Introduction
À partir de Daniel 8 jusqu’à la fin du livre, la description des événements est à nouveau en hébreu. La partie allant de Daniel 2:4 à Daniel 7 est écrite en araméen, la langue du premier grand empire. Ce changement sera lié au contenu des chapitres suivants. La description de ces événements porte principalement sur les conséquences qu’ils ont pour Israël, appelé « le [pays] de beauté » (Dan 8:9). Ils concernent aussi Dieu et « le lieu de son sanctuaire », c’est-à-dire le temple (verset 11). Israël est le pays sur lequel Dieu a continuellement les yeux, jour et nuit (Deu 11:12 ; 1Roi 9:3).
En Daniel 8, il s’agit du deuxième et du troisième empire, c’est-à-dire l’empire des Mèdes et des Perses et l’empire grec. En Daniel 7, ces empires sont représentés par un ours et un léopard. Ici, ils sont représentés par un bélier et un bouc. L’ours et le léopard sont des bêtes prédateurs, ils dévorent, ce sont des bêtes impures. Le bélier et le bouc sont des bêtes purs. Ils pouvaient être mangés en Israël et étaient aussi utilisés pour le service sacrificiel.
Les empires sont des puissances impures qui dévorent de manière horrible. Pourtant, il y a aussi un aspect dans ces empires qui les rend comparables à un bélier et à un bouc, ce qui indique qu’ils sont agréables à Dieu. En effet, ils accomplissent la volonté de Dieu en accomplissant son œuvre. Cette œuvre consiste à exécuter son jugement, d’abord et avant tout sur son peuple, mais aussi sur le peuple qui a exécuté son jugement, parce que ce peuple est allé plus loin que Dieu ne le voulait.
Cyrus, le chef de l’empire des Mèdes et des Perses, est appelé l’oint de Dieu (Ésa 45:1a). Il exerce la discipline de Dieu et prend aussi soin de son peuple. Nous trouvons cela aussi dans le livre de Zacharie où les chevaux noirs qui se dirigent vers le nord ont apaisé l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire qu’ils font sa volonté (Zac 6:6-8). Ainsi, dans ce chapitre, le bouc est agréable à Dieu lorsqu’il détruit le bélier. Mais il perd cette faveur lorsqu’il s’élève.
1 - 2 Temps et lieu de la vision
1 La troisième année du règne de Belshatsar le roi, une vision m’apparut, à moi, Daniel, après celle qui m’était apparue au commencement. 2 Et je vis dans la vision ; et il arriva, quand je vis, que j’étais à Suse, le palais, qui est dans la province d’Élam. Et je vis dans la vision, et j’étais près du fleuve Ulaï.
Lorsque Daniel reçoit la vision, il se trouve encore sous le règne du roi de Babylone, tandis que la vision concerne le jugement des Mèdes et des Perses par les Grecs. Il voit donc déjà à l’avance que le deuxième empire sera conquis par le troisième. La vision qu’il reçoit fait suite à la précédente, celle des quatre empires dans le chapitre précédent. Cela s’est passé deux ans auparavant (Dan 7:1), mais il s’en souvient bien. Parmi ces quatre empires, le deuxième et le troisième, qui sont ceux des Mèdes et des Perses et de la Grèce, sont maintenant examinés de plus près (versets 20-21).
Lorsque Daniel a cette vision, il ne se trouve pas à Babylone, mais à Suse, le palais, dans la province d’Élam. Suse est la capitale de la province d’Élam, qui devait être située à l’ouest de la Perse, à l’est de Babylone et au sud de la Médie. Dans la vision, Daniel se trouve près du fleuve Ulaï. D’autres visions sont aussi associées à un fleuve (Dan 10:4 ; Ézé 1:1 ; Psa 137:1). Ici, le fleuve Ulaï est l’endroit où Daniel voit le bélier.
3 - 4 Le bélier et son action
3 Et je levai les yeux, et je vis ; et voici, un bélier se tenait devant le fleuve, et il avait deux cornes ; et les deux cornes étaient hautes, et l’une était plus haute que l’autre, et la plus haute s’éleva la dernière. 4 Je vis le bélier frappant vers l’occident, et vers le nord, et vers le midi ; et aucune bête ne pouvait tenir devant lui, et il n’y avait personne qui puisse délivrer de sa main ; et il fit selon son gré, et devint grand.
Dans la vision, Daniel est un spectateur attentif. Il n’est pas passif, mais impliqué. Cela ressort de la remarque « je levai les yeux ». Il voit un bélier se tient devant le fleuve, avec deux cornes. Une corne est une image de pouvoir. Quand une corne est brisée, cela signifie la fin du pouvoir. Il voit aussi que les deux cornes sont hautes, qu’il y a une différence de hauteur et que la hauteur de l’une varie par rapport à l’autre. Nous avons aussi vu cela chez l’ours, qui se dresse sur un côté (Dan 7:5).
Nous n’avons pas besoin de deviner la signification du bélier. L’explication se trouve au verset 20 : le bélier « qui avait deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse ». C’est un seul bélier avec deux cornes. Cela représente un seul empire, avec deux pouvoirs distincts.
J’étais dans l’incertitude quant à l’explication de « l’une était plus haute que l’autre, et la plus haute s’éleva la dernière ». J’ai demandé à Gerard Kramer s’il pouvait m’aider. Je le connais comme un enseignant biblique et historien fidèle et compétent, et je le consulte souvent. Je transmets volontiers ce qu’il m’a écrit, ce qui m’a permis de comprendre :
Les Mèdes et les Perses ont vécu pendant des siècles dans la même région. Les Mèdes ont d’abord dominé cette région, puis les Perses. Mais les deux peuples ont continué à y vivre ; les rôles étaient toutefois littéralement inversés. Le dernier roi des Mèdes, Astyages, avait, à son grand chagrin, seulement une fille, nommée Mandane. Il la fit épouser intentionnellement un Perse, nommé Cambyse, afin d’empêcher qu’une éventuelle descendance (son petit-fils) puisse prétendre au trône de Médie. La descendance arriva ; c’était le futur Cyrus, qui aurait d’abord porté un autre nom. Ce garçon était considéré comme Perse, car son père Cambyse était Perse, et il fut en outre abandonné à la naissance afin qu’il ne sache rien de ses origines royales. Cependant, lorsqu’il fut adulte, son identité fut révélée et il se révolta contre son grand-père Astyages ; il remporta la victoire et devint ainsi le premier roi perse. L’empire des Mèdes fut alors remplacé par l’empire des Perses.
Dans cet empire des Perses, gouverné par les rois perses, ceux-ci pouvaient parfois nommer des princes vassaux des Mèdes à la tête de certaines régions. Darius le Mède était l’un d’entre eux. Il « reçut la royauté » à l’âge de 62 ans, dit Dan 6:1 – selon certains, cette expression fait référence à la réception de la royauté des mains d’une autorité supérieure – dans ce cas, le roi perse Cyrus. En effet, selon Dan 9:1, il régnait sur la partie babylonienne. Cependant, Cyrus n’était pas seulement le plus puissant au début, mais il le resta : il régnait sur tout l’empire perse, tout comme ses successeurs continuèrent à le faire. Il n’y eut plus d’empire des Mèdes par la suite. L’empire des Perses fut anéanti par Alexandre le Grand.
D’ailleurs, les Grecs, qui ont combattu les Perses 100 ans avant Alexandre le Grand, ont toujours appelé ces guerres les guerres des Mèdes, bien qu’ils aient combattu deux rois des Perses ; cependant, nous les appelons les guerres des Perses. Je raconte cela uniquement pour montrer que les Mèdes sont toujours restés une constante reconnaissable dans l’empire dominé par les Perses.
En bref, l’essentiel est qu’au moment où les Mèdes et les Perses dominent le monde, les Perses sont au pouvoir, avec Cyrus à leur tête (Esd 1:2a). C’est à ce moment-là que, pour reprendre les termes de Daniel 7:5, l’ours se dresse sur un de ses côtés, ou, pour reprendre les termes de Daniel 8:3, une corne devient plus haute que l’autre.
Le bélier, l’empire des Mèdes et des Perses, était d’abord très puissant. Il exerçait son pouvoir contre Babylone, la Syrie, la Grèce et l’Asie Mineure à l’ouest, contre les Lydiens, les Arméniens et les Scythes au nord et contre Israël, l’Arabie, l’Éthiopie et l’Égypte au sud. Cet empire venait lui-même de l’est (Ésa 46:11a ; 41:2). Ces trois points cardinaux avec les régions qui s’y trouvent sont peut-être les trois côtes dans la gueule de l’ours (Dan 7:5). Son pouvoir était si grand que personne ne pouvait lui résister ni se libérer de son emprise. Dans toutes ses conquêtes, il n’avait aucune pensée pour Dieu. Il agissait uniquement dans son propre intérêt et semblait réussir dans ses desseins. Son pouvoir grandissait.
5 - 7 Le bouc et le bélier
5 Et je considérais, et voici, un bouc venant de l’ouest sur la face de toute la terre, et qui ne touchait pas la terre ; et le bouc avait une corne de grande apparence entre ses yeux. 6 Et il vint jusqu’au bélier qui avait les deux cornes, que j’avais vu se tenir devant le fleuve, et courut sur lui dans la fureur de sa force. 7 Et je le vis arriver tout près du bélier, et il s’exaspéra contre lui et frappa le bélier, et brisa ses deux cornes, et le bélier fut sans force pour tenir devant lui : il le jeta par terre et le foula aux pieds, et il n’y eut personne qui puisse délivrer le bélier de sa main.
Ce que Daniel voit le fascine beaucoup. Son attention ne faiblit pas. Il continue à observer attentivement et voit un bouc venir. Il remarque que le bouc vient de l’ouest. Ici aussi, nous n’avons pas besoin de deviner qui représente le bouc. Selon le verset 21, il s’agit de la Grèce. La Grèce est située à l’ouest de la Perse.
Depuis l’ouest, Alexandre a envahi à une vitesse fulgurante le puissant empire des Mèdes et des Perses. Il est présenté ici qu’il a, pour ainsi dire, envahi le deuxième empire d’un seul bond, sans toucher le sol. Sa force de frappe est telle qu’il brise les « deux cornes » de cet empire. Cela signifie que les deux empires, celui des Mèdes et celui des Perses, sont complètement affaiblis. Dans cet état d’impuissance, la Grèce piétine cet empire jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
La puissance exercée par la Grèce sous la conduite d’Alexandre est irrésistible. Personne dans le deuxième empire, autrefois si puissant, n’est assez fort pour lancer une contre-offensive. Il n’y a pas non plus d’empires amis ou d’alliés qui puissent venir à son secours. Alexandre écrase l’empire des Mèdes et des Perses en deux guerres. La puissance de la Grèce est absolue et mondiale. Il exécute le jugement sur l’empire des Mèdes et des Perses selon la volonté de Dieu. Le destructeur, l’empire des Mèdes et des Perses, est maintenant lui-même détruit (Ésa 33:1b). Alexandre n’en a pas conscience, mais il est un instrument entre les mains de Dieu pour exercer le jugement.
8 La grande corne et les quatre cornes
8 Et le bouc devint très grand ; et lorsqu’il fut devenu fort, la grande corne fut brisée, et quatre cornes de grande apparence s’élevèrent à sa place, vers les quatre vents des cieux.
Lorsque la Grèce détient le pouvoir, son empire ne cesse de s’agrandir. Cela ne concerne pas seulement l’étendue de son territoire, mais aussi son arrogance. Dans son arrogance, elle importe la culture grecque dans les territoires conquis, y compris en Judée. Cette introduction de la culture grecque dans tout son empire est appelée ‘hellénisation’, d’après le nom officiel de la Grèce, Hellas.
Puis vient le moment où « la grande corne », c’est-à-dire Alexandre le Grand, est brisée. Cela signifie qu’il meurt. L’histoire non consacrée nous apprend qu’il a commencé à faire la guerre à l’âge de 20 ans. À 32 ou 33 ans, il est devenu « très grand ». Il est dans la force de l’âge et au sommet de sa gloire. Mais Alexandre meurt soudainement. Il n’est pas tué à la guerre. On a attribué sa mort à une fièvre soudaine.
Comme il n’y a pas d’héritier légitime après la mort d’Alexandre, son empire est divisé entre ses quatre généraux qui obtiennent chacun le pouvoir sur une partie du grand empire. Ils sont symbolisé par les quatre cornes remarquables. Ces quatre cornes ont la même signification que les quatre têtes du léopard dans la vision de Daniel au chapitre précédent (Dan 7:6 ; 11:4).
Les quatre territoires sont répartis comme suit entre les quatre généraux :
1. Séleucos reçoit la Syrie à l’est,
2. Lysimaque reçoit l’Asie Mineure au nord,
3. Ptolémée reçoit l’Égypte au sud et
4. Cassandre reçoit la Macédoine à l’ouest.
9 - 12 La petite corne
9 Et de l’une d’elles sortit une petite corne, et elle grandit extrêmement vers le sud, et vers l’est, et vers le [pays] de beauté. 10 Et elle grandit jusqu’à l’armée des cieux, et fit tomber à terre une partie de l’armée et des étoiles, et les foula aux pieds. 11 (Et il s’éleva jusqu’au chef de l’armée ; et le [sacrifice] continuel fut ôté à celui-ci, et le lieu de son sanctuaire fut renversé. 12 Et un temps de détresse fut assigné au [sacrifice] continuel, pour cause de transgression.) Et elle jeta la vérité par terre, et agite, et prospéra.
Il ne faut pas confondre la petite corne qui apparaît ici avec la petite corne du chapitre précédent. La petite corne ici appartient au bouc et sort donc du troisième empire ; la petite corne du chapitre précédent sort du quatrième empire. Ici, il ne s’agit pas non plus d’une corne qui obtient une place indépendante en exterminant trois cornes, mais cette corne sortit de l’une des quatre cornes.
Cela signifie qu’un des quatre royaumes s’élève au-dessus des autres royaumes et s’empare du pouvoir. L’histoire non consacrée révèle qu’il s’agit de la partie syrienne de l’empire d’Alexandre le Grand. Le moment où cela se produit n’est pas précisé. La petite corne fait penser à Antiochus Épiphane. L’histoire nous apprend tellement de choses sur lui qu’il ne semble y avoir aucun doute à ce sujet.
Cet Antiochus Épiphane devient extrêmement grand. Dans sa soif de pouvoir, il s’étend vers le sud, en Égypte, vers l’est, en Perse, et vers « le [pays] de beauté », Israël. C’est ici qu’apparaissent le pays de Dieu et le peuple de Dieu, et c’est précisément ce dont il est question dans la prophétie. Les « étoiles » sont les chefs et les dirigeants du peuple. On sait qu’Antiochus a mis à mort l’un d’entre eux, Éléazar, un vieil homme, parce que celui-ci refusait de manger de la viande de porc. Il a ainsi foulé aux pieds beaucoup de gens. Il s’est aussi élevé contre « le chef de l’armée », c’est-à-dire contre Dieu.
Il montre son mépris pour Dieu en ôtant le sacrifice continuel, c’est-à-dire l’holocauste du matin et du soir. Dieu a ordonné que ces sacrifices soient offerts chaque jour sur son autel et que, grâce à ces deux sacrifices, Il habite au milieu de son peuple (Exo 29:38-46). Antiochus interdit ces sacrifices. En fait, Dieu est ôté au peuple. « le lieu de son sanctuaire » est aussi « renversé ». Antiochus ne brûle pas et ne détruit pas le temple, mais il le profane en le transformant en temple dédié à Jupiter Olympien et en y plaçant son image. Il jette également la vérité par terre, il foule aux pieds la parole de vérité, c’est-à-dire le livre de la loi. Il fait tout ce qu’il peut pour détruire tout, afin que tout soit perdu et oublié à jamais.
Dans tout ce que fait le méchant Antiochus, il prospère. Il réussit. Le service de Dieu semble ainsi avoir pris fin. Il n’est plus possible d’offrir des sacrifices, le temple est profané, le livre de la loi est rejeté. Dieu semble être le perdant. Mais Antiochus n’aurait jamais réussi si Dieu ne l’avait pas permis. Il n’aurait eu aucun pouvoir contre Israël si cela ne lui avait pas été donné d’en haut (cf. Jn 19:11). Tout se passe avec la permission et sous la direction de Dieu.
Antiochus est utilisé pour plonger le peuple de Dieu dans cette misère « pour cause de transgression ». À cause de la révolte du peuple de Dieu contre Dieu, à cause de l’apostasie de son peuple, un culte sacrificiel arbitraire est institué en substitution du véritable culte rendu au vrai Dieu. Le véritable culte de Dieu a été mis de côté par le peuple juif. Le jugement s’abat maintenant sur lui sous la forme de la substitution du culte du dieu principal grec Zeus. Lorsque le pays de beauté et toutes ses beautés sont détruits, il faut reconnaître que la cause de cette désolation est le péché. « Qui a livré Jacob pour être une proie, et Israël à ceux qui le pillent ? N’est-ce pas l’Éternel, celui contre qui nous avons péché ? Ils n’ont pas voulu marcher dans ses voies, et ils n’ont pas écouté sa loi » (Ésa 42:24).
La grande apostasie des Juifs après la captivité consiste en un mépris et une profanation des choses saintes, un mépris du service de Dieu. Cela se manifeste par le fait qu’ils offrent en sacrifice des bêtes boiteuses et malades. Par cette manière d’agir, ils disent qu’ils trouvent la table de l’Éternel méprisable (Mal 1:7-8). C’est pourquoi Dieu envoie Antiochus pour ôter le sacrifice continuel et renverser le lieu de son sanctuaire. Et c’est pourquoi on peut dire : « et agit, et prospéra. »
13 - 14 Jusqu’où … ?
13 Et j’entendis un saint qui parlait ; et un autre saint dit au personnage qui parlait : – Jusqu’où [va] la vision du [sacrifice] continuel et de la transgression dévastatrice, pour livrer le lieu saint et l’armée pour être foulés aux pieds ? 14 Et il me dit : – Jusqu’à 2300 soirs et matins ; alors le lieu saint sera purifié.
Après avoir vu l’action du bouc et surtout celle de la petite corne, Daniel entend « un saint » parler. Il s’agit d’un « personnage ». Aucun nom n’est mentionné. Il semble que nous ayons à nouveau affaire au Seigneur Jésus. Ce qu’Il a dit ne nous est pas communiqué. Puis nous entendons un autre saint, probablement un ange, Lui poser une question. La question est de savoir « jusqu’où » dureront les activités destructrices de la petite corne. L’ange répète les activités mentionnées dans les versets précédents. Cette question est posée en raison des souffrances que subissent les saints parce que le service de Dieu leur a été ôté. Combien de temps le sacrifice continu sera-t-il ôté, combien de temps Dieu ne recevra-t-Il pas son sacrifice quotidien ? Combien de temps durera l’apostasie ?
Il est remarquable que la réponse ne soit pas donnée à l’ange, mais à Daniel. C’est donc aussi la réponse à la question de son cœur. Il est le type du reste fidèle d’Israël qui posera cette question au temps de la fin, lorsqu’il soupirera sous la tribulation que lui infligera l’Antichrist, dont Antiochus est en quelque sorte une image.
La durée du sacrifice ôté n’est pas exprimée en jours – 1150 jours –, mais en soirs et matins. Cela a trait au sacrifice quotidien du matin et du soir (Exo 29:38-41), dont l’odeur doit monter continuellement vers Dieu et grâce auquel Il peut habiter au milieu de son peuple. Dieu compte selon les sacrifices qui Lui sont refusés. Les 2300 soirs et matins signifient autant d’holocaustes refusés à Dieu.
Dieu compte le temps de l’épreuve de son peuple en jours. Ainsi, le Seigneur Jésus, lorsqu’Il parle de la grande tribulation, parle de « ces jours-là » (Mt 24:21-22 ; cf. Apo 2:10). Mais ces jours ont une fin. Après leur expiration, le sanctuaire sera purifié et le peuple pourra à nouveau offrir les sacrifices prescrits. Bien que Dieu puisse, dans sa justice, permettre que son sanctuaire soit profané pendant un certain temps, Il veillera aussi à ce qu’il soit purifié en son temps.
15 - 18 Comprendre la vision
15 Et il arriva que, lorsque moi, Daniel, j’eus vu la vision, j’en cherchai l’intelligence ; et voici, comme l’apparence d’un homme se tint vis-à-vis de moi ; 16 et j’entendis la voix d’un homme au milieu de l’Ulaï ; et il cria et dit : – Gabriel, fais comprendre à celui-ci la vision. 17 Et il vint près du lieu où j’étais, et quand il vint, je fus effrayé et je tombai sur ma face ; et il me dit : – Comprends, fils d’homme, car la vision est pour le temps de la fin. 18 Or, comme il parlait avec moi, j’étais dans une profonde stupeur, ma face contre terre ; et il me toucha et me fit tenir debout à la place où j’étais.
Daniel n’est pas seulement un spectateur. Il vit ce qu’il voit. Il essaie de comprendre ce qu’il voit dans la vision. Puis il voit quelqu’un qui a « l’apparence d’un homme » et il entend une voix. C’est la voix d’un Homme. Il entend la voix « au milieu de l’Ulaï », comme si la personne flottait au-dessus de l’eau. L’Homme dont il entend la voix est le Seigneur Jésus. Il s’adresse à l’ange Gabriel que Daniel voit devant lui.
Le Seigneur Jésus charge Gabriel de faire comprendre la vision à Daniel. Gabriel change de place et se tient à côté de Daniel. En prenant cette place, il regarde dans la même direction que Daniel. C’est de cette position qu’il lui communiquera la signification de la vision. Mais Daniel est d’abord submergé par la peur et se jette à terre, le visage contre le sol. En tant qu’homme pécheur et mortel, il ne peut supporter la présence de cet ange saint et puissant qui lui apporte la présence de Dieu si proche de lui.
Alors que Daniel est ainsi prostré, Gabriel lui dit qu’il doit comprendre que « la vision est pour le temps de la fin ». Gabriel s’adresse à Daniel en tant que « fils d’homme », soulignant ainsi l’humanité de Daniel. Cela contraste avec ce qu’il a vu, car cela vient du ciel. Il dépend aussi d’un envoyé du ciel pour en obtenir l’explication. L’expression « le temps de la fin » désigne les derniers jours précédant la venue du Seigneur Jésus sur la terre. L’explication va au-delà de la vision. Il ne s’agit pas seulement de ce qui est déjà de l’histoire pour nous, mais il y a aussi une signification prophétique pour l’avenir.
Tout cela est trop pour Daniel. Il est dans une profonde stupeur, ma face contre terre, à cause de la faiblesse et de la confusion de son esprit. Ses forces l’ont abandonné (cf. Dan 10:9). Alors Gabriel le touche. Cela signifie qu’il donne à Daniel la force de se lever. Ensuite, il lui rend la place qu’il occupait auparavant. C’est la place où Gabriel s’était tenu à côté de lui.
19 - 25 L’interprétation de la vision
19 Et il dit : – Voici, je te fais connaître ce qui aura lieu à la fin de l’indignation ; car il y a un temps déterminé pour la fin. 20 Le bélier que tu as vu, qui avait deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse. 21 Et le bouc velu, c’est le roi de Javan ; et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi ; 22 et qu’elle ait été brisée et que quatre [autres cornes] se soient élevées à sa place, c’est que quatre royaumes s’élèveront de la nation, mais non avec sa puissance. 23 Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure, il s’élèvera un roi au visage audacieux, et expert en énigmes ; 24 et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance ; et il détruira merveilleusement, et il prospérera et agira ; et il détruira les [hommes] forts et le peuple des saints ; 25 et, par son intelligence, il fera prospérer la fraude dans sa main ; et il s’élèvera dans son cœur ; et, par la prospérité il corrompra beaucoup de gens ; et il se lèvera contre le prince des princes, mais il sera brisé sans main.
Gabriel commence son interprétation en promettant à Daniel qu’il lui fera connaître « ce qui aura lieu à la fin de l’indignation ». Il s’agit donc, dans l’application et l’explication, du temps de la fin. Celui-ci est appelé ici « l’indignation ». L’expression « indignation » est utilisée par Ésaïe pour désigner l’indignation de Dieu contre son peuple qui s’est détourné de Lui pour suivre l’Antichrist (Ésa 10:25 ; 26:20). C’est le temps de la grande tribulation.
Le fait qu’il s’agisse du temps de la fin signifie que l’interprétation va au-delà de l’avenir immédiat ou proche. L’avenir proche concerne la conquête par les Grecs de l’empire des Mèdes et des Perses. Nous le voyons dans la signification du bélier et du bouc. Ce qu’ils représentent est clairement dit. Nous entendons aussi parler d’une grande corne et des quatre cornes qui la remplacent. Le premier roi est Alexandre. À sa mort, son empire est divisé entre ses quatre généraux. Cette division signifie en même temps la fin de la puissance de l’empire grec. Aucune des quatre parties n’a eu le pouvoir qu’avait Alexandre.
Quand les quatre rois seront à la fin de leur pouvoir, « un roi au visage audacieux » se lèvera. C’est la petite corne, ou Antiochus Épiphane, mentionné précédemment. La raison de son avènement n’est pas en premier lieu la fin prochaine du règne des quatre rois, mais le comportement des transgresseurs. Il s’agit des transgresseurs du peuple de Dieu. Il arrive un moment où les Juifs dépravés ont comblé la mesure de leur iniquité (cf. Mt 23:32 ; Gen 15:16 ; 1Th 2:16). C’est alors qu’ils seront mûrs pour la désolation que Dieu fera venir sur eux par le biais d’Antiochus, en guise de châtiment. Outre la cruauté de ses actes, ce roi est aussi « expert en énigmes », ou : ‘habile dans les manœuvres sournoises’, ce qui indique la dépravation de son caractère. Il atteint ses objectifs en exerçant un règne de terreur et en recourant au mensonge et à la tromperie.
La grande puissance qu’il déploie ne lui vient pas de lui-même : « Sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance. » Il doit sa puissance à une autre puissance. C’est grâce à cette autre puissance qu’il est fort et qu’il réussit dans ses efforts pour semer la destruction. Il est évident que quelqu’un qui prend plaisir à semer la destruction est un instrument du diable. La remarque selon laquelle il agit « merveilleusement » le montre aussi. Quelqu’un dont on ne s’attend pas à ce qu’il soit aussi puissant et qui l’est pourtant, bénéficie de l’aide du royaume des ténèbres. Il a vendu son âme au diable qui le récompense par la « puissance ». Le diable utilise pour cela la Russie, le puissant empire situé au fond du nord, c’est-à-dire à l’extrême nord (Ézé 38:2-6,14-16 ; 39:1-2).
Le fait que la force motrice d’Antiochus soit le diable est aussi démontré par le fait qu’il veut surtout causer la perdition parmi le peuple de Dieu. Il le fera et il y parviendra. Nous savons que c’est parce qu’il est utilisé par Dieu, sans en être conscient, comme un instrument de châtiment entre ses mains. Cela ne l’innocente toutefois pas de ses actes profondément corrompus qui seront aussi jugés par Dieu, comme nous le lisons à la fin du verset 25. Dieu sait utiliser les mauvaises actions de l’homme, dont celui-ci est entièrement responsable, pour accomplir son dessein. Son dessein est le bien-être de son peuple et la glorification de son Fils par ce peuple.
« Les [hommes] forts» qu’il détruit sont les chefs d’Israël qui conduisent le peuple à l’apostasie. Il détruira aussi « le peuple des saints ». Malgré l’apostasie du peuple, l’Esprit de Dieu appelle ici ce peuple « le peuple des saints ». C’est ce que le peuple aurait dû être : un peuple mis à part de tous les peuples pour vivre uniquement consacré à Dieu. Cependant, parce qu’ils L’ont rejeté et se sont livrés à l’idolâtrie des nations, ils sont livrés par Dieu à leurs ennemis, ici en la personne du cruel et méchant Antiochus. Ce n’est pas une nouvelle manière d’agir de Dieu. Nous voyons plusieurs fois dans le livre des Juges que Dieu livre son peuple entre les mains de ses ennemis lorsqu’il s’égare. Il le fait afin qu’il revienne à Lui. Et quand il L’implore, Il lui envoie un sauveur.
Cela peut aussi arriver dans notre vie personnelle. Si nous nous égarons loin du Seigneur, il doit parfois nous livrer au pouvoir du péché. Nous apprenons alors par expérience la domination du péché. Cela nous permettra de nous souvenir combien il était bon de suivre le Seigneur et de Le servir. Nous entendons aussi le fils prodigue dire cela dans la parabole racontée par le Seigneur Jésus (Lc 15:17). La conséquence est que nous nous lèverons alors avec repentance pour avoir suivi une mauvaise voie. Nous pouvons savoir que le Père nous attend et nous prend dans ses bras lorsque nous revenons à lui.
Au verset 25, l’attention est à nouveau attirée sur sa ruse. Parce qu’il est rusé, il réussit à agir de manière trompeuse. Il sait bien cacher ses véritables intentions et exercer son pouvoir sur les autres. Son succès le rendra orgueilleux. Il se glorifiera de sa prospérité. D’une manière ou d’une autre, il réussira à prendre pied en Israël. Lorsque les Juifs croiront qu’ils n’ont rien à craindre de lui et qu’ils seront en paix, il frappera et en tuera beaucoup. Dans son orgueil, il osera même s’opposer au Seigneur Jésus, comme s’il pouvait aussi Le détruire. Mais il périra soudainement par la main de Dieu (Dan 2:45 ; Job 34:20).
26 - 27 L’effet sur Daniel
26 Et la vision du soir et du matin, qui a été dite, est vérité. Et toi, conserve la vision, car [elle est] pour beaucoup de jours. 27 Et moi, Daniel, je défaillis, et je fus malade quelques jours ; puis je me levai, et je m’occupai des affaires du roi. Et je fus stupéfié de la vision, mais personne ne la comprit.
Si nous devions donner un nom à cette vision, nous pourrions l’appeler ‘la vision du bélier et du bouc’. Mais ce n’est pas ainsi que l’Esprit de Dieu l’appelle. À la fin de la vision, l’Esprit de Dieu l’appelle « la vision du soir et du matin ». Nous pensons qu’il s’agit de la lutte entre les Grecs et les Mèdes et les Perses. Mais l’Esprit de Dieu dit qu’il s’agit en réalité du temps où Dieu se voit privé de son sacrifice répété deux fois par jour. C’est « vérité. » Nous n’avons pas à en douter.
Il s’agit ici de l’holocauste quotidien. Cela parle du Seigneur Jésus dans son œuvre à la croix qui était entièrement pour Dieu. Christ a glorifié Dieu parfaitement et en tout. Dieu souhaite que nous Lui disions ce que le Seigneur Jésus a été pour Lui à la croix. Nous pensons souvent à ce que le Seigneur Jésus a fait pour nous, aux conséquences de son œuvre pour nous. Mais pensons-nous souvent à ce que son sacrifice signifie pour Dieu ?
Daniel doit conserver la vision, il doit garder la vision secrète. En effet, elle n’est pas seulement importante pour l’avenir immédiat en rapport avec la venue de l’empire grec et en particulier de la petite corne (Antiochus Épiphane). Ce dont il s’agit en fin de compte, c’est du temps de la fin. Alors, ce que cette vision a révélé s’accomplira dans la grande tribulation, lorsque les ennemis tant extérieurs qu’intérieurs opprimeront le peuple de Dieu. L’ennemi (religieux) principal à l’intérieur est l’Antichrist. L’ennemi (politique) extérieur vient du nord, de Syrie, soutenu par l’ennemi du nord extrême, la Russie.
Après avoir vu la vision et entendu l’interprétation, Daniel est abattu. Il est malade, tant cela l’a profondément touché. Pour nous, c’est différent. Cela ne devrait pas nous rendre malades ni même nous surprendre qu’il y ait des dirigeants du monde qui ne veulent rien savoir de Dieu et qui persécutent son peuple (1Pie 4:12).
Ce qui devrait nous toucher, c’est la situation spirituelle des croyants. Sommes-nous conscients qu’il existe des puissances spirituelles qui s’introduisent parmi le peuple de Dieu pour le détourner de l’offrande quotidienne de sacrifices à Dieu ? De faux frères tentent de s’infiltrer et de vider la foi de son sens (Gal 2:4-5). Si un esprit de légalisme s’empare des croyants, cela signifie la fin des offrandes de louange et d’action de grâces à Dieu. Que cela puisse arriver devrait nous rendre malades.
À cause de tout ce que Daniel a vu et entendu, il est malade pendant plusieurs jours. Il a dû se déclarer malade auprès du roi. Nous voyons ici que les prophètes ne sont pas des machines qui reçoivent mécaniquement un message et le transmettent ensuite tout aussi mécaniquement. Les prophètes sont des saints hommes de Dieu qui sont poussés par l’Esprit Saint (2Pie 1:21). Ils n’ont pas compris tout ce qui leur a été dit et ne l’ont pas examiné exactement. Beaucoup de choses sont aussi restées un mystère pour eux, mais ils ont cru ce qui a été dit : « De ce salut, les prophètes qui ont prophétisé concernant la grâce qui vous était destinée se sont informés et enquis avec soin ; ils recherchaient quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, quand il rendait par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient. Et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous ont maintenant été annoncées par le moyen de ceux qui vous ont évangélisés par l’Esprit Saint envoyé du ciel, choses que les anges désirent regarder de près » (1Pie 1:10-12).
Chez Daniel, nous voyons que chaque vision a provoqué en lui de profonds exercices spirituels. Cela l’a conduit au jeûne et à la lecture de la parole de Dieu. Il en est de même pour nous. Nous ne pouvons pas grandir dans la grâce et la connaissance de la parole de Dieu si nous ne prions pas et s’il n’y a pas d’exercices spirituels. Dans le chapitre suivant, nous en verrons un autre exemple magnifique. La question qui se pose aussi pour nous est la suivante : quel effet a sur nous l’enseignement du Seigneur concernant les choses à venir ?