Introduction
En Daniel 2, l’histoire des empires est révélée à Nebucadnetsar dans le songe de la statue. Daniel 7 relate aussi cette histoire, mais elle y est révélée à Daniel dans un songe et représentée par des bêtes. Les bêtes sont des créatures dépourvues d’intelligence et de relation consciente avec Dieu. La statue dans le songe de Nebucadnetsar correspond à sa conception du pouvoir et de la domination, à la manière dont l’homme voit les empires. Les bêtes dans le songe de Daniel montrent comment Dieu pense de ces empires, comment Il les voit.
Daniel 2 est d’une importance fondamentale pour comprendre la prophétie. Il contient une clé pour beaucoup d’autres prophéties. Le songe de Nebucadnetsar est très significatif, car il présente en bref toute l’histoire du monde avec, comme point culminant – et c’est là l’essentiel – l’établissement du royaume du Seigneur Jésus.
1 Nebucadnetsar rêve
1 Et en la seconde année du règne de Nebucadnetsar, Nebucadnetsar eut des songes, et son esprit fut agité, et son sommeil le quitta.
Dans le songe de Nebucadnetsar, Dieu lui montre l’histoire du monde. La manière dont celle-ci est révélée montre clairement que l’homme le plus puissant de la terre dépend du prophète de Dieu pour en comprendre la signification. Ce chapitre montre trois caractéristiques relatives à Nebucadnetsar :
1. Il a reçu son autorité d’en haut.
2. Il a reçu son autorité pour un temps déterminé.
3. Il dépend de personnes fidèles pour avoir l’intelligence.
2 - 12 Nebucadnetsar et ses conseillers
2 Et le roi commanda d’appeler les devins, et les enchanteurs, et les magiciens, et les Chaldéens, pour exposer au roi ses songes ; et ils vinrent et se tinrent devant le roi. 3 Et le roi leur dit : – J’ai fait un songe, et mon esprit est agité pour connaître le songe. 4 Et les Chaldéens dirent au roi, en araméen : – Ô roi ! que tu vives à toujours ! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en indiquerons l’interprétation. 5 Le roi répondit et dit aux Chaldéens : – La chose est par moi prononcée : si vous ne me faites pas connaître le songe et son interprétation, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en tas d’immondices ; 6 mais, si vous indiquez le songe et son interprétation, vous recevrez de ma part des dons, et des présents, et de grands honneurs. Indiquez-moi donc le songe et son interprétation. 7 Ils répondirent pour la seconde fois et dirent : – Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en indiquerons l’interprétation. 8 Le roi répondit et dit : – Je sais très certainement que vous voulez gagner du temps, parce que vous voyez que la chose est par moi prononcée ; 9 or, si vous ne me faites pas connaître le songe, il y a un seul et même décret pour vous ; car vous avez préparé une parole mensongère et perverse pour la dire devant moi, en attendant que le temps ait changé. C’est pourquoi, dites-moi le songe, et je saurai que vous pouvez m’en indiquer l’interprétation. 10 Les Chaldéens répondirent devant le roi et dirent : – Il n’existe pas un homme sur la terre qui puisse indiquer la chose que le roi demande ; c’est pourquoi aucun roi, quelque grand et puissant qu’il ait été, n’a demandé chose pareille d’aucun devin, ou enchanteur, ou Chaldéen ; 11 et la chose que le roi demande est difficile, et il n’existe personne qui puisse l’indiquer devant le roi, excepté les dieux, dont la demeure n’est pas avec la chair. 12 À cause de cela, le roi s’irrita et se mit dans une très grande colère, et commanda de détruire tous les sages de Babylone.
Ces versets dépeignent une scène qui montre le caractère tragique de la recherche d’explications sur les choses futures sans interroger Dieu. Nous voyons comment la sagesse des conseillers de Nebucadnetsar et son propre pouvoir sont révélés de manière désastreuse. Il en est toujours ainsi. Lorsque la sagesse et le pouvoir du monde sont mis à l’épreuve, la sagesse s’avère être un faux-semblant et le pouvoir totalement insuffisant pour obtenir ce qui est désiré. L’homme essaiera d’abord par tous les moyens à sa disposition de résoudre les énigmes de la vie et de l’avenir. Ce n’est que lorsqu’il s’avère qu’il n’y a pas de réponse satisfaisante de cette manière que l’on est enclin à écouter Dieu. L’échec de l’homme ouvre la voie à la révélation de la sagesse et du pouvoir de Dieu.
Nebucadnetsar veut connaître la signification de son songe. Il convoque tous ses conseillers, tous spécialistes dans le domaine de l’interprétation des songes, chacun avec son propre point de vue. Que le roi raconte son songe et ils lui en indiqueront l’interprétation. Le texte ne précise pas si le roi a vraiment oublié son songe ou s’il refuse simplement de le raconter. Cela n’a d’ailleurs pas d’importance. Ce qui compte, c’est que Nebucadnetsar leur raconte son songe et qu’ils lui trouvent une signification.
Il n’est pas inconcevable qu’il connaisse leurs interprétations alambiquées et qu’il sache comment ils manipuleront l’interprétation de son songe. Tant que cela lui convenait, il a toléré leurs revirements et leurs manipulations. Mais comme Dieu est à l’œuvre, il ne se contente pas cette fois-ci d’une explication plausible. Il veut connaître la signification exacte. Celui qui peut raconter le songe peut aussi être considéré comme digne de confiance pour l’interprétation.
Dieu utilise l’exigence du roi pour mettre en lumière la folie et l’incapacité de ses conseillers. Ceux-ci répondent qu’ils ne sont pas en mesure de raconter le songe du roi. Aux versets 10-11, ils donnent inconsciemment la bonne réponse : aucune créature ne peut satisfaire à l’exigence du roi. Ils reconnaissent ainsi leur défaite. Seuls les dieux peuvent révéler le songe, mais ils ne le font pas. Cette fois-ci, les savants ne peuvent pas tenir leurs prétentions, à savoir qu’ils sont en contact avec le monde supérieur. Seul le vrai Dieu peut révéler ce songe, car il vient de Lui. En démasquant ces gens, Il prépare Lui-même le chemin pour cela.
Non seulement les savants de Nebucadnetsar sont déshonorés, mais Nebucadnetsar lui-même est déshonoré dans son pouvoir. Ses menaces les plus graves sont impuissantes comme moyen de pression pour obtenir ce qu’il veut absolument savoir. Dans une colère impuissante, il fait exécuter ses menaces. Il commande de détruire tous les sages de Babylone.
13 - 18 Réaction de Daniel
13 Et un décret fut promulgué [portant] que les sages soient tués ; et on chercha Daniel et ses compagnons, pour les tuer. 14 Alors Daniel répondit avec prudence et avec sagesse à Arioc, chef des gardes du roi, qui était sorti pour tuer les sages de Babylone ; 15 il répondit et dit à Arioc, le grand officier du roi : – Pourquoi ce décret est-il si rigoureux de la part du roi ? Alors Arioc fit connaître la chose à Daniel. 16 Et Daniel entra et demanda au roi de lui accorder du temps pour indiquer au roi l’interprétation. 17 Alors Daniel s’en alla à sa maison et fit connaître la chose à Hanania, Mishaël et Azaria, ses compagnons, 18 pour implorer, de la part du Dieu des cieux, [ses] compassions au sujet de ce secret, afin que Daniel et ses compagnons ne soient pas détruits avec le reste des sages de Babylone.
Lorsque Daniel apprend qu’il risque d’être mis à mort, il n’élude pas le problème. Il s’informe d’abord de la raison pour laquelle on agit avec tant de précipitation. Daniel ne se laisse pas entraîner à agir de manière précipitée. Il se rend auprès du roi et demande un report. C’est courageux, car le roi a déjà ordonné de détruire les sages.
La manière dont Daniel s’adresse au roi témoigne de sa foi. Il promet au roi qu’il lui indiquera l’interprétation. Au verset 28, il témoigne que l’interprétation ne vient pas de lui-même, mais que c’est Dieu qui l’a révélée. À ce moment-là, Daniel ne sait encore rien du songe, mais il est conscient qu’il existe un Dieu « qui révèle les choses profondes et secrètes» (verset 22). C’est parce que Daniel a une foi vivante en Dieu et qu’il Lui fait une confiance inconditionnelle qu’il peut s’adresser ainsi au roi.
Il n’y a aucune arrogance dans ses paroles. Il n’est pas sûr de lui, mais demande un report. Il ne demande pas de report pour examiner toutes sortes de possibilités fantaisistes et élaborer des plans pour échapper au danger imminent. Il utilise ce report pour partager son détresse avec ses amis et prier ensemble (cf. Act 4:23-31). La foi conduit à la dépendance envers Dieu. Dans cette prière, une prière commune, ils prient « le Dieu des cieux ». Ils s’approchent de Dieu dans la disposition juste, sans prétendre être son peuple. Ils Lui implorent, afin qu’ils ne soient pas détruits.
19 - 23 Exaucement et louange
19 Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision de la nuit. Alors Daniel bénit le Dieu des cieux. 20 Daniel répondit et dit : – Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité ! car la sagesse et la puissance sont à lui, 21 et c’est lui qui change les temps et les saisons, qui dépose les rois et établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la connaissance à ceux qui connaissent l’intelligence : 22 c’est lui qui révèle les choses profondes et secrètes ; il sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure auprès de lui. 23 Toi, Dieu de mes pères, je te célèbre et je te loue, parce que tu m’as donné sagesse et puissance, et que maintenant tu m’as fait connaître ce que nous t’avons demandé, nous ayant fait connaître ce que réclame le roi.
La prière de Daniel et de ses amis est exaucée de manière impressionnante. Dans une vision de la nuit, Daniel voit exactement ce que Nebucadnetsar a vu dans son songe. L’interprétation lui est également donnée. Ici, on fait l’expérience de la parole : « Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance » (Psa 25:14). Ce que Daniel vit ici correspond à plusieurs égards à ce qu’a vécu Joseph, qui a aussi interprété plusieurs fois un songe (Gen 40:4-8,12,18 ; 41:15-16,25). Cependant, Daniel reçoit aussi la révélation du songe lui-même et pas seulement l’interprétation. Daniel et ses amis n’ont aucun doute quant à cette réponse de Dieu.
La première réaction de Daniel n’est pas de se précipiter vers le roi pour lui raconter le songe, mais de rendre grâces à Dieu. Il loue Dieu pour qui Il est, ce qu’Il fait et ce dont Il est capable. Tout changement vient de Lui. Il est important de le voir et d’en prendre conscience. Toute autorité vient de Lui. Il dépose les rois et les établit. Il donne aussi aux hommes la sagesse et la connaissance dont ils ont besoin.
Daniel n’est pas fier que le songe lui ait été révélé et non à ses amis. Il parle d’une réponse de Dieu à lui et à ses amis (« nous ») en réponse à une prière de lui et de ses amis (« nous »). Il n’y a aucune vérité que nous puissions considérer comme notre propriété privée. Ce que nous avons reçu appartient à tous ceux qui croient. Cela nous empêchera de nous glorifier de l’intelligence que nous avons reçue du Seigneur (cf. 1Cor 4:7).
24 - 30 Daniel devant le roi
24 C’est pourquoi Daniel entra auprès d’Arioc, que le roi avait établi pour détruire les sages de Babylone ; il alla, et lui parla ainsi : – Ne détruis pas les sages de Babylone ; conduis-moi devant le roi, et j’indiquerai au roi l’interprétation. 25 Alors Arioc fit entrer Daniel en hâte devant le roi, et lui parla ainsi : J’ai trouvé un homme, des fils de la captivité de Juda, qui fera connaître au roi l’interprétation. 26 Le roi répondit et dit à Daniel, dont le nom était Belteshatsar : – Peux-tu me faire connaître le songe que j’ai vu et son interprétation ? 27 Daniel répondit devant le roi, et dit : – Le secret que le roi demande, les sages, les enchanteurs, les devins, les augures, n’ont pu l’indiquer au roi ; 28 mais il y a un Dieu dans les cieux qui révèle les secrets et fait savoir au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera à la fin des jours. Ton songe et les visions de ta tête, sur ton lit, les voici : 29 Toi, ô roi,… tes pensées, sur ton lit, sont montées [dans ton esprit], concernant ce qui doit arriver dans la suite ; et celui qui révèle les secrets te fait savoir ce qui va arriver. 30 Et quant à moi, ce n’est pas par quelque sagesse qui soit en moi plus qu’en tous les vivants, que ce secret m’a été révélé : c’est afin que l’interprétation soit connue du roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.
Les circonstances, qui sont toutes entre les mains de Dieu, font que Daniel demande et obtient un report. Il se rend sans crainte auprès d’Arioch et lui dit de ne pas détruire les sages. Cette fois, cela ressemble plus à un ordre qu’à une demande. Si Dieu a révélé quelque chose, toute hésitation à l’accepter ou à le faire est une atteinte à sa crédibilité. Lorsque Daniel agit avec la certitude de la foi en ce que Dieu a révélé, Dieu confirme sa présence en ouvrant la voie au roi pour Daniel. Arioch conduit Daniel en hâte vers le roi.
Arioch présente Daniel au roi comme « l’un des fils de la captivité de Juda ». Cela souligne que seul ce peuple connaît le vrai Dieu et que Dieu ne révèle ses pensées qu’aux membres de ce peuple. Cela souligne aussi que le chef des nations dépend de ce peuple pour connaître la révélation de Dieu. Le roi doit savoir que la sagesse se trouve chez les fidèles de ce peuple, qui constituent un reste, même si le peuple dans son ensemble a échoué.
Nous voyons ici un principe général qui s’applique aussi aujourd’hui. La vérité concernant Dieu révélée en Christ ne se trouve que dans le christianisme. Pour connaître la vérité sur qui est Dieu, il faut être dans « l’assemblée du Dieu vivant », car elle est « la colonne et le soutien de la vérité » (1Tim 3:15), même si l’église a échoué. Dans la pratique, il faut être avec ceux qui reconnaissent avoir échoué et qui, comme un reste, veulent être fidèles à la parole de Dieu. En dehors de l’église du Dieu vivant, on ne peut parvenir à la connaissance de la vérité. Cela dénonce comme mensonge toute autre religion du monde.
Le danger est toujours grand qu’un homme s’élève sur sa connaissance de ce que Dieu a révélé. C’est pourquoi l’attitude de Daniel est si précieuse et exemplaire. Nous voyons en lui que la connaissance réelle et profonde des voies de Dieu ne rend pas orgueilleux, mais humble. Il ne s’attribue aucun mérite. Il déclare qu’il n’est pas plus intelligent que n’importe quel autre homme. Tout ce qu’il sait vient de Dieu et il Lui rend donc toute la gloire.
Le véritable but de ce que Dieu a révélé est de faire connaître à Nebucadnetsar « la colonne et le soutien de la vérité » et « ce qui doit arriver dans la suite » (versets 28,29). Il ne s’agit pas tant d’événements qui vont se produire dans un avenir immédiat, mais surtout de ce qui se passera au temps de la fin. Certes, le songe dit aussi quelque chose sur l’avenir proche de Nebucadnetsar. Mais il s’agit en particulier du temps de la fin. Nebucadnetsar ne voit en effet pas une statue qui grandit, mais une statue déjà achevée. Il voit ensuite la destruction de la statue par une pierre. Il voit cette pierre grandir et devenir une grande montagne (versets 34,35,44,45). L’accent est mis sur ce que fait et devient la pierre. Lorsque nous en arriverons à la discussion des versets concernés, nous en verrons la grande signification.
Il semble que Nebucadnetsar ait beaucoup réfléchi à l’avenir de son empire et que Dieu réponde aux pensées de son cœur par le songe (verset 30 ; cf. Ecc 5:2a). Dieu s’est adressé personnellement à Nebucadnetsar dans le songe : Il « te fait savoir » (verset 29). Contrairement à ce que constate Élihu au sujet du fait d’ignorer la parole de Dieu dans les songes (Job 33:14-15), Nebucadnetsar prête attention au songe et veut en connaître la signification. Il est un prince païen, mais il n’est pas comme tant de gens aujourd’hui qui ne se soucient pas de l’avenir et de leur propre avenir.
31 Le songe de Nebucadnetsar
31 Toi, ô roi, tu voyais, et voici une grande statue : cette statue était grande, et sa splendeur, extraordinaire ; elle se tint devant toi, et son aspect était terrible.
Dans son songe, Nebucadnetsar a vu une statue. D’après la description qui en est faite, ce n’est pas n’importe quelle statue, mais une « grande » statue. De plus, elle est « grande », c’est-à-dire « haute » et « sa splendeur, extraordinaire ». Elle a une apparence extraordinaire. L’ensemble est à la fois impressionnant par sa beauté et terrible par sa grandeur. Ceux qui la voient sont profondément impressionnés. La statue dégage une grande menace.
C’est ainsi que Nebucadnetsar a vu la statue. Elle correspond à sa vision d’un empire. Comme déjà mentionné dans l’introduction, cela diffère de Daniel 7. Là, les empires sont montrés à Daniel. Et comment les voit-il ? Comme des bêtes dévorantes. Daniel voit le caractère des empires tels que Dieu les voit, tandis que Nebucadnetsar n’en voit que l’apparence.
Nebucadnetsar voit la statue sous la forme d’un homme. La terre appartient à cet homme, c’est l’homme terrestre. La statue exprime l’autoglorification de l’homme. Nebucadnetsar voit les empires tels que l’homme aime les voir. L’homme qui se glorifie des résultats de ses propres efforts occupe une place centrale.
32 - 33 Les parties de la statue
32 La tête de cette statue était d’or pur ; sa poitrine et ses bras, d’argent ; son ventre et ses cuisses, de bronze ; 33 ses jambes, de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile.
La statue se compose de quatre parties faites de matériaux différents. Elle représente l’histoire de quatre empires successifs. Pourtant, il ne s’agit que d’une seule statue. Les empires peuvent s’alterner, mais l’idée principale est que l’autorité appartient aux nations, quel que soit la nation au pouvoir.
La description de la statue commence par la tête et se termine par les pieds. Les matériaux qui composent les parties du corps diminuent en valeur. Ils vont du plus cher au moins cher : de l’or à l’argent, puis au bronze et enfin au fer, ce dernier étant mélangé à de l’argile. Le fait qu’ils diminuent en valeur ne signifie pas qu’ils diminuent en taille, mais en pouvoir. Nous le verrons dans l’interprétation.
Il est remarquable que le dernier empire ne soit pas seulement représenté par les jambes de fer, mais qu’il soit encore plus bas, dans les pieds, qui sont composés de fer et d’argile. Cela signifie qu’à la fin de son existence (« ses pieds »), le quatrième empire aura un caractère différent de celui du début (« ses jambes »). Au début, il n’y a que du fer, c’est-à-dire qu’il y a un ensemble cohérent qui est dur comme le fer. La fin, cependant, sera incohérente, comme nous le voyons dans les pieds.
Dans l’explication de la statue, nous entendons soudain parler aussi des « orteils des pieds » (versets 41-42). Il devient alors clair que la dernière forme d’apparition de cet empire sera composée de dix empires unis en un seul, comme les orteils sont unis aux pieds.
34 - 35 La fin de la statue
34 Tu vis, jusqu’à ce qu’une pierre se détache sans [l’aide d’aucune] main ; et elle frappa la statue dans ses pieds de fer et d’argile, et les broya ; 35 alors furent broyés ensemble le fer, l’argile, le bronze, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle de l’aire [à blé] en été ; et le vent les emporta, et il ne se trouva aucun lieu pour eux ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne qui remplit toute la terre.
Toute la statue repose sur une structure de fer et d’argile. Cela montre à quel point elle est instable. La preuve en est fournie lorsque, sous les yeux de Nebucadnetsar, une pierre se détache et frappe la statue dans ses pieds. La pierre détachée a pour caractéristique particulière qu’elle se détache « sans [l’aide d’aucune] main ». Cela signifie qu’aucun homme ni aucun effort humain n’est impliqué, mais que c’est Dieu Lui-même qui détache cette pierre et produit ce résultat (cf. Job 34:20 ; Col 2:11).
À la suite de la collision entre la pierre et la statue, la statue ne tombe pas simplement, non, elle est complètement broyée par la pierre, il n’en reste rien. Tous les matériaux sont emportés par le vent comme s’il s’agissait de balle sur « l’aire [à blé] en été ». La statue est tellement broyée qu’il n’en reste plus rien.
Dans la dernière partie de son songe, Nebucadnetsar voit l’énorme contraste entre la disparition sans trace de la statue et ce qui arrive à la pierre. La pierre grandit tellement qu’elle finit par remplir toute la terre. Ce qui arrive à la statue s’accomplit juste avant l’établissement du royaume de paix où Christ régnera pendant 1000 ans. Juste avant l’avènement de l’éternité, quelque chose de similaire se produit. En effet, « la terre et le ciel s’enfuirent loin » de la face de Christ, qui est assis sur le grand trône blanc, « et il ne se trouva pas de place pour eux » (Apo 20:11).
La destruction de la statue contient aussi une leçon. Lorsque, à la fin des temps, dans les derniers jours, la statue sera détruite, cette destruction concernera toute la statue, c’est-à-dire tous les empires, et pas seulement le dernier. Chaque empire qui a conquis l’empire précédent a intégré en lui-même des éléments de l’empire conquis. Grâce à cela, quelque chose est tout de même resté après la désolation. C’est pourquoi tous les empires, dans ce qui en reste, sont détruits en même temps.
Quoi qu’on ait dit de la pierre, quelle que soit l’explication qu’on en ait donnée, il est clair que cette pierre n’a jamais rempli toute la terre et qu’elle ne la remplit toujours pas. La destruction des empires doit encore avoir lieu. Cela signifie – et c’est la leçon – que nous vivons toujours dans l’histoire des quatre empires.
Nous en arrivons maintenant à l’interprétation. Il est bon de se rappeler que nous n’avons pas besoin de l’histoire pour expliquer ce que nous lisons dans la parole de Dieu, mais que c’est l’inverse. Nous avons besoin de la parole de Dieu pour expliquer l’histoire. Rétrospectivement, l’histoire confirme toujours ce que Dieu a dit à l’avance dans sa Parole sur la façon dont les choses se passeront.
36 - 38 Le premier empire
36 C’est là le songe, et nous en dirons l’interprétation devant le roi. 37 Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ; 38 et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains et t’a fait dominer sur eux tous. Toi, tu es cette tête d’or.
Daniel a rendu le songe avec exactitude. La première condition posée par Nebucadnetsar est ainsi remplie. Il peut maintenant aussi avoir confiance dans l’interprétation. Daniel commence par la tête d’or. Il s’adresse à Nebucadnetsar avec le respect qui lui est dû. Puis il dit que le souverain a vu dans son songe celui qui lui a donné sa puissance. Tout ce qu’il est et tout ce qu’il possède, il ne le doit qu’à Dieu.
Daniel ne laisse aucun doute quant à l’identité de celui que représente la tête d’or. Il dit à Nebucadnetsar : « Toi, tu es cette tête d’or. » Par l’interprétation donnée par Daniel, Dieu fait savoir qu’Il a transféré à Nebucadnetsar, en tant que chef des peuples, la domination sur les nations.
Avec l’établissement de Nebucadnetsar comme tête des nations, « les temps des nations » (Lc 21:24) sont arrivés. Israël n’est plus dans le pays, Dieu n’y habite plus, le temple est vide. Dès l’instant où la gloire de l’Éternel a quitté le temple et le pays, Israël n’est plus le centre de la terre et de l’histoire. Une période entièrement nouvelle a commencé, dans laquelle le peuple est devenu « Lo-Ammi », ce qui signifie ‘pas mon peuple’ (Osé 1:9).
Dieu a ensuite donné son autorité à la tête des nations. Dieu va juger l’histoire selon les têtes des nations. L’empire de Nebucadnetsar est le premier grand empire après la mise à l’écart d’Israël. La grande différence avec l’époque où l’Assyrie et l’Égypte étaient des empires est qu’à cette époque, Israël était encore reconnu par Dieu comme son peuple.
Mais bien que Dieu ne puisse plus reconnaître Israël comme son peuple, Il est toujours en relation avec un reste. La première caractéristique de ce reste est la fidélité. Et ceux qui sont fidèles reçoivent l’intelligence des pensées de Dieu, de son mystère. Seuls auprès de ceux qui veulent vivre selon la parole de Dieu on peut trouver la connaissance des pensées de Dieu.
La lumière qu’ils possèdent ne vient pas non plus d’eux-mêmes, mais leur a été donnée par Dieu. Le monde ne peut trouver les pensées de Dieu qu’auprès de ceux qui restent fidèles à sa Parole. À travers le songe et l’interprétation de Daniel, Dieu explique clairement comment l’histoire du monde se déroulera après la mise à l’écart d’Israël.
39 Le deuxième et le troisième empire
39 Et après toi s’élèvera un autre royaume, inférieur à toi ; puis un troisième et autre royaume, de bronze, qui dominera sur toute la terre.
On fait aussi comprendre à Nebucadnetsar que son pouvoir n’est que temporaire. Jérémie fixe la durée de son royaume : trois générations régneront (Jér 27:7). Ensuite, son empire sera remplacé par d’autres empires. Ces autres empires aussi auront leur fin. Seul le dernier empire, le cinquième, sera éternel. C’est donc un empire particulier.
Le premier empire est donc Babylone, représenté par Nebucadnetsar. Mais trois autres empires suivront. Si Nebucadnetsar s’est déjà flatté de l’idée que son empire existera éternellement, ce qui est propre à tout souverain, son songe le détrompe. Son empire sera suivi d’un empire « inférieur » en valeur au sien, tout comme l’argent a une valeur inférieure à celle de l’or. L’argent symbolise le royaume des Mèdes et des Perses (Dan 5:28). Il s’agit d’un empire double, représenté par les deux bras.
Mais le royaume des Mèdes et des Perses aura aussi une fin. Un troisième empire émergera et dominera le deuxième. Le combat entre ces deux empires est décrit en Daniel 8. Nous y apprenons aussi que ce troisième empire est l’empire grec (Dan 8:21). En quelques années seulement, Alexandre le Grand conquiert l’énorme empire précédent et bien plus encore. Il est précisé que ce troisième empire est un empire « qui dominera sur toute la terre ». Alexandre a dû se plaindre qu’il n’y avait plus d’autre monde à conquérir. Il meurt à l’âge de 33 ans. Ses quatre généraux se partagent alors l’empire.
La diminution de la valeur des métaux symbolise la diminution du pouvoir des rois qui se succèdent. Ce cours des choses ne correspond pas à ce que prétend l’homme. Selon l’homme, tout va de mieux en mieux. Mais l’Écriture dit qu’il y a un déclin. Comme dit, ce déclin ne réside pas dans la grandeur des riches, mais dans le pouvoir exercé par les dominateurs de ces empires :
1. Nebucadnetsar est un dictateur absolu. Il règne sur tout (verset 38 ; Jér 28:14 ; 27:5-6).
2. Chez les Mèdes et les Perses, l’autorité du roi n’est pas absolue. Les dominateurs sont eux-mêmes liés par les lois de cet empire (Dan 6:9,16).
3. Dans le troisième empire, l’autorité du dominateur est encore moindre. Alexandre dépend du soutien de ses généraux.
4. Le quatrième empire, l’empire romain, est le moins absolu dans son règne. Les Césars règnent par la grâce du peuple. Nous voyons combien la voix du peuple est importante dans la crainte de Pilate que le peuple menace de le dénoncer à César (Jn 19:12-13).
40 - 43 Le quatrième empire
40 Et le quatrième royaume sera fort comme le fer. De même que le fer broie et écrase tout, et que le fer brise toutes ces choses, [ce royaume] broiera et brisera. 41 Et de la même manière que tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, le royaume sera divisé ; et il y aura en lui quelque chose de la dureté du fer, puisque tu as vu le fer mêlé avec l’argile grasse ; 42 et [comme] les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, le royaume sera en partie fort et sera en partie fragile. 43 Et de la même manière que tu as vu le fer mêlé avec de l’argile grasse, ils se mêleront à la semence des hommes, mais ils n’adhéreront pas l’un à l’autre, de même que le fer ne se mêle pas avec l’argile.
Le quatrième empire est l’empire romain
La preuve que le quatrième empire est l’empire romain se trouve principalement en Apocalypse 17. Nous y reviendrons plus en détail dans un instant. Mais nous devons d’abord attirer l’attention sur une autre preuve. Cette preuve réside dans la relation entre les empires et Israël. Il est remarquable que chacun des trois empires mentionnés jusqu’à présent ait régné sur Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont mentionnés. Un peuple n’a sa place dans la Bible que s’il est impliqué d’une manière ou d’une autre dans l’histoire du peuple de Dieu.
L’Écriture confirment que le quatrième empire, l’empire romain, a aussi régné sur Israël. Nous lisons au sujet du règne de l’empereur romain Auguste sur la Judée (Lc 2:1) et au sujet du règne de l’empereur romain Tibère (Lc 3:1). D’autres passages des Évangiles prouvent également la domination de Rome sur le pays d’Israël (Lc 20:22-24 ; Jn 11:48 ; 19:10,11,15). Il ne faut pas s’étonner de retrouver cela dans l’histoire. En 63 av. J.-C., Pompée conquit la Judée, qui devint alors une province romaine.
Les trois empires précédents sont décrits de manière relativement brièvement. La description de l’empire romain est en revanche très détaillée. Cette description, accompagnée de l’interprétation, fournit quelques détails qui montrent que cet empire est particulièrement intéressant. Et lorsque nous voyons que c’est dans cet empire que se déroule l’histoire de l’Europe, ces informations nous fascinent d’autant plus.
Deux phases
Dans le développement de l’empire romain, on distingue deux phases liées à la division de l’empire en une partie orientale et une partie occidentale. L’empire romain d’occident cesse d’exister en 476, lorsque Rome est détruite. Ce n’est qu’en 1453 que l’empire romain d’orient prend fin, lorsqu’il est conquis par les Turcs. De ces deux empires, c’est l’empire romain d’occident qui s’inscrit dans le cadre de la prophétie.
Cela nous amène à aborder un problème auquel nous devons nous préoccuper d’abords avant de poursuivre : comment la pierre peut-elle frapper la statue aux pieds, c’est-à-dire l’empire romain, si celui-ci n’existe plus ? Pour résoudre ce problème, on a imaginé que la pierre représentait le christianisme, qui a été fondé par Christ. Le songe de Nebucadnetsar se serait alors réalisé avec l’avènement du christianisme.
Mais l’avènement de Christ, et avec Lui le christianisme, n’a pas détruit l’empire. En ce qui concerne Christ, c’est le contraire qui est vrai. C’est l’empire qui a tué Christ. Mais le christianisme ne peut pas non plus être l’accomplissement. Le songe montre la destruction de la statue comme un événement soudain, après quoi la pierre remplit toute la terre. Qui oserait affirmer que le christianisme a soudainement envahi l’empire romain et a ensuite obtenu la domination totale sur le monde ?
Le quatrième empire est encore à venir
Cela signifie que ce quatrième empire doit encore venir. Mais comment est-ce possible ? Il a déjà existé et maintenant il n’existe plus, n’est-ce pas ? Nous trouvons la solution à ce problème en Apocalypse 17 déjà mentionnée. Nous y lisons à propos de la Bête, qui représente l’empire romain (Dan 7:7-8 ; Apo 13:1-11) : « La Bête que tu as vue était, et n’est pas et va monter de l’abîme » (Apo 17:8). Non seulement l’empire lui-même est divisé en deux parties, l’est et l’ouest, mais l’histoire de l’empire se compose aussi de deux parties, c’est-à-dire de deux phases. La première phase de l’empire appartient au passé, « il était ». Et maintenant, l’empire n’existe plus, « et n’est pas ». La deuxième phase est encore à venir, « et va monter de l’abîme ».
Il est clair que pour que la prophétie s’accomplisse, il faut que l’empire romain d’occident, qui a disparu, soit restauré. Cette restauration est encore à venir, mais cet avenir est très proche ! Au cours de l’histoire, différentes personnes ont tenté de restaurer cet empire dans sa gloire d’antan. De puissants souverains tels que Charlemagne, Charles Quint, Napoléon et Hitler ont tous tenté de le faire revivre par la violence. Ils ont échoué. L’empire ne sera donc pas établi par la violence et la conquête, mais parce que dix rois céderont volontairement leur pouvoir à un dictateur (Apo 17:12-13).
Les jambes, les pieds et les orteils
Nous trouvons déjà ces dix rois symboliquement représentés dans la statue. Si nous regardons à nouveau la partie de la statue qui représente l’empire romain, les jambes et les pieds, nous pouvons voir dans les deux jambes et les deux pieds aux dix orteils les deux phases de l’empire romain. Les deux jambes représentent les deux parties de l’ancien empire romain, à savoir l’empire romain d’occident et l’empire romain d’orient. Les dix orteils représentent la division future de l’empire.
Cela indique que cet empire, dans sa phase finale, sera composé de dix empires, selon les dix orteils (cf. Dan 7:24). Le futur empire sera composé de dix parties, chacune avec un roi, une situation que l’empire n’a jamais connue dans son existence antérieure. Si ces dix parties de l’Europe s’unissent volontairement, cet empire sera détruit par la venue de Christ, car c’est Lui, et personne d’autre, qui est représenté dans la pierre qui roule de la montagne.
Les orteils ne sont pas seulement faits de fer, mais de fer et d’argile. Cela indique une connexion entre quelque chose de dur comme le fer et quelque chose de fragile comme l’argile. Le fer et l’argile sont deux éléments qui, par nature, ne peuvent être mélangés. Ils conservent tous deux leurs propres caractéristiques. C’est un royaume à la fois dur et fragile. L’action est dure, mais il ne s’agit pas d’une unité compacte. Nous pouvons penser au principe démocratique qui est incompatible avec le pouvoir étatique autoritaire qui veut agir par la force militaire. Nous retrouvons ces éléments dans l’aspiration actuelle à une Europe unie.
L’argile représente aussi l’être humain, auquel nous pouvons associer l’individualisme, l’intérêt personnel, la liberté individuelle et la participation. Cela est également très présent en Europe. Nous voyons d’un côté le pouvoir de l’ensemble et de l’autre le maintien des intérêts nationaux.
Histoire
D’ailleurs, le déclin et finalement la chute de l’empire romain, autrefois si puissant, ont fait l’objet d’études approfondies de la part de nombreux historiens. Leur étonnement est à un autre niveau que celui de Jean. Nous avons déjà évoqué l’une des causes avancées pour expliquer la chute de l’empire romain, à savoir le christianisme. D’autres causes sont mentionnées dans un ouvrage édité par Donald Kagan, intitulé « Decline and Fall of the Roman Empire Why Did it Collapse? (« Déclin et chute de l’empire romain. Pourquoi s’est-il effondré ? »). Plusieurs historiens y prennent la parole. Après avoir mené leurs recherches, chacun arrive à sa propre conclusion. Et ces conclusions sont très diverses.
L’un attribue la chute à une lutte des classes, une lutte des esclaves contre la classe dominante. Un autre pense que les conditions climatiques en sont la cause. Il y aurait eu une période sans pluie, ce qui aurait entraîné de mauvaises récoltes et l’exode de la population. Cela aurait alors eu un effet sur la puissance de l’armée, car l’afflux de recrues aurait cessé en raison de l’exode de la population. Un autre encore estime que le métissage a pu contribuer au déclin. (Hitler a peut-être voulu se prémunir contre ce dernier aspect si l’on considère les mesures qu’il a prises pour maintenir et promouvoir une race germanique ou aryenne pure. L’idée de créer une race supérieure est venue de Heinrich Himmler, un proche collaborateur de Hitler).
Tous ces historiens se trompent dans leurs suppositions. L’Écriture est la seule source fidèle de l’histoire. L’Écriture décrit l’histoire aussi comme si tout devait encore arriver. C’est parce que l’Écriture est la parole de Dieu (Rom 9:17) et que Dieu déclare « dès le commencement ce qui sera à la fin » (Ésa 46:10).
44 - 45 Le cinquième empire
44 Et dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera pas à un autre peuple ; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours. 45 Ainsi tu as vu que, de la montagne, la pierre s’est détachée sans [l’aide d’aucune] main, et qu’elle a broyé le fer, le bronze, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver dans la suite. Et le songe est certain, et son interprétation est sûre.
Bien que Daniel ne mentionne pas le nombre dix – Jean le fait (Apo 17:12) – il parle bien de « rois » (verset 44). La richesse de tous ces rois prendra fin, car « le Dieu des cieux » établira un royaume qui sera éternel. Ce cinquième royaume est une substitution totale du quatrième et ne sera pas suivi d’un autre. Les royaumes précédents ont tous pris fin. Celui-ci n’aura pas de fin. Il met fin à tous les royaumes précédents et existe éternellement. Rien ni personne n’est capable de vaincre ce royaume. Il n’appartient pas à la statue et n’absorbe rien d’elle, contrairement aux royaumes précédents qui ont absorbé les royaumes qu’ils ont conquis.
La pierre, le dernier royaume, détruit complètement la statue et devient ensuite une montagne. Ce royaume n’est pas établi par un homme, ni par des mains humaines, mais par Dieu (cf. Héb 9:24a ; 2Cor 5:1). Ce royaume trouve son origine auprès de Dieu dans les cieux. Quand Jésus Christ établira son royaume, Il jugera d’abord toute la puissance de l’homme. La pierre est une image du Christ (Lc 20:17-18). En Daniel 7, nous verrons que le fait de détacher la pierre correspond à la seconde venue de Jésus Christ.
Dans son interprétation, Daniel utilise à plusieurs reprises les mots « tu as vu ». Il rappelle ainsi au roi ce qu’il a vu de ses propres yeux. C’est une emphase supplémentaire sur la vérité du songe et de son interprétation. Daniel conclut son interprétation en désignant « le grand Dieu » comme l’origine du songe et en déclarant que « le songe est certain, et son interprétation est sûre ». Tout ce qui vient de Dieu offre un soutien solide, tu peux t’y fier.
46 - 49 L’hommage de Nebucadnetsar
46 Alors le roi Nebucadnetsar tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et commanda de lui présenter une offrande et des parfums. 47 Le roi répondit et dit à Daniel : – En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et le révélateur des secrets, puisque tu as pu révéler ce secret. 48 Alors le roi éleva Daniel en dignité, et lui fit beaucoup de grands dons, et l’établit gouverneur sur toute la province de Babylone, et grand intendant de tous les sages de Babylone. 49 Et Daniel fit une demande au roi, qui établit Shadrac, Méshac et Abed-Nego sur les services de la province de Babylone. Et Daniel [se tenait] à la porte du roi.
Nebucadnetsar est profondément impressionné par l’interprétation de Daniel. Il l’a laissé parler sans l’interrompre. Il n’a aucun doute quant à son exactitude. Il sent qu’il a affaire à une puissance qui éclipse complètement la sienne. Le grand et puissant roi se prosterne devant Daniel et l’adore. La tête d’or rend un honneur divin à un pauvre exilé !
Il est inconcevable que Daniel ait accepté cet honneur divin, pas plus que l’offrande. Cela serait contraire à son caractère et à sa piété. Pierre refuse aussi cet honneur lorsque Corneille lui rend hommage, tout comme Paul et Barnabas lorsque les foules veulent leur offrir des sacrifices comme s’ils étaient des dieux (Act 10:25-26 ; 14:14-15).
Par ce que Nebucadnetsar dit sur Dieu, nous voyons qu’il n’est pas véritablement repentant et converti. Il loue le Dieu de Daniel. Malheureusement, cela ne signifie pas que ce Dieu est aussi devenu son Dieu.
Il rend un grand honneur à Daniel et le comble de présents. Daniel fait partager cet honneur à ses amis. Il leur a demandé de prier pour lui et avec lui afin d’obtenir une solution concernant le songe de Nebucadnetsar. Maintenant qu’il a été établi par Nebucadnetsar grand intendant de tous les sages, il utilise sa position pour accorder aussi certains privilèges à ses amis. La foi partage dans l’adversité comme dans la prospérité (cf. 1Cor 12:26).