Introduction
Daniel 7 est le premier chapitre de la deuxième partie du livre. L’histoire ne se poursuit pas non plus, car nous retournons à la première année de Belshatsar (verset 1). Dans cette deuxième partie, nous avons quatre visions, la première en Daniel 7, la deuxième en Daniel 8, la troisième dans la dernière partie de Daniel 9 et la quatrième en Daniel 10-12. Elles sont toutes datées différemment. Elles traitent de la suite de l’histoire des empires et de ce que le petit peuple de Dieu y vivra. Daniel 7 et 9 traitent de l’Occident, l’empire de l’Europe occidentale, Daniel 8 et 10-12 traitent de l’Orient.
1 Le songe et les visions de Daniel
1 La première année de Belshatsar, roi de Babylone, Daniel vit un songe, et des visions de sa tête, sur son lit. Alors il écrivit le songe, et raconta la somme des choses.
Belshatsar est le dernier roi de Babylone, comme nous l’avons vu en Daniel 5. Au cours de la première année de son règne, Daniel voit un songe. Dans ce songe, il a plusieurs visions. Il lui est montré que l’empire de Belshatsar, l’empire babylonien, va périr. Il voit aussi un deuxième, un troisième et même un quatrième empire. Ces empires périront eux aussi. Le songe montre également clairement que l’empire éternel, celui du Seigneur Jésus, ne viendra pas pendant l’empire babylonien ou des Mèdes et des Perses, ni pendant le troisième empire, mais pendant le quatrième, l’empire romain.
Le fait qu’il y aura quatre empires qui périront tous lui a déjà été révélé en Daniel 2, dans le songe de Nebucadnetsar sur la statue. Il s’agit ici des quatre mêmes empires. Cependant, ils sont ici considérés sous un autre angle. Ce qui est nouveau, c’est que la vision n’est pas montrée à Nebucadnetsar, mais à Daniel. Cette fois-ci, les empires ne sont pas non plus représentés sous la forme d’une statue impressionnante, faite de métaux précieux, telle que les hommes aiment à les voir.
Dieu montre ici les empires tels qu’Il les voit, dans leur caractère corrompu, comme les bêtes sans raison. Les bêtes sont des créatures qui ne reconnaissent pas Dieu, des créatures qui n’ont aucune connaissance ni compréhension des choses divines. Dieu montre aussi ce que ces empires feront à son peuple lorsqu’ils se tourneront contre les saints dans leur manque de raison. Dieu veut parler à notre cœur par cela. Il veut montrer qu’Il connaît l’avenir et qu’Il est au-dessus des empires et de leurs aspirations. Il sait les utiliser pour son but : la purification de son peuple.
Comme dit, Daniel n’a pas une seule vision dans ce chapitre, mais plusieurs. En lisant le chapitre, nous en comptons trois. Nous voyons que trois versets commencent par une référence à une vision (versets 2,7,13) et que deux interprétations suivent (versets 16,23).
1. La première vision, qui commence au verset 2, concerne les trois premiers empires, représentés par trois bêtes.
2. La deuxième vision, à partir du verset 7, concerne la quatrième bête ou empire.
3. La troisième vision se trouve aux versets 13-14 et concerne le royaume éternel, c’est-à-dire le royaume du Fils de l’homme.
4. À partir du verset 16 suit une première interprétation, puis une deuxième à partir du verset 23.
Daniel écrit son songe. Il consigne ce qu’il a vu, c’est-à-dire, comme il le dit lui-même, « la somme des choses ». Après avoir fait son songe, il y a réfléchi et a médité sur sa signification. C’est ce que l’Éternel lui a mis dans l’esprit. Cela lui a permis de noter tout ce qui est important et en expliquer la signification. Ainsi, cela a été conservé pour les générations futures et aussi pour nous.
2 - 3 L’origine des bêtes
2 Daniel prit la parole et dit : – Je voyais dans ma vision de nuit, et voici, les quatre vents des cieux se déchaînèrent sur la grande mer. 3 Et quatre grandes bêtes montèrent de la mer, différentes l’une de l’autre.
Daniel raconte qu’il a vu dans sa vision quatre grandes bêtes monter de la grande mer. La grande mer représente la masse agitée des peuples (Ésa 17:12). Cette image montre que quatre empires surgissent successivement de la mer des peuples de l’époque. Les quatre vents symbolisent les puissances spirituelles qui sont à l’origine de cette agitation. Ce sont les puissances spirituelles dans les lieux célestes.
Les versets suivants décrivent le développement des quatre empires mondiaux. Peu de mots sont consacrés aux trois premiers empires. Le quatrième empire, en revanche, est décrit en détail.
4 - 6 Les trois premières bêtes
4 La première était comme un lion, et elle avait des ailes d’aigle. Je vis jusqu’à ce que ses ailes soient arrachées, et qu’elle soit soulevée de terre, et mise debout sur ses pieds, comme un homme ; et un cœur d’homme lui fut donné. 5 Et voici une autre, une seconde bête, semblable à un ours, et elle se dressait sur un côté. Et [elle avait] trois côtes dans sa gueule, entre ses dents ; et on lui dit ainsi : – Lève-toi, mange beaucoup de viande. 6 Après cela, je vis, et en voici une autre, – comme un léopard ; et elle avait quatre ailes d’oiseau sur son dos ; et la bête avait quatre têtes ; et la domination lui fut donnée.
Le premier empire apparaît sous la forme d’un lion. Cela représente l’empire babylonien (Jér 50:17 ; 4:6-7,13 ; 49:19,22). Le lion a des ailes d’aigle. Cela fait référence à la vitesse fulgurante avec laquelle la bête fond sur sa proie. Mais ces ailes lui sont aussi arrachées. L’expansion rapide de son pouvoir prend fin. Le fait que cet empire soit ensuite comparé à un homme montre qu’il est ramené à sa véritable insignifiance. Son pouvoir est révolu.
Le deuxième empire apparaît sous la forme d’un ours. Il représente l’empire des Mèdes et des Perses. La dualité de cet empire est indiquée par la particularité que la bête« se dressait sur un côté ». Cela signifie qu’il y a un parti dominant dans cet empire bipartite. Ce sont les Perses. C’est Cyrus, le Perse, qui fait une proclamation dans tout son royaume concernant le retour des Juifs à Jérusalem (Esd 1:1). Les trois côtes que l’ours tient dans sa gueule peuvent représenter les trois points cardinaux et les régions qui s’y trouvent, occupées par les Mèdes et les Perses (Dan 8:4). Cet empire a une soif insatiable de nouvelles conquêtes. Il est poussé à cela par une puissance extérieure.
Le troisième empire est l’empire grec et apparaît sous la forme d’un léopard. Le léopard est une bête extrêmement rapide. Il symbolise la rapidité avec laquelle l’empereur de l’empire grec, Alexandre le Grand, a conquis l’empire précédent. Son règne n’a duré que treize ans, de 336 à 323 av. J.-C., mais en peu de temps, il a conquis tout l’empire des Mèdes et des Perse et bien plus encore. Il n’a que 23 quand il meurt.
Ce léopard a quatre ailes et quatre têtes. Cela semble indiquer qu’Alexandre a pu mener à bien ses conquêtes rapides grâce au soutien de ses quatre généraux (quatre ailes). Après sa mort, ces quatre généraux se sont partagé son empire. Les quatre têtes représentent ces généraux en tant que dominateurs, chacun recevant l’autorité sur un quart de l’empire. Alexandre est toutefois le chef de l’empire. C’est à lui que le pouvoir est donné.
7 - 8 La quatrième bête
7 Après cela je vis dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer : elle dévorait et écrasait ; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds. Et elle était différente de toutes les bêtes qui étaient avant elle ; et elle avait dix cornes. 8 Je considérais les cornes, et voici une autre corne, petite, monta au milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant elle. Et voici, [il y avait] à cette corne des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche prononçant de grandes choses.
Le quatrième royaume apparaît enfin sous la forme d’une bête effrayante. Cette caractéristique effrayante est aussi mentionnée en relation avec le fer de la statue (Dan 2:31). Cette bête n’a pas de nom. Il ne ressemble à aucune des bêtes créées par Dieu. Daniel ne peut que la décrire. La description donne l’impression que nous avons affaire à une machine qui dévore sans pitié tout ce qui se trouve à sa portée.
Elle ressemble à une bête qui n’apparaît que dans les cauchemars, mais auquel des personnes sans scrupules donnent aujourd’hui forme dans divers jeux vidéo. Tous ceux qui cherchent leur divertissement dans des jeux où un monstre dévore et écrase tout, reconnaîtront de moins en moins le caractère effrayant du monstre qui apparaîtra bientôt sur la scène mondiale.
Le monstre a dix cornes, ce qui fait référence aux dix parties de l’empire. Le premier empire est une unité, le deuxième empire se compose de deux parties et le troisième empire est divisé en quatre parties. Cependant, la différence entre les trois premiers empires et le quatrième empire n’est pas seulement numérique. La différence réside surtout dans le fait que ce quatrième empire n’a jamais été composé de dix parties au cours de son histoire, contrairement aux empires précédents qui étaient unis ou composés de deux ou quatre parties. Mais comme nous l’avons déjà vu en Daniel 2, cette division en dix parties deviendra une réalité dans un avenir (proche). Nous en voyons les prémices dans l’unification de l’Europe.
L’attention de Daniel est attirée par les cornes. En les observant attentivement, il voit comment, au détriment de trois cornes, une onzième corne, petite, monte au milieu d’elles. Il remarque que cette petite corne a pour particularité de représenter un homme. Il perçoit des yeux comme ceux d’un homme et une bouche pleine de fanfaronnades. La personne représentée par cette corne est extrêmement perspicace et très présomptueuse dans son langage, qui vise en particulier Dieu, Christ et les croyants.
9 - 12 Un aperçu du tribunal de Dieu
9 Je vis jusqu’à ce que les trônes furent placés, et que l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure ; son trône était des flammes de feu ; les roues du trône, un feu brûlant. 10 Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement arriva, et les livres furent ouverts. 11 Je vis alors, à cause de la voix des grandes paroles que la corne prononçait, – je vis jusqu’à ce que la bête fut tuée ; et son corps fut détruit et elle fut livrée pour être brûlée au feu. 12 Quant aux autres bêtes, la domination leur fut ôtée ; mais une prolongation de vie leur fut donnée, jusqu’à une saison et un temps.
Daniel voit ensuite que « les trônes » (notez le pluriel !) sont placés. Un trône parle du gouvernement, mais aussi de la justice. À ce moment-là, Daniel, en tant que croyant de l’Ancien Testament, ne peut pas savoir qui prendra place sur ces trônes. Ils sont vaguement désignés par le terme « jugement » (verset 10). À la lumière du Nouveau Testament, nous savons qui ils seront. Le livre de l’Apocalypse montre que les croyants de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament seront assis sur ces trônes, représentés par 24 anciens (Apo 4:4 ; 20:4).
Daniel voit que quelqu’un prend place sur un trône particulier, à savoir « l’Ancien des jours ». « L’Ancien des jours » est Dieu. L’apparence et le comportement, représentés par le « vêtement » de cet Ancien des jours, indiquent qu’Il est parfaitement pur et saint. Sa personne rayonne d’une dignité irréprochable et puissante, qui est encore accentuée par « les cheveux de sa tête », qui sont « comme de la laine pure ». La description de l’Ancien des jours correspond à celle du Seigneur Jésus en tant que Fils de l’homme (Apo 1:13-15). C’est l’une des nombreuses preuves dans l’Écriture que le Seigneur Jésus est Dieu.
Les caractéristiques du trône de l’Ancien des jours indiquent un jugement consumant qui est exercé sans aucune clémence et sans qu’aucune résistance ne soit possible. D’innombrables anges sont à son service pour exécuter le jugement. Avant que le jugement ne soit exécuté, les preuves de sa justice sont fournies. Les livres sont ouverts. Dans ces livres, les accusations sont consignées sans erreur (cf. Apo 20:12). Aucun des jugés n’aura de raison de contester ou de réfuter la raison de sa condamnation. Personne n’aura de défense (Mt 22:12).
Les roues du trône indiquent que le gouvernement de Dieu est dynamique. Le fait que ces roues soient un feu brûlant signifie qu’Il juge l’injustice. Il est le Dieu qui agit. Le gouvernement de Dieu est en mouvement, un mouvement qui va toujours de l’avant. Dieu a un but, Il travaille toujours dans ce sens. Pour cela, Il détermine le cours de l’histoire et des événements. Il est Celui qui est et qui était, et aussi Celui qui vient, en qui nous voyons son action (Apo 1:8).
Le procès se concentre sur « la corne » qui prononce « de grandes paroles ». Ces grandes paroles sont la raison de sa condamnation. Elles sont l’expression d’un rejet total de Dieu et d’une calomnie envers Dieu. C’est pourquoi la bête est tuée. Remarquez le passage de la corne à la bête. La corne et la bête représentent la même chose. La corne est le dominateur, la bête est l’empire romain. Dans la corne, nous voyons le représentant de cet empire. Après que la bête a été tuée, son corps est détruit et jeté dans la mer de feu. Le fait que son corps soit détruit ne signifie pas que cette personne cesse d’exister. En effet, en tant que première créature vivante, la bête, tout comme le faux prophète, se retrouve en enfer (Apo 19:20).
En même temps que ce jugement sur la bête et le quatrième empire, le pouvoir des autres empires leur est aussi ôté. Les autres empires n’existaient plus en tant qu’empires. Ils avaient été absorbés par les empires suivants. Cela signifie qu’ils n’avaient pas complètement cessé d’exister. Ils existaient encore en tant qu’empires, mais sans domination. Dieu a fixé la durée de chaque empire.
À la fin du temps, le temps dans lequel nous vivons, nous voyons ces royaumes reprendre leur place sur la scène mondiale. Dans l’Irak actuel, l’ancienne Babylone revit, l’Iran est l’ancienne Perse et la Grèce parle d’elle-même.
13 - 14 Le Fils de l’homme et son règne
13 Je voyais dans les visions de la nuit, et voici, [quelqu’un] comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. 14 Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, [un royaume] qui ne sera pas détruit.
Daniel continue à regarder, tendu. Il observe un nouveau phénomène, ou plutôt une nouvelle apparition qu’il décrit comme quelqu’un « comme un fils d’homme ». Cette personne n’est autre que le Seigneur Jésus. Dans les Évangiles, le Seigneur Jésus se désigne régulièrement comme « Fils de l’homme ». Quand Il dit au sanhédrin : « De plus, je vous dis : Dorénavant vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel », cela devient pour les principaux sacrificateurs et les anciens la raison de Le condamner : « Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore besoin de témoins ? [...] Il mérite la mort » (Mt 26:64-66).
Ces chefs corrompus du peuple savent très bien qu’Il cite Daniel 7:13. Pour eux, cela signifie – à juste titre ! – qu’Il se déclare Fils de Dieu. Mais leur corruption transparaît dans le fait qu’ils Le condamnent sur la base de ce témoignage. En d’autres termes, le Seigneur Jésus est condamné pour avoir rendu témoignage à la vérité de sa propre personne.
Que le Fils de l’homme en Daniel 7 désigne Dieu Lui-même, nous le voyons aussi dans sa venue « avec les nuées des cieux ». Dans l’Ancien Testament, la venue de Dieu vers son peuple, ou vers un autre peuple, s’accompagne souvent de nuées (Exo 13:21 ; Deu 33:26 ; Ésa 19:1). Le fait qu’Il se serve de nuages et s’entoure de nuages renforce l’impression de sa majesté.
Si donc le Fils de l’homme est Dieu Lui-même, comment peut-Il venir vers l’Ancien des jours, qui est aussi indéniablement Dieu, et recevoir le royaume de ses mains ? Dieu ne peut tout de même pas venir à Dieu pour recevoir quelque chose ? Nous avons ici un mystère qui ne peut être expliqué par la logique humaine. Cela a à voir avec le miracle inexplicable de Christ dans la gloire de sa personne depuis qu’Il est devenu Homme. Il est devenu Homme, sans cesser d’être Dieu.
Les Évangiles regorgent de preuves de l’insondabilité de sa personne. Un exemple : Celui qui, en tant qu’Homme véritable, est fatigué et dort à bord d’un navire, se révèle, lorsqu’Il est réveillé par des disciples effrayés, être le Dieu véritable et tout-puissant, qui fait taire les vents et les vagues d’un seul mot (Mc 4:38-39). Le lecteur attentif des Évangiles pourra compléter cet exemple par beaucoup d’autres. Concernant ce miracle relatif à sa personne, le Seigneur Jésus dit : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mt 11:27a). Ce qui ne peut être expliqué par les hommes, nous pouvons le croire et l’adorer.
Après avoir tué le petit corne, la quatrième bête, et mis fin au règne des autres bêtes, la voie est libre pour un royaume totalement différent avec un dominateur totalement différent. Le cinquième royaume et Celui qui en prendra la direction sont annoncés. Le dominateur de ce royaume se distingue de tous les dominateurs précédents par deux choses. Il est tout d’abord Celui à qui Dieu, en raison de la dignité de sa personne, donne la domination, l’honneur et la puissance royale. Mais Il n’est pas seulement digne, Il est aussi capable de régner sur tous les peuples. Dieu Lui soumet tous les peuples (Psa 8:7).
Non seulement sa personne, mais aussi sa domination ont des caractéristiques qui se distinguent complètement des dominations précédentes. Ainsi, sa domination n’est pas limitée à une partie seulement de la terre, aussi grande que soit cette partie, mais Il règne sur toute la terre et dans le ciel. « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Mt 28:18). Une autre caractéristique de son règne est qu’il est éternel. Il ne faillira pas dans l’exercice de son gouvernement. Personne ne s’opposera à Lui. Il n’y aura d’ailleurs aucune raison de le faire. Son gouvernement sera une bénédiction pour le monde entier. À tous égards, son gouvernement contraste énormément avec tous les gouvernements humains qui l’ont précédé !
15 - 16 Daniel veut connaître la vérité
15 Moi, Daniel, je fus troublé dans mon esprit au-dedans de mon corps, et les visions de ma tête m’effrayèrent. 16 Je m’approchai de l’un de ceux qui se tenaient là, et je lui demandai la vérité au sujet de tout cela. Et il me [la] dit, et me fit savoir l’interprétation des choses :
Ce que Daniel a vu ne l’a pas laissé indifférent. Nous pouvons nous poser la question suivante : ‘Est-ce que cela m’affecte si le Seigneur me montre comment les choses se passeront dans le futur ?’ Si Daniel n’en connaît même pas la signification, cela fait déjà une grande impression. S’il la connaît aussi, sa couleur est changée (verset 28). Les choses de Dieu ne s’adressent pas en premier lieu à notre intelligence, mais à notre cœur et à notre conscience. Dieu veut que ses communications opèrent en nous.
Daniel a été touché par ce qu’il a vu. Il ne comprend pas tout, mais il sait que cela vient de Dieu et que cela a un sens. Il veut connaître le vrai sens. C’est en posant des questions que l’on devient sage, mais nous n’obtenons de réponse que si nous posons nos questions dans la bonne disposition. Dieu ne répond pas si nous doutons de la justesse de sa parole. Nous obtenons une réponse lorsque nous reconnaissons que nous ne sommes pas capables d’expliquer le sens de sa parole. C’est l’attitude que nous voyons chez Daniel.
Daniel s’adresse à quelqu’un – cela est décrit de manière vague, mais il doit s’agir d’un ange – pour lui demander l’interprétation. Dans l’interprétation, un élément qui n’était pas présent dans la vision apparaît, à savoir les saints des [lieux] très hauts (verset 18) : le peuple de Dieu est impliqué.
17 - 18 Une première interprétation
17 – Ces grandes bêtes, qui sont quatre, sont quatre rois qui surgiront de la terre ; 18 et les saints des [lieux] très hauts recevront le royaume, et posséderont le royaume pour toujours, aux siècles des siècles.
La signification des quatre bêtes est simple. Elles représentent quatre rois qui surgiront de la terre. Au verset 3, il est dit qu’ils montèrent de la mer. L’interprétation confirme que la mer représente la mer des peuples. Il s’agit des peuples de la terre qui, tout comme la mer, sont en grande agitation. Il n’y a aucun repos. L’ange parle de la terre pour faire ressortir le contraste avec les saints des [lieux] très hauts qui sont dans le ciel. Le fait que la terre soit ici mentionnée comme l’origine de ces quatre rois ou royaumes met également en évidence le contraste avec le cinquième royaume qui viendra après les quatre autres. Ce cinquième royaume vient en effet du ciel et est gouverné par un gouvernement céleste.
Dans l’expression « saints des [lieux] très hauts », nous avons une indication concernant les saints de l’Ancien Testament dans leur état après la mort. Il est possible que Paul pense à ces saints lorsqu’il parle cinq fois des « lieux célestes » dans sa lettre aux Éphésiens (Éph 1:3,20 ; 2:6 ; 3:10 ; 6:12). Il peut parler de ce qui se trouve dans le ciel. Il y a des saints dans les lieux célestes. Ils ressusciteront lors de l’enlèvement de l’église et régneront avec le Seigneur Jésus pendant 1000 ans. Ils ne manquent pas le royaume. Ils le vivent du côté céleste.
Dans l’explication, Daniel apprend ensuite quelque chose qui ne se rapporte pas directement à son songe. Dans son songe, Daniel a vu comment le Fils de l’homme reçoit la domination. Cela n’est pas dit ici dans l’interprétation. Au lieu de cela, il est dit que les « saints des [lieux] très hauts » reçoivent la royauté. Ces saints sont les croyants qui ont consacré leur cœur à l’Éternel. Ils souffriront beaucoup, mais ils recevront aussi le royaume, ils auront une part dans le royaume. Ils entreront dans le royaume de paix du Messie. Cet ajout significatif implique que le Seigneur Jésus aura des co-régnants dans son règne futur.
19 - 22 Quelle est la signification de la quatrième bête ?
19 Alors je désirai savoir la vérité concernant la quatrième bête, qui était différente d’elles toutes, extraordinairement terrible : ses dents étaient de fer, et ses ongles, de bronze ; elle dévorait, écrasait, et foulait avec ses pieds ce qui restait ; … 20 et concernant les dix cornes qui étaient sur sa tête, et concernant l’autre qui montait, et devant laquelle trois étaient tombées, cette corne qui avait des yeux, et une bouche prononçant de grandes choses, et dont l’aspect était plus grand que celui des autres. 21 Je regardais ; et cette corne fit la guerre contre les saints et l’emporta sur eux, 22 jusqu’à ce que l’Ancien des jours vint, et que le jugement fut donné aux saints des [lieux] très hauts, et que le temps arriva où les saints possédèrent le royaume.
Avant d’en dire plus sur le règne des saints, Daniel veut connaître la véritable signification de la quatrième bête, des dix cornes et de la petite corne. Son intérêt se porte entièrement sur ces apparitions extraordinaires aux caractéristiques particulières. Il ne semble pas accorder d’attention particulière aux trois autres bêtes. Mais ce qu’il a vu en rapport avec la quatrième bête l’a profondément impressionné. Il en mentionne encore une fois en détail les caractéristiques effrayantes.
Cela le touche particulièrement, parce qu’il voit comment la petite corne combattent les saints. Il s’agit ici des saints sur la terre, et non pas ceux qui sont dans le ciel. Nous avons déjà vu dans la discussion des versets 7-8 que la petite corne représente le puissant dominateur de l’empire romain restauré. Ce dominateur dirige son hostilité contre les saints du peuple de Dieu. Les saints seront tués par la petite corne.
Mais son succès ne durera que tant que Dieu le permettra. Il est question d’un « jusqu’à ce que » (verset 22). La limite sera atteinte quand l’Ancien des jours, c’est-à-dire le Seigneur Jésus, vient. Il vient pour rendre justice aux « saints des [lieux] très hauts » qui ont été persécutés et tués par la petite corne. Au début, il semblait qu’ils étaient les perdants. Mais maintenant, le moment de vérité est venu. Dieu rend la justice publique. La grande injustice qui leur a été faite est réparée ouvertement par Dieu. Les saints prennent possession du royaume, ce qui signifie que ceux qui étaient persécutés à l’époque deviennent maintenant les dirigeants. Ils reçoivent un royaume, c’est-à-dire qu’ils obtiennent la souveraineté royale et règnent avec le Seigneur Jésus dans le royaume de paix.
Cela semble contredire les versets 13-14. Nous avons vu là que la royauté est donnée au Seigneur Jésus, alors qu’ici nous entendons que la royauté est donnée aux saints. La solution est que les saints des [lieux] très hauts sont des saints glorifiés qui régneront sur la terre avec le Seigneur Jésus. Ces saints sont les croyants de l’église, les croyants de l’Ancien Testament et les croyants qui seront sur la terre après l’enlèvement de l’église pendant la 70ième semaine d’année.
Dans ce gouvernement avec Christ, il y a toutefois une distinction entre les croyants de l’église et les autres croyants. Les croyants de l’église régneront dans le lien le plus étroit avec Christ en tant que son corps (Éph 1:10,22-23). Les autres croyants siégeront sur des trônes avec une autorité royale et gouverneront la terre en tant que représentants du grand Roi (Apo 20:4).
23 - 26 La signification de la quatrième bête
23 Il dit ainsi : – La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, qui sera différent de tous les royaumes, et dévorera toute la terre, et la foulera aux pieds et l’écrasera. 24 Et les dix cornes,… ce sont dix rois qui surgiront du royaume. Et un autre surgira après eux ; et il sera différent des premiers ; et il abattra trois rois. 25 Et il proférera des paroles contre le Très-haut, et il consumera les saints des [lieux] très hauts, et il pensera changer les saisons et la loi, et elles seront livrées en sa main jusqu’à un temps et des temps et une moitié de temps. 26 Et le jugement arrivera ; et on lui ôtera la domination, pour la détruire et la faire périr jusqu’à la fin.
Dans l’interprétation, les caractéristiques de la quatrième bête sont d’abord énumérées. La quatrième bête est le quatrième royaume, c’est-à-dire l’empire romain d’occident restauré, ou l’Europe unifiée. Dans les dix cornes sur sa tête, nous voyons d’une part l’unité de l’empire, qui d’autre part se compose de dix empires distincts. Aucun empire n’est aussi violent que celui-ci.
Et ensuite une autre corne surgit. Tout comme le quatrième royaume diffère des royaumes précédents, la dernière corne diffère des dix cornes. Les dix états, représentés par les dix cornes, remettront volontairement tout leur pouvoir entre les mains d’un seul dominateur, qui est la petite corne. C’est là la différence avec les royaumes précédents, qui ont tous été créés par la soumission des peuples. La différence entre la petite corne et les dix autres est qu’elle en éliminera trois et possédera un pouvoir sans précédent qu’elle exercera avec une colère sans pareille.
Avec ce pouvoir, ce dominateur se retournera de manière satanique contre Dieu et son peuple qui sera alors sur la terre. Il ne peut agir contre Dieu qu’avec sa bouche. Comme il ne peut atteindre Dieu par ses actes, il persécutera avec une joie satanique tous ceux qui appartiennent à Dieu afin de les exterminer et, ce faisant, de provoquer Dieu. À cette fin, il pensera changer les saisons et la loi d’une manière qui rendra impossible le service du vrai Dieu. Cela montre d’ailleurs qu’il ne s’agit pas de l’église, car le service de l’église à Dieu n’est pas régi par les saisons et la loi, mais est un service en esprit et en vérité (Jn 4:21-24). Aussi, l’église sera alors déjà dans le ciel.
Aussi ce fait de la fin des temps du changement des saison et de la loi jette aussi son ombre en avant. Nous pouvons l’appliquer aux voix qui, de nos jours, s’élèvent de plus en plus fort pour bannir de la société tout ce qui rappelle Dieu et Christ. L’intolérance envers tout ce qui est chrétien ne cesse de croître.
Parce que Dieu le permet, la petite corne pourra se retourner contre tous ceux qui se dressent sur son chemin, c’est-à-dire surtout ceux qui veulent servir Dieu. Pour cela, elle dispose d’un laps de temps certain, mais limité. Dieu fixe la limite (cf. Job 1:12a ; 2:6). Elle est indiquée ici par « un temps et des temps et une moitié de temps ». Cette période, aussi connue sous le nom de « grande tribulation » (Mt 24:21 ; Apo 7:14) ou « temps de la détresse » (Jér 30:7 ; Dan 12:1), dure trois ans et demi. Cela se reflète dans les termes utilisés, où « un temps » représente une année, « des temps » deux ans et « une moitié de temps » six mois (cf. Dan 9:27 ; 12:7 ; Apo 11:2-3 ; 12:6,14 ; 13:5).
Enfin, la fin du règne de cette personne anti-divine est annoncée à Daniel avec une clarté remarquable et sans détours. Il ne restera rien de toute sa fierté et de toute sa puissance. La voie est ainsi libre pour l’avènement d’un royaume totalement différent, tant en ce qui concerne son dominateur que son règne.
27 Le royaume éternel
27 Et le royaume, et la domination, et la grandeur des royaumes sous tous les cieux, seront donnés au peuple des saints des [lieux] très hauts. Son royaume est un royaume éternel, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront
Les fanfaronnades de la petite corne présomptueuse, le quatrième dominateur du monde, s’est tu. C’est maintenant au tour du « peuple des saints des [lieux] très hauts ». Ceux qui ont tant souffert et attendu si longtemps recevront « le royaume, et la domination, et la grandeur des royaumes sous tous les cieux ». Quelle récompense pour toutes les injustices subies ! Quelle récompense pour leur patience ! Quelle bénédiction de Dieu pour leur confiance en Lui !
Dieu tient ses promesses. Il remplit toutes ses promesses. Il le fait d’une manière impressionnante. Son peuple reçoit la domination promise sur la terre. Son peuple sera le centre de la bénédiction et le moyen par lequel toute la terre sera bénie. Toutes les nations honoreront son peuple pour cela. Tout mépris est passé et oublié.
Comme cela a déjà été souligné au verset 18, nous entendons parler de la domination des saints et non de celle du Fils de l’homme. Cela ne signifie toutefois pas que la domination des saints soit indépendante de celle du Fils de l’homme. À la fin de ce verset, il est question de « son royaume », c’est-à-dire le royaume du Seigneur Jésus. C’est uniquement parce que c’est son royaume qu’il est éternel. Tous ceux qui ont reçu de Lui le pouvoir de régner L’honoreront et Lui obéiront. Si son peuple règne, c’est par Lui. C’est Lui qui donne les instructions, c’est Lui le Souverain. Il est la véritable source de bénédiction. Tout ce que son peuple donne aux autres en bénédiction, c’est la transmission de la bénédiction qui vient de Lui. Comme Il est grand ! Il est digne de toute honneur et de toute adoration.
Il est important de souligner que la pleine signification de ce verset ne nous apparaît clairement qu’à la lumière du Nouveau Testament. Il y est question d’un règne de Christ avec ses saints (2Tim 2:12 ; Apo 2:26 ; 3:21 ; 5:10 ; 20:4). Il n’y a d’ailleurs aucune bénédiction qu’un croyant puisse recevoir en dehors de Christ. Toute bénédiction dont un croyant jouit, il la doit à Christ et ne peut en jouir véritablement qu’en communion avec Lui.
Cela vaut tout particulièrement pour l’église. Elle est le peuple de Dieu dans le Nouveau Testament. Chaque membre de l’église est béni « de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph 1:3). L’église est unie à Christ comme la tête (le chef) et un corps (Éph 1:22-23). L’une de ses bénédictions particulières, qui découle de son unité avec Lui, est qu’elle peut régner avec lui (Éph 1:10-11). Quand Il règne, elle règne pour ainsi dire automatiquement avec Lui. Il ne peut en être autrement. Comment la tête (le chef) pourrait-Il régner sans que le corps règne ?
28 L’effet de l’interprétation
28 Jusqu’ici, la fin de la chose. Quant à moi, Daniel, mes pensées me troublèrent beaucoup, et ma couleur fut changée en moi. Mais je gardai la chose dans mon cœur.
Daniel garde dans son cœur tout ce qu’il a appris. Ce n’est pas pour lui une connaissance théorique, une curiosité scientifique, mais il est intimement impliqué dans tout cela, cela imprègne son être. Si cela fait une impression si forte sur Daniel en ce qui concerne le peuple terrestre de Dieu, quelle impression cela devrait-il faire sur nous qui connaissons tellement mieux le Seigneur Jésus ? L’histoire du monde tourne autour de Christ et de son peuple. Son avenir et notre lien avec Lui devraient nous impressionner profondément et déterminer notre vision de l’histoire du monde et de notre vie.
Il s’agit de garder ces choses dans notre cœur et de montrer dans notre vie que nous avons compris ce que Dieu a révélé au sujet de l’avenir du monde, de son Fils et des siens.