Introduction
Jérusalem et Juda sont appelés à prendre à cœur le fléau des sauterelles qui a frappé le pays (versets 2-4).
1. Le prophète appelle d’abord les ivrognes à se lamenter sur ce malheur (versets 5-7).
2. Il appelle ensuite tous ceux qui ont été directement touchés par le fléau, les agriculteurs et les vignerons, à se lamenter (versets 8-12).
3. Enfin, il adresse le même appel aux sacrificateurs, à qui il demande aussi de rassembler le peuple afin qu’il s’humilie devant l’Éternel (versets 13-18).
Aux versets 19-20, le prophète donne lui-même l’exemple et invoque l’Éternel.
1 La parole de l’Éternel
1 La parole de l’Éternel, qui vint à Joël, fils de Pethuel.
Le livre de Joël ne contient pas la parole des hommes, mais « la parole de l’Éternel ». C’est ainsi que commencent aussi les livres d’Osée, de Jonas, de Michée et de Sophonie. Le livre doit être lu comme une révélation divine. C’est la parole qui vient de Dieu, Il l’a prononcée et elle doit être transmise sur son ordre.
La parole qui vient de Dieu est plus que les paroles prononcées par Dieu. La parole de Dieu est un acte, une action qui produit quelque chose. La parole de Dieu est puissante, elle accomplit ce qui Lui plaît et ne revient jamais vide (Ésa 55:10-11). Joël est l’un des saints dont parle Pierre lorsqu’il écrit : « Car [la] prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2Pie 1:21).
Comme pour Abdias, Nahum, Habakuk et Malachie, il n’y a aucune mention du temps ou du lieu d’origine du prophète. Voir aussi l’introduction sous ‘Qui était Joël ?’ et ‘ Quand Joël a-t-il prophétisé ?’.
2 Retour dans la mémoire
2 Écoutez ceci, vieillards, et prêtez l’oreille, vous, tous les habitants du pays ! Ceci est-il arrivé de vos jours, ou même dans les jours de vos pères ?
Avec les appels « écoutez ceci » et « prêtez l’oreille », Joël attire l’attention sur son message. Les « vieillards » sont les plus responsables. Ce sont les hommes qui ont acquis la sagesse grâce à leur longue expérience de la vie. Leur mémoire remonte aussi le plus loin dans le temps. Ils doivent comprendre que la catastrophe qui les a frappés n’est pas une coïncidence. Ils ne doivent pas aussi donner d’explications scientifiques, comme si une combinaison de facteurs physiques avait fait en sorte qu’un grand nombre de sauterelles se soient abattues précisément à ce moment-là sur Juda. Ce sont précisément ces hommes âgés et sages qui doivent comprendre que cette catastrophe est un avertissement de Dieu.
Mais le peuple ‘ordinaire’ doit aussi comprendre qu’il doit reconnaître l’action de Dieu dans ce qui s’est passé. S’ils remontent dans leur mémoire et encore plus loin dans l’histoire, ils devront admettre que rien de tel ne s’est jamais produit dans leur pays. Le fléau qui les frappe aujourd’hui est plus grave que toutes celles qui les ont frappées auparavant. Pourquoi ? Parce qu’ils sont encore plus pécheurs que leurs pères.
Chaque catastrophe naturelle ou autre, telle qu’une maladie ou une guerre, est un événement par lequel Dieu veut parler à la conscience des hommes. Si les hommes n’écoutent pas sa Parole, Il parlera par des moyens plus puissants. Le célèbre écrivain C.S. Lewis a fait remarquer quelque part : ‘Dieu murmure à travers sa Parole, Il tonne à travers une catastrophe.’ À la fin d’une conférence intitulée ‘Dieu est là et Il parle’, une femme est venue me voir et m’a dit : ‘Je suis reconnaissante à Dieu de m’avoir grondé parce que je n’écoutais pas sa Parole.’
Aussi aujourd’hui, Dieu parle au peuple et à la seule personne à travers des événements. Son but est qu’on L’écoute. Cela a également été le cas pour cet homme qui a dit de manière provocante à son fils croyant que Dieu n’existait pas et qu’Il n’avait qu’à lui taper sur l’épaule s’Il existait. Peu de temps après, il a eu un accident de voiture. Il a miraculeusement survécu. Seule son épaule était blessée. Son fils lui a alors dit : ‘Papa, n’était-ce pas Dieu qui te tapait sur l’épaule ?’ L’homme a compris que Dieu lui avait parlé. Il s’est converti à Dieu et a cru au Seigneur Jésus.
3 La leçon pour l’avenir
3 Racontez-le à vos fils, et vos fils à leurs fils, et leurs fils à une autre génération :
Il ne faut pas seulement fouiller dans le passé, il faut aussi penser à l’avenir. Les générations futures ne doivent pas oublier ce que Dieu a fait pour elles. Les pères doivent raconter à leurs enfants le jugement qui les a frappés, comment Dieu a dû les punir. Ils ne doivent pas le taire, ils doivent le dire honnêtement. Leurs enfants doivent aussi le transmettre. De même, les merveilles que Dieu a accomplis lors de la délivrance de son peuple d’Égypte ont été transmis aux générations suivantes (Jug 6:13a).
Cette transmission du châtiment de Dieu doit servir d’avertissement et non d’histoire amusante pour divertir le public. En effet, nous sommes tout à fait capables de raconter des histoires du passé sans nous attarder sur les leçons à en tirer. Dieu ne veut pas que l’on traite ainsi ‘l’enseignement’, c’est-à-dire ses actions envers un peuple égaré. Il veut que ses actions soient transmises afin que les enfants ne tombent pas dans le même mal et qu’ils apprennent ainsi à craindre l’Éternel.
« Racontez-le » peut signifier que seul le fait, l’événement en soi, est transmis. Mais Dieu veut que l’on transmette aussi davantage. Il veut aussi que la cause du fléau et ses conséquences soient mentionnées et que la génération suivante en tire les leçons appropriées. Il ne faut pas seulement raconter ce qui s’est passé, mais surtout souligner la manière dont Dieu a agi.
La transmission des leçons de l’histoire se poursuit jusqu’à la quatrième génération. Joël veut ainsi souligner que ce qui s’est passé doit être transmis aux générations futures (cf. Pro 4:1-4). Dans ce contexte, il est intéressant de se pencher sur le Psaume 78. Ce psaume est un instruction d’Asaph, dans lequel, tout comme Joël, il présente au peuple la leçon de l’histoire. Asaph commence aussi par un appel à écouter, puis il exhorte à transmettre ce qui a été entendu à la génération suivante :
« 1 Pour instruire. D’Asaph. Prête l’oreille à ma loi, mon peuple ! inclinez vos oreilles aux paroles de ma bouche. 2 J’ouvrirai ma bouche en paraboles, j’annoncerai les énigmes [des jours] d’autrefois, 3 Que nous avons entendues et connues, et que nos pères nous ont racontées. 4 Nous ne les cacherons pas à leurs fils ; nous raconterons à la génération à venir les louanges de l’Éternel, et sa force, et ses merveilles qu’il a faites. » (Psa 78:1-4).
Dans son instruction, Asaph rappelle aussi les sauterelles en Égypte, ce qu’elles y ont fait : « Il livra leurs fruits au criquet, et leur travail à la sauterelle » (Psa 78:46). Il est très important de raconter à nos enfants et petits-enfants des événements du passé, plus ou moins lointains, qui montrent l’action de Dieu dans notre vie ou dans celle d’autres personnes. Nous donnons ainsi à nos enfants un bon outil qui leur permet de mieux connaître la volonté de Dieu.
Il est à craindre que de nombreux parents ne puissent guère parler à leurs enfants de ce que le Seigneur a fait dans leur vie, car ils ne vivent guère avec Lui. Ils sont occupés, occupés, occupés par toutes sortes de choses, mais n’ont pas le temps de parler avec leurs enfants de la direction de Dieu dans leur vie.
Ils ont aussi peu de connaissances sur ce que Dieu a fait dans la vie d’autres chrétiens consacrés. Il est difficile d’encourager nos enfants à lire un bon livre sur les expériences que des hommes et des femmes ont vécues avec le Seigneur si nous ne montrons nous-mêmes aucun intérêt pour cela. Juste avant que le peuple n’entre dans le pays promis, Moïse exhorte Israël à parler à ses enfants des actes et des paroles de l’Éternel (Deu 4:9 ; 6:6-7,20-25).
4 Les sauterelles
4 ce qu’a laissé la chenille, la sauterelle l’a mangé ; et ce qu’a laissé la sauterelle, la locuste l’a mangé, et ce qu’a laissé la locuste, le criquet l’a mangé.
Le point de départ de la prophétie de Joël est une invasion de sauterelles qui a récemment ravagé le pays. Que ce fléau soit un châtiment divin sera évident pour ceux qui ont des oreilles pour entendre. Ce fut aussi le cas lorsque l’Éternel envoya ce fléau en Égypte sur les oppresseurs de son peuple (Exo 10:12-15 ; Psa 78:46 ; 105:34). Tout comme le fléau en Égypte, celui des jours de Joël est sans précédent.
Si l’Égypte et Israël sont tous deux frappés par un fléau de sauterelles sans précédent, cela ne peut signifier qu’une chose : Israël est devenu spirituellement semblable à l’Égypte (cf. Apo 11:8). Dieu avertit également son peuple à plusieurs reprises qu’il sera puni par les fléaux et les maladies de l’Égypte s’il désobéit (Deu 28:38,42,60). Tant pour l’Égypte que pour Israël, ce fléau est une punition de Dieu qui doit inciter à la repentance et à la prière (cf. Am 4:9 ; 1Roi 8:37-40).
Une seule sauterelle est insignifiante, elle ne représente rien, elle ne fait aucune impression, on peut la tuer d’un simple coup de pied. Les Israélites, dans leur incrédulité, se sentaient ainsi face aux géants de Canaan (Nom 13:33). Mais en grand nombre, elles sont écrasantes et destructrices (Jug 6:5 ; 7:12). Plus l’instrument est faible, plus son utilisation et son effet montrent clairement que Dieu est derrière lui et qu’Il l’utilise.
Les quatre noms utilisés par Joël pour désigner les sauterelles semblent indiquer qu’il s’agit de différentes espèces de sauterelles, chacune ayant son propre nom, qui ont successivement ravagé le pays.
1. Le nom du premier, « la chenille » est en hébreu gazam, c’est-à-dire une jeune sauterelle qui n’a pas encore ses ailes ;
2. le deuxième, « la sauterelle » s’appelle arbèh, c’est une sauterelle complètement développée et ailée (c’est aussi le nom de la sauterelle que Dieu a autrefois utilisée comme fléau sur l’Égypte) ;
3. le troisième, « la locuste » s’appelle yélek et est une autre espèce de sauterelle ;
4. le quatrième, « le criquet » s’appelle chasil et est encore une autre espèce.
La Bible mentionne d’autres espèces de sauterelles, mais les quatre citées par Joël sont les plus dangereuses et les plus nuisibles.
Comme un essaim de sauterelles dévore tout et ne laisse rien derrière lui, « ce qu’a laissé » signifie ‘ce qui a repoussé’ après que tout a été dévoré. Cela correspond aussi à l’idée que le pays a été successivement envahi par quatre espèces de sauterelles.
Le nombre quatre apparaît dans deux autres passages de l’Écriture qui parlent des châtiments de Dieu sur le peuple (Jér 15:3 ; Ézé 14:21). Quatre est le nombre de la terre. La terre a quatre points cardinaux (cf. Dan 7:2 ; Apo 7:1 ; 20:8). Il y a aussi quatre saisons qui déterminent la vie sur la terre. Le nombre quatre symbolise donc quelque chose qui englobe tout. Le fait de mentionner les noms de quatre sauterelles indique qu’il s’agit d’un jugement qui s’est étendu à tout Juda, dans toutes les directions.
Pour un peuple qui dépend de la moisson, un fléau tel que celui des sauterelles est une catastrophe qui menace sa survie. Les fêtes de la moisson qui sont régulièrement célébrées témoignent de l’importance de la moisson. Soudain, il n’y a plus de moisson à rentrer. Tout disparaît d’un seul coup. Il n’y a pas d’assurance qui couvre les dommages. Tous les moyens de subsistance ont disparu. Le pays est au bord du gouffre. C’est pourquoi le message de Joël doit être entendu. Ou bien le peuple est-il si éloigné de Dieu qu’il n’est plus possible de l’atteindre ?
Au sein du peuple de Dieu à notre époque, des ‘sauterelles’ ont systématiquement privé le peuple de Dieu de sa nourriture. Dans la parole de Dieu, les sauterelles sont associées aux puissances démoniaques (Apo 9:3). Ces puissances s’infiltrent de plus en plus dans la chrétienté. Elles manipulent les chrétiens qui ne se soumettent pas à l’autorité de la parole de Dieu, mais pensent pouvoir servir Dieu à leur manière.
Les personnes qui se présentent comme les chefs du peuple de Dieu font croire au peuple qu’il ne faut pas prendre la Bible au sérieux. Ou bien elles disent que la Bible n’est vraie que si l’on vit ce qu’elle dit. Comme si la vérité de Dieu dépendait des sentiments qu’un homme éprouve à son sujet et non du simple fait que Dieu a parlé et que cela est vrai pour cette seule raison, même si cela peut parfois être en contradiction avec certains sentiments des hommes. Dans cette situation, des prophètes sont nécessaires pour nous rappeler ce que nous avons perdu et pour souligner la richesse du contenu et la valeur nutritive de la parole de Dieu.
5 Ivrognes
5 Réveillez-vous, ivrognes, et pleurez ; et hurlez, vous tous, buveurs de vin, à cause du moût, car il est ôté de vos bouches.
Après avoir appelé les vieillards et tous les autres habitants du pays à l’écouter, Joël s’adresse maintenant spécialement aux ivrognes. Les ivrognes sont des gens qui abusent des bénédictions de Dieu. Le fait qu’il doive les exhorter à se réveiller, malgré le fait qu’ils n’aient plus rien à boire, montre à quel point ils sont aveugles et insensibles aux manifestations du mécontentement de Dieu. Ils sont en train de cuver, tandis que Dieu parle si sérieusement. Les ivrognes sont apparemment nombreux, puisqu’ils peuvent être interpellés en tant que groupe. Beaucoup de Judéens vivent encore dans une ivresse insouciante.
C’est surtout la joie insouciante qui est dénoncée ici. Ceux qui ne se réveillent pas à la voix de Dieu dans sa Parole seront réveillés par sa discipline. Ceux qui ne s’arrêtent pas par les jugements lointains en feront l’expérience dans leur propre chair. Il est juste que Dieu leur ôte le luxe et l’excès. Plus l’homme fait dépendre son bonheur de ce qui le satisfait et comble ses sentiments, plus il ressentira durement le jugement qui le frappera précisément dans ces domaines. Soudain, ils découvriront que toutes ces bénédictions ne leur ont pas apporté de véritable satisfaction, car ils en ont joui indépendamment de Dieu, pour satisfaire leurs propres désirs. Ils pleureront et se lamenteront. Cinq fois, il est question de lamentations dans ce chapitre (versets 5,8,9,10,11).
Les seuls pour qui ce jugement n’est pas une punition sont les nazaréens. En effet, ils ne boivent pas de vin ; ils y ont renoncé volontairement (Nom 6:1-4). Le nazaréen est une belle image de quelqu’un qui s’offre volontairement au Seigneur pour vivre uniquement pour Lui. Ce faisant, il renonce à des choses qui ne sont pas mauvaises en soi – il n’était pas mal pour un Israélite de boire du vin – mais qui comportent le risque de nuire à son engagement total envers Christ.
Renoncer aux bénédictions terrestres signifie accorder à ces choses une place secondaire. Cela implique de renoncer au droit de dépenser son argent, ses biens, son temps et ses capacités comme on l’entend. On remet tout entre les mains de Christ, afin qu’Il en ait l’autorité. Les chrétiens qui renoncent volontairement à la jouissance des bénédictions terrestres ne les regretteront pas s’ils doivent soudainement s’en passer.
L’ivrognerie est le seul péché mentionné dans ce livre en relation avec Israël. Il semble donc que ce péché caractérise particulièrement la situation du peuple. L’ivrognerie signifie que nous consommons avec excès et indépendamment de Dieu les choses qu’Il a données à l’homme dans sa création pour qu’il en jouisse. Tout homme qui professe être en relation avec Dieu, mais qui en réalité vit indépendamment de Lui, n’est pas capable de se forger un jugement sobre et réfléchi sur les choses de la vie. Son esprit est embrumé.
Vivre séparé de Dieu signifie que nous n’impliquons pas Dieu dans les choses de la vie. Nous faisons des projets sans Lui demander son avis. Il n’y a rien de mal à faire des projets, mais il est mal de faire des projets sans les Lui soumettre et d’accepter ensuite sa décision à leur sujet. Une fois que le peuple de Dieu a commencé à vivre de cette manière, Dieu doit recourir à des méthodes radicales pour le réveiller de son ‘ivresse’. Il veut être impliqué dans tout ce que fait son peuple. Il ne peut pas permettre que son peuple passe à côté de Lui, sans Le consulter.
6 Les sauterelles qui montent
6 Car une nation est montée sur mon pays, forte et innombrable. Ses dents sont les dents d’un lion, et elle a les grosses dents d’une lionne.
Parmi les quatre plus petits animaux de la terre, mais qui sont extrêmement sages (Pro 30:24), on trouve aussi les sauterelles : « Les sauterelles n’ont pas de roi, mais elles sortent toutes par bandes » (Pro 30:27). Les sauterelles forment « bandes » qui, bien qu’il n’ait pas de roi, avance néanmoins avec sagesse. Cette sagesse vient de Dieu ; c’est Lui qui gouverne ces bandes. Les sauterelles sont puissantes parce qu’elles sont innombrables. De plus, elles forment une unité ; il n’y a pas de brèche à faire dans leurs rangs. Elles continuent à former un front uni.
Il y a là une belle application pour l’église aujourd’hui. Si nous laissons de côté les effets dévastateurs, comme le fait aussi le verset de Proverbes 30:27 que nous venons de citer, nous voyons dans ces petits animaux une merveilleuse illustration de la façon dont Dieu veut que l’église fonctionne. Elle n’a pas non plus de direction visible, mais dépend en tout de la direction invisible, mais non moins réelle, du Saint Esprit. Si chaque membre de l’église se soumet à la direction de l’Esprit, tant dans la vie quotidienne que dans les réunions, cela se traduira par l’unité des croyants. L’ennemi ne parviendra alors pas à semer la discorde.
C’est une preuve de sagesse que les enfants de Dieu se soumettent à cette direction invisible. Par la parole de Dieu, l’Esprit de Dieu montre clairement comment Il veut diriger chaque membre individuellement et tous les membres ensemble. Si chaque membre lit la parole de Dieu, il deviendra aussi clair quel est son rôle dans l’ensemble et comment ce rôle peut être exercé au service de l’ensemble.
Les sauterelles dont parle Joël sont appelées « bandes » ou : peuple, dans la traduction néerlandaise de la Bible. Cela montre que ces sauterelles peuvent être considérées comme l’exemple d’un peuple en guerre. Les armes puissantes dont elles disposent sont leurs dents, qui sont comparées aux dents d’un lion et aux grosses dents d’une lionne (cf. Apo 9:8). Le roi des animaux attrape sa proie et la déchire avec ses dents sans la lâcher. Les sauterelles font le même travail destructeur avec leurs dents. Elles dévorent tout. Si ces petits animaux causent déjà tant de dégâts, à combien plus forte raison le fera le peuple ennemi, dont l’action est décrite en détail dans le chapitre suivant (Jl 2:1-11).
Cette force destructrice est déchaînée sur ce que Dieu appelle « mon pays ». C’est pourquoi le châtiment que Dieu doit infliger à son pays le touche aussi Lui-même. Nous le verrons aussi au verset 9, où il est dit qu’on ne Lui offre plus de sacrifices. Cela montre clairement que Dieu n’envoie pas de jugement depuis sa position élevée et sublime sans être Lui-même impliqué (Lam 3:33).
Le pays a été confié à Israël afin qu’il le gère pour Dieu et Lui en donne les fruits. Les Israélites peuvent aussi profiter de tous ses bienfaits. Mais s’ils considèrent le pays comme leur propre pays et se livrent à une exploitation abusive, Dieu doit leur rappeler par la discipline ce qu’Il a dit : « Car le pays est à moi ; car vous, vous êtes chez moi comme des étrangers et comme des hôtes » (Lév 25:23b).
7 Ma vigne, mon figuier
7 Elle a réduit ma vigne en une désolation, mon figuier en un tas de bois ; elle l’a écorcé entièrement, et l’a jeté par terre ; ses rameaux ont blanchi.
Après avoir parlé du pays comme étant « mon pays » dans le verset précédent, Dieu appelle ici Israël « ma vigne » et « mon figuier ». La vigne et le figuier sont considérés comme des symboles de prospérité, de tranquillité et de paix (1Roi 4:25 ; Mic 4:4). La vigne et le figuier sont souvent mentionnés ensemble (Psa 105:33 ; Ésa 36:16 ; Jér 5:17 ; Osé 2:11). Le bois de ces arbres n’a aucune valeur (Ézé 15:1-5). Ce n’est pas le bois qui intéresse le cultivateur, mais les fruits de la vigne et du figuier. Son peuple ne Lui a pas donné ces fruits, mais les a gardés pour lui-même.
C’est pourquoi ce qui est un don de Dieu à son peuple lui est maintenant ôté. Et de manière radicale. Les sauterelles ne se contentent pas de dévorer toute la verdure, elles dépouillent même les arbres de leur écorce. C’est pourquoi la vigne et le figuier ne portent plus de fruits. Au sens figuré, cela s’applique à Israël. Depuis longtemps, il ne porte plus de fruits pour Dieu. Tout est « écorcé » et mort. Ce n’est que lorsque l’église sera enlevée et que Dieu reprendra son œuvre avec Israël qu’une nouvelle vie apparaîtra, comme le dit Paul : « Que sera leur réception, sinon la vie d’entre les morts ! » (Rom 11:15).
8 Tristesse due à la perte d’un être cher
8 Gémis comme une vierge ceinte du sac, [pleurant] le fiancé de sa jeunesse !
Le peuple est appelé à gémir. Sa tristesse doit se manifester par le port d’un sac, d’un vêtement de deuil. Le malheur qui s’est abattu sur Juda et qui doit conduire à la tristesse est comparé à la douleur causée par la rupture d’une relation amoureuse. Le prophète représente la cause de la douleur par l’image d’une épouse en deuil dont l’être aimé a été arraché à la vie peu avant le mariage. Cela traduit à la fois l’inattendu et l’intense douleur.
Le sort de Juda et de Jérusalem est comparé à celui d’une épouse qui doit se passer de la communion avec son mari. En raison de la situation d’urgence, Juda et Jérusalem n’ont aussi plus non plus de communion avec l’Éternel, telle qu’elle était auparavant vécue dans le culte sacrificiel. Les moyens d’offrir des sacrifices ont été donnés au peuple comme preuve de leur fidélité à l’Éternel. Comme tous leurs espoirs sont liés aux bénédictions terrestres, leur disparition ne peut qu’entraîner une grande douleur.
D’une manière générale, nous pouvons en tirer la leçon suivante : celui qui ne travaille que pour la nourriture qui périt (Jn 6:27) est trompé dans son travail. Toute prospérité terrestre peut disparaître du jour au lendemain. Dans ce cas, il faut espérer, comme ici en Israël, que cette douleur provoque une tristesse qui est selon Dieu et non seulement une tristesse pour les bénédictions perdues (2Cor 7:10).
9 Pas l’offrande de gâteau ni la libation
9 L’offrande et la libation sont retranchées de la maison de l’Éternel ; les sacrificateurs, les serviteurs de l’Éternel, mènent deuil ;
La première conséquence de la destruction de la moisson est qu’il n’est plus possible d’apporter l’offrande (de gâteau) et la libation dans le temple. Il semble que les Judéens aient fait des offrandes jusqu’à la catastrophe, car le fait qu’elles aient été retranchées est attribué aux sauterelles. Cela peut signifier que jusqu’à ce moment-là, le peuple a rempli ses obligations religieuses en ce qui concerne l’apport des offrandes prescrites. Mais tout en accomplissant leurs devoirs envers Dieu, ils comblent également la mesure de leur injustice et le jugement de Dieu s’abat sur eux. Un homme peut accomplir avec une extrême rigueur les actes extérieurs qui font partie de sa religion sans que son cœur y soit impliqué.
La disparition des offrandes est une grande catastrophe. L’offrande de gâteau et la libation sont mentionnées parce qu’elles sont végétales et ont donc été directement touchées par le fléau des sauterelles. Une description de l’offrande de gâteau se trouve en Lévitique 2. Comme tous les sacrifices, l’offrande de gâteau est une image du Seigneur Jésus. Les sacrifices d’animaux sont une image de l’œuvre accomplie par le Seigneur Jésus sur la croix. L’offrande de gâteau n’est pas une offrande sanglante. Elle parle donc de Lui en tant qu’Homme sur la terre, qui, dans sa vie qui a précédé son œuvre sur la croix, s’est entièrement consacré à Dieu. La libation est une offrande de vin, qui est versée sur une autre offrande, l’offrande principale (Nom 28:7,14 ; cf. Php 2:17). Il évoque la joie – dont le vin est une image – avec laquelle le Seigneur Jésus s’est offert à Dieu.
La signification spirituelle est importante pour nous. La disparition des offrandes mentionnées signifie qu’une situation peut se présenter parmi le peuple de Dieu où celui-ci ne prend plus conscience de qui est le Seigneur Jésus pour Dieu. Il n’y a plus de conscience de la consécration totale du Seigneur Jésus à Dieu, tel qu’Il est représenté dans l’offrande de gâteau. On ne pense plus aussi que c’était sa joie de faire la volonté de son Père, comme le montre la libation.
Cela signifie que nous ne disons plus à Dieu – c’est pour nous le sens du mot ‘offrir’ – à quel point le Seigneur Jésus L’a servi merveilleusement et qu’Il l’a toujours fait avec joie. Il n’y a plus de communion avec Dieu. Dieu, pour qui tout tourne autour de son Fils – qui Il est, ce qu’Il a fait et comment Il l’a fait – est lésé. Quelle grande perte pour Dieu. Celui qui fait du tort à Dieu se fait aussi du tort à lui-même. Celui qui ne connaît pas le Seigneur Jésus comme l’offrande de gâteau et la libation, ne sait plus non plus que sa propre vie peut être une offrande. Quelqu’un qui ne vit que pour lui-même et ses propres plaisirs ne connaît rien de la consécration à Dieu et de la joie que cela procure.
Les sacrificateurs qui observent une telle attitude de vie égoïste chez le peuple de Dieu ne peuvent que pleurer. Les sacrificateurs sont des personnes habituées à être en présence de Dieu. Ils savent ce qui est approprié, ils connaissent la sainteté de Dieu, son amour et ses désirs. Ils partagent aussi sa tristesse et la douleur causée par l’infidélité de son peuple.
En Israël, seuls les descendants d’Aaron sont sacrificateurs. Dans l’église, tous les croyants sont sacrificateurs (1Pie 2:5). Il y a cependant une différence entre être sacrificateur et se comporter comme un sacrificateur ou exercer le ministère sacerdotal. Seuls les croyants qui vivent véritablement en communion avec Dieu exerceront le sacerdoce et compatiront avec Dieu. Ils savent ce qui Lui est refusé lorsque son peuple ne vit que pour lui-même. Dans les rassemblements où des sacrifices spirituels sont offerts, c’est-à-dire où Dieu est honoré, ils remarqueront la nature et le contenu de ces sacrifices. Ils remarqueront si les sacrifices offerts honorent Dieu ou s’ils ne servent qu’à leur propre intérêt.
10 Tout est grande misère
10 les champs sont ravagés, la terre mène deuil ; car le blé est ravagé, le vin nouveau est honteux, l’huile dépérit.
« Les champs » est le terrain sur lequel se trouve la moisson. Il montre le résultat de tous les efforts qui ont précédé. Mais il n’y a pas de moisson à rentrer, car il n’y a pas de récolte dans les champs. Le terme « terre » désigne plutôt le terrain dont on peut attendre une moisson après avoir été labouré et ensemencé. Mais tout le travail de la terre a été vain. La terre donne l’impression d’être en deuil. Les mots « honteux » et « dépérit » indiquent qu’en plus d’une invasion de sauterelles, il y a aussi une sécheresse (verset 17).
« Le blé », « le vin nouveau » et « l’huile » sont les trois principales bénédictions du pays, souvent mentionnées ensemble dans l’Ancien Testament (Nom 18:12 ; Deu 7:13 ; Osé 2:7). Leur disparition est le résultat d’un jugement divin (Deu 28:51 ; Agg 1:11). Ils seront de nouveau présents lorsque le peuple se sera converti (Jl 2:19 ; Psa 65:10). Les trois produits – le blé, le vin nouveau et l’huile – représentent respectivement le renforcement, la joie et le rayonnement (Psa 104:14-15).
11 Les pauvres et les riches se rencontrent
11 Soyez honteux, laboureurs ; hurlez, vignerons, – à cause du froment et de l’orge, car la moisson des champs est perdue !
Les groupes mentionnés ici sont ceux dont la sécurité d’existence est la plus directement menacée. Le froment et l’orge sont les principales céréales utilisées pour faire du pain. Nous pouvons penser ici à deux types de personnes : les riches et les pauvres. Le pain d’orge est le pain des pauvres, tandis que les plus aisés peuvent acheter du pain de froment. L’orge est utilisée comme nourriture pour les chevaux (1Roi 4:28) et comme nourriture pour les hommes lorsque le froment n’est pas disponible ou inabordable.
Il ressort de 2 Rois 7 que l’orge coûte la moitié du prix du froment (2Roi 7:1:16). L’historien juif Flavius Josèphe mentionne la même chose dans son livre La chute de Jérusalem, lorsqu’il décrit l’un des sièges de Jérusalem : ‘Beaucoup de riches ont donné toute leur fortune pour un boisseau de froment, les plus pauvres pour un boisseau d’orge, après quoi ils se sont enfermés dans un coin caché de leur maison et ont pétri le grain ou l’ont mangé sans le moudre.’
En Apocalypse 6, le prix de l’orge est un tiers du prix du froment (Apo 6:6). Mais lorsque les deux ne sont pas disponible introuvables, peu importe que l’on soit riche ou pauvre. Les pauvres et les riches se retrouvent dans la misère de la faim (Pro 22:2). Lorsque les uns et les autres reconnaissent qu’ils sont responsables du châtiment que Dieu a dû infliger parce qu’ils ne l’ont pas reconnu comme leur Créateur, Dieu a atteint son but avec ce châtiment.
12 Tous les arbres sont desséchés
12 La vigne est honteuse, et le figuier dépérit, – le grenadier, le palmier aussi, et le pommier ; tous les arbres des champs sont desséchés ; car la joie est tarie du milieu des fils des hommes.
Les agriculteurs et les vignerons ne sont pas les seuls à en pâtir. Tout le peuple, tous les « fils des hommes », partage le désastre. Les cinq espèces d’arbres forment avec le froment et l’orge du verset 11 un septuple. Cela indique l’ampleur totale des désolations causées. Le palmier désigne le palmier dattier. La mention que « tous les arbres » sont desséchés, après qu’un certain nombre d’arbres aient été nommés, complète l’image de la désolation.
Les arbres ont été donnés par Dieu lors de la création comme une bénédiction pour l’homme. Celui-ci pouvait manger librement de tous les arbres, à l’exception de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen 2:16-17). Pour les Juifs, pour qui ces cultures font partie des bénédictions du pays (Deu 8:6-10), leur disparition est une catastrophe et un jugement.
Outre leur valeur économique, les arbres mentionnés symbolisent aussi la nourriture spirituelle et le rafraîchissement, ainsi que la joie et le fruit dans la vie du croyant fidèle (Psa 92:13 ; Can 2:3). La joie pleine qui aurait pu caractériser leur vie en tant que peuple de Dieu s’est enfuie, honteuse. Il n’en reste rien.
13 Appel aux sacrificateurs
13 Ceignez-vous et lamentez-vous, sacrificateurs ; hurlez, vous qui servez l’autel ; venez, passez la nuit sous le sac, vous qui servez mon Dieu ! car l’offrande et la libation sont soustraites à la maison de votre Dieu.
Au verset 9, il est dit que les sacrificateurs se lamentent. Ils sont en relation avec l’Éternel et avec la maison de l’Éternel. Éternel ou Yahvé est le nom de Dieu qui indique qu’Il entretient une relation particulière avec son peuple élu, Israël. Yahvé est le nom du Dieu de l’alliance avec Israël. Mais le peuple a rompu l’alliance avec Lui. Si Dieu appelle maintenant les sacrificateurs à se lamenter et hurler, à passer la nuit en vêtements de deuil, il le fait en tant que Celui devant qui l’homme doit répondre de son infidélité.
Dieu est le Dieu trois fois saint, avec qui on ne peut pas plaisanter. C’est pourquoi il est question ici de ceux qui servent « Dieu » et de la maison de « Dieu ». Les sacrificateurs doivent être les premiers à comprendre l’ampleur du déshonneur infligé à Dieu. On peut en effet attendre d’eux qu’ils sachent ce qui revient à Dieu et qu’il est très honteux que Dieu ne reçoive pas ce qui Lui revient. En tant que serviteurs de l’autel, ils sont maintenant sans travail. Il n’y a rien à apporter sur l’autel. L’offrande de gâteau et la libation proviennent de la moisson de froment et de raisins, et cette moisson a été détruite.
Joël appelle les sacrificateurs « qui servent mon Dieu ». Il se présente comme le prophète de son Dieu, au nom duquel il peut dire que Dieu exaucera leurs prières s’ils viennent à Lui. Il semble vouloir dire par là que ce ne sont plus les sacrificateurs qui servent d’intermédiaires auprès de Dieu au nom du peuple, mais que le prophète est maintenant le seul intermédiaire par lequel Dieu s’adresse au peuple.
Il leur parle de « votre Dieu » lorsqu’il évoque la maison de Dieu. C’est la confession qu’ils font concernant le temple. Il s’y associe lorsqu’il parle au verset 16 de « la maison de notre Dieu ». Il appelle maintenant ceux dont l’une des tâches est de chanter dans le temple à se lamenter. Passer la nuit en vêtements de deuil est un signe de grande tristesse, mais aussi un acte intense et prolongé d’humilité devant l’Éternel (1Roi 21:27 ; 2Sam 12:13-23).
14 Un temps de jeûne
14 Sanctifiez un jeûne, convoquez une assemblée solennelle ; assemblez les anciens, tous les habitants du pays, à la maison de l’Éternel, votre Dieu, et criez à l’Éternel !
Après l’appel à se lamenter et à hurler à cause du fléau des sauterelles, il est dit par quel moyen cela doit se faire. Ce moyen s’appelle ‘s’humilier et la conversion à Dieu’. L’appel est développé plus en détail dans le chapitre suivant (Jl 2:15-17). Il faut jeûner (cf. Jon 3:7). Il semble facile de jeûner en période de famine, mais c’est justement à ce moment-là que cela est très difficile. La faim ronge. Il n’y a pratiquement rien à manger et il faut renoncer à ce qu’il y a pour se concentrer sur Dieu. Mais en jeûnant, on s’unit à Dieu, qui ne reçoit pas non plus de ‘nourriture’ en cette période.
Le jeûne s’accompagne généralement d’une confession des péchés, mais cela n’est pas mentionné ici. Il est souvent utilisé comme une expression d’humilité pour obtenir de Dieu la propitiation des péchés ou l’éloignement du malheur. Il sert à souligner la puissance de la prière ou de l’intercession.
Lorsque nous sommes confrontés à des épreuves particulières et à des événements qui nous déconcertent dans notre vie, nous devrions nous retirer du cours normal de la vie. Nous pouvons alors ouvrir complètement notre cœur au Seigneur, afin de voir ce qu’Il a à nous dire à travers ces événements. Dans de telles situations, on ne pense même pas à manger. On se concentre entièrement sur le Seigneur et sur la découverte de sa volonté dans les circonstances qu’Il a envoyées.
Comme au verset 2, les anciens et tous les habitants sont mentionnés ici. Tout le monde est appelé et impliqué. Tout le monde doit venir au temple pour y crier à l’Éternel. Ils doivent crier pour être sauvés de la détresse. Le cri à Dieu doit être un cri national, car il s’agit d’une catastrophe nationale. En Néhémie 9, nous trouvons aussi un jeûne national (Néh 9:1-3). Là aussi, il s’agit de questions qui concernent tout le peuple. Si ce cri est entendu, l’Éternel n’écoutera-t-Il pas et n’accordera-t-Il pas le rétablissement ? Il entend et exauce chaque cri intègre. Mais nous devons Lui laisser le soin de décider comment et quand il exaucera.
15 Le jour de l’Éternel
15 Hélas, quel jour ! car le jour de l’Éternel est proche, et il viendra comme une destruction du Tout-puissant.
Le jour de l’Éternel est un thème qui traverse toute la prophétie de Joël. Il est donc bon d’accorder une attention particulière à ce jour. C’est un jour spécial. Le jour de l’Éternel n’est pas un jour de 24 heures, mais couvre la période allant du moment où l’Éternel se lève et intervient dans les affaires du monde jusqu’à son royaume de paix. L’avènement de ce jour marque un tournant dans l’histoire du monde, où l’homme ne règne plus ouvertement, mais où Dieu prend le pouvoir. Aujourd’hui, il semble encore que l’homme ait tout pouvoir sur la terre, mais lorsque le jour de l’Éternel viendra, Dieu prendra le contrôle du monde.
Il le fera d’une manière visible pour tous. L’Éternel apparaîtra, se manifestera. Le livre de l’Apocalypse décrit tout ce qui s’y rapporte. Il rendra d’abord ses jugements sur la terre et la purifiera ainsi de l’iniquité (Apocalypse 6-19). Il exécutera Lui-même les derniers jugements lorsqu’il descendra du ciel (Apo 19:11-21). Il établira alors son royaume de paix et régnera pendant 1000 ans d’une manière qui sera bénéfique pour l’homme, voire pour toute la création (Apo 20:1-6).
Le jour de l’Éternel commence par ses jugements et se termine par le royaume de paix. Ensuite, l’éternité commence (Apo 20:7-15 ; 21:1-8), aussi appelée « le jour de Dieu » (2Pie 3:12), car alors Dieu sera « tout en tous » (1Cor 15:28). L’idée principale du jour de l’Éternel est que le Seigneur Jésus ne restera plus caché, mais qu’Il agira de manière claire, visible par tous. « Le jour » fait référence à la lumière, ce qui signifie qu’il ne s’agit plus de jugements secrets ou d’actions providentielles, comme c’est le cas à l’époque où nous vivons.
L’expression « jour de l’Éternel » apparaît souvent dans l’Ancien Testament (Ésa 2:12 ; 13:6,9 ; Jér 46:10 ; Ézé 13:5 ; 30:3 ; Jl 1:15 ; 2:1,11,31 ; 3:14 ; Am 5:18,20 ; Abd 1:15 ; Soph 1:7,14 ; Mal 4:5). Dans l’Ancien Testament, le jour de l’Éternel est toujours associé à la place particulière qu’occupe Israël sur la terre en raison de son lien spécial avec Dieu, qui ne s’est révélé qu’à ce peuple en tant qu’Éternel. La première mention et description de ce jour (Ésa 2:12-22) donne une image claire de ce qu’il signifie.
C’est le jour où seul l’Éternel sera exalté (Ésa 2:17). Alors prendra fin la situation qui existe depuis qu’Ève a écouté le tentateur, entraînant la chute dans le péché. Depuis lors, l’homme a commencé à faire sa propre volonté et a toujours voulu s’élever au-dessus de Dieu et de son prochain. Toute cette arrogance sera jugée.
Le jour de l’Éternel désigne le jugement par lequel Il interviendra de manière décisive dans l’histoire. Dieu le fera par Christ, à un jour qu’Il a fixé (Act 17:31). Ce sera le jour où l’homme ne sera plus autorisé à empêcher, contrecarrer ou faire échouer le dessein de Dieu, et où Dieu n’agira plus dans le secret. Il abattra alors le mal, puis répandra et maintiendra le bien.
Ce ‘jour’ fait référence aux jugements divins qui seront exécutés par Christ en tant que Yahvé Dieu d’Israël, quand Il apparaîtra dans toute sa gloire, mais il fait aussi référence à toute la période millénaire. Le jour de l’Éternel signifie le jugement pour Babylone (Ésa 13:9), pour l’Égypte (Jér 46:10), pour Israël et l’Assyrie (Jl 1:15 ; 2:1,11,31 ; 3:14), pour Israël (Am 5:18,20 ; Soph 1:7) et pour Édom (Abd 1:15). Là où il y a péché et injustice, le jugement vient, qu’il s’agisse des nations ou du peuple de Dieu.
Amos 5 pourrait nous donner l’impression que les Israélites attendent le jour de l’Éternel comme un salut (lumière) pour eux et un jugement pour leurs ennemis (Am 5:18-20). Mais Amos et d’autres prophètes ont combattu cette attente. Israël, devenu infidèle à l’Éternel, subira aussi le jour du jugement comme un jour de colère de l’Éternel (Lam 1:12).
Dans le Nouveau Testament, le jour du Seigneur – identique au jour de l’Éternel dans l’Ancien Testament – est aussi mentionné (Act 2:20 ; 1Cor 1:8 ; 5:5 ; 2Cor 1:14 ; 1Th 5:2 ; 2Th 2:2 ; 2Pie 3:10). Il faut faire une distinction claire entre le jour du Seigneur et l’enlèvement de l’église. Ces deux événements ne se produisent pas au même moment. La venue du Seigneur se déroule en plusieurs phases.
Le Seigneur Jésus vient d’abord pour enlever l’église (1Cor 15:51-52 ; 1Th 4:15-18). Lors de sa venue pour son église, Il ne viendra pas sur la terre et ne sera pas visible pour les hommes sur terre. L’église ira à sa rencontre en l’air (1Th 4:17). Aussi tous les croyants de l’Ancien Testament qui sont morts seront alors ressuscités et iront à sa rencontre. Cette vérité se trouve exclusivement dans le Nouveau Testament et est une consolation pour les croyants.
Il en va autrement du jour du Seigneur. À cette phase de sa venue, Il apparaîtra sur la terre, visible de tous (Apo 1:7), pour délivrer son peuple, c’est-à-dire le reste fidèle d’Israël, de son oppression. Il jugera également les incrédules et établira son royaume de paix. Le livre de l’Apocalypse nous informe en détail de tous les événements liés à la venue de l’Éternel sur la terre. Tous les textes qui traitent du jour du Seigneur montrent que les personnes qui vivront alors sur la terre seront dans une grande angoisse à cause des jugements.
Si nous voyons la distinction entre l’enlèvement de l’église, la rencontre avec le Seigneur en l’airs, et la venue du Seigneur sur la terre, nous avons la clé pour comprendre la première partie de 2 Thessaloniciens 2 (2Th 2:1-12).
Il est encore question d’autres ‘jours’. Nous lisons ainsi à propos du « jour de Dieu » (2Pie 3:12). Ce jour décrit l’état éternel. Il ne faut pas confondre ce jour avec « le grand jour de Dieu le Tout-puissant » (Apo 16:14), qui correspond au « jour du Seigneur ». Les expressions apparentées sont : le jour de la fureur (Soph 1:18), le jour de la vengeance de l’Éternel (Ésa 34:8), le jour du sacrifice de l’Éternel (Soph 1:8), le jour de la fureur, des nuages, des ténèbres (Soph 1:15). Le mot ‘jour’ n’est pas ici une indication de temps, mais représente la nature des événements puissants et leur effet. L’accent est mis sur ce qui se passe, l’intervention punitive de l’Éternel, où l’aspect ‘public’ est particulièrement important. Tous les événements se déroulent sous son contrôle et dans sa lumière.
Le jour de l’Éternel s’oppose au jour, ou au jugement, de l’homme (1Cor 4:3). Aujourd’hui, c’est encore l’homme qui décide. Mais quand le jour de l’Éternel viendra, commencera la période où la volonté de Dieu sera faite « comme dans le ciel, aussi sur la terre » (Mt 6:9-10).
Sur le plan spirituel, le jour du Seigneur commence dans la vie de chaque homme au moment où il reconnaît la pleine autorité du Seigneur sur sa vie. Cela se produit lorsqu’il voit sa vie dans la lumière de Dieu et qu’il commence à penser comme Dieu. C’est le moment de la conversion. Une fois la conversion accomplie, on peut dire des croyants qu’ils sont « fils de la lumière et fils du jour » (1Th 5:5,8-9 ; cf. Rom 13:13).
16 Pas de joie ni d’allégresse
16 La nourriture n’est-elle pas retranchée de devant nos yeux, et, de la maison de notre Dieu, la joie et l’allégresse ?
Dieu voulait que son peuple se réjouisse en sa présence, qu’il soit heureux. C’est ce qu’Il a dit, par exemple, lors de l’offrande des prémices (Deu 26:10-11). Mais au lieu de la joie et de l’allégresse, il y a maintenant la menace du malheur qui éclatera avec la venue du jour de l’Éternel. Ils en ont en effet vu les signes avant-coureurs et en ont subi les conséquences.
Ici, le prophète explique clairement pourquoi il craint que le jour de l’Éternel soit proche. Les catastrophes qui accompagnent ce jour sont en effet présentes : la moisson et toute la verdure ont été détruites. Ils en sont témoins, ils le voient de leurs propres yeux, ils le regardent avec horreur et impuissance. S’il n’y a plus de moisson et donc plus de nourriture, la joie et l’allégresse ont aussi disparu de la maison de l’Éternel. En effet, on ne peut plus offrir les prémices de la moisson, ni le sacrifice de prospérités, et bientôt, parce que le bétail meurt de soif, on ne pourra plus offrir d’holocaustes ni de sacrifices.
17 - 18 Désolation partout
17 Les semences pourrissent sous leurs mottes ; les greniers sont dévastés ; les granges sont en ruine, car le blé est desséché. 18 Comme le bétail gémit ! Les troupeaux de gros bétail sont déconcertés, car il n’y a pas de pâturage pour eux ; les troupeaux de petit bétail aussi en souffrent.
Le prophète voit comment la création soupire (Rom 8:22). Les conséquences des actes infidèles et méchants d’une race humaine qui s’est détournée de Dieu sont visibles dans la création. Un homme qui s’éloigne de Dieu entraîne toujours avec lui dans la souffrance et le jugement ce qui lui a été confié. Le ‘soupir de la création’ s’entend dans le ‘gémissement du bétail’, tout comme nous pouvons percevoir, pour ainsi dire, le deuil de la terre dans le verset 10.
Ce qui est décrit dans ces versets est la conséquence de la sécheresse et non du fléau des sauterelles. La moisson a été détruite par les sauterelles, mais en raison de la sécheresse, aucune nouvelle moisson n’est en vue. La situation est désespérée. C’est comme si le prophète s’épuisait en mots qui expriment ce désespoir : « pourrissent », « dévasté », « en ruine », « desséché », « gémit », « déconcertés », « pas de pâturage », « souffrent ». Pour Joël, la sécheresse du pays reflète avant tout la sécheresse et le déclin qui règnent dans le cœur du peuple (cf. Jér 14:1-6).
19 L’appel à Dieu
19 À toi, Éternel, je crierai ; car le feu a dévoré les pâturages du désert, et la flamme a brûlé tous les arbres des champs.
Joël utilise les mots « feu » et « flamme » pour désigner la chaleur torride et la sécheresse. Elles sont causées par le soleil et le vent d’orient et ont un effet dévastateur. « Les pâturages du désert » sont les principaux lieux où le bétail trouve sa nourriture. Le mot hébreu ‘midbar’ signifie qu’il s’agit d’un désert propice à l’élevage de petit bétail, comme par exemple le désert de Judée. « Tous les arbres des champs » fournissent des fruits dont le peuple peut se régaler.
Après avoir décrit la désolation généralisée et appelé à se tourner vers Dieu, Joël lui-même se réfugie auprès du Seul qui peut aider. Les cinq mots « vers toi, Éternel, je crierai » renferment une mer de misère que le prophète déverse devant Lui. Il ne semble pas que l’appel qu’il a lancé aux versets 13-14 ait été largement entendu. Nous n’entendons ici que sa voix. Le prophète Amos adopte une position similaire (cf. Am 7:1-6). Pour Dieu, il suffit qu’il y ait un seul juste.
Joël est ici une image du Seigneur Jésus qui, en tant qu’intercesseur et médiateur, se présente devant Dieu pour le peuple. Joël ne représente pas seulement tout le peuple, mais il est aussi l’exemple à suivre. Il n’appelle pas à faire quelque chose qu’il ne fait pas lui-même. Que les serviteurs de Dieu réussissent ou non à convaincre les autres du jugement de Dieu et à les amener à adopter une attitude et un comportement appropriés, il est clair qu’un appel lancé aux autres doit en tout cas avoir cet effet dans leur propre vie. S’ils ne parviennent pas à inciter les autres à invoquer Dieu, ils doivent le faire eux-mêmes, conscients que c’est vraiment nécessaire.
Il est remarquable que la seule fois où le prophète parle de lui-même, c’est à propos de son cri à Dieu. Cela nous donne un aperçu de sa vie intérieure et de sa confiance en Dieu. Il est pour nous un grand exemple à suivre, qui mérite d’être imité par tous ceux qui souffrent de la sécheresse qui règne parmi le peuple de Dieu. Il serait souhaitable de trouver davantage d’intercesseurs de ce genre pour le peuple de Dieu !
20 Les bêtes crient vers l’Éternel
20 Les bêtes des champs aussi crient à toi, car les cours d’eau sont desséchés, et le feu a dévoré les pâturages du désert.
Après l’appel du prophète, voici les cris des bêtes. Le prophète voit comment les bêtes se tournent vers Dieu avec langueur. Les bêtes souffrent aussi de l’infidélité des hommes. Dieu entend leurs cris (Job 38:41 ; Psa 104:21,27). En se tournant vers Lui, les bêtes sont un exemple pour les hommes.
Dieu prend aussi soin des bêtes. Lorsque la malédiction de la création sera levée dans le royaume de paix, les bêtes partageront aussi cette bénédiction : « Éternel, tu sauves l’homme et la bête » (Psa 36:7). Après la prédication de Jonas, les bêtes doivent partager l’humilité proclamée par le roi de Ninive ; eux aussi ne doivent rien manger (Jon 3:7). Dieu inclut aussi les bêtes lorsqu’Il épargne Ninive après son humiliation : « Et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de 120 000 êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et [aussi] beaucoup de bétail ! » (Jon 4:11).