1 - 2 Motif de la prière
1 La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la descendance des Mèdes, qui fut fait roi sur le royaume des Chaldéens, 2 la première année de son règne, moi, Daniel, je compris par les livres que le nombre des années concernant lequel la parole de l’Éternel vint à Jérémie le prophète, pour l’accomplissement des désolations de Jérusalem, était de 70 années.
La domination de l’empire babylonien a pris fin. Le pouvoir est entre les mains des Mèdes et des Perses, le deuxième empire. Nous sommes ici dans la première année où Darius a été établi roi « sur le royaume des Chaldéens », la Babylone conquise. Daniel est maintenant en captivité depuis plus de 70 ans. Il a vécu l’ascension et la chute de Babylone. Les Mèdes et les Perses sont maintenant au pouvoir. Il occupe une position élevée dans l’un et l’autre empire.
Mais tout ce qu’il a vécu et la position élevée qu’il occupe n’ont pas diminué son amour pour Dieu, pour la parole de Dieu et pour le peuple de Dieu. Pour lui, ce que nous lisons au Psaume 137, qui exprime les sentiments de ceux qui sont en captivité à Babylone (Psa 137:5-6), est pleinement vrai.
Son amour pour Jérusalem le conduit vers « les livres », c’est-à-dire les Écritures de l’Ancien Testament, dans la mesure où elles sont à sa disposition. Dans l’un d’eux, le livre du prophète Jérémie, il remarque qu’il est question du nombre d’années que durera la désolation de Jérusalem (Jér 25:11b ; 29:10). Daniel voit que la première partie de la prophétie s’est accomplie, à savoir la chute de Babylone. Il croit aussi à la deuxième partie, qui est la restauration de Jérusalem.
Bien que Daniel soit lui-même un prophète privilégié, qui reçoit et transmet les pensées de Dieu, il prend en même temps la place d’un disciple. Il souhaite apprendre des autres prophètes inspirés par Dieu afin de connaître les pensées de Dieu. Cette attitude est nécessaire pour grandir spirituellement et progresser en sagesse et en connaissance.
Daniel fait sa découverte « la première année de Darius ». Le retour effectif ne se fera pas attendre longtemps. Au moment où Daniel lit au sujet de la fin des 70 ans, il n’y a cependant encore aucun indice qui justifie l’espoir d’un retour. C’est dans « les livres » qu’il découvre que Dieu ouvre à son peuple une porte pour retourner dans son pays. Il se laisse guider par la parole de Dieu et non par les circonstances. Il ne demande pas non plus de révélation spéciale. La parole de Dieu lui suffit.
C’est une indication importante pour notre époque. Il y a des gens malavisés qui croient que Dieu donne encore des révélations et qu’ils les reçoivent. Mais Dieu a donné une révélation complète de Lui-même et de ses pensées à notre sujet et sur l’avenir. Il attend de nous que nous étudions sa révélation complète, qui nous a été donnée dans sa Parole. C’est dans sa Parole que nous apprenons à connaître son dessein et comment nous devons vivre à notre époque. La parole de Dieu donne la clé pour comprendre la prophétie. Nous n’avons pas besoin d’expliquer la prophétie par des événements, et nous n’avons pas non plus besoin d’attendre l’accomplissement des prophéties pour les comprendre.
3 - 4 Daniel prie et se confesse
3 Et je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, pour [le] rechercher par la prière et la supplication, dans le jeûne, et le sac et la cendre. 4 Et je priai l’Éternel, mon Dieu, et je fis ma confession, et je dis : – Je te supplie, Seigneur, le Dieu grand et terrible, qui gardes l’alliance et la bonté envers ceux qui t’aiment et qui gardent tes commandements !
Ce que Daniel a lu aurait pu le rendre très heureux. Il a en effet lu que les soixante-dix ans sont écoulés et que la restauration est donc imminente. Mais Daniel ne se réjouit pas. Ce qu’il a lu le conduit à faire sa confession. Il connaît Dieu et sait que Dieu n’accorde sa miséricorde que lorsqu’il y a confession des péchés. Sans cela, Il ne peut rien faire.
La conséquence directe de ce que Daniel a lu est qu’il se tourne vers Dieu. Il ne va pas annoncer la bonne nouvelle de sa découverte à ses amis ou à ses compagnons de la captivité. Grâce à sa relation avec Dieu, il voit le faible état spirituel du peuple. Il voit son vrai caractère, ce qui le conduit à la confession plutôt qu’à des cris de joie. Ce n’est que dans cette attitude et avec ce sentiment qu’il est possible d’intercéder pour les autres.
Ceux qui sont spirituels sont les premiers à faire confession. Ils ressentent mieux que les autres à quel point Dieu a été offensé par son peuple. C’est ce qui fait du prophète un intercesseur. La connaissance de l’avenir conduit d’abord à l’intercession, c’est-à-dire à parler à Dieu au nom du peuple, et ce n’est qu’ensuite qu’il est possible de parler au peuple au nom de Dieu. Dieu révèle l’avenir pour parler à notre cœur, et non pour satisfaire notre curiosité. Les messages prophétiques ne visent pas à faire sensation, mais à faire vivre les pensées de Dieu.
Daniel commence sa confession en honorant Dieu dans sa grandeur et sa majesté. Il en est profondément impressionné. Quiconque connaît Dieu et a une relation avec Lui s’adresse à Lui avec un grand respect – et parle aussi de Lui avec un grand respect. C’est général. En même temps, cette majesté puissante inspire une grande confiance dans le fait qu’Il tient tout ce qu’Il a dit. Il ne se contente pas de parler, Il agit aussi. Il est capable de faire ce qu’Il dit et ce qu’Il a promis.
Daniel rappelle en quelque sorte à Dieu son alliance et sa fidélité à celle-ci. Daniel y associe aussi sa bonté. C’est le côté de Dieu en ce qui concerne l’alliance. Mais il y a aussi le côté de la responsabilité de l’homme. L’alliance et la bonté de Dieu s’appliquent à ceux qui L’aiment et qui respectent ses commandements. Et c’est là que tout a déraillé. Cela conduit Daniel à sa confession poignante.
5 - 6 Nous avons péché
5 Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons agi méchamment, et nous nous sommes rebellés et nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances ; 6 et nous n’avons pas écouté tes serviteurs les prophètes, qui parlaient en ton nom à nos rois, à nos princes, et à nos pères, et à tout le peuple du pays.
Daniel s’identifie au peuple dans son égarement loin de Dieu et de ses commandements en parlant de « nous ». Il confesse les péchés du peuple de Dieu. Il est frappant de constater qu’il s’exprime de toutes sortes de manières. C’est comme si ses sentiments avaient besoin de tous ces mots pour trouver une issue à l’énorme fardeau qui pèse sur son cœur. Il ne se contente pas d’un « nous sommes désolés » rapide, vide de sens et général, mais il parle de « l’iniquité », d’agir « méchamment », de « rebellé ».
La cause de la misère dans laquelle se trouve le peuple de Dieu est qu’il s’est égaré loin des commandements et des ordonnances de Dieu. Mais ce n’est pas tout. Lorsque le peuple s’est égaré, Dieu a aussi envoyé ses serviteurs, les prophètes, vers son peuple. La situation mauvaise du peuple est alors apparue d’autant plus clairement. Cette situation mauvaise était présente dans toutes les couches du peuple, chez les rois, les princes, les pères, oui, dans toute la population. Les prophètes ont parlé à tous au nom de l’Éternel. Mais que dit Daniel ? « Nous n’avons pas écouté. » Le récit de 2 Chroniques nous apprend combien l’Éternel s’est efforcé de ramener le peuple à Lui, mais que celui-ci a même méprisé et raillé ses prophètes (2Chr 36:15-16).
Cette confession des péchés du peuple par Daniel a aussi quelque chose à nous dire. Nous aussi, nous avons affaire à Dieu non seulement à titre personnel, mais aussi collectivement. Si nous nous appelons chrétiens, nous portons la culpabilité du déshonneur que les chrétiens ont jeté sur le nom de Christ. Même si nous honorons le Christ comme Seigneur dans notre vie personnelle, nous avons honte et confessons notre culpabilité pour l’injustice commise au nom de Christ. Nous sommes coupables avec tous les chrétiens.
Cela vaut aussi pour la communauté de foi dont nous faisons partie. Il y a de la faiblesse et de l’infidélité, un esprit mondain, d’être charnel, du légalisme. Nous n’avons rien à nous glorifier, comme si nous étions de meilleurs chrétiens si certains péchés n’existaient pas dans ‘notre’ communauté de foi ou s’ils étaient ôtés par la discipline. Il faut avoir la foi et une disposition spirituelle pour parvenir à une telle confession. Ils ne sont présents que si l’on connaît son propre cœur et si l’on est conscient de la grâce qui doit toujours nous préserver. Qui peut dire qu’il a toujours écouté la voix de Dieu dans sa Parole ?
7 - 9 Le peuple et le Seigneur
7 À toi, Seigneur, la justice, et à nous la honte sur nos visages, comme [elle est] aujourd’hui, – aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem et à tout Israël, à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans tous les pays où tu les as chassés, à cause de leurs infidélités par lesquelles ils ont été infidèles envers toi. 8 Seigneur, à nous la honte sur nos visages, à nos rois, à nos princes, et à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. 9 Au Seigneur notre Dieu sont les compassions et les pardons, car nous nous sommes rebellés contre lui,
Après avoir confessé les péchés de « tout le peuple du pays » (verset 6), Daniel justifie Dieu d’avoir jugé le peuple (cf. Lam 1:18). Il est conscient que lorsque la division et la dispersion ont lieu, ces catastrophes doivent être acceptées de la main de Dieu. Elles sont certes aussi la conséquence des mauvaises actions de l’homme, mais nous devons avant tout voir que Dieu agit dans une discipline sainte.
Nous le voyons aussi clairement, par exemple, lors de la grande division d’Israël, lorsque le peuple se divise en dix tribus et deux tribus. Roboam était le véritable responsable de cette division. Mais lorsqu’il veut la réparer de son propre chef et de sa propre initiative, Dieu dit : « C’est par moi que ceci est arrivé » (2Chr 11:4). 450 ans plus tard, Daniel reconnaît cela pour la situation dans laquelle il se trouve. Il confesse au Seigneur qu’Il a dispersé son peuple dans tous les pays où il se trouve maintenant.
Daniel ne cite pas de noms et ne pointe pas du doigt une personne en particulier. Il ne parle pas de Sédécias et de ses folies. Il ne fait pas non plus référence à Nebucadnetsar et à sa brutalité. Il regarde au-delà des hommes et des circonstances, vers le haut, et voit dans la division et la dispersion la main d’un Dieu juste. Ainsi, quelque temps plus tard, l’Éternel parle par le prophète Zacharie : « Et je les ai dispersés, comme par un tourbillon, parmi toutes les nations qu’ils ne connaissaient pas » (Zac 7:14a).
Et encore plus tard, Néhémie rappelle dans sa prière les paroles de l’Éternel, qui a dit par Moïse : « Si vous êtes infidèles, je vous disperserai parmi les peuples » (Néh 1:7-8). Nous ne lisons pas que ces hommes parlent d’une ‘permission’ de la dispersion. Ils disent clairement que Dieu a chassé le peuple et lui a infligé ce mal.
Face à justifiant Dieu dans son action envers eux, Daniel parle de la honte sur le visage du peuple. Dieu n’a fait que ce qu’Il avait dit qu’Il ferait si le peuple était infidèle. Le peuple est devenu infidèle, et la seule chose qui lui convient est la honte pour les péchés qu’il a commis contre Dieu. La seule chose à laquelle Daniel peut encore faire appel, ce sont les compassions de Dieu
Il connaît Dieu comme le Dieu juste, mais aussi comme le Dieu « des compassions et des pardons ». C’est une expression magnifique, qui déborde d’espoir et de confiance. Il n’y a pas une seule compassion, une peu de compassion en Dieu, non, Il en est plein. Il n’y a pas besoin d’un peu de pardon pour un seul péché, non, chez Dieu, il y a un pardon multiple pour une multitude de péchés. Dieu « pardonne abondamment » (Ésa 55:7) et est « prompt à pardonner » (Psa 86:5). Néhémie connaissait aussi Dieu ainsi : « Mais tu es un Dieu de pardons », Il pardonne beaucoup » (Néh 9:17). Daniel s’accroche à cela comme à la seule possibilité, car la réalité est que « nous nous sommes rebellés contre lui », ce qui nous a fait perdre tout droit à la bénédiction.
10 - 14 Nous n’avons pas écouté
10 et nous n’avons pas écouté la voix de l’Éternel, notre Dieu, pour marcher selon ses lois qu’il a mises devant nous par ses serviteurs les prophètes. 11 Et tout Israël a transgressé ta loi et s’est détourné en n’écoutant pas ta voix. Alors ont été versés sur nous la malédiction et le serment qui sont écrits dans la loi de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre lui ; 12 et il a accompli ses paroles qu’il a prononcées contre nous et contre nos juges qui nous jugeaient, en faisant venir sur nous un mal si grand que rien ne s’est fait sous tous les cieux comme ce qui a été fait à Jérusalem. 13 Comme cela est écrit dans la loi de Moïse, tout ce mal est venu sur nous ; et nous n’avons pas imploré l’Éternel, notre Dieu, afin de revenir de nos iniquités et de comprendre ta vérité. 14 Et l’Éternel a veillé sur le mal, et l’a fait venir sur nous ; car l’Éternel, notre Dieu, est juste dans toutes les œuvres qu’il a faites ; et nous n’avons pas écouté sa voix. –
Dans ces versets, Daniel répète que la voix de Dieu n’a pas été écoutée. C’est à cela que l’on peut attribuer tout le malheur qui s’est abattu sur le peuple. Si nous n’écoutons pas la parole de Dieu et ne prenons pas à cœur ses avertissements, Dieu accomplira sa Parole à notre égard, non pour notre bien, mais pour notre malheur. Nous perdons les bénédictions promises et recevons les malédictions promises. Daniel reconnaît que ce qui est arrivé au peuple n’est rien d’autre que l’accomplissement de ce que Dieu a dit qui arriverait s’ils s’égaraient. Il l’a bien compris. Nous voyons comment Daniel souligne à plusieurs reprises dans sa confession que personne d’autre que Dieu Lui-même n’a brisé son peuple (versets 7,12,14). C’est le fondement de sa supplication.
Nous voyons aussi que le malheur est sans précédent. Jamais une ville n’a été jugée comme Jérusalem. C’est parce qu’aucune ville n’a jamais été aussi privilégiée. C’est la seule ville que Dieu a choisie pour y établir son trône et y avoir sa demeure, son temple saint. Il dit de ce peuple : « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je vous ferai rendre des comptes pour toutes vos iniquités » (Am 3:2). Le jugement est venu sur ceux qui sont les plus proches de Lui et en qui Il se sanctifie (Lév 10:1-3). « Le jugement commence par la maison de Dieu » (1Pie 4:17a ; Ézé 9:4-7).
Ces versets contiennent aussi un message grave pour le peuple de Dieu dans les jours où nous vivons. Le peuple de Dieu est dispersé et divisé à cause de ses péchés. Mais qui s’en afflige aujourd’hui ? Nous le voyons et l’acceptons avec résignation ou le considérons même comme un ‘objet précieux aux multiples facettes’. Cela montre que la vérité de Dieu sur l’unité de l’église est à peine connue. Pire encore, il n’y a guère de désir de connaître cette vérité.
Il est souhaitable que nous soyons exercés spirituellement sur la condition du peuple de Dieu. Cela nous poussera alors à prier devant le Seigneur, notre Dieu. Dieu pourra alors faire parler sa Parole à notre cœur et nous apprendrons à utiliser la vérité de Dieu avec sagesse. Cela signifie que nous connaîtrons la vérité de Dieu, que nous l’absorberons en nous et que nous y obéirons. Utiliser la vérité de Dieu avec sagesse signifie que nous prenons chaque mot au sérieux, tant les promesses que les avertissements.
Parce que le peuple de Dieu n’a pas agi avec sagesse selon la parole de Dieu, le mal s’est abattu sur lui. Dieu, Lui, tient à sa Parole. Il veille sur elle. Il veille aussi sur le malheur qu’Il a annoncé, afin qu’il arrive si la conduite du peuple l’exige. C’est ainsi que l’Éternel a dit à Jérémie : « Voici, je veille sur eux pour le mal, et non pour le bien » (Jér 44:27a) et aussi : « J’ai veillé sur eux pour arracher, et pour démolir, et pour renverser, et pour détruire, et pour faire du mal, […] dit l’Éternel » (Jér 31:28).
Nous pouvons comprendre – et nous aimons aussi entendre cela – que l’Éternel veille sur son peuple pour le protéger. Mais ici, nous voyons qu’Il veille sur eux pour leur malheur et que Daniel Le justifie dans cela : « Car l’Éternel, notre Dieu, est juste dans toutes les œuvres qu’il a faites ; et nous n’avons pas écouté sa voix » (verset 14b).
15 - 16 Confession et demande
15 Et maintenant, Seigneur, notre Dieu, toi qui as fait sortir ton peuple du pays d’Égypte à main forte, et qui t’es fait un nom, comme [il paraît] aujourd’hui : nous avons péché, nous avons agi méchamment ! 16 Seigneur, selon tous tes justes actes, que ta colère et ta fureur se détournent, je te prie, de ta ville de Jérusalem, ta sainte montagne. Car à cause de nos péchés, et à cause des iniquités de nos pères, Jérusalem et ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent.
Après sa confession, Daniel fait appel au « Seigneur, notre Dieu » comme Celui qui a autrefois délivré son peuple et s’est ainsi « fait un nom ». Il parle aussi à Dieu de « ton peuple ». Dieu ne voit pas encore les choses ainsi, car le peuple n’est pas encore son peuple. Mais la foi parle ainsi du peuple de Dieu en toutes circonstances. Le nom « Seigneur » est la traduction de l’hébreu ‘Adonai’, qui signifie le souverain Dominateur, tandis qu’Éternel’ est la traduction de ‘Yahvé’, qui est le Dieu de l’alliance avec son peuple. Daniel s’adresse maintenant au Seigneur, comme au Dieu souverain qui a agi en faveur de son peuple dans le passé.
En même temps, il Lui dit qu’« aujourd’hui », Il porte toujours le nom qu’Il s’est fait autrefois. Il supplie donc d’abord le Seigneur de se souvenir de son œuvre rédemptrice qu’Il a accomplie autrefois en sauvant son peuple de l’esclavage. Ensuite, il fait appel à Lui pour qu’Il honore à nouveau ce nom, maintenant qu’ils ont péché et agi méchamment.
Le nom de Dieu est magnifié de manière merveilleuse lorsqu’Il fait preuve de grâce, car Il fait preuve de grâce sur la base de sa justice. Parce que le Seigneur Jésus a satisfait à toutes les exigences justes de Dieu, Dieu peut faire preuve de grâce envers le pécheur repentant. Il a ainsi fait un nom à toujours. Lorsque les hommes ‘se font un nom’, c’est grâce à une certaine performance. Mais cette performance comporte toujours des imperfections. Dieu s’est fait un nom par une rédemption parfaite et qui demeure parfaite à toujours.
Après avoir confessé « nous avons péché, nous avons agi méchamment », Daniel implore le « Seigneur » de détourner sa colère et sa fureur de Jérusalem. Il parle au Seigneur de Jérusalem comme « ta ville » et « ta sainte montagne ». Il voit et reconnaît dans la foi que le Seigneur en est le propriétaire et non les peuples, bien que la ville ait été donnée par Dieu entre les mains des peuples.
Il identifie aussi la ville et la montagne sur laquelle elle est située, c’est-à-dire la montagne de Sion, l’une à l’autre. C’est une « sainte montagne ». C’est la montagne sur laquelle Abraham a sacrifié son fils Isaac il y a longtemps. Cela parle du sacrifice que Dieu le Père a fait en donnant son Fils. Sur la base de ce sacrifice, il a pu y avoir un temple dans lequel Dieu pouvait habiter. Il en est de même pour l’église dans laquelle Dieu habite maintenant et qui est aussi appelée un temple (1Cor 3:16 ; Éph 2:21-22). Pour la foi, l’église est la demeure de Dieu dans l’Esprit, même si, dans la pratique, l’église est aussi devenue un lieu où domine les gens qui n’ont pas l’Esprit.
Daniel est profondément touché par le fait que la ville de Dieu et le peuple de Dieu soient devenus un opprobre pour tous ceux qui les entourent. Qu’en est-il de nous ? Sommes-nous aussi conscients que l’église et la vie commune des enfants de Dieu sont devenues un opprobre pour le monde qui nous entoure ? Ce qu’a vécu mon frère et ami Johnny Bax lorsqu’il a annoncé l’évangile à quelqu’un illustre cela de manière douloureusement claire. Il en fait le récit suivant :
‘Un homme assez âgé s’est approché de moi alors que je criais : « Soyez réconciliés avec Dieu ! » et Jean 3:16 « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Nous avons eu une conversation sur la Bible. Il avait beaucoup de critiques et de commentaires et posait beaucoup de questions. Il ne comprenait pas que si un Dieu puissant existe, Il n’intervienne pas pour mettre fin à tout le mal dans ce monde. Lorsque j’ai fait la remarque : ‘Et si Dieu devait intervenir à cause de tout le mal dans votre propre vie ?’, il n’était plus aussi ouvert et se plaignait des chrétiens, de ce qu’ils ont fait. Il disait : ‘Combien d’églises se vident aujourd’hui ? Quel message joyeux est-on en train de transmettre si les gens s’en vont ? Combien de divisions y a-t-il eu dans l’histoire où vous n’avez pas pu vous mettre d’accord ? Regardez toutes les différentes églises et tous les différents noms qui existent aujourd’hui. Vous avez de grands conflits au sujet de la foi dans vos églises. Si vous aviez quelque chose de précieux ensemble, vous devriez sûrement montrer ce qui vous unit.’
Je lui ai répondu : ‘Quand je regarde les hommes et la chrétienté, je dois malheureusement vous donner raison. Ce que nous en avons fait est honteux. Mais je voudrais vous parler de la personne du Seigneur Jésus, qui est mort à ma place pour tous mes péchés. Et pour tous ceux qui croient en Lui.’ Je voulais lui expliquer davantage l’évangile, mais il est parti. J’étais un peu bouleversé par cette conversation, et attristé, parce que le monde nous observe effectivement et voit comment nous nous traitons les uns les autres. Et aussi parce que cela est avancé comme une raison pour rejeter le précieux évangile. Je repensais au passage de la Bible : « À ceci tous sauront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (Jn 13:35).’
Je pense qu’il n’y a rien à ajouter à cela. Prenons cela à cœur et implorons Dieu de nous pardonner dans sa grâce et de nous donner encore une chance d’être une église selon sa volonté. Il désire avoir une habitation sur la terre. C’est là où les siens se réunissent et vivent ensemble dans l’obéissance à sa Parole et guidés par son Esprit.
Le Seigneur Jésus a dit : « Car là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18:20). Dieu habite là où Il peut être Dieu, c’est-à-dire là où Il est reconnu dans ses droits en tant que Dieu. Nous pouvons encore demander et chercher ce lieu. Si nous utilisons sa Parole comme guide et suivons les indications de l’Esprit, Il nous y conduira certainement.
17 - 19 Daniel implore Dieu de l’écouter
17 Et maintenant, écoute, ô notre Dieu, la prière de ton serviteur et ses supplications, et, pour l’amour du Seigneur, fais luire ta face sur ton sanctuaire dévasté. 18 Incline ton oreille, ô mon Dieu, et écoute ; ouvre tes yeux, et vois nos désolations, et la ville qui est appelée de ton nom. Car ce n’est pas à cause de nos actes justes que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes compassions. 19 Seigneur, écoute ; Seigneur, pardonne ; Seigneur, sois attentif et agis ; ne tarde pas, à cause de toi-même, mon Dieu ; car ta ville et ton peuple sont appelés de ton nom.
Daniel ne supplie pas pour la fin de la captivité ou pour ses intérêts personnels. L’objet de sa supplication, c’est la ville, la sainte montagne, le sanctuaire et le peuple de Dieu. Il supplie Dieu de faire luire sa face sur son sanctuaire « pour l’amour du Seigneur ». Il s’agit pour lui du nom glorieux du Dominateur et du Maître. Daniel attire son attention sur le fait que son sanctuaire est dévasté. Il s’écrie que Dieu ne peut tout de même pas laisser cela ainsi ?
Nous devons aussi apprendre à implorer en pensant à ce qui est aujourd’hui le sanctuaire de Dieu, son église, qui est « un temple saint dans le Seigneur » (Éph 2:21). Quand nous voyons ce qu’il en reste dans la pratique de la foi chrétienne, nous devons aussi dire que ce temple est dévasté. Si nous partagions davantage les sentiments de Dieu à ce sujet, nous implorerions davantage, comme Daniel, que Dieu fasse luire sa face à ce sujet. Ce qui vient dans sa lumière, Il le sauve et le restaure (Psa 80:4). Sa lumière révèle ce qui se passe et montre en même temps la solution. Sans sa lumière, tout reste dans les ténèbres. Si nous désirons qu’Il fasse briller sa lumière de découverte et de restauration sur son église, nous prendrons à cœur la parole d’Ésaïe et nous agirons en conséquence : « Et ne lui laissez pas de repos, jusqu’à ce qu’il établisse Jérusalem et qu’il en fasse un sujet de louange sur la terre » (Ésa 62:7).
Nous implorerons Dieu sans cesse, avec force, jusqu’à l’impudence, d’ouvrir son oreille et d’entendre, et d’ouvrir ses yeux et de voir (Lc 11:5-12 ; 18:1-8). Daniel précise clairement qu’il ne présente pas ses supplications devant Dieu à cause de leurs actes justes, car ils n’en possèdent pas. Il les présente à cause des « grandes compassions » de Dieu. Plus nous en sommes convaincus, plus nous nous approcherons de Dieu avec assurance, oui, nous nous précipiterons vers Lui et nous le bombarderons pour ainsi dire de nos supplications.
C’est ce que fait Daniel avec un triple « Seigneur », suppliant avec insistance que le Seigneur écoute, pardonne, sois attentif, agisse et ne tarde pas. Il prononce ses paroles avec force, en phrases courtes. Les différentes expressions révèlent un cœur complètement submergé par la cause qui retient son attention. Elles expriment un engagement intense. Il supplie aussi Dieu de ne pas tarder pour agir en faveur de sa ville et de son peuple. Après tout, les 70 ans sont écoulés, comme il l’a lu dans le livre du prophète Jérémie.
C’est la prière d’un prophète, d’un homme de Dieu, d’un homme qui aime son pays, d’un homme qui a fait de la gloire de Dieu le but suprême de sa vie. Il a un lien intime et personnel avec Dieu, qu’il appelle pour la première fois « mon Dieu » au verset 18 de sa prière. Quand quelqu’un prie avec une telle intensité, confesse ses péchés et présente des arguments pour être exaucé, il sera accepté par Dieu.
Il ne dit pas ces choses pour enseigner Dieu et il n’argumente pas pour influencer Dieu. C’est ainsi que Dieu veut être invoqué, car c’est la seule manière dont nos pensées peuvent être mises dans le bon état. Si nous avons l’esprit, la foi, la repentance et le sérieux de Daniel, nous pouvons être sûrs que nos prières seront exaucées, comme sa prière est exaucée.
La raison pour laquelle il implore tout cela, c’est « à cause de toi-même ». Il recherche en tout la gloire de Dieu. Il s’agit de son nom. Ce nom est indissociable de sa ville et de son peuple, car c’est sur eux que son nom a été proclamé. Ce qui arrive à sa ville et à son peuple Le touche Lui-même. C’est là le fondement de l’argumentation de Daniel. Nous devons aussi avoir ce fondement pour implorer Dieu de défendre son église, « qu’il a acquise par le sang de son propre [Fils] » (Act 20:28).
20 - 23 La réponse vient
20 Et je parlais encore, et je priais et confessais mon péché et le péché de mon peuple Israël, et je présentais ma supplication devant l’Éternel, mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu, – 21 je parlais encore en priant, et l’homme Gabriel que j’avais vu dans la vision au commencement, volant avec rapidité, me toucha vers le temps de l’offrande de gâteau du soir. 22 Et il me fit comprendre, et me parla, et dit : – Daniel, je suis maintenant sorti pour éclairer ton intelligence. 23 Au commencement de tes supplications la parole est sortie, et je suis venu pour [te la] déclarer, car tu es un bien-aimé. Comprends donc la parole, et sois intelligent dans la vision :
Daniel fait l’expérience que Dieu répond pendant qu’il parle et prie (Ésa 65:24 ; 30:19b). Le fait que Daniel « parlait » et « priait » semble indiquer qu’il priait à haute voix. En priant à haute voix, il confessait « mon péché ». C’est très personnel. Il s’était toujours inclus en parlant de ‘nous’ et ‘notre’. Mais maintenant, il dit « mon ».
Nous ne lisons aucun acte pécheresse ni aucune parole mauvaise de la part de Daniel. Pourtant, il est aussi un homme à qui s’applique ce que dit Salomon dans sa prière : « Il n’y a pas d’homme qui ne pèche » (1Roi 8:46). Les croyants qui vivent avec la plus grande consécration au Seigneur sont les plus conscients de leurs propres péchés et de leurs défauts. Daniel est aussi pleinement conscient qu’il fait partie du peuple pécheur qu’il appelle « mon peuple Israël ». Il sait qu’il n’est pas meilleur qu’eux.
Après avoir parlé plus tôt de présenter nos supplications devant son Dieu, il parle maintenant de présenter sa supplication devant l’Éternel, son Dieu. Il sait qu’il est en présence de Dieu. Cela le détermine directement à « la sainte montagne de mon Dieu ». Cette montagne où se trouvent la ville de Dieu et la maison de Dieu est la raison de sa supplication. Il la garde personnelle en parlant encore une fois de « mon Dieu ». Nous ne pourrons partager les sentiments de Dieu à l’égard de sa demeure que si nous avons une relation aussi personnelle et profonde avec Dieu. Si nous regardons l’église de Dieu avec ses yeux et si nous connaissons le cœur de Dieu à son égard à partir de sa Parole, notre prière pour l’église de Dieu ressemblera de plus en plus à celle de Daniel pour le peuple de Dieu de l’époque.
Au verset 21, il est dit une fois de plus que Daniel est encore en train de prononcer sa prière, et il est ajouté que c’est à ce moment-là qu’il reçoit une visite. Cela souligne la valeur de sa prière pour Dieu. Cette prière est une prière selon sa volonté. Dieu est prompt à répondre à cette prière.
Le moment où la réponse vient est aussi significatif et important. C’est « vers le temps de l’offrande de gâteau du soir », c’est-à-dire l’heure où l’holocauste quotidien était offert à Jérusalem. Cela ne se passe pas littéralement à ce moment-là, car il n’y a plus de temple ni de service au temple. Mais la foi pense à ce qui revient à Dieu et à ce dont Dieu tient compte. Daniel vit dans cette perspective et y pense. Il en est de même pour nous. Lorsque Dieu intervient en réponse à notre prière, c’est toujours en relation avec son Fils et son œuvre à la croix, dont les sacrifices sont une préfiguration.
Il y a quelques événements remarquables dans l’Écriture liés à ce « temps de l’offrande du soir ». C’est à cette même heure qu’Esdras confesse le péché du peuple (Esd 9:4). C’est l’heure de la prière, l’heure où Corneille reçoit la réponse à sa prière (Act 10:3 ; 3:1). Dieu aime exaucer à cette heure-là. La raison en est qu’à cette heure-là, Il n’a pas exaucé quelqu’un d’autre. La neuvième heure est l’heure où le Seigneur Jésus n’a pas été exaucé pour nous (Mt 27:45-46).
Daniel est tellement absorbé dans sa prière que Gabriel doit le toucher pour lui faire savoir qu’il est là. Gabriel aurait aussi pu signaler sa présence en prononçant quelques mots. Mais le fait de le toucher montre que l’ange est réellement présent auprès de Daniel. Le toucher signifie la fin de la prière de Daniel. Pour Dieu, cela suffit. Il connaît les désirs de son cœur.
Gabriel dit à Daniel que dès qu’il a commencé à prier, une parole de Dieu est sortie du ciel. Cette parole était adressée à Gabriel et lui donnait pour mission d’aller vers Daniel, de l’instruire et éclairer son intelligence de ce qu’il avait entendu et vu dans la vision. Nous voyons ici à quel point Dieu est prêt à exaucer la prière des siens. Parfois, l’exaucement peut être retardé, comme nous le verrons dans le chapitre suivant (Dan 10:12-14). Cela ne signifie pas que l’exaucement n’aura pas lieu, mais qu’il est reporté. Nous pouvons savoir que cela aussi fait partie du plan de Dieu.
Il ne suffit pas que Daniel ait reçu des révélations sur des choses futures. Il a aussi besoin d’intelligence pour en comprendre la signification. Ce n’est qu’alors qu’il en tirera profit. Le Seigneur Jésus a aussi ouvert les Écritures et Il a ouvert l’intelligence des disciples pour qu’ils comprennent les Écritures (Lc 24:32,45). Nous aussi, nous avons besoin d’une intelligence ouverte, ainsi que d’une Écriture ouverte. Ainsi, Paul dit à Timothée : « Considère ce que je dis ; car le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses » (2Tim 2:7).
Si nous voulons comprendre les pensées de Dieu, nous devons les méditer. Nous devons y prêter attention, les méditer et comparer les passages bibliques entre eux. Si la volonté révélée de Dieu nous est si souvent inconnue et si nous nous y trompons, c’est parce qu’il y a si souvent un manque d’attention et de vigilance véritables de notre part.
Notre intelligence est ouverte et nous recevons l’intelligence pour comprendre le sens de la parole de Dieu, si l’on peut aussi nous dire que nous sommes personnellement « un bien-aimé ». Tous les enfants de Dieu peuvent savoir qu’ils sont « bien-aimés ». Chaque enfant de Dieu peut savoir qu’il est dans la faveur de Dieu (Rom 5:1b-2a). Ce n’est pas à cause de ce qu’il est en lui-même, mais parce qu’il est « béni » « dans le Bien-aimé », qui est le Seigneur Jésus (Éph. 1:6). Si nous comprenons cela, nous aspirerons personnellement à agir et à marcher en tout selon sa volonté et pour sa gloire.
Il est clair qu’Il regarde cela avec plus de bienveillance que les croyants infidèles.. Abraham et Lot sont tous deux croyants. Cependant, Dieu ne peut pas communiquer ses pensées à Lot, mais Il le peut à Abraham (Gen 18:17-19). Daniel est quelqu’un qui craint l’Éternel et avec qui l’Éternel peut donc être familier et lui faire connaître ce qui se passe en Lui (Psa 25:14).
24 Les soixante-dix semaines
24 70 semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville, pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints.
Les versets auxquels nous sommes arrivés, les versets 24-27, ont été appelés ‘l’ABC’ de la prophétie. Voici d’abord un bref aperçu :
Au verset 24, nous lisons
1. la durée de la période : 70 semaines ;
2. de qui il s’agit : ton peuple et ta sainte ville, c’est-à-dire Israël et Jérusalem ;
3. ce qui se passe pendant cette période : clore la transgression, etc.
Au verset 25, nous apprenons que la première et la plus grande partie des 70 semaines se divise en deux périodes : 7 semaines et 62 semaines, soit un total de 69 semaines. Les événements de ces 69 semaines sont décrits. Ces semaines se terminent par la mention d’une personne : le Messie, le Prince.
Au verset 26, il est dit qu’après les 62 semaines, soit au total après 69 semaines, le Messie sera retranché. Suit ensuite l’annonce de la destruction de Jérusalem.
Au verset 27, les événements qui se produiront pendant la semaine restante, la 70ème, nous sont communiqués. Nous y lisons aussi la division de cette semaine en deux moitiés, avec la mention de ce qui se passe au milieu de la semaine et des conséquences que cela aura pour la seconde moitié de cette semaine.
Les semaines mentionnées ici ne sont pas des semaines de sept jours, mais des périodes de sept ans. Les 70 semaines représentent au total 490 ans. Ce nombre d’années s’écoulera avant que « ton peuple et ta ville sainte » puissent recevoir la pleine bénédiction promise. Avant cela, plusieurs choses doivent d’abord se produire :
1. « Clore la transgression », c’est-à-dire que le peuple et la ville ne vivent plus en rébellion contre Dieu, mais Lui obéir.
2. « En finir avec les péchés », c’est-à-dire que les péchés ne sont plus pratiqués.
3. « Faire propitiation pour l’iniquité », elle doit être expiée. Dieu ne peut passer outre l’iniquité de son peuple que si propitiation a été faite.
Ces événements sont négatifs, ils ont trait à ce qui doit cesser et être éliminé parce que cela ne peut exister pour Dieu. Les événements suivants sont positifs. Nous y voyons l’œuvre de Dieu en faveur de son peuple et de sa sainte ville.
1. « Introduire la justice des siècles ». Cela renvoie au royaume de paix, sous le gouvernement du Messie.
2. « Sceller la vision et le prophète » signifie l’enregistrement immuable de ce qui a été montré par et au nom de Dieu dans la vision et dit par le prophète. Tant la vision que le prophète portent en leur accomplissement le sceau de l’œuvre de Dieu.
3. « Oindre le saint des saints. » Ce à quoi cela fait référence n’est pas immédiatement clair. Plusieurs possibilités ont été avancées. Il pourrait s’agir du lieu très saint du temple, du temple tout entier, de la ville de Jérusalem ou du Seigneur Jésus, le Messie. En tout cas, il s’agit de quelque chose qui a été sanctifié par une consécration spéciale à Dieu et qui aura une place particulière dans le royaume de paix, pour la plus grande gloire de Dieu.
25 7 semaines et 62 semaines
25 Et sache, et comprends : Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu’au Messie, [le] prince, il y a 7 semaines et 62 semaines ; la place et le fossé seront rebâtis, et [cela] en des temps de trouble.
Maintenant, Daniel – et nous avec lui – apprend quand nous devons commencer à compter les 70 semaines, c’est-à-dire la période de 490 ans. Nous devons « savoir et comprendre » cela, sinon nous en manquerons le sens. Le décompte doit commencer « depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem». Cela ne peut pas faire référence à ce que Cyrus a ordonné, car il n’a pas donné l’ordre de rebâtir Jérusalem, mais de rebâtir le temple (Esd 1:2). Ce n’est que 100 ans plus tard que l’autorisation de rétablir et rebâtir la ville a été donnée, et c’est ce dont parle ce verset. Artaxerxès est le roi qui donne à Néhémie l’autorisation de rebâtir la ville, dans la 20ème année de son règne (Néh 2:1), c’est-à-dire en 445 av. J.-C. C’est alors que commencent les 490 ans.
Un événement intermédiaire est alors mentionné, à savoir la venue du Messie. Quand Il est venu, 69 semaines se sont écoulées. Cette période de 69 semaines est divisée en une période de 7 semaines et une période de 62 semaines. La première période, celle de 7 semaines, soit 49 ans, est la période pendant laquelle a lieu la rétablissement de Jérusalem. À cette période est immédiatement rattachée la deuxième période de 62 semaines. La fin de ces deux périodes – celle de 7 semaines (= 49 ans) et celle de 62 semaines (= 434 ans), soit 483 ans au total – est associée à une personne : « jusqu’au Messie, [le] Prince ».
Une caractéristique particulière est donnée à cette période : « La place et le fossé seront rebâtis, et [cela] en des temps de trouble ». Cela montre que Jérusalem a bien été rebâti, mais que pendant ces 483 ans (69 semaines), elle est constamment sous la pression de peuples étrangers.
26 Le Messie est exterminé
26 Et après les 62 semaines, [le] Messie sera retranché et n’aura rien ; et le peuple du prince qui viendra, détruira la ville et le lieu saint, et la fin en sera avec débordement ; et jusqu’à la fin [il y aura] guerre, un décret de désolations.
La fin de la période totale de 69 semaines est associée non seulement à la personne du Messie, mais aussi à un événement. Cet événement est le retranchement du Messie. « Et après les soixante-deux semaines, le Messie sera retranché et n’aura rien. » Comme nous pouvons le voir d’après le nombre de semaines écoulées, depuis que Néhémie a commencé à rebâtir Jérusalem, 483 ans se sont écoulés au moment du retranchement du Messie.
Nous sommes alors arrivés dans l’histoire au moment où le Seigneur Jésus a marché sur la terre. Il est ce ‘Messie’ ou ‘Oint’. Il vient pour accomplir la dernière semaine et ainsi compléter la période de 70 semaines et établir le royaume de paix. Mais que se passe-t-il ? Son peuple Le rejette et Le tue. Il est mis à mort alors qu’Il est innocent – ‘alors qu’il n’y a rien contre Lui’, comme on peut aussi le traduire.
Un simple calcul montre à quel point la parole de Dieu est précise. Les années dans la Bible sont des années de 360 jours. La période de 483 ans correspond à 483 x 360 = 173 880 jours. Cela signifie que, en comptant à partir de la date de l’ordre de rebâtir de la ville, nous arrivons à l’entrée du Seigneur Jésus à Jérusalem, le dimanche précédant le vendredi où Il mourra sur la croix. [Pour un calcul exact, voir « Jérusalem, menace pour la paix du monde » de Roger Liebi.]
Ainsi s’achèvent les 69 semaines. Parce que le peuple rejette son Messie, cette dernière semaine, la 70ème, ne peut suivre immédiatement les 69 semaines déjà écoulées et le royaume de paix ne peut être établi. Cela annule-t-il les plans de Dieu ? Non, cela signifie que cette 70ème semaine doit encore venir, car le sceau de la prophétie (verset 24) concerne 70 semaines et non 69 semaines. « Sceller » signifie que tout, y compris la 70ème semaine, s’accomplira et que tout ce qui a été annoncé dans les visions et par les prophètes sera accompli. Cela signifie un report de l’accomplissement, car il est certain que l’accomplissement viendra.
Que se passe-t-il maintenant entre la 69ème et la 70ème semaine ? Des événements importants se produisent pendant cette période indéterminée. L’ange informe également Daniel, et donc nous aussi, à ce sujet. La 69ème semaine se termine par la mort du Messie, comme indiqué au début du verset 26. Il sera retranché « et n’aura rien ». Cela signifie qu’Il s’en va sans avoir reçu le royaume pour lequel Il était venu.
Puis l’interprétation se poursuit et Gabriel parle du « peuple du prince qui viendra ». Il dit aussi ce que fera ce peuple : il « détruira la ville et le lieu saint ». Gabriel annonce aussi la fin du peuple : « La fin en sera avec débordement ; et jusqu’à la fin [il y aura] guerre, un décret de désolations ».
Il est ici question d’un peuple d’un prince qui viendra. Ce peuple, ce sont les Romains. En l’an 70, les armées romaines, sous le commandement de Titus, ont détruit Jérusalem, en punition de Dieu pour avoir rejeté le Messie. Dieu livre la ville aux nations. Luc donne plus de détails à ce sujet dans son récit du discours du Seigneur Jésus sur les dernières choses (Lc 21:20-24). Le Seigneur Jésus dit là : « Et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que soient accomplis les temps des nations » (Lc 21:24).
Lorsque les temps des peuples seront accomplis, viendra ce que Gabriel appelle ici « la fin ». « La fin » est le temps de la fin, le retour de Christ et les événements qui y sont liés. Au milieu de ce verset 26, il y a donc un grand saut entre la désolation de Jérusalem par les Romains en l’an 70 et le retour de Christ au temps de la fin. La désolation est décrété, tant pour Jérusalem que pour l’empire romain, tant à cette époque qu’au temps de la fin. Le peuple, les Romains, a existé et est arrivé à sa fin. Les tribus germaniques ont fait s’effondrer l’empire. L’Europe s’est divisée en plusieurs pays.
Mais le prince de ce peuple doit encore venir. Il viendra aussi. C’est de lui qu’il est question au verset 27. Les événements d’alors, en l’an 70, sont une préfiguration des événements du temps de la fin, événements qui précèdent immédiatement l’établissement du royaume millénaire de paix. Les événements du temps de la fin sont les événements de la 70ème semaine. Ils sont décrits au verset 27.
27 La 70ème semaine
27 Et il confirmera une alliance avec la multitude [pour] une semaine ; et au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande ; et à cause de la protection des abominations [il y aura] un dévastateur, jusqu’à ce que la destruction et [ce qui est] décrété soient versés sur la [ville] dévastée.
La deuxième partie du verset 26 décrit la transition entre la situation de l’an 70 et celle du temps de la fin ou de la 70ème semaine. Le verset 27 traite de cette 70ème semaine. Au cours de cette 70ème semaine, Israël est de retour dans son pays. Cela ressort du fait que des sacrifices sont à nouveau offerts. Le service du temple a repris.
Le « il » de ce verset est le prince du verset précédent qui viendra. C’est le dominateur de l’empire romain occidental restauré, le quatrième empire, l’Europe unifiée qui a remis son pouvoir entre les mains d’un seul dictateur, la Bête montant de la mer (Dan 7:3,7 ; Apo 13:1-10). Il est fait ici référence au temps où l’empire romain sera rétabli, où Israël existera à nouveau et où les deux empires auront un dominateur.
L’alliance qu’il confirme est celle qu’il fera, en tant que dictateur de l’Europe occidentale unifiée, avec la masse incrédule des Juifs, « la multitude », peut-être sous la direction de l’Antichrist. Du point de vue juif, il s’agit d’un pacte avec le shéol, c’est-à-dire avec le royaume des morts (Ésa 28:15a,18). La masse apostate des Israélites fera cela pour se défendre et se protéger contre les ennemis qui l’entourent, dont le plus grand est l’Assyrie. Par Assyrie, nous pouvons entendre la Syrie en alliance avec quelques autres États arabes. L’Assyrie est si forte parce qu’elle est soutenue par le puissant empire russe qui se trouve au nord. C’est ce que montre la parole prophétique et ce que nous voyons se confirmer dans l’actualité.
« Au milieu de la semaine », cependant, un changement dramatique se produit. Ce changement annonce le temps le plus terrible que la terre ait jamais connu. Ce temps est appelé la « grande tribulation » (Mt 24:21) et aussi « le temps de la détresse pour Jacob » (Jér 30:7). Cette période durera une demi-semaine, soit trois ans et demi.
À cette époque, une souffrance sans précédent frappera l’humanité. Ce que les hommes s’infligeront les uns aux autres défie toute description. La violence des guerres et des catastrophes naturelles fera rage sans retenue. Les tourments spirituels auxquels les hommes seront livrés les rendront fous. Nous en trouvons une description impressionnante en Apocalypse 6-19. L’événement qui marque le début de cette période est la chute du diable du ciel sur la terre, sachant qu’il ne lui reste que peu de temps, à savoir seulement trois ans et demi (Apo 12:9,12b).
Sa première activité consiste à mettre fin à la religion juive, ce que nous voyons dans l’interdiction des sacrifices. Par l’intermédiaire de son serviteur, le dominateur romain, soutenu par son allié l’Antichrist, il met fin au culte à Jérusalem. Le dominateur romain et l’Antichrist établissent leur propre religion idolâtre. L’Antichrist érigera dans le temple une image idolâtre du dominateur romain, la Bête monte de la mer (2Th 2:3-4), ce qui nous fait peut-être penser au parvis du temple.
Cette image est destinée à protéger contre les ennemis. L’Antichrist fera ainsi la propagande de l’alliance avec l’Europe occidentale. Il incitera la masse apostate des Juifs à attendre leur salut de cette grande puissance lorsqu’ils seront menacés par l’Assyrie et tous les pays arabes. Il veillera à ce que les gens adorent l’image et il la fera même parler. Ceux qui se soustraient à cette psychose collective et n’adorent pas la Bête seront mis à mort (Apo 13:15).
Dieu l’appelle « la protection des abominations ». L’abomination désigne une idole (Mt 24:15a). Mais au lieu de protéger, cette abomination apportera la destruction sur Israël. « [Il y aura] un dévastateur, jusqu’à ce que la destruction et [ce qui est] décrété soient versés sur la [ville] dévastée ». C’est une abomination qui mènera à la destruction, tel est le jugement de Dieu sur les apostats, sur l’idolâtrie la plus horrible qui ait jamais existé. Cette destruction se produira avec la détermination de Dieu.
Le dévastateur est le roi du nord, l’ancien empire assyrien, soutenu par la Russie. C’est le début de la dernière guerre mondiale. Le destructeur se déversera rapidement « sur la [ville] dévastée », c’est-à-dire sur Jérusalem. Cela se produira si rapidement que l’alliance ne pourra offrir aucune protection. Jérusalem sera prise et ses habitants souffriront terriblement (Zac 14:2a).
L’ange est ainsi arrivé à la fin de son explication (verset 22). Cela semble être une fin abrupte, où le jugement semble être le dernier mot. Mais nous devons garder deux choses à l’esprit. Le fait que l’explication de l’avenir s’arrête ici signifie qu’il ne s’agit pas de la suite, de l’effet de ce qui a été annoncé. Que m’importe de savoir comment cela se passera ? L’autre chose est que l’ange a déjà dit au début de son explication que « la justice des siècles » sera introduite quand les 70 semaines seraient écoulées (verset 24). Après les jugements, le merveilleux royaume de paix sous le gouvernement du Messie, le Prince de paix, suivra.