Joël 4

Ce chapitre donne une image complète des événements des derniers jours. Tout d’abord, l’Éternel délivrera son peuple de ses ennemis. Seul Dieu peut rassembler les ennemis et les faire comparaître ensemble devant son tribunal. Il veillera à ce que chaque crime commis par les ennemis d’Israël contre son peuple soit puni de manière juste (versets 1-16a).

Pendant que les ennemis seront jugés, l’Éternel sera un refuge pour son peuple. Il habitera en sécurité auprès de Lui (versets 16b-17). Après le châtiment du peuple, Israël connaîtra une période de bénédictions abondantes (versets 18-20). Le centre d’où proviennent toutes les bénédictions est l’Éternel, qui demeurera sur Sion (verset 21). Cela garantit également que les bénédictions seront permanentes.

Juda et Jérusalem ont été piétinés, bafoués, massacrés au fil des siècles. À maintes reprises, différentes nations s’en sont emparées. Depuis le 14 mai 1948, un État propre, Israël, a vu le jour, mais la pression des nations est fortes, et sa dépendance vis-à-vis des États-Unis l’est aussi. Ce n’est pas encore un peuple qui attend tout de l’Éternel. Il s’appuie encore sur sa propre force et celle de ses alliés.

Cette manière d’agir selon leur propre intelligence et la pression exercée les amèneront à recevoir l’Antichrist, qui viendra en son propre nom et se présentera comme le Messie (Jn 5:43b). Ils placeront leur espoir en lui. Ils attendront de lui leur délivrance. Mais ce sera en vain. Les nations monterait contre Jérusalem et assiégerait la ville. La situation deviendra totalement désespérée, surtout pour les fidèles. Les fidèles seront menacés, en ce « temps de détresse pour Jacob » (Jér 30:7), menacés par des ennemis extérieurs et aussi par leurs compatriotes apostats qui suivent l’Antichrist.

Mais alors, le Seigneur Jésus viendra du ciel pour les délivrer. Son apparition marquera le tournant décisif dans l’histoire de Juda et de Jérusalem. Le destin de Juda et de Jérusalem basculera au moment où la détresse sera à son comble. Ensuite, le temps de la paix et de la bénédiction s’ouvrira immédiatement. Les versets suivants montrent tout ce que l’Éternel fera pour que ce temps arrive.

La « captivité » de Juda et de Jérusalem et la dispersion des dix tribus se poursuivent. La captivité de Juda et de Jérusalem signifie que, bien qu’ils aient leur propre État, ils ne sont pas vraiment libres. Ils sont tributaires du soutien des États-Unis, et il est également essentiel qu’ils entretiennent de bonnes relations avec l’Union européenne. Bien qu’il ne soit pas question ici de l’Israël des dix tribus, celles-ci partageront également les résultats de l’action du Seigneur Jésus. Elles aussi seront ramenées dans le pays.

En Joël 2, l’argument pour Israël pour demander à l’Éternel d’épargner son peuple est ce que diront les nations lorsqu’Il les livre à l’opprobre (Jl 2:17). Là, ils utilisent les paroles « ton peuple » et « ton héritage ». Ici, l’Éternel reprend en quelque sorte ces paroles et parle de « mon peuple et de mon héritage ». Ce que les nations ont fait au peuple et à l’héritage de Dieu constitue ici l’accusation portée contre elles.

La dispersion du peuple de Dieu et le partage du pays de Dieu constituent une atteinte à la propriété de Dieu. Les nations qui ont abusé de son peuple et de son héritage seront rassemblées par l’Éternel. Il leur montrera qu’Il n’a pas oublié toutes les injustices commises à l’encontre de son peuple et de son héritage. Les nations seront punies selon ce qu’elles ont fait au peuple de Dieu. Nous le voyons aussi en Matthieu 25, où le critère du jugement est aussi l’attitude adoptée envers les frères du Seigneur (Mt 25:40,45).

Le procès aura lieu dans la vallée de Josaphat. La manière dont Dieu y amènera les nations est décrite aux versets 9-12. Josaphat signifie ‘Yahvé juge’ ou ‘le sceptre de Yahvé’, ou ‘Yahvé rend justice’ ou ‘Yahvé est juge’. Dans la vallée qui porte ce nom, Il engage un procès contre les nations au sujet de son peuple qu’elles ont dispersé et de son pays qu’elles ont partagé.

On ne sait pas où se trouve la vallée de Josaphat. Il est peu probable qu’il s’agisse de la vallée de Beraca, où le roi Josaphat a vaincu l’ennemi (2Chr 20:25-26). Celle-ci n’est pas située près de Jérusalem. Comme le jugement final aura lieu près de Jérusalem, cette vallée doit se trouver quelque part près de Jérusalem. On a pensé à la vallée de Kidron, qui se trouve entre Jérusalem et la montagne des Oliviers. Elle est certes étroite, mais elle sera peut-être élargie par la division de la montagne des Oliviers (Zac 14:4). Une vallée est souvent le lieu où se déroule le jugement (Ésa 22:1,5 ; Ézé 39:11).

Nous voyons ici une autre accusation. Les nations ont réparti entre elles, par tirage au sort, les Judéens faits prisonniers lors de l’occupation de Jérusalem, et les ont vendus comme des marchandises (cf. Jug 5:30 ; Abd 1:11 ; Est 3:7). Les nations a ainsi traité Israël avec un mépris effroyable pour la dignité humaine. Il n’a pas vendu ses ‘esclaves’ pour s’enrichir, ni pour en tirer profit, mais uniquement pour assouvir ses désirs charnels.

Les ennemis d’Israël ont profité de la domination étrangère en s’appropriant les richesses et le pays d’Israël. Et les conquérants ont livré les habitants à leurs ennemis afin de pouvoir assouvir leurs passions les plus viles. Ils ont pris ce qui appartient à Dieu pour pouvoir se livrer à leurs excès. Ils ont payé les services d’une prostituée avec un jeune garçon juif.

Ce que Joël décrit ici s’est produit régulièrement au cours de l’histoire, notamment après la désolation de Jérusalem par Titus en l’an 70. Près d’un million et demi d’habitants de Jérusalem et de ses environs ont péri dans cette terrible bataille. Plus de 100 000 Juifs ont été faits prisonniers.

L’historien juif Flavius Josèphe décrit ainsi le traitement réservé à ces Juifs par Titus : ‘Tous ceux qui avaient moins de 17 ans ont été vendus publiquement ; de ceux qui restaient, certains ont été immédiatement tués, d’autres envoyés travailler dans les mines égyptiennes (ce qui était pire que la mort), d’autres furent retenus pour combattre des animaux sauvages dans les principales villes, comme attraction publique ; seuls les plus grands et les plus beaux furent épargnés pour participer au cortège triomphal vers Rom.’

C’était ainsi à l’époque. Les Juifs étaient vendus pour un peu d’orge. Des milliers d’entre eux ont ainsi été vendus. Et telle a été l’histoire de ce peuple à travers les siècles. Il n’y a pas si longtemps, ils ont été transportés en masse comme du bétail depuis toutes les régions d’Europe vers des camps de concentration pour y être gazés. Et l’histoire n’est pas encore terminée. Le « temps de détresse pour Jacob » (Jér 30:7) doit encore venir, un temps qui n’a pas existé depuis le commencement du monde jusqu’à présent (Mt 24:21). Mais le jour viendra aussi où l’Éternel vengera tout le mal qui a été fait à son peuple.

Les nations voisines d’Israël – Tyr, Sidon et Philistie – sont les premières à être mentionnées. On pose la question suivante à ces commerçants : « Que me voulez-vous ? » Une meilleure traduction serait peut-être : ‘Que m’avez-vous fait ?’ Ainsi, il apparaît plus clairement que ces nations doivent rendre compte de ce qu’elles ont fait au Seigneur en agissant ainsi envers Israël. C’est une question qui tombe du ciel comme une bombe sur les exploiteurs d’Israël. Elle montre clairement à quel point l’Éternel s’identifie à son peuple. Ce qui leur a été fait Lui a été fait. Zacharie en parle aussi (Zac 2:12b). Nous voyons ici à quel point cela est important pour l’Éternel.

Lorsque Paul s’appelait encore Saül, la question lui fut également posée depuis le ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Act 9:4). Et que faisait-il ? Il persécutait l’église. Là aussi, on retrouve cette identification du Seigneur dans le ciel avec son peuple sur la terre. Il y a toujours eu un lien entre le Seigneur dans les cieux et son peuple sur la terre. C’est le cas dans l’Ancien Testament, où il s’agit du lien entre l’Éternel dans les cieux et Israël, son peuple de l’alliance sur la terre. C’est aussi le cas dans le Nouveau Testament, où il s’agit du lien entre le Seigneur Jésus, tête dans les cieux, et l’église, son corps sur terre.

Si les nations veulent s’en prendre à la prunelle des yeux de Dieu, Israël, et donc à Dieu Lui-même, elles en subiront les justes conséquences. Le mal fait à Israël retombera sur leur propre tête. Ce que les nations manifestent à l’égard d’Israël n’est en réalité que la haine ancestrale de Satan contre Dieu. Satan veut toujours détruire ce qui appartient à Dieu et empêcher la réalisation des plans de Dieu.

Sa plus grande haine est dirigée contre Christ. Satan a toujours voulu empêcher sa naissance. L’histoire du livre d’Esther en est un exemple frappant. Dans ce livre, nous rencontrons Haman, l’adversaire et l’ennemi des Juifs, qui cherche à tuer tous les Juifs, à exterminer la race. Haman est par excellence un type, un exemple, de Satan et de ses intentions.

Ce vol ne concerne pas seulement l’argent, l’or et les trésors du temple, mais peut aussi concerner les biens privés, les possessions précieuses des Judéens. Toutes les possessions des Judéens, tout comme la terre, relèvent du droit de propriété de l’Éternel (Agg 2:8). Ainsi, tout ce qui leur a été ôté a été ôté à l’Éternel. L’injustice Le touche personnellement.

Ce que Tyr et Sidon ont fait au peuple est toujours d’actualité. On sait qu’ils entretenaient des relations commerciales avec les Grecs. On dit qu’ils faisaient le commerce d’hommes avec les Grecs (Ézé 27:13). En agissant ainsi avec le peuple de Dieu, ils ne se sont pas contentés de le transformer en marchandise. Cela est déjà suffisamment grave. Mais en les transportant si loin, ils les ont aussi transformés en personnes déracinées, religieusement et socialement, pour qui il est pratiquement impossible de retourner dans leur patrie.

Peu importe la distance à laquelle les marchands d’esclaves les ont déportés, l’Éternel ne les a pas perdus de vue. Il les ramènera. C’est un grand encouragement pour tous ceux qui sont dispersés. Où qu’ils se trouvent, l’Éternel les voit. Cela vaut aussi aujourd’hui. Même si un enfant de Dieu peut se sentir seul, le Seigneur sait où il se trouve et Il est avec lui. Il atteint son but avec chaque vie qui aspire à répondre à l’objectif que Dieu a pour cette vie.

La manière dont Il ramènera les dispersés des lieux où ils ont été vendus n’est pas mentionnée ici. Mais sa promesse suffit. Non seulement Il ne perd pas de vue les siens, mais Il ne perd pas non plus de vue les ennemis de son peuple – qui sont donc aussi ses ennemis. Il leur donnera, quoi qu’il arrive, la récompense qu’ils méritent pour avoir maltraité son peuple (cf. Jug 1:7).

L’Éternel livrera les nations ennemies entre les mains de son peuple. Par l’intermédiaire de son peuple, Il fera retomber sur ces nations le même mal qui a été fait à son peuple, comme un jugement. Ainsi, elles feront elles-mêmes l’expérience de ce qu’elles ont fait subir aux autres. Le fait que Dieu utilisera finalement son peuple, c’est-à-dire le reste qui croit au Messie, pour punir ses anciens ennemis, se retrouve à plusieurs endroits dans l’Écriture (Abd 1:18 ; Mic 4:13 ; Zac 12:5-6 ; Psa 149:6-9 ; Est 9:1). Cela montre clairement à quel point l’Éternel est attaché à son peuple.

Les nations sont appelées à se préparer à la guerre. Une fois encore, l’Éternel mobilise les nations. Elles peuvent une dernière fois donner libre cours à leur haine contre Jérusalem. C’est du moins ce que ressentent les nations à cet appel. Autrefois, l’Éternel agissait ainsi pour châtier son peuple lorsqu’il s’était égaré de Lui. Mais aujourd’hui, Il appelle les nations dans le but de les juger elles-mêmes. Ainsi, l’appel à la guerre est en réalité un appel qui mène à leur propre perte.

C’est pourquoi cet appel a quelque chose d’une ironie cachée. Cette fois-ci, les nations, avec leur nombre et leur force brute, ne serviront qu’à rendre le triomphe de Dieu encore plus éclatant. Son triomphe resplendira lorsqu’elles seront anéanties juste devant Jérusalem (Mic 4:11-13). Nous voyons la même chose en Ézéchiel 38-39, où les nations se préparent à marcher contre l’Éternel sans se rendre compte que l’Éternel les attire derrière Lui (Ézé 38:4a). Il le fait comme un fermier qui maîtrise un taureau et le conduit par un anneau dans son nez.

Les nations est appelées à une guerre totale. Rien d’autre ne doit avoir d’importance. Le travail ordinaire est abandonné et les outils utilisés pour l’accomplir doivent être transformés en armes de guerre (cf. Ésa 2:4 ; Mic 4:3). Nous pouvons comparer cela à ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). À l’époque, les objets usuels en différents métaux, en particulier en bronze, devaient aussi être remis pour la fabrication de munitions et d’autres armes de guerre.

Dans la bataille finale pour Jérusalem, tout le temps et tout le matériel disponibles seront utilisés pour porter le coup fatal à la ville. Le moral sera aussi fortement stimulé. On martèlera à chacun qu’il est un homme d’acier, un héros, capable de se battre pour une victoire certaine. Même les faibles, qui se retirent habituellement du combat, doivent se laisser emporter par l’enthousiasme de la psychose guerrière. Ils vont se ressaisir et dire : « Je suis fort ! », puis participer aussi à la guerre.

Ce verset contient deux appels adressés à deux destinataires différents. La première partie du verset est une incitation supplémentaire aux nations à se préparer et à se rendre au lieu où Dieu le veut. Selon les versets 2,12, ce lieu est la vallée de Josaphat.

La seconde partie du verset semble être un appel du prophète à Dieu. Lorsque le prophète voit en esprit les ennemis rassemblés devant Jérusalem, il s’écrie vers l’Éternel que le moment est venu d’exterminer toute cette multitude d’ennemis avec ses hommes forts. Après tout, Dieu a aussi ses hommes forts, n’est-ce pas ? Il peut les faire descendre. Par « tes hommes forts », on entend les anges. Le fait qu’ils « descendent » signifie qu’ils viennent du ciel. Les anges sont appelés « ses anges puissants en force» (Psa 103:20).

Compte tenu du contenu des versets précédents, nous pourrions s’attendre à ce que la bataille éclate maintenant. Mais rien n’est moins vrai. Soudain, l’image revient à celle d’un procès, comme annoncé au verset 2. Là, l’Éternel est davantage l’accusateur, tandis qu’ici, au milieu de toute l’agitation des nations, se profile l’image de la majestueuse tranquillité du tribunal sur lequel siège l’Éternel. Dans leur avancée, les nations rassemblées courent ainsi à la rencontre du juge. Son verdict est celui que nous lisons au verset 13.

Quelle que soit l’orgueil des nations qui se croient fortes, le jugement de Dieu finira par s’abattre sur elles. La faucille de Dieu moissonnera la terre. L’image que nous voyons ici rappelle la moisson du blé et la vendange dont il est question en Apocalypse 14 (Apo 14:14-20). Il existe, aussi sur le plan spirituel, une distinction entre les deux. La moisson du blé signifie avant tout le jugement qui sépare les bons des mauvais. La vendange est l’exercice de la vengeance. C’est de la seconde, la vendange, qu’il est question ici.

La description « la cuve fut foulée hors de la ville » (Apo 14:20) correspond à ce que dit Joël. « La ville » est la ville de Jérusalem. Lors de la moisson, des anges sont appelés à la rescousse (Mt 13:41). Tout comme le blé mûr est coupé par la faux des moissonneurs et les raisins sont foulés par les pieds dans le pressoir, les nations seront exterminées par les hommes forts de Dieu.

Dans « la vallée du jugement » sera exécuté le verdict irrévocable, à savoir l’extermination des nations. Ainsi, le jour de l’Éternel est venu. Ce jour ne signifie pas le malheur pour son peuple, mais il apporte la délivrance de ses ennemis et la bénédiction de l’Éternel.

La lumière du soleil et de la lune devient noire et l’éclat des étoiles pâlit devant les scènes qui se déroulent sur la terre à l’approche du jour de l’Éternel. Il est aussi possible d’y voir une signification symbolique. Les corps célestes sont mentionnés à la création comme des lumières qui dominent (Gen 1:16). Nous pouvons alors voir le soleil, la lune et les étoiles comme des images de puissants dominateurs.

Lorsque le jour de l’Éternel sera venu, ces dominateurs ne régneront plus comme une ‘autorité établie par Dieu’, comme c’est encore le cas aujourd’hui (Rom 13:1-7). Ils rejettent toute reconnaissance de Dieu pour s’unir dans la rébellion contre Lui (Psa 2:1-3). Obscurcis et aveuglés, ils se rebellent et périront dans la vallée du jugement. Il ne reste rien de leur éclat et de leur rayonnement, grâce auxquels ils ont gagné d’innombrables foules à leur cause.

L’Éternel élève sa voix puissante comme un lion rugit dans la forêt. Il fait rouler son tonnerre quand Il se lève pour intervenir. Si le ciel et la terre tremblent déjà quand Il élève sa voix, quel sera l’effet sur les nations rassemblées, qu’Il considère « comme une goutte d’un seau, et comme la poussière d’une balance  » (Ésa 40:15) ? Ne vont-ils pas complètement s’effondrer ? La déception doit être grande.

Ils se tiennent là, devant les portes de Jérusalem, prêts à prendre la ville. Puis, une voix s’élève de la ville. Ce n’est pas une voix tremblante, une voix qui déclare que la ville se rend. La voix qu’ils entendent est bouleversante. L’Éternel est à Sion, et les survivants sont là aussi (Jl 3:5). La ville offre une protection parce qu’elle est la demeure de Dieu. Ceux qui habitent avec Lui vivent dans une forteresse imprenable et peuvent se sentir en sécurité et en paix.

NB Sion est mentionnée sept fois dans Joël, toujours en relation avec la perspective de la délivrance et de la bénédiction (Jl 2:1,15,23 ; 3:5 ; 4:16,17,21).

Partout où Dieu demeure, il est saint. Sion est une montagne sainte et Jérusalem est un sanctuaire parce qu’Il est saint. Quand Il apparaît à Moïse dans un buisson, le lieu est saint (Exo 3:5), et quand Il apparaît à Josué près de Jéricho, le lieu est aussi saint (Jos 5:15). Il a dû quitter son sanctuaire, c’est-à-dire le temple de Jérusalem, parce qu’ils ont totalement profané sa demeure (Ézé 10:4,18). Lorsqu’Il se retire de Jérusalem, les ennemis ont libre cours (Ézé 10:4-22).

L’Éternel ne peut revenir habiter parmi son peuple qu’après que celui-ci a été purifié de ses péchés. Alors, aucun étranger ne passera plus pour profaner la ville, tout comme dans la nouvelle Jérusalem, qui est au-dessus, rien d’impur n’y entrera (Apo 21:27). Personne n’y sera présent, sauf ceux qui en ont le droit.

À partir de ce verset, un repos bienfaisant s’installe dans le livre prophétique jusqu’alors tumultueux. Le combat est terminé, le jugement est rendu, le repos, la paix et la sécurité sont garantis. L’expression « en ce jour-là » désigne le moment où le royaume de paix sera établi. L’abondance de boissons – moût (ou vin), lait et eau – contraste fortement avec la sécheresse et ses conséquences que nous voyons en Joël 1 (Jl 1:5,10).

Le prophète décrit ces bénédictions de haut en bas. Il voit d’abord les montagnes couvertes de vignes, puis les collines avec les troupeaux laitiers, et enfin la vallée de Sittim qui sera remplie des eaux descendantes. L’abondance de vin est un signe de la joie de vivre débordante dans le royaume de paix (Psa 104:15 ; Jug 9:13 ; Ecc 9:7 ; 10:19). Là où demeure l’Éternel, il y a une source de bénédiction qui jaillit d’abord, puis apporte la bénédiction partout où elle coule (Ézé 47:1-12 ; Psa 65:10). L’Éternel Lui-même est la seule source de toute bénédiction.

En voyant cette scène, nous nous souvenons de la situation qui régnait au paradis avant la chute. Le royaume de paix est en quelque sorte une continuation du paradis. Seulement, le maintien de son plaisir ne dépend plus du premier homme, le premier Adam ou sa descendance, mais du seconde Homme, le dernier Adam. Il gouverne son royaume de manière parfaite, de sorte qu’il y a 1000 ans de paix, de repos et de bénédiction sans interruption.

Peut-être pouvons-nous associer Sittim à Sittim dans le pays de Moab (Nom 25:1 ; 33:49). Ce Sittim est le dernier lieu de campement d’Israël avant de traverser le Jourdain et d’entrer dans le pays promis. S’il s’agit de ce lieu, cela peut être pour symboliser la promesse de Dieu d’une nouvelle ère de bénédiction. Le peuple de Dieu se trouve alors pour ainsi dire à nouveau à Sittim, c’est-à-dire au seuil d’une nouvelle traversée du Jourdain et d’une nouvelle entrée dans le pays. Cette nouvelle entrée s’applique donc aussi littéralement aux dispersés et aux exilés (versets 2,6). Le but de cette nouvelle entrée, tant au sens littéral que spirituel, est Sion, où l’Éternel habite au milieu de son peuple.

Outre une fertilité exceptionnelle, il y a aussi la sécurité politique. La jouissance de la bénédiction du verset 18 n’est possible que si Juda peut vivre sans être menacé par des ennemis. C’est pourquoi ceux-ci doivent être éliminés. L’Égypte et Édom représentent tous les peuples ennemis, mais pas seulement. La deuxième partie du verset mentionne des actes concrets qui témoignent de l’hostilité de ces peuples. Ce sont des actes de violence au cours desquels ils ont répandu le sang innocent.

L’Égypte a souvent traversé Israël dans sa bataille contre l’Assyrie et y a commis des atrocités. Édom a saisi chaque occasion pour aggraver les souffrances infligées à Israël par ses ennemis. Le prophète Abdias parle en détail dans sa prophétie de ce qu’Édom a fait au peuple de Dieu.

La désolation de l’Égypte et d’Édom n’est pas une fin en soi, mais ouvre la voie au dessein que Dieu a pour son peuple. Une fois les ennemis éliminés, Juda et Jérusalem subsisteront à toujours, c’est-à-dire de génération en génération. C’est un contraste : l’Égypte et Édom périssent, Juda renaît et continue d’exister en toute sécurité, sans menace.

Par son jugement radical sur les ennemis de Juda, qui ont répandu beaucoup de sang des Judéens, l’Éternel montre que ce sang est innocent. C’est pourquoi ils méritent le châtiment sévère qu’Il a jusqu’à présent différé, mais qu’Il va maintenant exécuter. En exerçant son jugement sur les nations concernées, l’Éternel effacera la culpabilité dont elles se sont chargées en persécutant le peuple de Dieu.

La deuxième partie du verset est une répétition du contenu du verset 17. Cette répétition met fortement l’accent sur la présence permanente de Dieu au milieu de son peuple, car seule celle-ci peut garantir toutes les bénédictions promises aussi bien que la survie de Juda.

La fin du livre de Joël rappelle la fin de l’histoire, le moment où le temps passe dans l’éternité. Nous pouvons lire à ce sujet en Apocalypse 21 (Apo 21:1-8). Il y est aussi dit que Dieu habitera avec les hommes (Apo 21:3).