas un remède. Seuls l’attachement étroit à Christ, la foi en sa parole et la méfiance à l’égard de nous-mêmes nous sauvent de la chute.
Je peux me retrouver dans des situations où je renie le Seigneur et Le traite comme rien de plus qu’un ‘homme’. Si j’avance mon propre point de vue sur une question parce que j’ai peur de dire ce que le Seigneur en pense dans sa Parole, je Le renie. Il n’est alors pour moi rien de plus qu’un homme, c’est-à-dire rien de plus que moi. En réalité, je Le rabaisse, sans reconnaitre qu’Il a autorité sur ma vie. Christ, dans sa grâce, veut que je m’en souvienne et je dois le confesser. La restauration peut alors suivre.